Pas très original! Effectivement, ça se lit bien. Pourquoi? Parce que c'est écrit très simplement. Je l'ai lu en français mais de la manière dont c'est traduit, cela me laisse supposer que ce n'est pas de l'anglais de haute-voltige, dont il s'agit ici! Je soupçonne du « slang » américain ou anglais, puisque l'auteure est anglaise.
Donc ça se lit bien mais c'est un peu comme du fast-food littéraire : pas compliqué, phrases très courtes et très punchés. Beaucoup d'action et à chaque fin de chapitre un rebondissement, ce qui nous donne envie de continuer.
Toutefois, ça s'arrête là parce que les histoires de retournement de pouvoir en s-f il y en a à la pelletée. le fantasme de certaines femmes de pouvoir faire du mal aux hommes, wow, quelle découverte! C'est donc extrêmement décevant, voire navrant pour cette prémisse!
Tout au long de ma lecture je me disais : mais quand les femmes seront-elles plus subtiles que les hommes, quand réussiront-elles à prendre « ce pouvoir », sans tuer, ni mentir, ni voler, ni violer, ni corrompre? En tout cas cette lecture nous laisse bien peu d'espoir en l'humanité! Si les femmes sont incapables d'être plus fines que les hommes en ne perpétuant pas les même erreurs, ni les même errements, alors c'est peut-être que l'on mérite réellement de disparaître.
Donc tout ça fait que ce n'est pas très original. de plus, ça me laissait froide. Je n'avais aucune pitié, aucun sentiment face à ses filles qui se font « maltraitées »par les méchants hommes! L'auteure répète, sans se lasser le même pattern que tous les autres auteurs ayant écrit sur ce sujet : les femmes semblent incapables de se défendre avec ce qu'elles ont actuellement, alors pour cela elles devront avoir quelque chose de spécial : un pouvoir. Et que feront-elles avec? Elles répéteront les même gestes, les même errements que les hommes : de la violence, de la violence. Tuons-les, tuons-les! Il m'a violée? Je le tue! Point barre!
Mais à quand un roman ou les femmes s'en sortiront parce qu'elles auront été plus subtiles que les hommes? Qu'elles ne referont pas les mêmes erreurs qu'eux? Qu'elles n'utiliseront pas la violence? Et qu'au lieu de les exclure, elles les incluront et marcheront main dans la main avec eux?
Moi je vais écrire une version du roman ou comment ça s'est passé dans toutes les autres parties du monde que l'auteure a bien volontairement oublié, s'en tenant évidemment aux « méchants » pays faciles : l'Arabie saoudite, la Moldavie, les États-Unis. Donc une version qui se passe au Canada, en Suède et en France. Et ou au lieu d'avoir une leader religieuse (wow, quelle originalité, utiliser la religion!) ce sera une leader qui basera toutes ses décisions sur la connaissance et la science. Et au lieu de se servir de leur pouvoir pour faire le mal, les femmes s'en serviront pour bâtir et guérir. Et au lieu d'utiliser la drogue (quelle trouvaille!), pour démultiplier leur pouvoir, les femmes utiliseront l'équilibre du corps et la méditation. Et au lieu de se battre, elles chercheront un moyen d'enfanter sans douleur et comment contrôleur leur fécondité (une chose qui est fort souvent oublié par les auteurs de s-f! les gens utilisent des voitures volantes et se téléportent mais les femmes continuent d'enfanter comme en 1960! Et avec
Philip K. Dick, ses personnages continuent de fumer mais bon ça c'est une autre histoire!). Au lieu d'apporter la mort aux hommes, elles établiront des partenariats, dialogueront et coopéreront avec eux.
Pas mal plus difficile d'écrire un roman comme ça hein?! Parce que c'est ça aussi le problème du roman : ses personnages sont très premier degré. Jamais d'approfondissement. Elles sont toujours en réaction à. Jamais en relation avec. Toujours en combat pour ou contre. Jamais en questionnement.
