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    KotolineBastacosi il y a 1 semaine
    JulianAArdennes  poésie alexandrine désopilante, grinçante, beaucoup d’imagination et d’images extrêmes, voilà un cirque comme je les aime 🤣🤣 J’ai beaucoup ri de cette petite famille sur laquelle le sort s’acharne 🤣🤣 le père empaillé qui ressuscite est divin 😹  bref tous mes compliments pour cette belle inspiration qui fait honneur à notre poésie universelle. On ne rit jamais assez 👏❤️😂😂😂
    Senna il y a 1 semaine
    Merci d'avoir pris le temps d'avoir lu mon texte. Juste une petite parenthèse. Le vouvoiement est une formule de politesse quand on ne connaît pas la personne. Personnellement, cela ne me dérange pas que l'on me tutoie, donc, si vous êtes plus à l'aise, n'hésiter pas 😉

    Carolina78   Merci. Autant pour Prosper, l'idée de ce nom m'est venu spontanément. Autant pour Urogène, je ne connaissais pas ce prénom, je l'ai découvert tout à fait par hasard.Il n'y a rien à comprendre, juste du burlesque avec une touche de SF à la fin. En fait, c'était surtout l'idée d'un cirque interstellaire ambulant que j'ai eu au départ. Le reste s'est construit autour, tout en gardant cet indice pour la fin.

    JulianAArdennes   Merci. J'adore Theodore Sturgeon. C'est un bel honneur. Je n'y ai pas pensé sur le coup, mais j'aurais pu accentuer l'horreur.
    Carolina78 il y a 1 semaine
    Je rebondis sur le tutoiement, je suis plus à l’aise avec le « tu » alors s’il y en a que ça gêne, et ben qu’ils me le disent !
    Senna J’avais bien vu le côté SF mais je ne voulais pas divulgâcher. Je ne suis pas familière du SF, et cherche toujours à donner un sens à mes lectures, même si parfois comme avec Julio Cortázar   je prends plaisir à ne pas enfermer les possibles cheminements dans un sens.
    JulianAArdennes C’est du faux foutraque en vers selon les règles de l’art. C’est aussi tragique que burlesque, tragicomique.
    Broceliande2  Aïe l’art de mettre le doigt où ça fait mal. On se cale confortablement, les yeux écarquillés, on est dans le spectacle. Violemment la féerie se disloque… Bien mené ! je salue la prestation mais en sors assommée.
    franceflamboyant il y a 1 semaine
    Verte flamme : très beau texte. Ferenc Nagy, l'homme qui fabrique des bottes et les aime, est paradoxalement fasciné par l'univers du cirque et des tziganes.  En temps de guerre, on imagine ce que ça peut donner...J'ai trouvé votre plume virtuose. Je cite un passage:
    "Mais voilà que le spectacle reprend, que l’entracte est fini ! Et les boules enflammées me coupèrent le souffle, alors que le feu et sa fumée suintaient au son du cirque. Et voilà que le feu devient vert ! J’en oublie les chaussures et les va nu pieds, les Tziganes et les gens respectables. Je me fonds dans un instant qui ignore la concordance des temps de notre si belle et unique langue hongroise."

    Senna : deux gamins assistent à un spectacle burlesque, qui mêle les extrêmes. Je suis très surprise par ce texte qui accumule les situations inattendues et parfois dérangeantes et par le ton que vous employez. Je vous cite également :
    "Puis, un vrombissement. Le ciel s’obscurcit pour laisser apparaître un énorme vaisseau spatial qui s’étalait sur des kilomètres à la ronde. Le cirque fut aspiré par l’aéronef, sur lequel on pouvait lire : “La compagnie de la Voie Lactée”. Enfin, il disparut aussi vite qu’il était apparu et s’en alla divertir d’autres colonies basées sur des exoplanètes."


    Merci Kotoline pour vos compliments et vos suggestions. Je dois voir cela;

    Contente de retrouver vos commentaires adroits et enjoués, Carolina
    Verteflamme il y a 1 semaine
    Franceflamboyant : Merci beaucoup pour ce commentaire ! Le feu vert m'a toujours fascinée (d'où mon pseudonyme d'ailleurs).
    Senna il y a 1 semaine
    Merci franceflamboyant     Ça me touche que des personnes lisent mon texte, pour commencer, et qui me complimente. J'espère que d'autres membres viendront poster des récits sur ce thème, car pour l'instant, c'est plutôt calme. Aujourd'hui, c'était ma journée de solidarité, je suis un peu claqué et peu de temps pour lire, mais je ferai l'effort de lire votre texte 😉
    JulianAArdennes il y a 1 semaine
    Merci pour vos commentaires, Senna, Carolina78, Verteflamme,KotolineBastacosi

    Eh oui le père ressuscité est divin, pfffff, ça tombe bien demain c'est l'ascension.

    Si il y en a qui s'ennuie, venez nous rejoindre au Joyeux Foutraque et au défi d'écriture non officiel : délire d'écriture.
    Ya plus du monde et je crois qu'on s'y amuse bien.
    Broceliande2 il y a 1 semaine
    Merci, KotolineBastacosi,  pour votre commentaire. Bien hâte de lire votre texte!

    Merci, franceflamboyant, pour votre commentaire. Votre histoire est captivante et émouvante, très agréable à lire. Bravo!
    Roberte53 il y a 1 semaine
    Bonjour à toutes et à tous. Voici ma participation pour le défi du mois de mai.

    Drôle de cirque sous le chapiteau !

    Le cirque a dressé son chapiteau à la Porte Dorée et les visiteurs se bousculent près de l’entrée. Enfin, après une longue attente, l’heure est arrivée et la longue file s’amenuise au fur et à mesure qu’elle pénètre dans ce palais féérique et éphémère, dédié au rêve.
    Attention, Mesdames et Messieurs, dans un instant, ça va commencer ! 

