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Critique de Kirzy


°°° Rentrée littéraire 2023 #9 °°°

Moi en cette rentrée littéraire, j'ai des envies de romanesque. Et le dernier Jean-Baptiste Andréa est résolument, follement romanesque, un régal !

C'est l'histoire de Mimo et Viola, nés en 1904, deux êtres qui n'auraient jamais du se rencontrer lorsqu'ils avaient treize ans : lui né dans l'indigence, élevé dans l'atelier d'un oncle sculpteur alcoolique ; elle dans la famille la plus puissance de Ligurie. Deux opposés polaires enfermés dans leur corps, elle dans son corps de femme alors qu'elle rêve grand et anticonformiste ; lui souffrant de nanisme alors qu'il entend maitriser les blocs de marbre pour devenir sculpteur.

Le roman s'ouvre en 1986. Mimo, au seuil de sa vie dans une abbaye piémontaise où il vit reclus depuis une quarantaine d'années sans avoir prononcé ses voeux, se remémore le fil de sa vie, sa relation singulière avec Viola et l'histoire de son chef d'oeuvre : une mystérieuse statue, troublant quiconque la voyait au point que le Vatican a décidé de la soustraire à la vue de tous.

Jean-Baptiste Andréa est un conteur exceptionnel. Sur près de 600 pages ( avec à peine quelques longueurs dans le dernier quart, peut-être ), il retrace les destins de Viola et Mimo, comment ils s'aiment, se confient, se disputent, se séparent, se retrouvent, mus par une connexion d'âmes comme il en existe peu :
« - Nous sommes deux aimants. Plus nous nous rapprochons, plus nous nous repoussons. 
- Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. »

C'est une déferlante d'émotions qui remplit d'étoiles le lecteur qui lit à coeur ouvert pour être sûr de prendre tout ce que propose l'auteur avec une générosité réjouissante, sans pathos, avec une délicatesse et fluidité qui forcent l'admiration. D'autant que tous les personnages ( bons ou mauvais ) lui parlent tous directement à l'oreille, tout particulièrement l'anticonformiste Viola avec sa fougue qui emporte tout, un des plus beaux personnages féminins rencontrés récemment.

Les personnages résonnent en nous d'autant plus fort que l'intensité dramaturgique du récit, constante, est renforcée par des décors italiens admirablement décrits ( des enchanteresses collines à orangers du domaine des Orsini, aux bas-fonds de Florence et Rome ) et un arrière-plan historique, jamais écrasant mais toujours présent, qui traverse le chaos de la première moitié du XXème siècle ( Première guerre mondiale, montée du fascisme et mise en place du régime totalitaire mussolinien, Deuxième guerre mondiale et défaite italienne ). J'ai adoré également le voyage dans l'histoire de l'art italien avec des références passionnantes à Michel-Ange, Fra Angelico ou encore le Caravage.

« Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper ».

Les dernières pages révèleront évidemment les secrets de la statue. Rien de flamboyant comme je m'y attendais. J'ai été un peu déçue par ce manque de spectaculaire tant l'attente était grande après 600 pages, mais avec le recul, j'applaudis l'élégance de cette retenue qui est en harmonie avec ce qui a été conté précédemment, à la hauteur de la beauté des personnages.




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