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Critiques de Virginie Despentes (2600)
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Vernon Subutex, tome 1

Alex Bleach, une star de la musique, vient de mourir. Overdose dans la baignoire. Coup dur pour ses fans et pour Vernon Subutex. Ce n'est pas seulement un ami qu'il vient de perdre mais aussi celui qui paie son loyer depuis plusieurs mois. Dorénavant, le voilà à la rue. Ancien disquaire au "Revolver", il a connu des années fastes, dans l'insouciance et la désinvolture. Mais le magasin n'a pas survécu aux nouveaux supports musicaux. Le voilà obligé de le fermer. Les indemnités sucrées et vivant bon an mal an grâce aux ventes de ses stocks sur internet. Et surtout grâce à Alex. Bref, maintenant, Vernon n'a plus rien, pas même un toit. Il appelle à la rescousse les anciens potes, plus ou moins perdus de vue, sans leur avouer qu'il est à la rue. Sans y prêter plus d'attention que ça, il détient des cassettes sur lesquelles Alex Bleach s'est filmé. Cassettes qui deviendront un objet de convoitise...



Virginie Despentes dresse une galerie de personnages hauts en couleur, désespérés parfois, sans attache et souvent seuls mais riches de leur expérience: de l'ex-bassiste rancunière au pseudo scénariste facho et looser, en passant par le transsexuel ex-star du porno, le bourgeois accro à la came, la bourgeoise dépressive ou l'étudiante en droit voilée. Tous ont vieilli et ont abordé ce nouveau siècle plus ou moins la tête haute. Vernon, personnage clé et fil rouge de ce roman, s'en sort comme il peut. Lucide, résigné ou indifférent, il déambule dans Paris, ville grouillante. Virginie Despentes, sur fond de rock'n roll, dépeint avec brio et sans concession une société parfois cruelle, bringuebalante ou précaire. Porté par une écriture rigoureuse, brute et parfaitement maîtrisée, ce roman construit admirablement frappe fort tant il ne laisse aucun répit.



Une figure, ce Vernon Subutex...



Merci Cécile...
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Cher connard

Rentrée littéraire 2022 # 12 °°°



Ça démarre par un post instagram injurieux. Oscar, écrivain qui a eu son heure de gloire, dézingue le physique de Rebecca, actrice culte quinqua dont le physique de bombe sexuelle a très mal vieilli selon lui. La réponse de Rebecca est cinglante : « Cher connard (...) j'espère que tes enfants crèveront écrasés sous un camion et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que leurs yeux gicleront de leurs orbites. » S'ensuit un surprenant – presque utopique - échange épistolaire qui prend de l'ampleur lorsqu'Oscar se fait metooïser ( pour harcèlement sexuel ) par son ancienne attachée presse, Zoé Katana, désormais à la tête d'un blog féministe très suivi sur les réseaux sociaux.



Virginie Despentes a le sens des formules et sent incontestablement l'époque. le personnage de Rebecca, flamboyant mauvais sujet, jubilatoire avec son humour trash et cash qui ne s'excuse de rien ( difficile de ne pas penser à Béatrice Dalle ) offre les meilleurs passages, c'est elle dont on attend la voix et l'entend le mieux, c'est avec elle que le fun arrive et qu'on se marre.



Après un démarrage drôle et punchy, j'ai cependant trouvé que le récit s'amollissait jusqu'à un certain assoupissement, comme si la forme épistolaire, telle qu'elle est utilisée par l'autrice, était responsable de cette mollesse. Les lettres que s'envoient Oscar et Rebecca sont très longues et tournent vite aux monologues statiques qui auraient plus leur place dans un essai. Il manque de la vivacité à leurs échanges, ainsi que des volte-face toniques.



Clairement, ça ne décoiffe pas assez. Les thématiques abordées sont très nombreuses ( les divisions du féminisme, MeToo et harcèlement sur les réseaux sociaux, patriarcat et capitalisme, les transfuges de classe, addictions à la drogue dure et à l'alcool, Narcotiques anonymes, COVID et confinement ). Leur traitement en saillies fourre-tout laisse malheureusement peu de place à autre chose que du survol déjà-lu même s'il y a d'excellents paragraphes.



En fait, la radicalité de Despentes ne réside pas là où on l'attendait. Sa radicalité naît dans la façon dont elle conduit le dialogue entre Oscar et Rebecca, puis avec Zoé. Dans Cher Connard, on ne se lève plus et on ne se casse plus, on se parle, on discute et on concilie. Rebecca et Oscar vont devenir amis.



A une époque usée et irrémédiablement divisée par l'hystérie de débats sans fin où chacun milite fanatiquement pour sa propre parole, où chacun est convaincu d'être du bon côté de la morale, aveugle et sourd à la parole de l'autre, ça fait un bien fou de voir un homme et une femme a priori irréconciliables s'accompagner pour évoluer, grandir, apprendre à comprendre l'autre en osant tomber le masque. Ça fait du bien de voir un personnage masculin s'interroger sur sa masculinité au point d'être désormais capable de changer de perspective et de se mettre à la place de la femme qu'il a harcelée.



C'est peut-être cela qui est le plus subversif venant de quelqu'un comme Despentes : que le salut des personnages féminins ne viennent pas d'un refuge dans la sororité ou dans un féminisme consolateur, ici présenté comme éclatée en chapelles rivales se taclant les unes les autres. On devine qu'elle a mis beaucoup d'elle dans ces personnages, féminins comme masculin, bien loin d'une guerre des sexes stérile. Loin d'être fadement consensuel, c'est l'ode à l'amitié homme-femme qui m'a semblé le propos le plus intéressant, surprenant et radical de ce roman parlant avec justesse des paradoxes de notre époque.
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Vernon Subutex, tome 1

- Faites chauffer la Delorean Doc, point d'encrage, les eighties, pour remonter allègrement le cours du temps !

- Nom de Zeus Marty, et moi qui escomptais un été en Despentes douce...



Vernon Subutex. A en croire le blaze, une véritable pub vivante pour labo pharmaceutique.

La cinquantaine blasée, le bonhomme n'en finit pas de dégringoler.

Sans turne ni turbin, le systéme D, y a que ça de vrai. le but du jeu, s'incruster chez une ancienne connaissance en lui balançant un mensonge éhonté puis récidiver chaque fois que nécessaire. Son unique trésor, les bandes testamentaires de son pote et mécène, véritable icône rock du moment, qui aura eu la mauvaise idée de calancher en le laissant dans la mouise. L'éventualité du scoop sanguinaire affole les esprits, les requins sont de sortie...