    Dans le tumulte de la foule pressée de s’installer, les enfants impatients s’agitent et leurs regards émerveillés illuminent la voûte immense du barnum rouge et or. Les projecteurs s’allument, éclairant le sourire éclatant d’un Monsieur Loyal élégant qui a revêtu, pour l’occasion, sa veste queue de pie rouge, ses gants blancs et son chapeau haut de forme. Il s’avance d’un pas décidé sur la piste pour présenter les numéros, provoquant une salve d’applaudissements chaleureux...
    « … et à présent, Mesdames et Messieurs, place au spectacle ! »

    Les acrobates enchaînent les voltiges, les massues virevoltent dans les airs, des funambules entreprennent, sur une corde raide, un pas de deux hasardeux, sous le regard attentif des spectateurs, fascinés par tant d’audace et de talent. La joie des enfants est à son comble quand apparaissent, grimés et farceurs, deux clowns dont les pitreries font retentir des éclats de rire stimulants qui font chaud au cœur. Mais le clou du spectacle reste pour le jeune public ébahi, l’arrivée d’une dizaine de fauves, encagés et au faciès redoutable, sous l’œil vigilant du dompteur. Cinq tigres et cinq lions ouvrent et ferment délibérément leur gueule en poussant de tonitruants rugissements, faisant frémir l’assistance qui soudain fait silence, dans un moment d’intense frayeur. Ouf ! tout danger est écarté et le dresseur est sain et sauf mais l’assemblée retient son souffle pour le prochain numéro… 

    Il s’agit d’un numéro grandiose, celui d’un magicien réputé qui manie couteaux et sabres avec une grande dextérité. Deux accessoiristes posent une malle de taille respectable au milieu de la piste et Monsieur Loyal fait à nouveau son apparition. La mine grave, il rejoint l’illusionniste et parcourt des yeux les gradins à la recherche d’un volontaire courageux, désireux de relever l’incroyable défi qui se présente : celui de se laisser enfermer dans la malle, au péril de sa vie !
    Quelqu’un lève instantanément le bras. Un individu décoiffé, à l’allure un peu dégingandée et revêtu d’un imperméable à l’aspect douteux, s’avance d’un pas hésitant, il est appelé à rejoindre la piste. L’air jovial, le sourire béat, il s'allonge au fond de la malle sous les acclamations bienveillantes d’un public ravi. Deux sabres sont lestement et méthodiquement enfoncés, transperçant le coffre à plusieurs endroits, n’augurant rien de bon pour la survie de son occupant. Aucun cri ne se fait entendre à l’intérieur, pas d’écoulement sanguin à l’extérieur ; le public, figé et attentif, reste confiant car chacun sait qu’il n’y a jamais eu mort d’homme dans ce genre de numéro ; il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter. Le magicien salue sa prouesse et s’apprête à libérer son otage, lorsque soudain le couvercle s’ouvre brutalement et tel un diable sortant de sa boîte, l’homme bondit hors de la malle, un Glock 17 en main, menaçant le bretteur. A peine revenu de sa surprise, ce dernier ne s’avoue pourtant pas vaincu, et dans une dernière hargne, il saisit prestement un sabre et fonce rageusement sur lui, bien décidé à le pourfendre… Un coup de feu retentit !

    Déjà moins enthousiaste, le public affolé est aux cent coups, la panique le gagne. Au milieu des cris et des pleurs, les gens se lèvent brusquement et se bousculent en se ruant vers la sortie. Le magicien blessé au bras lâche son sabre. D’autres policiers font irruption sur la piste et se précipitent sur lui pour le neutraliser… Déguisé sous les traits d’un mage inoffensif, il s’agissait en fait d’un dangereux meurtrier, recherché pour avoir perpétré de multiples attaques mortelles au couteau. Après plusieurs semaines d’investigations acharnées, son arrestation n’a finalement nécessité que quelques heures d’imagination pour le faire tomber dans cette souricière.

    Tout a été prévu aux abords du cirque pour évacuer les spectateurs traumatisés qui regagnent désormais leurs pénates rassérénés. Les véhicules de police sont sagement garés, gyrophares activés et l’ambulance, parvenue rapidement sur les lieux, s’apprête à prendre en charge le blessé, transporté sur un brancard et escorté par deux policiers. Quant à notre homme « cobaye » ayant tout de même risqué sa vie dans cette périlleuse affaire, il s’agit d’un capitaine en service à la Brigade de Recherche et d’Intervention de la Police Judiciaire de Paris. Quelques jours plus tard, il fut félicité et récompensé par sa hiérarchie….

    Juste une dernière chose : un soir, au cours d’un pot donné en son honneur, certains de ses collègues, plus ou moins éméchés, vantèrent ses exploits tout en ironisant sur sa personne. Le verre à la main et le regard un peu flou, ils déclarèrent qu’avec son imperméable tâché, ses vêtements fripés, ses cheveux en pétard, son cigare bon marché en bouche et ses œufs durs dans ses poches en cas de petite faim, ce gentil flic débonnaire qui roule avec une vieille Peugeot 403 cabossée, n’avait rien à envier au célèbre inspecteur Columbo. C’est d’ailleurs le surnom qui lui fut donné, à cette occasion, et qu'il conserva jusqu’à la fin de sa carrière !
    KotolineBastacosi il y a 1 semaine

    Bonjour tout le monde 😉

    https://www.babelio.com/monprofil.php?id_user=1035157 alias Senna ( impossible d’entrer votre pseudo !) 

     votre récit est fulgurant et fait parfois peur et c’est ce qu’il faut, et nous ne sommes pas à l’abri d’un cirque interstellaire qui pourrait bien  nous tomber dessus un de ces jours prochains ! Style Dantesque ! Il y a quelque chose du film Indépendance Day  😂 mais  en pire !  


    https://www.babelio.com/monprofil.php?id_user=1815267

      alias Roberte53 (toujours pareil, ma tablette ne veut pas passer par les voies habituelles pour afficher le pseudo) 
    Une histoire rocambolesque très inattendue, riche en péripéties et en épouvantes  : le public comme le lecteur sera ravi et les derniers paragraphes sont le clou du spectacle avec Colombo !!! On s’attendait à tout, sauf à ça ! Bravo 😂👏 

    Roberte53 il y a 1 semaine
    Bonjour et merci Kotoline😘
    GaLim il y a 1 semaine
    Bonjour tout le monde 🙋‍♀️,

    En ce week-end prolongé, je viens vous proposer mon numéro de cirque, en espérant qu'il vous divertira ! 😉
    Et en accompagnement musical, je vous joinsLa marche "Entrée des Gladiateurs" en Sib M de Julius Fucik.

    🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡🎪🤹‍♂️🤡

    QUEL CIRQUE CE CIRQUE !

    Dans les coulisses du cirque, c’est l’effervescence. Des artistes s’affairent à monter et démonter des éléments de décor, pendant que d’autres rangent les filets de protection ayant servi pour le numéro des trapézistes, et que les derniers s’échauffent à même le sol dans des postures et des contorsions improbables. L’agitation est perpétuelle, jusqu’à l’arrivée d’un homme à l’imposante stature, vêtu d’un pantalon noir maintenu par une large ceinture en tissu satiné, d’une veste queue-de-pie rouge décorée de galons et de boutons dorés ainsi que de larges épaulettes à franges. Dès que le bien nommé Monsieur Loyal fait son apparition, tous les artistes savent qu’ils doivent se tenir prêts, leur entrée en piste étant imminente.

    Désormais ganté et chapeauté, ce dernier se place derrière le rideau, baisse légèrement la tête comme pour une prière silencieuse, puis dans un élan, sépare les deux pans de la lourde tenture rouge et se projette au milieu de la piste aux étoiles. D’une main experte, il rajuste son micro serre-tête, écarte les bras comme pour y accueillir le public et entame son discours de présentation avec sa voix de stentor.

    -          Mesdames et messieurs, petits et grands, si vous avez aimé la première partie de ce spectacle, il va de soi que vous allez adorer ce qui va suivre. Nos artistes venus du monde entier vont vous proposer des numéros insolites, des numéros époustouflants, des numéros effrayants, qui vous transporteront dans l’univers magique et féerique du cirque, tel que vous ne l’avez jamais vu. Alors asseyez-vous confortablement dans vos fauteuils, ouvrez les yeux et voyagez !

    Les spectateurs, enthousiastes et impatients, applaudissent à tout rompre ce programme alléchant. Après plusieurs minutes, le silence revient et Monsieur Loyal peut à nouveau prendre la parole afin d’annoncer le prochain numéro.

    -          Pour débuter cette seconde partie, je vous propose en exclusivité, un numéro où nos amis les animaux vont parader tous ensemble et faire montre d’une agilité hors du commun. Vous allez assister à une première et une dernière mondiale, puisque comme vous le savez, nous ne pourrons plus présenter d’animaux dans les cirques à partir de la semaine prochaine, et…

    Pendant ce temps-là, dans les coulisses, les animaux sont massés derrière le rideau et assistent à ce discours surréaliste.

    -          Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit le Monsieur Loyal dans sa tenue de garde royal anglais ? s’écrie Dumba, l’éléphante.

    -          Il dit qu’on est virés, t’es sourde ou quoi ? Tes oreilles sont pas assez grandes ? répond sur un ton sarcastique le singe Macaca. En même temps, la vieille Baba Vanga, elle nous l’avait prédit, ce coup-là. Les animaux dans les cirques, terminé ! Paraît qu’on est malheureux et maltraités.

    -          Ouais, ben si c’est comme ça qu’ils veulent la jouer, je peux te dire que je ne vais pas les louper, moi ! Marre de subir les moqueries des spectateurs à chaque séance. L’heure de la vengeance a sonné, maugrée Dumba. RE-VO-LU-TION ! Vous êtes avec moi, camarades ?

    -          Dacodac, Arlette, j’te suis ! répond du tac au tac Macaca.

    -          Ok.

    -          Bien sûr.

    -          Hum hummmm… répondent les autres animaux, plus ou moins convaincus.

    -          Eh, le mangeur de bananes, qu’est-ce que tu as à m’appeler Arlette ? C’est pour Arlette Gruss ? demande Dumba.

    -          T’y es pas du tout. C’est pour Arlette Laguiller, camarade, raille Macaca. 

    Côté piste, la marche intitulée Entrée des gladiateurs de Julius Fucik s’élève, jouée en direct par les musiciens de l’orchestre du cirque. C’est le signal qui lance le début du numéro. 

    Les deux dresseurs écartent les lourds pans de tissus de la gardine et encouragent les animaux à entrer sur la piste recouverte de sable. En file indienne, ils paradent, montrent leur plus beau profil, marchent avec aisance et prestance, tout en effectuant deux tours de piste, avant de venir se positionner les uns à côté des autres au fond de l’arène, à l’exception des deux singes de la troupe. En effet, Macaca le macaque rhésus et Languro le langur sacré, bien que ne pouvant que difficilement se supporter, passent leur temps ensemble, à fomenter les pires coups tordus. La preuve en est, puisqu’en cet instant, ils sont assis sur la bordure de la piste, autrement appelée la banquette, entrain de comploter.

    -          Eh gros, mate-moi le matos ! dit Macaca.

    -          Waouh ! Belle nana ! répond Languro, la bave au coin des babines. Me dis pas qu’le vieux à côté, c’est son mec ?

    -          T’es con ou quoi, la nana en question c’est la Princesse Charlene et le vieux à côté c’est le Prince Albert II de Monaco. Mais c’est pas de ça que je t’parle. Mate le pendentif du collier. C’est le fameux diamant Hope.

    -          T’es sûr ? interroge Languro, des diamants plein les yeux.  

