AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Virginie Despentes (2606)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


King Kong Théorie

Tout être humain est susceptible de changer et tant mieux. J'ai lu de Virginie Despentes Apocalypse bébé qui ne m'avait pas tellement convaincue puis le premier tome de Vernon Subutex que j'avais aimé mais dès le tome 2 j'ai compris que ce n'était pas pour moi et en pensant que finalement Virginie Despentes n'était pas une auteure dont l'écriture me correspondait.



Pourtant je voyais régulièrement King Kong théorie cité comme "le livre révélateur" de nombreuses femmes, de tous âges et comme je l'ai reçu grâce à un concours organisé par les Editions Grasset, l'occasion m'était donnée de découvrir en quoi cet ouvrage était une révolution littéraire féministe. Je l'ai ouvert et dès les premières lignes j'ai compris. Elle s'adresse aux femmes, à toutes les femmes et pas seulement aux moches etc.. mai surtout à celles qui ne rentrent pas dans les canons traditionnels de la féminité ou à celles dont les parcours de vie sortent des sentiers tracés.



Et quelle claque j'ai pris.... Je l'ai lu en une journée, presque en apnée, disant presque oui à chaque page,  tellement elle mettait en mots ce que nous avons toutes pensé un jour, ressenti, vécu sans oser le dire et parfois même en culpabilisant de le ressentir. Mais elle parle également d'elle, de son parcours hors des chemins habituels.  Elle aborde des thèmes qu'elle connaît pour les avoir vécus, elle les évoque en toute franchise : physique, viol, prostitution, rapports hommes/femmes, sexualité mais également pornographie et c'est avec un discours clair et argumenté qu'elle pose un jugement sur lequel on ne peut que souscrire ou comprendre.



"Les petites filles sont dressées pour ne jamais faire de mal aux hommes, et les femmes rappelées à l'ordre chaque fois qu'elles dérogent à la règle. Personne n'aime savoir à quel point il est lâche. Personne n'a envie de le savoir dans sa chair. Je ne suis pas furieuse contre moi de ne pas avoir osé en tuer un. Je suis furieuse contre une société qui m'a éduquée sans jamais m'apprendre à blesser un homme s'il m'écarte les cuisse de force, alors que cette même société m'a inculqué l'idée que c'était un crime dont je ne devais pas me remettre. (p51)"



J'ai aimé également qu'elle se penche également sur les hommes car son propos n'est pas de les accuser de tous les maux car ils sont souvent que le fruit de ce que la société attend d'eux, elle les formate afin de correspondre à l'image de la virilité qu'ils représentent..... Certes elle appelle un chat, un chat, le langage est parfois cru, mais moins que je le pensais,  efficace et il va droit au but. Démontrer en quoi certains jugements, attitudes, comportements peuvent être induits par une éducation, une société, des stéréotypes. 



Je suis à la fois heureuse et en colère : heureuse, de lire ce qu'en tant que femmes nous avons pensé un jour ou l'autre, ressenti comme une injustice soit enfin dit de façon forte et en frappant du poing et des mots, et en colère pour ne pas avoir lu plut tôt cet essai qui est un témoignage, en partie autobiographique,  à charge non seulement sur la toute puissance masculine mais aussi sur la société dirigée et construite depuis toujours par les hommes, pour les hommes. J'ai aimé qu'elle parle de la virilité des hommes, de ce que cela subornait pour eux, de ce que l'on attend d'eux induisant, par effet dominos, ce que cela entraîne pour les femmes.



"Qu'est-ce que ça exige, au juste, être un homme, un vrai ? Répression des émotions. Taire sa sensibilité. Avoir honte de sa délicatesse, de sa vulnérabilité. Quitter l'enfance brutalement, et définitivement : les hommes-enfants n'ont pas bonne presse.(p30)"



Comment ne pas se reconnaître dans certaines situations, certaines remarques, ce que nous taisons, acceptons, elle le dit haut et fort, ayant appris de ses propres expériences ou drames, de ce qu'elle a vécu en tant que femme, libre, prostituée volontaire, violée, auteure, metteuse en scène etc... Et il y a matière à dire même si on ne souscrit pas à tout car nous n'avons pas toutes le même parcours, elle s'appuie non seulement sur son expérience mais également sur beaucoup de références littéraires ou politiques pour énoncer sa théorie qui met un coup de pied dans la fourmilière.



C'est clair, argumenté, cela force le respect d'avoir le courage de le faire en se mettant en quelque sorte à nu pour donner encore plus de poids à ses propos. Elle explique ses choix qui peuvent choquer quand on ne connait pas sa démarche, les rebuffades subies et les jugements hâtifs que l'on peut avoir. 