Alors moi je dis qu'un bouquin qui évoque AC/DC et les Stooges dès les toutes premières pages, ça fleure, mais alors, très, très bon !

Et de fait, ce Vernon est un pur moment de rock'n roll.

Premier opus d'une trilogie que je rêve d'un niveau égal tant cette mise en bouche fut un régal, Vernon Subutex devrait fasciner toute personne ayant baigné dans les années 80, mais pas que, puisqu'également d'une contemporanéité caustique hilarante. Les références de tout bord pullulent, Retour Vers le Futur fonctionne à plein.

Portrait d'une génération dorée rompue à tous les excès, le constat est implacable, rares sont ceux pouvant désormais se vanter d'avoir concrétisé leurs rêves. Les désillusions sont violentes, les chocs frontaux.



Lors d'une interview radio, Virginie Despentes affirmait y avoir balancé pas mal de son passé.

Je connaissais le personnage sulfureux, pas l'auteure. J'ai découvert une écriture sensible, évocatrice, sans compromis ni complaisance d'aucune sorte et totalement jubilatoire.



Vernon Subutex s'affirme de jour en jour comme le très grand bouquin d'une chouette nana.



Merci Cécile, Subutex m'aura explosé le cortex !



4.5/5
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Vernon Subutex, tome 1

VERNON SUBUTEX

Despentes is back, pète la forme et crache le feu.

Vernon Subutex est un livre énorme qui ne ressemble qu'à elle, qui décrit à la perfection les relations humaines. La rudesse de la vie, la hargne, l'abandon, la trahison, l'amour, l'amitié, la jalousie. Une palette organique et sensorielle. Pas toujours le meilleur de l'Homme mais depuis quand l'Homme est-il meilleur ?



C'est bien simple, ce livre est une fusillade d'émotions toutes plus riches et plus complexes les unes que les autres.

Des tranches de vie qui s'assemblent, se rassemblent, se séparent et qui ne ressemblent à aucune autre.

Des tranches qui s'empilent, se complètent, se rejettent et se font mal.



Une plume. Un ton. Un point de vue. Une putain de femme qui claque le beignet à plein de putain de mecs.



A la manière des premiers Easton Ellis, le lecteur passe d'un personnage à l'autre, s'immisce dans sa tête. Pas le temps de s'habituer qu'on change de personnage. Un kaléidoscope des émotions humaines. Un canevas de la condition humaine. Un petit bijou. Un livre en perpétuel mouvement.



Le grand talent de Virginie, c'est bien son écriture qui par rafales submerge le lecteur d'un flot de sentiments contradictoires et jubilatoires.

Cette peur du fossé démesurément grand qu'est la vie. Cette trouille de la solitude qui creuse un vide dans ton estomac et bousille les artères. Ah non, ça c'est l'alcool, me souffle-t-on.



Bref, vous l'aurez compris, ce bouquin fleure la perfection.



Pour terminer, un petit message perso que vous n'êtes pas obligés de lire, petits curieux :

Virginie, on se suit depuis "Baise-moi". On s'est très vite kiffé. On ne s'est jamais quitté même si on s'est engueulé (merde les chiennes savantes, c'était clairement pas à niveau !), aimé (ah oui les jolies choses et teen spirit ça te retourne le cerveau !) détesté (non mais c'est quoi cette daube d'Apocalypse Bébé !), reniflé (mitigé par Bye-Bye Blondie), rabiboché (à cause du gorille et de sa King-Kong théorie et à coup de massue dans ma gueule). Les années ont faillit avoir raison de nous mais dans une relation aussi longue, on n'est jamais à l'abri d'un revirement, d'un putain de moment de pureté qui te fait de nouveau vibrer, gorge ton cœur d'un souffle nouveau. Pas non plus à l'abri d'enfoirés de papillons dans ton ventre que tu voudrais brûler au lance-flammes mais qui inondent ton âme de bons sentiments.

Rhooooo in love, quoi !

C'est l'effet "Vernon Subutex" ! Merci Vriginie.
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King Kong Théorie

Virginie Despentes ose les mots pour le dire. Dire quoi au fait ? La King Kong théorie, c'est-à-dire la réalité des rapports hommes-femmes directement liés au formatage, dès le plus jeune âge, des uns et des autres par une société fondamentalement patriarcale. Ainsi l'homme se doit d'être viril et dominer la femme qui ne connaît qu'une posture : la soumission.



Ceux ou celles qui tentent d'agir autrement, par exemple une femme qui veut être libre doit prendre le risque d'être violée, et si viol il y a, elle doit prouver qu'elle n'était pas d'accord. le viol est donc perçu par la société, et souvent par la femme elle-même, comme un mal inévitable parce que lié à la virilité masculine.



Prenant son expérience personnelle de la prostitution, Virginie Despentes estime aussi que comme la pornographie, celle-ci ne doit plus être organisée par et pour les mâles. Elle revendique pour les femmes le droit de disposer de leur corps pour gagner de l'argent si c'est leur volonté, et ce sans être ostracisées et mises au ban de la société.



Un discours féministe qui peut paraître radical, la forme l'est souvent, qui est une réflexion argumentée, sensible et bien formulée de la condition féminine (et masculine) et de sa nécessaire évolution.
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Cher connard

Chronique https://www.youtube.com/watch?v=gaQQSGMfNa0&t=331s



Avant de commencer, j'avais plutôt des a priori négatifs, le battage médiatique des parutions très attendues a tendance a me mettre dans des dispositions méfiantes. Mais j'ai lu aussi un édito vite fait de Transfuge qui a remis la balle au centre :



« Despentes, c'est Sandrine Rousseau, Mathilde P[a]not, Alexis Corbière et Raquel Garrido réunis. La belle équipe. le bel esprit de notre époque. Elle les a écoutés attentivement le soir à la télé, sur les chaînes d'info, a récupéré toutes leurs idées, et en a fait un livre. […] Elle récupère toutes les idées de notre époque, tendance gauchiste, les broie dans sa langue parlée, leur donne du rythme, du punch, les fait prononcer par trois pantins»



Je trouve que transparait dans cette article une haine de la personne de gauche assez palpable et hors de propos, (surtout que ce sont des sujets médiatiques dont se gargarisent les émissions type Quotidien, Konbini, Brut et que ne renierait pas Macron, du moins en apparence, avec des grenelles qui n'avancent pas le schmilblick). On ajoute une pointe de misogynie, et juste quelques citations sorties du contexte pour prouver que c'est nul (comment ça je fais ça moi aussi ?). Donc bon, mon contexte de lecture était en terrain neutre, une petite voix me disait « ça va être nul », une autre lui disait « ta gueule », dans un équilibre fragile mais a peu près stable.