    Pendant que les deux compères rêvent tout éveillés, le bereiter fait signe à Dumba de s’avancer au centre de l’arène. D’un pas assuré, elle s’exécute tout en dodelinant de la tête, ce qui a pour effet de faire balancer sa trompe de droite à gauche. Les spectateurs adorent et applaudissent. Fière de son petit effet, Dumba poursuit avec une figure périlleuse pour elle tant elle met à rude épreuve ses articulations. Lentement et précautionneusement, elle fléchit une patte avant, puis l’autre, pour se retrouver à genoux, tout son poids basculant sur ses pattes antérieures. Une nouvelle salve d’applaudissements retentit sous le chapiteau qui aujourd’hui, fait une bourrée. Au moment de se relever, Dumba entend la voix snobinarde et haut perchée d’une femme assise dans le public.

    -          Mais quelle horreur, quel monstre ! Comment est-il possible d’être une aussi grosse et massive créature avec si peu d’élégance et de charme. Noé n’aurait pas dû sauver un tel animal. Cela nous aurait épargné cette abomination terrestre.

    A l’écoute de ses propos, Dumba sent la moutarde lui monter à la trompe. Il lui a fallu des années et toute la bienveillance des membres du cirque pour enfin réussir à accepter ses rondeurs et en faire un atout. Et voilà qu’une pimbêche en toc et siliconée la renvoie dans ses pires années… Elle ne va sûrement pas laisser passer ça, d’autant plus qu’elle ne risque plus de perdre sa place au sein du cirque puisque l’affaire est déjà entendue.

    Ni une ni deux, Dumba se dirige vers la gauche de la piste où elle sait qu’une petite citerne remplie d’eau est toujours là, au cas où. A l’aide de sa trompe, elle aspire la plus grande quantité d’eau possible puis revient se positionner face à la malotrue. Sans crier gare, l’éléphante ouvre les vannes et un jet puissant, digne des plus performants nettoyeurs haute pression jaillit d’un coup et atteint sa cible, en plein dans le mille.

    -          Alors, madame prout-prout, on fait moins la maligne, hein ? ricane Dumba. Le volumateur capillaire qui pendouille d’un côté, les faux cils qui papillonnent au bord des paupières, le mascara qui coule le long des joues… Une véritable œuvre d’art. Que dis-je, un Picasso ! Ha ha ha !

    Avant que le dresseur n’ait eu le temps d’intervenir, Dumba avait déjà regagné le fond de l’arène pour admirer le spectacle de la femme devenue totalement hystérique. Pour sûr, elle se souviendra longtemps de son passage au cirque qui n’aura été ni enchanteur ni merveilleux, mais marqué par le sceau de la honte et de la disgrâce, qui plus est devant le tout Monaco. 
    GaLim il y a 1 semaine
    (SUITE...)


    -          Bravo Dumba, bien joué ! s’exclame Léon le Lion, admiratif devant la force de caractère et le courage de son amie.

    -          Merci Léon. Allez, à ton tour d’entrer en piste, camarade.  

    Majestueux avec son imposante crinière de couleur fauve, le lion impressionne l’assistance qui ne peut s’empêcher de pousser des « Oh ! » et des « Ah ! » effrayés. Depuis le temps qu’il participe à des représentations, Léon a conscience de la peur qu’il suscite chez les spectateurs. Il en joue et il adore ça. Ainsi, le pas lent et félin, il scrute de ses yeux noirs les loges avant d’arrêter son regard sur un petit homme replet enfoncé dans son fauteuil de velours rouge. Un pot de pop-corn au caramel est judicieusement calé entre l’accoudoir et le flanc droit de l’homme, quand le second est perché en équilibre sur son ventre rebondi, dans lequel sa main potelée vient goulûment piocher.

    -          Raooww ! En voilà un bout de viande fort appétissant. Et avec tout ce qu’il ingurgite, sa chair doit avoir le goût du porc au caramel.

    -          Dis, chérie, tu ne trouves pas que ce lion me regarde méchamment ? demande le petit homme replet à sa femme assise à ses côtés.

    -          C’est peut-être l’odeur des pop-corn qui l’attire.

    -          Je ne suis vraiment pas rassuré. Tu ne trouves pas qu’il fait très chaud tout à coup !? Regarde, je transpire…

    -          Raooww ! Raooww ! rugit Léon avant de bondir sur sa proie.

    Le chapiteau tout entier retient son souffle. La peur est palpable. Les cœurs s’emballent, les yeux s’agrandissent, les bouches s’ouvrent. Au moment où Léon doit atterrir sur l’homme, il est violemment tiré vers l’arrière. Il avait oublié que son dresseur le maintenait attaché à une longue longe.

    -          Noooon ! Mon casse-croûte… Mon en-cas… Mon porc au caramel… se morfond Léon.

    -          Eh oh ! Même si t’as pas pu grailler, t’es pas léger, mon pote ! dit une voix étouffée.

    -          Pardon, Macaca, je ne t’avais pas vu ! s’excuse Léon qui au lieu d’atterrir sur l’homme au pop-corn a atterri sur la bordure de la piste où se tenait Macaca.

    -          Bon alors, comment on s’y prend ? demande Languro à son compère Macaca, qui n’a que faire de ce qui se passe autour de lui.

    -          Ben on va voir Charlene et puis on lui dit :  « Madame Sa Majesté la Princesse, auriez-vous l’obligeance de la délicatesse de nous faire grâce de votre collier, s’il vous en plaira ? Nous en serions fort aise… »

    -          Tu crois que ça va suffire et qu’elle va accepter ?

    -          Mais non, abruti ! J’en sais rien moi, comment on va s’y prendre. Et c’est pas avec un lion qui me tombe sur la tête que ça va m’aider à réfléchir, s’agace Macaca.