Virginie Despentes a touché en moi quelque chose d'endormi, de non exprimé clairement, enfoui dans mon subconscient et pourtant présent dans mes actes et dans mes pensées et qui remet en question même parfois certaines attitudes. Alors je lui dis merci, merci d'exprimer si bien ce que nous pouvons ressentir, vivre et je ne suis pas loin de penser que c'est le genre de manifeste à mettre entre les mains de toutes les femmes pour qu'elles aient conscience du monde dans lequel on vit, pour abattre certaines barrières, pour comprendre et analyser d'une autre façon la société où nous vivons, pour qu'elles sachent qu'elles ne sont pas seules et pour prévenir ce qu'elles devront affronter car les choses ne changent que très lentement.



"Non, on ne décrit pas un auteur homme comme on le fait pour une femme. Personne n'a éprouvé le besoin d'écrire que Houellebecq était beau. Sil avait été une femme, et qu'autant d'hommes aient aimé ses livres, ils auraient écrit qu'il était beau. Ou pas. Mais on aurait connu leur sentiment sur la question.(...) On aurait été extrêmement violent avec lui, si en tant que femme il avait dit du sexe et de l'amour avec les homes ce que lui dit du sexe et de l'amour avec les femmes. A talent équivalent, ça n'aurait pas été le même traitement. (p127)"



Je m'attendais à une écriture plus trash et même si les thèmes évoqués sont parfois pas faciles, qu'ils peuvent heurter certaines sensibilités, j'ai trouvé qu'elle avait le juste ton pour en parler, une colère justifiée et justifiable. Il faut parfois qu'une voix s'élève, monte le ton pour se faire entendre et à travers elle le ressenti de tout ce que nous taisons, ressentons ou vivons.



Donc un coup de 🧡 auquel je ne m'attendais pas, à la fin duquel je suis restée sans voix, saisie et même si je ne lirai peut être pas tous ses romans, je la vois désormais autrement, comme une voix des femmes, du féminisme et de la liberté, au même titre par exemple que Simone de Beauvoir ou Virginia Woolf qu'elle cite (et à cela je ne peux que souscrire) dans un parler moins édulcoré et plus frontal, mais une femme qui tape du poing sur nous, humains, hommes et femmes, société, bien pensants en tout genre, et je comprends pourquoi il a soulevé tant de passions et tant de reconnaissances.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          347
Baise-moi

Lecture dans le cadre du challenge plumes féminines 2018, j’ai choisi ce roman pour cocher l’item « un livre qui a fait scandale ou qui a interpellé l’opinion publique ».

Paru en 93, je pensais que le côté subversif du roman aurait sans doute souffert du passage des années. Il n’en est rien.

Narration détachée de la rencontre de deux victimes, Manu et Nadine, qui décident un jour de passer du côté des bourreaux, ce récit est un concentré de scènes glauques, choquantes, perturbantes.

Je saisis bien la rage, la fêlure, ce point de non-retour atteint par les deux héroïnes de ce road trip sanguinaire et sans issue mais en choisissant la provocation toujours plus forte, en décidant de franchir allègrement toutes les limites, Virginie Despentes a fini par me dégoûter de ce que je lisais.

Peut-être que c’était le but, à vrai dire je n’en sais rien et je n’ai même pas envie de me poser la question.

La seule chose dont je suis certaine c’est que ce livre n’était pas pour moi.



Challenge Plumes féminines 2018
Commenter  J’apprécie          340
Apocalypse bébé

Ce livre est l'exemple typique du livre que je n'aurai jamais lu si on ne me l'avait pas prêté ! Je n'aime pas les livre avec un langage vulgaire, je n'ai pas d'affection particulière pour les polars, enfin rien ne m'attirai vraiment en fait. Mais finalement j'ai quand même eu envie savoir le fin mot de l'histoire. Et ma fois j'ai pas été déçue au final !



Donc amis du trash et de la décadence ce livre et pour vous et pour les autres aussi !
Commenter  J’apprécie          340
Cher connard

J'ai enfin fini ce livre, soit dit en passant beaucoup trop long.



Je reste totalement dubitative quant à la visée de cette histoire. J'ai beau me retourner la tête dans tous les sens, impossible pour moi de comprendre l'objectif de l'auteur, ainsi que sa pensée. Je n'ai absolument pas la moindre idée de ce à quoi il sert...



On commence l'histoire avec Oscar, un homme quelconque et accusé par une blogueuse féministe de l'avoir harcelée sexuellement au travail, qui poste un commentaire haineux sur Rebecca, une actrice de 50 ans. Elle lui répond de façon virulente, et à partir de ce ment-là, ils ont entamer une correspondance, échangeant leurs points de vue très clivés, très clichés, très insupportable, sur à peu près tous les sujets à la mode à l'heure actuelle ( harcèlement, féminisme, la rôle de la mère, l'absence d'amour et de démonstration des parents, la drogue,...)