J'ai jamais lu Virginie Despentes, mais dès les premières pages, j'ai peur.

Parce que, bon, je sais qu'elle est vue comme une écrivaine punk, mais ses premiers paragraphes sont d'un conventionnel autant dans le style (qui me rappelle les chroniques pseudo-humoristiques des magazines féminins, avec un ton qui se veut cru, mais qui sonne faux) que par le fond (qui ressemble là à un article de société d'un magazine féminin, invisibilisation des actrices passé 50 ans, conflit homme/Femme, metoo, etc,..).



Je trouve que le dialogue au début est pas très cohérent, mais je veux bien laisser le doute à Despentes, ça peut-être du fait de son personnage Oscar : on voit bien comment sa manière de parler évolue entre le moment où il insulte Rebecca et quand elle lui répond, y a forcément de la gêne et de l'obséquiosité dans ce cas-là. Mais pourquoi déballer sa vie comme ça ? Je sais pas. Et je trouve la manière d'écrire de Rebecca assez peu naturelle, y a quelque chose d'affecté, oui, une vulgarité affectée qui sonne faux. (je suis pas contre la vulgarité, mais là, ça fait enfantin, crotte de bique tu vas te faire écraser par un camion et tes yeux vont sortir hihi).



Je trouve que la forme épistolaire est bien pratique pour un relâchement de la langue, certaines phrases sonnent vraiment mal à l'oreille « la première fois qu'on l'a laissée seule quelques jours là-bas, lorsqu'on s'est éloignés en voiture j'étais convaincu qu'on allait faire demi-tour au bout de l'allée pour la récupérer. Mais Léonore n'a pas exigé qu'on annule le week-end qu'on avait prévu. » Il y a 6 fois la répétition du son « qu'on/kon », ce qui manque de fluidité et de variation.



Ce que je remarque aussi, c'est que les mots, les phrases veulent dire uniquement ce qu'ils veulent dire, y a pas de sous-texte, y a pas un motif qui se tisse et qu'on se dit, tiens, là elle parle d'un manteau sur une chaise et ça peut symboliser la peur de la mort ou que sais-je, non, si elle veut parler de la peur de la mort, elle va faire dire à son perso « j'ai peur de la mort », et c'est la différence que je trouve avec un Houellebecq par exemple, qui a aussi une écriture assez plate, mais dont on s'aperçoit qu'il y a comme un arrière-plan qui se construit, je sais pas si on peut parler d'ambiance, ou d'unité, je vois ça comme le tissu romanesque. Qui est pas vraiment tissé ici, y a pas de scènes, c'est juste des gens qui parlent de leur vie, mais ils pourraient ralentir à un moment donné, faire ressentir quelque chose, non, on survole on survole.



Puis le point sur lequel je suis d'accord avec Transfuge, c'est l'accumulation de phrases clichées : « la honte doit changer de côté » (petite variation du canon traditionnel « changer de camps » « je suis allée travailler chaque jour avec le ventre noué » (PPDA represents)

Ce que je veux dire, c'est pas qu'il ne faut pas parler de ces sujets (je dirais si je voulais faire dans le cliché moi aussi que c'est vital, nécessaire et essentiel), mais qu'il faut se les approprier véritablement, ne pas en faire des poncifs génériques et impersonnels. J'ai eu vraiment l'impression de lire un long article de Marie-Claire ou d'Elle, repasse pour l'inspiration punk. Oui, ces histoires sont malheureusement banales, mais c'est pas une raison pour les raconter de manière banale. Et quand elle sort du cliché, c'est pour dire des trucs bancals « L'auteur bourré macho fils de chômeur des aciéries de l'Est, l'enfant prodige qui se comportait exactement comme on l'attendait d'un putain de prolo de son acabit ». Une oeuvre gauchiste, Transfuge, n'est-ce pas…



Et je trouve que la forme épistolaire est assez mal exploitée : c'est très rigide, très statique, y a pas de virevoltement et de manigances comme dans les Liaisons dangereuses par exemple. Non, ici c'est comme si deux murs se parlaient, à aucun moment y a un impact dans ce qu'ils se disent, y a pas de réponse, on rebondit pas sur ce que l'interlocuteur a dit, on balance juste son histoire tout d'un bloc, et parfois sans aucun rapport avec ce qu'on vient de lire.



« [Fin du mail d'OSCAR]

Si j'avais été l'un d'eux — ils auraient fait taire Zoé avec cette efficacité redoutable dont ils sont capables. Mais personne n'a pris son téléphone pour me protéger.



[début mail de ] REBECCA



J'héberge une amie quelques jours. Je n'aime pas que quelqu'un soit chez moi. Elle s'impose et je laisse faire […] »



Paie ta conversation.



Un moment, un peu plus loin, Rebecca écrit « Elle a tendance à parler sans se soucier de la personne à qui elle s'adresse ».



Elle parle de quelqu'un d'autre, hein, pas d'elle ni d'Oscar.



Et de même pour l'oralité : d'un côté, ça joue sur le relâchement, et d'un autre côté les monologues sont pas très crédibles, j'écris pas des mails de cette manière et j'en reçois pas. Si ça avait été sous la forme de journal intime, ça aurait passé beaucoup mieux. Mais non, il fallait un dialogue entre les sexes et les générations (et peut-être que leur incommunicabilité était intentionnelle, hein, mais c'est pas l'impression que ça m'a donné).



L'autre chose que je trouve dommage, et avec laquelle je suis d'accord avec Transfuge, c'est que je trouve qu'elle prend un sujet de société et qu'elle y greffe une intrigue de manière artificielle, ce qui rend un résultat qui manque de consistance. On a vraiment l'impression qu'elle voulait mettre sa pierre à l'édifice Metoo, éventuellement clarifier son positionnement, mais que pour ça, pas la peine de faire un roman, ça le rend juste pénible et long à lire. Surtout, encore une fois, si ce n'est pas pour se décaler des clichés : la féministe ancienne génération, actrice à la Béatrice Dalle, mon poing dans ta gueule, l'auteur metooisé assez réac mais quand même un peu touchant (dans le même registre Abel Quentin avait beaucoup mieux réussi et crée un vrai personnage, qui dit des vraies choses tangibles, et pas des titres d'articles en ligne de Médiapart (j'aime bien Mediapart, mais quand je lis un bouquin, je veux lire une histoire, tout simplement). Bref, ils mangent pas ses personnages ? Ils s'habillent pas ? Ils ont pas des tics (de langage, gestuels) On peut pas les caractériser d'une autre manière que par la parole ? (oui, oui, je sais roman épistolaire, mais on peut faire dans le non-dit : je trouve qu'ils se livrent tous bien trop vite, c'est un des gros hics, et donc pour revenir à ce que je dis, elle privilégie le discours (politique ou féministe) au réalisme romanesque (ce qui en fait un livre aussi raté que Les enfants sont rois de de vigan par exemple). Merde, arrêtez avec vos romans à thèse et faites des essais dans ce cas-là !