    Une fois Léon ramené dans les coulisses par son dresseur, le spectacle peut se poursuivre avec le numéro de Qilin, le cheval-licorne. La robe d’un blanc immaculé, les crins aux couleurs de l’arc-en-ciel, une corne dorée sur le front, il trotte jusqu’aux premières chaises des loges, les avancées. Après avoir exécuté à la perfection une série de cabrades et de caprioles, il vient hennir à l’attention du public qui applaudit à tout rompre ce magnifique et élégant animal postiche. Parmi les spectateurs, Qilin aperçoit une petite fille âgée de six ans, tout au plus, vêtue d’une robe blanche sur laquelle est floquée en son centre une licorne arc-en-ciel. Le même dessin se trouve également présent sur deux barrettes pincées dans ses fins cheveux blonds. Emu, il s’avance au plus près de l’enfant et d’un bref mouvement du museau, l’invite à s’approcher. Interloquée, la petite fille se tourne vers une femme qui doit être sa mère afin de requérir son approbation. D’un discret signe de tête, elle donne son accord. D’abord intimidée, la fillette qui a des paillettes dans les yeux et des papillons dans le ventre finit par tendre sa main en direction de la corne dorée.

    -          Quelle adorable petite fille ! s’émeut Qilin. C’est tellement gratifiant de répandre de la joie et du bonheur… Aïe !

    -          Hi hi hi ! Regarde Maman, j’ai attrapé la corne de la licorne !

    -          Nom d’une Ganesh ! Ne te laisse pas faire, camarade Qilin, vas-y, attaque cette morveuse ! s’écrie Dumba, du fond de l’arène.

    -          Ce n’est pas grave Dumba, et puis ce n’est qu’une enfant, symbole de l’innocence.

    -          Non mais c’est pas vrai ! Il faut que tu arrêtes d’écouter tous ces trucs sur la bienveillance. Ça te ramollit mon pauvre Qilin. RE-VO-LU-TION !

    -          Je ne souhaite pas entacher mon karma avec de vilaines actions. Et je sais que ma bonté du jour me sera restituée au centuple dans un futur plus ou moins lointain, philosophe Qilin.

    -          Ben voyons ! s’exaspère Dumba, qui voit rouge.

    La tête basse, dépouillé de sa corne dorée, Qilin s’en va se poster dans un coin sombre, proche de la gardine. Peiné par la situation de son ami, Lori le perroquet s’envole à sa rencontre dans le but de lui remonter le moral. A peine a-t-il ouvert le bec pour prononcer quelques mots réconfortants que son dresseur l’appelle. Promettant de revenir le voir dès son numéro terminé, Lori s’en va rejoindre le centre de la piste. Bien entraîné, il sait ce qu’il doit faire pour assurer une bonne prestation : marcher sur un fil tel un funambule, faire du vélo, tourner dans une roue de la mort… Mais le clou du spectacle reste le numéro nommé « la révélation ». Pendant l’entracte, Lori a le droit et surtout le devoir de voler et de se poser de-ci de-là afin de récolter des informations plus ou moins intimes et donc croustillantes sur les spectateurs. Et ce soir, il a du lourd.

    Après avoir tournoyé quelques instants au-dessus du public, il se perche sur l’épaule d’un homme en apparence quelconque : la petite cinquantaine, un physique banal de banquier ou de notaire, un air un peu austère.

    -          Jeeeee t’aime. Jeeeee t’aime, craille Lori.

    -          Moi aussi, répond l’homme se prêtant au jeu, ce qui fait rire la foule.

    -          Jeeeee t’aime Brigitte. Jeeeee t’aime Brigitte.

    -          Ha ! ha ! rigole l’homme un peu jaune.

    -          Jeeeee t’aime Brigitte. Jeeeee divorce Magalie. Jeeeee divorce Magalie. Jeeeee t’aime Brigitte.

    -          Pff, il raconte n’importe quoi ce perroquet.

    -          C’est pas vrai ! J’en étais sûre. Alors comme ça, tu me trompes avec ta secrétaire. La merveilleuse Brigitte, si professionnelle et si indispensable à ta boîte, s’emporte Magalie, la femme de l’homme.

    -          Mais enfin Mag, tu ne vas pas croire ce que dit ce stupide volatile. Attends Mag, ne pars pas, il faut qu’on parle, gémit l’homme.
    GaLim il y a 1 semaine
    (SUITE...)

    Devant un parterre de spectateurs ahuris pour les uns, hilares pour les autres, la femme quitte les gradins et se dirige à grands pas vers la sortie du chapiteau. A partir de ce jour, pour elle, le cirque restera associé à tout jamais aux mots « tromperie » et « divorce ». L’homme, quant à lui, n’ose plus bouger. Il reste figé sur son siège, la honte incrustée dans tous les pores de sa peau.

    -          Comment as-tu su ? demande Qilin à Lori, une fois celui-ci revenu auprès de lui.

    -          Pendant l’entracte, j’ai surpris une conversation téléphonique du bonhomme. Il était caché dans un coin du chapiteau et il chuchotait. Tu penses bien que j’ai flairé la bonne affaire !

    -          C’est horrible ! s’indigne Qilin.

    -          Oh ça va, avec tes bons sentiments, regarde où cela t’a mené, rétorque Lori un brin vexé.

    -          S’il vous plaît les amis, arrêtez de vous disputer. Je n’aime pas vous voir fâchés de la sorte, intervient Cuzco. Ah ! C’est mon tour…

    Lorsqu’elle trottine, Cuzco semble montée sur des ressorts. Avec son allure de gros mouton, sa houpette sur le front et son épaisse toison laineuse de couleur noire, elle attire immédiatement la sympathie. Les spectateurs sont également attendris par cette grosse peluche qui leur rappelle leur enfance. Souvent confondue avec son cousin le lama, Cuzco, la femelle alpaga, n’en est pas moins singulière, tout comme son numéro de cirque.

    Mise en valeur par les puissants projecteurs, Cuzco entame ses acrobaties qui font sensation. Un enchainement de sauts à la corde, une démonstration de hula hoop avec son cou, et enfin des pas de danse d’abord en solo puis en duo avec un spectateur puis une spectatrice. Cette dernière n’en revient pas d’avoir eu la chance de danser un tango les bras langoureusement enlacés autour du cou de Cuzco.