D'ailleurs, en parlant de drogue... Tant de pages pour en parler. Pour parler du sevrage sans jamais aborder les problèmes physiques du manque. On a l'apologie de l'héroïne et du shit, et de l'alcool, on commence à comprendre au bout de quelques pages, que les substances illicites annihilent qui on est vraiment, permettent de s'anesthésier, d'oublier son malheur, et j'en passe.



Ensuite, tout le monde en prend pour son grade, mais sans savoir vraiment ce qu'en pense l'auteur... Parce que bien sûr, Corinne, la sœur d'Oscar, est une lesbienne, n'est pas belle, a toujours préféré les jeux de garçons; et puis les mères de garçons sont toutes des connasses qui déifient leur fils pour se les approprier, et bien sûr ceux qui tombent dans la drogue ont d'office été victimes de viols et attouchements durant l'enfance,... Et les femmes sont des victimes, et les hommes des connards qui n'ont pas conscience de leurs actes et se justifient de tous leurs actes condamnables... Mais quel ramassis de stéréotypes qui disent tout et son contraire, c'est un truc de fou!



On en parle, d'Oscar qui est un prédateur, qui harcèle une femme au boulot (Zoé, la blogueue, vous avez suivi?) et qui finalement avoue que dans sa jeunesse il a eu une histoire d'amour avec un gangsta tagueur de mur et délinquant, et tellement beau? Alors, ça, et parler de rap, alors que sincèrement je suis prête à parier que l'auteur n'a jamais écouté les artistes dont elle parle. Quand on met au même niveau La Fouine, Booba et PNL, c'est que très clairement, on n'écoute pas de rap français. C'est s'approprier des codes que l'on n'a visiblement pas et en tirer des conclusions. Alors même si le thème principal n'était pas le rap français, il aurait été intéressant de s'informer davantage, surtout qu'Oscar a la cinquantaine, et de peut-être lui faire aimer plutôt des groupes des années 90, qui étaient virulents et avaient des choses à raconter.



Après, on critique encore les blancs, les hommes blancs, surtout, la suprématie blanche, et bla bla bla, les hommes blancs sont des connards, des violeurs intouchables et sont à l'origine de tous les maux de la terre. Ce serait bien aussi, d'arrêter de stigmatiser les hommes blancs, en fait. Qu'on arrête de cibler une partie de la population pour lui jeter des pierres, ce serait pas mal. Oui, il y a des connards blancs, mais les hommes blancs ne sont pas majoritairement des potentiels violeurs agresseurs tabasseurs,...



Je souligne aussi le côté vulgaire qui revient trop souvent (ben oui, une femme qui s'affirme doit être vulgaire, visiblement, si elle ne l'est pas, elle correspond trop à l'image lisse d'une femme soumise); il y a aussi le personnage de Rebecca qui est imbuvable (je suis actrice, je suis belle, j'ai été belle donc je dois essayer de me faire à l'idée qu'à 50 ans je ne le suis plus,...)



Seul le style sauve le roman, à mes yeux, parce qu'il est fluide et que le côté épistolaire rend le texte très simple à lire.



Pour conclure, je n'ai pas aimé du tout ce roman. Je n'ai pas du tout compris comment l'auteur se positionne et je pense que c'est mon plus grand problème. Ce livre m'aura énervée, parce qu'il dé-sert les causes féministes, il stigmatise, il s'appesantit sur la drogue et fait passer les féministes pour des connes agressives qui ne s'entendent pas en ayant plusieurs groupes. Les hommes en prennent plein la gueule aussi. Donc l'objectif de ce roman me laisse coite. Je le répète, je ne comprends pas. Pourtant, je soutiens les femmes, je suis pour l'égalité des sexes, je suis pour la liberté de la parole, pour qu'elle se libère, pour que les femmes soient estimées, respectées, qu'elle ne vivent plus dans la peur. Mais ce livre ne m'évoque absolument pas cela. Il accuse tour à tour hommes et femmes, il lance une idée puis l'autre, il est un peu décousu, peu crédible ( à quel moment un hater devient le meilleur ami de la femme sur laquelle il a craché?), cliché,...



Encore un dernier point: il manque TROP de virgules dans ce livre.



Enfin voilà, j'arrête, je pense que cette critique est déjà beaucoup trop longue et je suis désolée de ne pas l'avoir aimé, malgré quelques idées parfois justes, le style facile à lire et le structure agréable.
Commenter  J’apprécie          320
Cher connard

Virginie Despentes, un véritable phénomène dans cette rentrée littéraire!

Que l'on adhère ou non, on ne peut pas dire que cette autrice passe inaperçue et laisse indifférent.