Ce qui peut-être un peu intéressant, c'est quand elle parle de l'entourage des victimes, par exemple de Weinstein qui sont carrément complices, et dont on n'entend plus parler. Mais à côté d'une ou deux pensées inédites, on doit manger du lieux-communs et presque j'ai envie de dire, des éléments de langage — et donc Transfuge a un peu raison, sauf que c'est pas relégué aux partis de gauche, j'ai parfois l'impression d'entendre parler Marlene Schiappa. « Pour que d'autres puissent répondre « moi aussi » et « je t'entends ». Et pour la drogue, c'est pareil, elle aurait pu décrire les effets de manière plus personnelle, dire des trucs que comme la vie « c'est pas marrant sans la came », ça apporte rien de pertinent sur le sujet. Les alternances entre les sujets sont plutôt mauvaises, y a aucune transition, et pourtant c'est vachement visible parce qu'à aucun moment ça va parler de deux sujets ou essayer de faire des associations, non, c'est paragraphe 1 : le féminisme d'aujourd'hui, paragraphe 2 : la drogues, paragraphes 3 : les réseaux sociaux puis on recommence depuis le début (pas forcément dans cet ordre, mais c'est aussi schématique).



Bon, et vers la moitié, quand Oscar parle de Céline, j'ai laissé tomber, eh oui, j'abandonne pas souvent un livre mais là je me suis dit, je souffre, je souffre trop « Je n'aime pas Céline. Sa prose est beauf, poussive, cabotine, épate-bourgeois au possible […] Pour être un grand auteur, il suffit que trois fils à papa se pâment en hurlant au génie. Et je méprise les céliniens. Quand ils évoquent son style inégalable, c'est toujours la soumission au pouvoir qu'ils célèbrent — quand ce pouvoir est d'extrême-droite. le goût de la soumission, c'est un truc de facho. Céline singeait le langage prolétaire en vue d'obtenir un Goncourt, c'est-à-dire qu'il offrait aux salonard le prolo tel qu'ils l'imaginent. Veule, épais, incontinent, antisémite, incapable de bien baiser ».





Voilà, donc un livre que j'ai trouvé assez mauvais et pour lequel je n'ai pas pris beaucoup de plaisir (il offre même pas le plaisir d'être ridicule et de tendre la joue aux moqueries).




Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Vernon Subutex, tome 1

"Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien". Cette phrase de "Tostaky" (Noir Désir), en bande-son page 233 définit parfaitement Vernon Subutex, ancien disquaire, quadra à la rue et sans le sou, dont on tombe amoureuse au premier regard, même à travers les pages d'un livre, c'est dire si sa coolitude est sexy !



Toujours aussi sex & drugs & rock & roll, Virginie Despentes évoque l'évolution de notre société sur les vingt-cinq dernières années à travers quelques parcours individuels : celui de Vernon, ceux d'ex stars du porno, d'un scénariste, d'un trader, d'un chanteur à succès au fond du gouffre, de fachos, de jeunes séduits par l'islamisme, d'une rentière d'extrême gauche, de transsexuels, d'une SDF...

Le génie de l'auteur éclate, encore une fois - plus que jamais ? Son ton est vif, son regard est caustique, pertinent et drôle. Despentes peut tout dire, par la voix des personnages qu'elle met en scène ; ils sont tous convaincants, tous touchants à un moment ou un autre, même si on se sent aux antipodes de leur univers. La colère et les affres des colériques chroniques, par exemple, sont formidablement bien décrits, comme dans 'Bye Bye Blondie' (ah, la scène dans le Monoprix !). Ce roman ressemble beaucoup aux précédents, bien sûr, mais je l'ai trouvé moins trash, moins sombre, malgré des passages infiniment tristes, sur la fin.



Rien à jeter dans cet ouvrage - du nectar. Malgré la crainte croissante, à la lecture, de rester en rade à la dernière page et de devoir attendre l'opus suivant pour que l'intrigue soit bouclée. Je vous laisse découvrir si c'est le cas...



Un grand merci à Babelio et aux éditions Grasset pour cette lecture coup de coeur. ♥
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Vernon Subutex, tome 1

Sacré Subutex !



Ce mec est devenu une icône des temps modernes grâce au livre de Virginie Despentes, c'est fou.



Ancien disquaire, héros déchu d'un Paris trasho-bobo-intelo-dégueu, le voilà à la rue, obligé de tenter de trouver de l'aide auprès de vieux potes à la compote dans une ambiance sexe, drogue et rock'n roll !



L'occasion pour Despentes de nous offrir une galerie de déglingués comme elle les aime. Acide, piquant et dépravé, ce roman est fort, très fort. Terrible.



Vernon se traîne d'un point à un autre de Paname et fait jubiler son lecteur. Quelle profondeur dans les emmerdes, quelle délectation dans le désespoir !Succession de portraits au vitriol d'une génération plus que désenchantée …



Vernon Subutex se dresse en vestige d'une civilisation disparue. Un fossile décadent et dégradé de notre drôle d'époque.



Et moi, j'aime toujours autant Despentes et son écriture. C'est du bonheur en barre cette façon de se permettre tout.



D'être too much. Comme j'aime.



D'être grave. Comme j'aime.



D'être. J'aime.



Merci encore et à la revoyure dans le tome 2 Vernon !




Lien : https://labibliothequedejuju..
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King Kong Théorie

Virginie Despentes présente ici ses réflexions sur la féminité, les femmes et le sexe, dans notre société encore bien stéréotypée.

Elle juge l'Etat trop restrictif, maternant - et par là-même infantilisant - qui écarte tout danger (alcool, tabac...) du citoyen, comme si celui-ci ne pouvait faire ses choix lui-même.

L'auteur évoque aussi le viol, traumatisme dont elle-même a été victime, et insiste sur la position ambigue de notre société à cet égard.

Sans le moindre exhibitionnisme ni misérabilisme, Virginie Despentes relate son expérience de la prostitution, le regard nouveau que cela lui a fait porter sur les hommes, ses clients souffrant pour la plupart de solitude. Elle en donne sa version personnelle, moins sordide selon elle que les reportages télévisés qui stigmatisent les difficultés du "métier".

De la même façon, l'auteur nous confronte à sa théorie de la pornographie.