    -          Waouh ! C’était génial comme expérience, s’extasie la femme tout en ne cessant de caresser l’épaisse laine de l’alpaga. Qu’est-ce que c’est doux… On dirait du cachemire. J’aimerais bien la tondre et récupérer cette laine pour en faire une écharpe, ou peut-être un pull, s’il y en a assez. Ce serait du plus bel effet avec mes tenues Louise Vuittone.

    -          Non mais n’importe quoi ! Est-ce que je lui parle de la tondre pour faire un pull avec ses cheveux filasses, moi ? s’énerve Cuzco. Elle se croit où celle-là ! Allez tiens, prends ça dans ta face, peuh !

    -          Oh my God, elle m’a craché au visage ! Vous avez vu ? Elle m’a sciemment craché à la figure ! A moi, Beverly, elle a osé me faire ça !

    Afin de faire en sorte que la situation ne s’envenime pas entre Beverly et Cuzco, un Bereiter intervient pour séparer les deux spécimens. Beverly ne cesse de hurler, geindre, vociférer que si cet alpaga de malheur nuit à sa réputation d’influenceuse, elle n’hésitera pas à porter plainte contre le cirque.

    En rejoignant sa place dans les gradins, Beverly passe devant les deux singes Macaca et Languro, sans les voir.

    -          Eh ben, elle est vénère la p’tite poulette, constate Macaca. Bon, c’est pas tout ça mais va falloir qu’on se bouge et qu’on passe à l’action. J’crois qu’c’est le bon moment. Regarde le foutoir qu’c’est : entre ceux qui se barrent, ceux qui se marrent et ceux qui s’en carrent…

    -          Ouais t’as raison. Alors on fait comme on a dit ?

    -          Ouaip, pas le choix. T’es prêt ? Parce qu’on doit pas s’planter. C’est du one shot, précise Macaca.

    -          Ok, suis prêt, répond Languro.

    -          Allez c’est parti. Je compte jusqu’à trois : un, deux, trois…

    Les deux singes, dans une parfaite synchronisation, se positionnent chacun sur un accoudoir du fauteuil de la Princesse Charlene de Monaco. Pendant que Languro fait le pitre pour attirer l’attention de cette dernière, Macaca, dans un geste vif, s’empare du collier, tire dessus, et l’arrache du cou de la Princesse. Cette dernière n’a absolument aucune réaction, contrairement à la Princesse Stéphanie qui comme un ouragan, se met à gronder et à s’agiter en tous sens. Mais il est déjà trop tard. Macaca et Languro, vifs et agiles, ont su exploiter à merveille les poteaux, poutres, cordes et autres éléments de la structure pour rejoindre le sommet du chapiteau et ainsi s’enfuir par l’ouverture servant d’aération. Pour les spectateurs, c’est l’effroi, la stupeur et la consternation.
    GaLim il y a 1 semaine
    (SUITE ET FIN)

    A la suite de cet incident, celui de trop, Monsieur Loyal intervient pour annoncer la fin de la représentation, et demander à l’assistance de bien vouloir se diriger vers les sorties latérales du chapiteau. Au milieu du brouhaha, les spectateurs ne peuvent s’empêcher de partager leurs impressions, émotions et sentiments avec certaines constantes : les personnes joviales ont beaucoup ri, les angoissés ont eu peur, les indifférents sont restés… indifférents, les ravis de la crèche en sont un peu revenus, les émerveillés ont déchanté, et les enfants ont traversé toutes ces émotions avec une intensité plus ou moins forte. Ce qui est certain, c’est que ce numéro de cirque restera à jamais gravé dans les cœurs et les mémoires des uns et des autres. Du côté des animaux aussi, cette représentation aura laissé des traces.

    ..........

    Quelques mois plus tard…

    Dumba, l’éléphante, a été renvoyée dans son pays d’origine, le Sri Lanka. D’abord accueillie dans une réserve, les soigneurs se sont rapidement rendu compte qu’elle était incontrôlable et ingérable. Elle avait une très mauvaise influence sur ses camarades, les incitant constamment à faire la RE-VO-LU-TION. Il a été décidé de la relâcher dans la nature, à l’état sauvage. Elle n’a pas tardé à rassembler autour d’elle une fine équipe et depuis ce jour, les journaux du pays ne cessent de faire leurs unes sur la recrudescence des attaques d’éléphants contre les hommes, les véhicules, les maisons et les cultures. L’information pourrait prêter à rire si le bilan humain n’était pas aussi tragique, avec une soixantaine de morts par an. Dumba, quant à elle, ne veut plus jamais entendre parler de cirque et préfère sa nouvelle vie sauvage.

    Léon, le lion, a été placé dans un zoo quelque part en France. Il est satisfait de sa condition et à dire vrai soulagé. Il ne se voyait pas devoir chasser tous les jours pour se nourrir. Trop fatigant et trop incertain. Après des années de plats préparés et de service à domicile, difficile de se défaire de ce confort. Par contre, il rêve encore souvent de son festin raté, le fameux porc au caramel, ainsi que de ses amis dont il n’a plus aucune nouvelle. L’ambiance du cirque lui manque, et il se prend à être nostalgique du bon vieux temps. Ainsi va la vie…

    Qilin, le cheval-licorne, n’a pas été récompensé pour sa bonne action envers la petite fille. Il a directement été conduit du cirque à l’abattoir. Puis de l’abattoir à une boucherie monégasque où il a fini dépecé en plusieurs morceaux avant de se retrouver sur les étals, coincé entre les boudins noirs et les côtelettes d’agneau. Ironie du sort, le boucher est le père de la petite fille qui lui a arraché sa corne lors de son dernier spectacle. La relève de la boucherie semble assurée.

    Lori, le perroquet, a tapé dans l’œil d’une baronne en proie à des doutes quant à la fidélité de son époux. Après avoir proposé une somme rondelette pour l’acquérir, elle est repartie avec Lori dans une cage, le sourire aux lèvres. Le soir de l’anniversaire du baron, elle lui offrit le magnifique volatile au plumage chatoyant, afin qu’il le place dans son bureau. Madame la baronne n’a pas eu à attendre bien longtemps. A peine deux semaines plus tard, Lori a dévoilé le pot aux roses. Monsieur a une aventure avec son associé et non avec son assistante. Suite à cette révélation, la baronne a sombré dans une grave dépression. Lori, quant à lui, a été revendu à une autre personne qui pour l’heure souhaite garder l’anonymat. En attendant, il est comme un coq en pâte, ravi de pouvoir poursuivre sa vie de « diseur de révélations ».