Il n'y a aucun personnage qui n'est pas une victime. Vraiment pas très original! C'est sûr que ça fait une moins bonne histoire mais comme l'auteure veut s'ancrer vraiment dans un réel proche, un futur pas si lointain, il aurait vraiment fallu un personnage de femme à qui il n'arrive rien de particulier, qui ne se fait ni battre, ni violer. Qui n'est pas une victime, aime son conjoint et ses enfants, vit dans un pays agréable, occidental, protégé. Jamais, même dans sa petite enfance ce personnage n'aurait été victime de quoi que ce soit. Parents aimant, conjoint aimant, enfants aimant. Pas facile, hein! Et pourtant, avoir un tel personnage, possédant ce pouvoir, aurait beaucoup plus fascinant à décrire et dépeindre que des personnages qui sont continuellement dans la colère et la vengeance!
Que ferait un tel personnage de femme avec ce pouvoir? Elle qui est heureuse, n'a jamais eu de tracas dans la vie? Ajouter ce personnage ferait en sorte aussi de rejoindre les millions de femmes qui vivent ainsi, en passant. Vous savez, toutes celles qui ne sentent pas vraiment concernée par #metoo parce que non, elles n'ont jamais été victimes de sévices, ni d'attouchement. Il y en a et beaucoup même! Vous savez celles qui vivent heureuses, celles qui aiment être enceintes et avoir une panoplie d'enfants, celles qui aiment rester à la maison, parce que non, aucun conjoint, aucun homme méchant de les y a obligées. Et que oui, oui, c'est véritablement une décision de couple. Toutes celles aussi qui font du jogging à 3h du matin, parce que oui, elles le peuvent, dans leur bout de pays, sans jamais se sentir agressées ou suivies. Ah et oui, bien sûr, toutes celles qui ont un père aimant et pas trop paternaliste, présent aussi. Cette sorte là il y en a aussi pas mal!
Bref, c'est certain que d'utiliser des ingrédients comme : la violence, la drogue, la religion, l'abus de pouvoir, la victimisation, c'est facile! Et en plus écrire ça, dans une langue populaire, avec des expressions qui laisse peu de place à la complexité et décrire une histoire ou une partie de l'humanité prend
le pouvoir sur l'autre, vraiment, ça tombe dans la grosse malbouffe : c'est bon, on en reveut mais on a vite mal au coeur aussi! C'est souvent l'impression que j'avais.
Et en terminant, moi qui aime l'histoire et la vraie, un truc m'a vraiment agacé! Elle utilise à un moment donné le terme d'art pariétal pour décrire l'un de ses nombreux dessins, censés représenter les artefacts d'avant son grand Cataclysme (quelle originalité, encore là!) et qui donc, on peut le supposer, daterait de notre temps présent à nous. Or l'art pariétal concerne le Néolithique et le Paléolithique et se fait sur des murs de grottes ou d'abris rocheux. Point barre! Donc quelque chose qui aurait été dessiné, disons en 2030, par exemple, n'est absolument pas de l'art pariétal et ce même si retrouvé 5000 ans après un « grand cataclysme ». J'ai trouvé ça hautement pathétique!
De même que la raison pour laquelle les femmes auraient développées leur pouvoir : une utilisation d'une neurotoxine durant la deuxième guerre mondiale, à grande échelle sur des populations civiles…Quand on connait bien l'histoire de la deuxième guerre mondiale, c'est difficile à gober! D'autant plus qu'une neurotoxine est censé paralyser le système nerveux, pas modifier les gènes!
Et aussi à la toute fin, son « échange » de lettre ou supposément deux écrivains du « nouveau monde » d'après le grand cataclysme ou l'un doute du fait que les femmes, dans un temps fort lointain auraient été considérées comme les plus faibles…Ça ne tient pas non plus. Avec la quantité d'information que l'on enregistre, archive et produit aujourd'hui, même 5000 ans après un supposé grand cataclysme, il aurait été facile aux historiens de découvrir comment les humains vivaient en 2019. Avec une parcelle de roche, aujourd'hui, on arrive à reconstituer une fresque antique datant de 4000 ans! Me semble que des historiens de 7019 seraient incapables de reconstituer l'Histoire! Et dernier point : en 7019, on écrit toujours, on s'échange toujours des lettres? Vraiment??? Bon ok, ça je laisse faire!