Virginie Despentes est sensible, touchante, sincère, pas vulgaire comme je le craignais, même si son langage est souvent cru. Elle porte un regard acéré et pertinent sur les femmes et le sexe dans notre société. Même si on ne partage pas toutes ses théories, le propos est suffisamment sérieux et intéressant pour être écouté et respecté. Un petit essai qui fait réfléchir.
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Apocalypse bébé

C'est pas bien nouveau, je suis une feignasse. Alors pour m'initier enfin à l'oeuvre de Despentes sans m'enquiller d'emblée les trois tomes de Vernon Subutex (qui nonobstant me tentaient considérablement, merci les zamis babelionautes) j'ai opté pour la facilité avec Apocalypse bébé.



Où l'on découvre une ado fugueuse pistée par une détective un peu paumée, elle-même flanquée d'une consoeur du genre atypique (la Hyène qu'on l'appelle, juste pour donner une idée…)



En marge de ce trio aléatoire l'on dénichera en vrac et principalement

- un écrivain frustré,

- une mère indigne,

- une belle-mère étriquée,

- une religieuse pas nette (comprendre une ecclésiastique chelou, et non un chou périmé).



Et là tout de suite j'ai envie de dire, Virginie, j'adore ton ton (je veux bien qu'on se tutoie si ça dérange pas, sinon pour la blagounette ça le fera pas). Efficace, intelligent, parfois trash, souvent grinçant, ton ton Virginie (pas tata, commencez pas à m'embrouiller vous là-bas) je l'ai grave apprécié.



Mais pas que.

J'ai aimé aussi le déroulement inattendu de l'intrigue, savouré les portraits cyniques et si justes de tes personnages et l'habile alternance de leurs points de vue respectifs, sans oublier la redoutable dimension sociologique de ton propos.



Tranquille, j'ai donc joyeusement dégusté tout ça… pour au final prendre en pleine face le dénouement-qui-déchire sans vraiment l'avoir vu venir (feignasse ET lente à la détente).



Réjouissante lecture, mémorable claque.



Finalement je n'aurais que reculé pour mieux sauter, car à présent bien sûr les Vernon Subutex me tentent plus que jamais.



PAL+ 3 du coup, j'avais bien besoin de ça. Merci Virginie.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Vernon Subutex, tome 1

Premier Despentes que je lis et déjà je me prend une grosse claque dans la gueule!



Comment ne pas craquer pour Vernon Subutex! Ancien disquaire qui croule sous les impayés de loyers et voué à devenir SDF, ce quadra sympa au regard magnétique est le seul détenteur des derniers enregistrements d'Alex Bleach, chanteur en vogue décédé d'une overdose. Vernon, loin de l'engouement que suscite la mort du chanteur, a pour seule préoccupation quotidienne de savoir ou il va dormir le soir. Activant ses réseaux à la recherche d'un lit, il est à cent lieues de se douter qu'il va faire l'objet d'une véritable traque, tout le monde voulant mettre la main sur cet ami de l'ombre d'Alex Bleach...



Il y a pas à chier, Vernon Subutex est un roman qui mérite son succès. Chronique acide de notre société et de ce qu'elle devient un peu plus chaque jour. L'auteure en mettant en scène le personnage de Vernon Subutex, brandit l'étendard d'une génération presque éteinte, remplacée peu à peu par un mode de comportement et une façon de penser nouvelle. Les temps, les gens changent mais pas Vernon, archétype même de l'anti-héros qui refuse jamais une petite ligne de poudre ou de tirer un coup tant que la vie peut lui offrir des opportunités de ce genre. En cours de lecture, nous nous immergeons dans à peu près tous les milieux sociaux, rencontrant stars, trans, actrices porno, fachos, sdf en compagnie de Vernon, tel le roseau qui plie et ne se brise pas, égal à lui-même dans ce bordel manifeste qu'est notre monde. J'ai été entraînée par ce roman, malgré quelques petites longueurs et inégalités dans le récit, j'ai fractionné ma lecture pour ne pas le dévorer trop rapidement. Avec son franc-parler et une écriture au top, l'auteure a réussi à me faire rire avec certains passages. Lire Vernon Subutex, c'est comme se retrouver en face de notre reflet dans le miroir pour faire notre examen de conscience tant l'auteur dénonce bien les travers de notre société. C'est cash, agrémenté d'une pointe de nostalgie, saupoudré d'une note sex, drugs and rock'n'roll, bref, tellement jubilatoire qu'on en redemande, à tel point que je serai au rendez-vous quand le tome 2 sera dispo en librairie au mois d'avril.

A lire!
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Cher connard

Il faut que l'auteur ait de l'esprit pour que l'œuvre en ait ! (William Shakespeare)





« Cher Connard » (Virginie Despentes)(1), Grasset, 2022, est à l'auteur ce que le titre est à la langue française : vulgarité, muflerie et imposture.





Pour apprécier, à sa juste précision, l'écrit d'un auteur dit engagé, faut-il encore connaître la réalité de cet engagement. Pas seulement une réalité entourée de bienséance ou, à l'opposé, de prétendues dissidences et contestations, mais la réalité toute nue.





La réaction de Virginie Despentes - le lendemain des attentats du 7 janvier 2015, ayant décimé la rédaction de Charlie-Hebdo et des assassinats de quatre juifs dans une supérette casher - fut de prononcer les propos islamo-gauchistes selon lesquels : [elle] « aime tout le monde sans distinction, même ceux qui n'étaient pas Charlie ». Depuis, elle milite en faveur d'Adama Traoré et ne dissimule plus ses opinions racialistes.





Les ouvrages et prises de positions de l'auteur au moyen de ceux-ci - le dernier n'y échappe pas – sont des impostures.





La première imposture, celle d'une factieuse de carnaval, qui signe toutes les cases de l'élitisme : ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, lauréat du prix Renaudot, auteur représentée par le plus puissant agent du milieu artistique, romancière adaptée par Canal +, réalisatrice de films pitoyables nonobstant soutenus par la commission d'avance sur recettes du CNC dont elle devint membre en suivant et autre sinécure.





La factieuse est en réalité un nabab qui mange sa soupe à toutes les bonnes tables.





La deuxième imposture est l'arnaque intellectuelle de l'islamo-gauchisme dont l'une des obsessions idéologiques et ses propos que lui inspirèrent les frères Kouachi après l'attentat contre la rédaction de Charlie, comme déjà indiqué (les propos précités n'en sont pas moins"éloquents") :





« Et j'ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s'acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J'ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. (…) Je les ai aimés dans leur maladresse – quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant "on a vengé le Prophète" et ne pas trouver le ton juste pour le dire. »





Dans le coup de coeur des libraires, Gérard Collard exprime avec justesse sa pensée (cf. la vidéo à la rubrique de l'auteur) :





« Pour moi, elle (Despentes), est le portait de l'ignominie. Il y a des gens qui ont de l'indignation sélective (à propos du "nouveau" Céline)... par contre pour le nouveau Despentes, pour moi, c'est absolument impossible, Charb et Cabu c'étaient des amis... Quand je lis d'elle :





" j'ai aimé ce qui ont fait lever leur victime avant de leur demander de décliner leur identité avant de viser leur visage".