    Cuzco, la femelle alpaga, a été adoptée par une famille bobo-écolo habitant le plateau du Larzac, les Bové. Elle adore gambader dans les prés, au milieu de ses nouvelles amies, les chèvres angora. Contrairement à ces dernières, elle refuse catégoriquement que quiconque touche ne serait-ce qu’à un poil de sa magnifique toison. Il est hors de question qu’une partie d’elle finisse enroulée autour du cou de pimbêches comme l’autre folle du cirque. Hors de question ! Et puis devoir s’exhiber toute nue devant les copines et la famille pendant des mois, quelle impudeur ! Le naturisme, très peu pour elle.

    Quant à Macaca et Languro, les deux singes, ils auraient été aperçus entrain de lézarder dans les luxuriants jardins d’un palais de Maharajah, à quelques kilomètres de Jaïpur, dans le Rajasthan. La rumeur prétendrait même qu’ils en sont désormais les heureux propriétaires et qu’ils auraient baptisé leur somptueuse demeure : Charlene’s Hope Circus.
    Roberte53 il y a 1 semaine
    Bonjour Galim

    Original et amusant 😀, sauf pour Léon qui s'ennuie dans son zoo et le pauvre Qilin qui a mal fini ! 😢.

    Avec en prime "L'entrée des gladiateurs". Merci pour ce bel hommage musical !
    KotolineBastacosi il y a 1 semaine
    SOUS LE GRAND CHAPITEAU, Exercices de Style, Queneau, que notes.

    Sous le grand chapiteau, tout en haut, des trapézistes tirent à la courte paille celui qui exécutera le saut de la mort. Ils sont trois, Émile, Gilles et Achille. Gilles est désigné par le sort. Il fait quatre doubles loopings sans filet, ses mains ratent le bâton de trapèze et il tombe au sol, sa tête se disloque et rebondit. Le public rit et applaudit. Immédiatement après, Achille, en tordant son talon dans la hâte, descend prudemment de sa banquine et se précipite vers Gilles tandis qu’Emile, fou d’épouvante, tombe du haut de son perchoir et s’écrase sur ses deux amis en criant Gare ! gare ! Ils sont morts. La foule exulte.

    Antonymes

    Sur le petit chapiteux, tout en bas, des trapézistes tirent à la longue poutre celle qui n’exécutera pas le saut de la vie. Elles sont de moins en moins trois : Emilia, Giulia et Achilla. Giulia n’est pas désignée par le sort. Elle ne fait pas le simple looping avec filet, ses pieds s’agrippent au bâton de trapèze et elle ne tombe pas au ciel, sa tête se fige. Le public pleure et n’applaudit pas. Longtemps avant, Achilla, en détendant son talon sans hâte, remonte imprudemment et fuit Giulia, tandis qu’Emilia, consciente de l’état sécure, se hisse du bas de son perchoir et s’envole sous ses deux amies, en murmurant : Aéroport ! Aéroport ! Elles sont vivantes. La foule sombre dans le désespoir. 

    Géométrique 

    1/Soit C une surface immobile courbe continue de forme sphérique, et trois rectangles  E,G et A, sachant que G se déplace à l’intérieur de la circonférence sur un trapèze x’ dans le sens inverse de son point de départ, tel que E +A = cosinusAlphaTango, trouvez le point de rencontre des trois rectangles et le point de chute de G dans C. 
    2/ Si A >G et si E appartient bien à l’ensemble [A+B+C)°’, et si x (nombre de cylindres inclus dans la surface C) est un nombre entier, démontrez que x = C + EGA, après soustraction partielle de la sphère appartenant au périmètre de G. 

    Lettre officielle

    J’ai l’honneur de vous informer que j’ai assisté à une scène des plus spectaculaire lors de ma visite au Cirque Chapitot. Je n’ai pas pensé à fermer les yeux à ce moment-là car depuis je fais des cauchemards et je ne sais pas si j’ai raison de porter à votre connaissance les faits dont mes yeux ont été témoins. Néanmoins je suis obligée par la présente et sans aucune pression, de vous divulguer que trois trapézistes se sont élancés dans les airs sans aucune précaution et cela sous le regard d’une foule réjouie, puis se sont l’un après l’autre entretués en chutant sur le sol. Le plus horrifique fut que la tête d’un certain Gilles s’est détachée et a été  immédiatement apportée sur une planche de trapèze à la Directrice du cirque, Mademoiselle Lasomé, qui l’a mise en dépôt à la Gare St Lazare, conformément au vœu du dernier chu.
    Avec mes respects les plus démunis, cher Monsieur. 

    Télégraphique 

    ACCIDENT CIRQUE CHAPITOT STOP COURTEPAILLE FUNESTE STOP TALON TORDU STOP TROIS TRAPÉZISTES ENCHEVÊTRÉS STOP TÊTE QUI ROULE STOP PUBLIC SATISFAIT STOP KOTOLINE 

    Homéotéleutes

    Emile Gilles Achille agiles sur un fil défilent se faufilent tombent pile s’empilent sur un os se cabossent dans la fosse tête boule roule se coule dans la houle et la foule maboule roucoule. Cool ! 