Comment peut-on dire des choses comme ça ? ».





Le pire, c'est :





" je les aimais dans leur maladresse quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant".



c'est absolument abominable ».





Quelle "belle" définition conviendrait mieux à l'apologie du terrorisme ?





Je ne comprends pas comment on peut oublier ça, on invite cette..., ça me choque qu'elle soit... Polanski et des éditeurs ont fait tout un truc en disant, on ne va pas l'éditer, on ne va pas en parler, mais quand on voit ça, j'en ai encore des frissons, et j'en veux beaucoup à tout ce milieu qui est très sélectif, qui oublie tout, j'aurais été chez Grasset, je ne suis pas sûr que j'aurais édité ce livre  ».





Et Valérie Expert de préciser : « je connais des gens qui l'on lu et qui se demandent si Despentes a pu écrire ses précédents livres tellement celui-ci est mauvais ».





Non, définitivement, non, madame ! Cher connard, autant que vos propos et vos écrits sont à vomir.





Michel BLAISE





1 (Source : Sujet JT LCI) :



"Cher Connard" de Virginie Despentes ne figure pas sur la liste des 15 romans pré-sélectionnés pour le Goncourt 2022, (ni sur aucun autre).



Le président de l'Académie Didier Decoin avance une question éthique.






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Cher connard

Cher Connard, ça commence fort, sans filtre, comme ces échanges sur les réseaux sociaux, sans nuance, l’insulte brandie comme une arme dans une altercation visant à détruire l’interlocuteur par la violence des propos. La surenchère est à peine probable, on atteint d’emblée un sommet.



La première lettre, Oscar Jakack, l’écrivain a succès se la prend en pleine face, et elle n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des réactions qui ont fait suite aux accusations de harcèlement dont il a fait l’objet. Il a été un peu trop insistant auprès de son attachée de presse, elle en a souffert à plus d’un titre, et il se trouve qu’elle a une notoriété non négligeable sur le net, où elle défend la cause des femmes.



Cette première lettre d’insulte est écrite par une actrice célèbre. Plutôt que d’ignorer le message, l’écrivain lui répond et tente d’amorcer le dialogue. Il en suivra de nombreux échanges, entrecoupés par les interventions de Zoé, la victime.



Le début tonitruant laisse la place à un apaisement progressif des interlocuteurs et à un vrai débat, autour de la question du féminisme, des féminismes, du patriarcat de l’impact de la célébrité sur le comportement, de la drogue (beaucoup) et des difficultés pour en sortir, des dangers des réseaux sociaux, de leur fonctionnement, de tous nos moyens de communication modernes pas toujours très bien maitrisés ou au contraire parfaitement manipulés par des blackblocks du net.



Bien argumentés, bien développés, les thèmes bénéficient de la plume acérée de Virginie Despentes. La forme est bien adaptée au débat, puisque chaque personnage peut librement s’exprimer dans ses messages. On perçoit l’installation d’une écoute et d’un dialogue sincère entre l’actrice et l’écrivain. C’est plus compliqué pour Zoé, qui malgré les excuses réitérées d’Oscar, ne parvient pas à tourner la page.



Sans oublier, et c'est une chance pour Oscar, les médias ayant un nouvel os à ronger, l'arrivée inopinée de la pandémie...



Beaucoup d’humour, de nombreux clins d’oeil (évocation de personnalités connues), Cher Connard se lit avec plaisir, tout en proposant une réflexion sur le statut des femmes et l’évolution des relations entre les sexes. Avec une note désespérée sur l'agonie de notre société.



Roman phare de la rentrée, qui mérite son succès médiatique.



352 pages 17 Août Grasset

#Cherconnarddespentes #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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King Kong Théorie

King Kong Théorie n'est pas un roman mais un manifeste féministe , un témoignage . Et ce qu'elle a vécu est assez trash ...

Au commencement, il y a un viol…

La jeune Virginie aimait beaucoup les concerts, et avec une amie , elle sillonnait la France en auto-stop pour s'y rendre, quand soudain , c'est la voiture de trop… 3 gars/deux filles …

♫ C'est comment qu'on freine, j'voudrais descendre de là ♫.

[ " J'imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. Liquider l'événement, le vider, l'épuiser. Impossible Il est fondateur. de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est en même temps ce qui me défigure , et ce qui me constitue" ].

[ " Je suis plutôt King Kong que Kate Moss, comme fille " ]

C'est violent à lire , c'est la vérité brute, une vérité qu'on n'a pas l'habitude d'entendre.

A quel niveau de traumatisme, tu situes le viol, quand tu crains pour ta vie ?

Comment tu (sur)vis en tant que victime , quand pendant tout le viol, tu sais que tu as un couteau dans ta poche et que n'oses pas le sortir ?



Après il y a la prostitution… le chapitre : " Coucher avec l'ennemi"

Les petits boulots l'ennuient et ne rapportent pas assez , la prostitution sera un moyen de gagner plus d'argent , plus rapidement.

[ Ça m'a plu, dans un premier temps de devenir cette fille-là. Comme de faire un voyage. Sur place, mais dans une autre dimension."]

Sur la prostitution, je ne suis pas totalement d'accord avec elle, avec sa vision. Il me semble qu'elle 'bisounourse" un peu ce métier qu'elle a pratiqué dans les années 90. Elle n'a jamais eu de problèmes avec un client violent, jamais eu maille à partir avec un proxénète, même plus tard en travaillant dans un salon de massage . Je pense que ce n'est pas le cas de toutes les prostituées.

Sa vision du mariage (ou du couple hétéro ), en France , à notre époque me parait datée … [ "quand on affirme que la prostitution est "une violence faite aux femmes", on veut nous faire oublier que c'est le mariage qui est une violence faite aux femmes, et d'une manière générale, les choses telles que nous les endurons. Celles qu'on baise gratuitement"...]

Bon, une chose est sûre, les hommes ne sont pas à la fête dans ce livre… Considérer que , seul l'homme a une sexualité, des "besoins" , me fait rire et date un peu. N'a t'elle jamais entendu parler de sex friends ? Les hommes ne sont pas nos ennemis ; je comprend qu'avec ce qu 'elle a subi , elle le pense mais sa vision est un peu binaire.

Il reste que le livre de madame Despentes nous interroge, nous éclaire, nous fait réfléchir . Viol, prostitution, maternité, précarité, sexualité, place de la femme : tous ces sujets passent à la moulinette Despentes !

Je m'attendais à quelque chose de brouillon , pas du tout . Ça bouillonne et c'est plein d'énergie, une énergie qu'on retrouve dans tous ses livres. C'est très agréable à lire : ce livre ne m'a duré qu'une petite soirée...

J'ai adoré.

(merci canel !)
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Cher connard

Oscar Jayack, un écrivain à la renommée vacillante, publie sur les réseaux sociaux un texte injurieux s’attaquant avec une grande bassesse à la célèbre actrice Rébecca Latté, notamment à son physique de femme vieillissante. Or, dans leur jeunesse, ils se sont connus. Rébecca lui répond de façon cinglante, ce qui n’empêche pas une correspondance de commencer puis de s’épanouir entre les deux personnages, très tendue au début, puis de plus en plus apaisée. Ils se racontent leur vie, et notamment leur dépendance à la drogue et à l’alcool. Mais Oscar est également aux prises avec le combat que lui livre son ancienne attachée de presse, Zoé Katana. Celle-ci lui reproche son harcèlement lorsqu’ils travaillaient ensemble, et l’engloutit dans la vague « #MeToo ». ● C’est le premier roman de Virginie Despentes que je termine, il est donc moins mauvais que ce à quoi je m’attendais. Au moins, il me paraît lisible. ● Je reprocherais plusieurs choses à ce roman : il n’y a aucune différence de ton entre les interlocuteurs. Despentes n’a pas fait l’effort de faire varier son style en fonction de celui ou de celle qui parle. Ils ont tous le style Despentes. Or dans un roman épistolaire, on s’attend à ce que chaque interlocuteur ait un langage spécifique. ● Dans ce genre de roman, c’est la lettre qui fait avancer l’action. Ici, il n’y a quasiment pas d’action. Les protagonistes alignent les poncifs du prêchi-prêcha moralisateur insoumis du moment. C’est très long, très ennuyeux et sans surprise. Il faut attendre la page 157 pour qu’il y ait une vraie interaction entre les personnages. En cela, on est aux antipodes des Liaisons dangereuses, livre auquel on a bien abusivement comparé Cher Connard, car dans l’œuvre de Laclos les lettres sont vecteurs de l’action, induisant une réelle dynamique narrative, et les personnages ne font pas que raconter leur vie en rabâchant sans arrêt les mêmes réflexions. ● Le genre du roman épistolaire permet surtout à l’autrice de nous balancer sans aucun effort de structuration et de mise en forme sa pensée conformiste et moralisatrice (même si elle la croit être le contraire). C’est une excuse facile au manque de travail, à la logorrhée qui coule au fil de la plume et qu’on balance à la tête du lecteur. Comme l’écrit Despentes : « C’est trop difficile, imaginer une histoire qui n’a pas existé. » ● Les personnages sont horripilants, Rébecca surtout, dans son autoglorification, dans son mépris des autres, dans cette beauté qu’elle porte au pinacle tout en bataillant contre l’injustice ; or il n’y a pas plus injuste que la distribution de cette beauté physique dont elle fait l’alpha et l’oméga de la vie. ● J’ai trouvé dommage qu’on ne voie pas concrètement le harcèlement dont est victime Oscar, notamment avec les posts de Zoé et leurs commentaires sur les réseaux. On n’en a que des résumés dans les quelques pages de son blog qui nous sont livrées. Dans Le Voyant d’Etampes d’Abel Quentin par exemple, on sentait bien ce que cela pouvait être de se retrouver au milieu d’une guerre sur les réseaux, ce que Despentes appelle un « shitstorm », anglicisme tellement plus chic que « tempête de merde ». Ici, pas du tout. ● Une grande partie du roman concerne le Covid et le confinement : pour ma part j’en ai un peu marre qu’on me parle de ça… ● Du côté du style, il y a certes des formules qui frappent, des phrases qui retiennent l’attention : « Ce truc de MeToo, c’était la vengeance des pétasses. […] Je lance une pierre avec la foule lors de la cérémonie de lapidation et j’appelle ça « partager ». […] Écrivain, c’est difficile à concilier avec une masculinité un tant soit peu dynamique. C’est tellement proche de la broderie, votre truc. […] Les gens aiment qu’on se détruise, c’est un spectacle intéressant. […] C’est horrible quand tu réalises que des mecs pas terribles commencent à penser qu’ils sont en droit de tenter leur chance. […] Les small talks, tous ces trucs de sociabilité courante – je m’ennuie. […] J’ai toujours été triste d’être moi. » ● Mais dans l’ensemble le style est relâché et vulgaire. ● En conclusion, un roman qui bénéficie d’un battage bien peu mérité. Comme l’écrit l’autrice : « La plupart des artistes ont trois choses à dire, une fois que c’est fait ils feraient mieux de changer d’activité. »
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Vernon Subutex, tome 1

Ah ben quand même !!

Je sais, je suis à la bourre.

Mais maintenant ça y est, Vernon, je connais.



Hélas Vernon est un peu dans la mouise, et on ne peut pas dire que ça s’arrange au fil des pages. Ce mélancolique et désinvolte Candide du XXIème siècle est le prétexte d’une de ces explorations sociales acides et crues dont Despentes a le secret.



Toujours cash, elle tire un portrait pourtant sensible et précis des ceusses qui grenouillent autour de son anti-héros, ancien disquaire de son état. Des enfants du rock vieillissants qui composent avec justesse un patchwork d’humanités plus ou moins à la dérive dans une société en lente décomposition.



C’est un roman anticonformiste comme je les aime, servi par une prose expressive et vigoureuse, et à nouveau chez Despentes cette alliance paradoxale d’analyse sociale pertinente et de juste colère teintée d’humour et d’empathie m’a parfaitement séduite.



Vivement la suite !




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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King Kong Théorie

Ceci n’est pas un roman.

C’est la vision de Virginie Despentes sur ce qu’implique la sexualité au sein des rapports homme-femme.

Vision en lien direct avec sa propre vie.

Son viol, sa prostitution, son taf de critique de films pornographiques.