    Prière d’insérer

    Dans son nouveau roman, le célèbre auteur Xyz, nous conte autant avec une élégance rare et complexe qu’une intelligence mesurée qui ont fait le succès de ses précédents ouvrages, les mésaventures de trois bons amis qui, pour gagner leur vie, la mettent en péril chaque soir au renommé Cirque Chapitot, admiré pour ses tigres, ses lions, ses panthères en cage, ses ballons, ses baudruches, ses lumières blafardes, sa musique de fous, ses clowns tristes, ses balançoires aériennes et ses filets et son public idiot. Or c’est toujours sans filet, par ordre de la méchante Direction, qu’opèrent les trois vaillants héros de l’histoire. Un jour ou l'autre le malheur arrive. Et c’est avec une exquise adresse et un grand suspense que notre romancier a su traduire les émotions de la foule en liesse tout autant que le courage et le professionnalisme des protagonistes engagés dans cette folle aventure. Nous souhaitons un grand succès à l’auteur et du plaisir à ses lecteurs qui n’en croiront pas leurs yeux. 

    Métaphoriquement

    Sous le grand essaim, trois abeilles ventileuses aèrent avec difficulté l’habitacle. L’une se pose sur un brin de paille puis se lance comme un papillon dans le vide, heurte au passage une alvéole ébréchée qui la blesse et s’écrase sur des gardiennes qui lui dévorent la tête, Aussitôt les deux autres ouvrières en lui portant secours glissent de leur nid de pie et se retrouvent engluées dans le miellat de quelques pucerons en déroute qui les mettent en boîte. La Reine vrombit et pique un somme. 

    Wokisme et anglicismes

    Sous la grande chatte piteuse, là-haut, des trapézistes.teuses non syndiqué.es tirent à la courte-paille celle.celui qui exécutera le looping de la mort.te hors de leur space save. Iels sont trois. Emile.euse, Gilles.èses et Achille.e.. Gilles.èses est désigné.e par le sort. Iel fait quatre tours.tourettes sans filet. C’est le scoop. Ses mains ratent le bâton trapézoïdal et il tombe au sol, sa tête se dix-loque et rebondit. Le.la public.cité rit et applaudit. Suddenly Achille.a en tordant son talon, descend piano-piano de sa banquine et se rushe vers Gilles.llèses tandis qu’Emile.euse.ia, fou.folle d’épouvante, tombe du haut de son piercing et se crashe sur ses deux.deusses amis.ies en criant : maiday ! maiday ! Iels sont morts.tes. La foule glousse son must have et se standing ovationne. The End.

    Minimaliste haïku 

    Titi chu
    Du
    Nid gît. 

    Alexandrins 

    Ô cruel chapiteau ! qu’as-tu fait à trois zigues
    Fort heureux et si fiers de s’envoyer en l’air,
    Au mépris de leur vie et des grandes fatigues 
    Hélas ! Ils ont plongé ! Pour trouver quoi ? L’enfer !

    Leur âme était vaillante et deux de ces zazous
    Voulant porter secours à leur bon frère Gilles
    Par un pas malheureux se sont cassé le cou
    Et les voilà gisant, entassés, immobiles. 

    Le public est heureux, résonne le trombone  !
    Puis sur un bout de bois on s’en ira offrir
    La tête de Gillou, afin que sa patronne 
    Á Saint Lazare expédie ce doux souvenir.

    Interjections
    Oh ! Ah ? Euh,,,  Oh ! Ouf ! Hop ! Houla ! Hein ? Hé ! Aïe ! Oh ! Holà ! Aïe ! Boum ! Oh ! Hop ! Ouille ! Aïe ! Boum !  Aïe ! Oh !  Eh ? Hop ! Boum ! Ouille Ah ! Oh ! Hi ! Hi ! Hi ! Ho Ho ho !! Hi hi ! 

    Politique

    -Nous devons veiller à la sécurité de nos artistes qui travaillent sans filet, et en même temps veiller lors de nos conditions d’embauche à n’utiliser que des spécialistes européens pour des tâches délicates qui peuvent produire des accidents fâcheux pour les consommateurs européens et en même temps  pour les Français. D’où la nécessité d’être en même temps sage et prudent. Et de ne rien faire. (Emmanuel Scarron)
    -Il est scandaleux de voir des ouvriers sans papiers ni filets utiliser des trapèzes instables issus de bois recyclés qui leur confèrent in fine une chute finale non remboursée par la Sécurité internationale. (Jean-Luc Robespierron)
    -Il faut dorénavant que des femmes femelles genrées remplacent les trapézistes mâles dérangés car elles seules peuvent s’envoyer en l’air sans avoir besoin d’un bâton de bris doux ni de baguette bio auto-dégradable (Jeanne-Jacquesandrine Rousseau)
    -Il faut que les prénoms des trois artistes décédés soient donnés à tous les nouveaux-nés terrestres quel que soit leur pays d’origine surtout s’ils sont étrangers (Erik de Nemours).

    Il faut rendre à ces arts ce qui est à César, au Cirque ce qui est critique, et à Raymond Queneau ce qui est fort beau.  (Kotoline Bastacosi)
    JulianAArdennes il y a 1 semaine
    GaLim  C'est jouissif de voir tout ces animaux mettre le foutraque, encore que certains ont été trop sage, à quoi ça a servi à Qilin toute ses bonnes intentions ( est ce que la viande de licorne a un goût fin ou est-ce tout filandreux ?)
    En tout cas Qilin est devenu A-Qilin ( avec le "a" privatif)
    Longue vie à la REVOLUTION de Che Dumba alias Arlette.
    Passage remarqué de Bev' dans l'une des activités auxquelles elle excelle ( s'indigner contre les souffrances, pas animale, les siennes, bien sûr)
    Roberte53 il y a 1 semaine

    Chapeau bas Kotoline et bravo. Tu es passée maître dans l'art de jongler avec les figures de style ! 

    C'est à la fois très original et bluffant avec une petite touche ironique bien sympathique. Il fallait y penser mais surtout l'écrire....

    Félicitations ! 😀

    PS : J'adore le poème !
    nathlef06 il y a 1 semaine

    Pour GaLim.  Quelle verve !! Multi aventures qui s’imbriquent les unes dans les autres jusqu’au bouquet final ( quelques mois plus tard), sans oublier Bev ! Très vivant ❤️ !! 


    PS: Albert et Charlene sont mes anciens « patrons »😂






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