Une vie trash, à l’image de sa plume. Ou plutôt à l’origine de sa plume. En parlant de son viol elle dit d’ailleurs : « J’imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. Liquider l’événement, le vider, l’épuiser. Impossible. Il est fondateur. De ce que je suis en tant qu’écrivain, en tant que femme qui n’en est plus tout à fait une. C’est en même temps ce qui me défigure, et ce qui me constitue. »

C’est toujours un peu gênant pour moi d’apprécier une plume dont l’origine est violemment dégueulasse, mais j’aime lire pour comprendre mon voisin au même titre que la personne vivant aux antipodes. Virginie Despentes est donc à mes yeux un écrivain utile, nous jetant en pleine face ce qu’on se refuse parfois à admettre.

Pour la première fois, je n’ai pas soufflé de désintérêt en lisant un texte féministe.

Pour la première fois, j’ai envie d’arrêter d’user de l’expression «paire de couilles» pour parler de courage. Arrêter cette association systématique du courage avec le masculin. Parce que comme le dit Virginie : « Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d’intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour aller trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades. »



Évidemment le lecteur n’est pas obligé d’être en accord avec toutes les réflexions énoncées, mais je vous promets que c’est autrement plus pertinent que le discours de la femme qui se croit au top de l’humour revendicatif en faisant imprimer le mot « connasse » sur son T-shirt.
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Vernon Subutex, tome 1

Virginie Despente a osé ... écrire des portraits de personnages aux histoires et origines diverses, sans nuance, sans enjoliver leur situation : on est facho jusqu’au bout des ongles, on consomme des drogues (dures de préférences), on ne fait pas l’amour mais on baise, on suce, on sodomise, et on cogne, on descend les artistes, on dénigre... et Vernon dans tout ça ? Un fil conducteur reliant ces gens, absent sur de longs passages et pourtant omniprésent… Réussite de l’auteure. C’est sans doute le point positif que j’ai réussi à noter.



Par ailleurs, des portraits, des parcours, des histoires personnelles durant pratiquement l’intégralité de ce premier tome, c’est ce que j’ai malheureusement perçu, ressentant un ennui profond à la lecture de cette histoire. Cette littérature n’est pas pour moi, trop trash, Trop de vécu qui ne me parle pas, trop peu d’attachement de ma part à ces individus censés représenter une France qui dégringole... A lire cet écrit, j’ai eu l’impression que la société tout entière était plongée dans la précarité qui génère ces déviances. Je trouve cela déprimant.

Vernon Subutex, j’ai essayé, j’ai échoué ... Je me félicite malgré tout d’être parvenue jusqu’au bout du premier tome. Je ne poursuivrai pas cette lecture.

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Vernon Subutex, tome 3

♫ " This is the end

Beautiful friend ♫ "

Oui , troisième tome et terminus, tout le monde descend ...

La trilogie de Virginie s'achève et déjà, je regrette cette bande de potes qui m'a accompagnée des heures durant . Et à moins de le relire, ( mais la surprise ne sera plus au rendez-vous ), jamais plus je ne danserai, tremblerai , fredonnerai, , rigolerai avec ces personnages , cette équipée sauvage .

Adios, Vernon, adios Aïcha , adios la Hyène... et comme l'a dit si brillamment une amie babelio: "Arghhh" pour la fin ! :-)

Il me reste à lire les autres romans de la Miss Despentes, parce que j'ai craqué pour son ton, pour son son , pour la bande son, pour ses idées.

Virginie , elle écrit tout haut les paroles qu'on pense tout bas . Je regrette de ne pas l'avoir lu à sa sortie quand il collait si bien à l'actualité .. Ça n'a pas l'air compliqué d'écrire comme Virginie , on se dit que ça doit couler comme l'eau d'une source , non stop , mais sous cette apparence de fulgurance , de facilité , se cache un énorme travail , une vraie construction qu'on prend en pleine poire, à la fin comme une évidence .

" Les petits enfants du siècle " pourrait être le titre de cette trilogie , Virginie nous croque, nous observe , nous esquisse de mille et une façons, sous une quantité impressionnante de personnages.

Je me suis reconnue , tu te reconnaitras , tu réfléchiras et tu souriras ♫ my beautiful friend ♫ ... Tu pleureras Bowie, Prince, ta jeunesse , ton présent et une époque qui file à toute vitesse pour le meilleur et pour le pire ...

" Qu'est ce qu'on aura pu danser sur Prince "

Oui, Virginie, d'ailleurs , je t'ai sûrement croisée dans ♫mes soirées parisiennes ♫ . Et si ce n'est toi, c'est donc ton frère, ou ta soeur ou un de la bande à Vernon, mais avant toi, je ne faisais pas attention aux ♫ dingues et aux paumés♫ ...

Si Vernon et sa ♫ bande de potes à lui tout seul♫ vous manque , vous pourrez croiser dans les rues de Paris et de Barcelone, l'équipe de tournage de la future adaptation TV , jusqu'au 23 Juin ...

Et Romain Duris ( qui comme chacun sait , a les yeux bleus !) , sera Vernon , et Céline Salette la Hyéne ... J'ai hâte de voir comment toute cette ambiance sera retranscrite à l'écran ...



Ah, et pourquoi Vernon Subutex le nom ?

Vernon : en hommage au pseudo de Boris Vian ( Vernon Sullivan)

Et Subutex : nom commercial de la méthadone , ce qu'on donne aux héroïnomanes pour les sevrer .

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Vernon Subutex, tome 3

Disquaire, SDF, leader bien malgré lui d'une faction hétéroclite, témoin d'une société dépravée et chaotique... Voilà qui est Vernon Subutex. Autour de lui, toute une bande : Kiko, l'ancien trader ; Olag et ses chiens ; Aïcha et Céleste, mises à l'abri par La Hyène ; Mariana, l'amie de Vernon, Charles qui vient de mourir en laissant un joli pactole que sa veuve, La Véro, ne semble pas vouloir partager... Toute une bande qui s'est mise au vert et qui danse, sur les sons de Vernon, lors des soirées appelées "convergences". Toute une bande d'amis bientôt mise à mal par les rancoeurs, les jalousies et les vengeances...



Vertigineux, ce Vernon Subutex... Ultime tome de cette chronique romanesque, sociale et terriblement ancrée dans le monde et la société d'aujourd'hui. Un monde fissuré, disloqué, tumultueux, creusé d'abîmes. Une société violente, écorchée, mise à mal, désespérante parfois. L'on poursuit, le cœur serré, les yeux ébahis ou le sourire aux lèvres, les aventures de Vernon et sa clique. Des personnages très marquants et saisissants. Virginie Despentes n'a rien perdu de sa gouaille, de son franc-parler, aussi crû soit-il parfois, et trimballe le lecteur d'un tableau à un autre, d'un personnage à un autre. Un lecteur ébahi, étourdi, tourmenté, bousculé voire secoué, ébranlé par les mots percutants et la plume dense et puissante de l'auteure.

Époustouflant...
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