Alors que Virginie Despentes a déjà sorti de nombreux livres, c'est avec "Cher connard"que je découvre sa plume incisive et percutante où deux personnes vont finalement échanger suite à la publication d'un post haineux de la part de l'un des deux à l'encontre de l'autre. Roman épistolaire des temps modernes, les personnages de Rebecca et Oscar vont vite nous montrer à quel point il est plus simple de se livrer à des inconnus plutôt qu'à des proches. En plein mouvement MeToo et en pleine pandémie, les langues de ces deux personnages vont se délier par écrans interposés et finalement aborder de nombreux sujets sociétaux souvent polémiques.



Je tiens à remercier les Éditions Grasset et Netgalley pour la découverte de "Cher Connard" de Virginie Despentes. Même si la plume de l'autrice est singulière et tranchante et qu'elle évoque des problèmatiques intéressantes, je n'ai pas réussi à entrer dans ce monde si différent de celui que je connais...comme certains pourraient dire : "ce n'est pas ma came".
Commenter  J’apprécie          323
Vernon Subutex, tome 1

Vernon Subutex est disquaire. Un bon disquaire, non qu'il aime son métier, mais parce qu'il aime la musique. Son magasin à la République, « Revolver », fait figure de temple. On y vient pour confronter ses certitudes et ses goûts musicaux pour en parler avec le propriétaire des lieux Ou les autres adeptes, pour fumer un joint dans l'arrière-boutique.

Vernon est à la fois un confesseur, un passeur et un prescripteur. Pour son malheur il n'a pas pu, pas su ou pas voulu, voir que les temps avaient changés. Persuadé d'être dans le vrai. Peut-on avoir raison tout seul ?

Il a eu son utilité sociale et culturelle, fait découvrir le rock à des centaines de personnes, été à l'origine de la vocation de la star Alexandre Bleach, mais la société ne sait reconnaitre les talents des gens désintéressés, elle n'a aujourd'hui qu'une chose en tête, le fric :

« Depuis Zadig et Voltaire la mouise a perdu son aura poétique – alors que pendant des décennies elle venait valider l'artiste, le vrai, celui qui a préféré ne pas vendre son âme. Aujourd'hui, c'est mort aux vaincus, même dans le rock. »

Vernon est du mauvais côté du manche et quand son ami Alexander Bleach meurt, il est plus seul que jamais face à la mouise qui lui tombe dessus.

J'ai apprécié le personnage de Vernon Subutex qui rappelle les figures du disque vinyl comme Mark Zermati de l'Open Market aux Halles dans les années 1970. Virginie Despentes réussit à créer un personnage crédible qui raconte l'histoire du rock et de l'évolution de la société vers un utilitarisme forcené de plus en plus mortifère.

La description de la boutique avec les bacs remplis de pochettes vides, les disques vynil rangés dans des pochettes blanches dans des rayonnages derrière l'officiant au comptoir, capable de prendre le bon disque derrière lui en un éclair quand vous lui en présentez la pochette, est plus vraie que nature.

MC5, Motorhead, Stooges, Gun's and Roses, AC/DC, Led Zep, Adam and the Ants, U2, Clash…

Vernon est victime de « (…) l'opération CD – revendre à tous les clients l'ensemble de leur discographie, sur un support qui revenait moins cher à fabriquer et se vendait le double en magasin. »

Dans un langage à la fois relâché et précis, Virginie Despentes montre comment les anciens amis de Vernon ont fait leur pelote et comment lui s'est retrouvé éjecté du panier de la tricoteuse. le regard de Vernon sur son environnement est impitoyable. Des constats à l'emporte pièces que l'on ne peut que partager.

« Xavier a toujours été un connard de droite. Ce n'est pas lui qui a changé, c'est le monde qui s'est aligné sur ses obsessions. »

« de son temps, on attendait des enfants qu'ils deviennent des êtres sociaux, qu'ils accèdent à la sympathie. Par exemple, qu'ils répondent par l'empathie à la manifestation de tristesse chez l'interlocuteur. »

« (…) il lui suffit de croiser trois lascars pour avoir l'impression de s'enfoncer dans le Bronx. »

« le mépris se transmet aussi facilement qu'une gale. »

« (…) les jeunes gens intelligents ne sont plus systématiquement de gauche. »

« Il fait partie de cette extrême gauche virulente, visiblement à point pour basculer du côté obscur de la Force. »

« Il voit ceux qui ont pris leur retraite, à quarante ans. Palais grosses caisses et jolies putes. Ils s'installent dans des pays où personne ne s'emmerde avec les droits de l'homme, où on est en avance, faites pas chier avec les impôts. »

« (…) la rébellion contre l'autorité, ça se faisait peut-être encore quand toi t'étais jeune, il y a longtemps. On voir où ça vous a mené. Ma génération on préfère s'y prendre autrement. »

« Belle promesses hypocrites, mais les Arabes diplômés sont restés les bougnoules de la République et on les a tenus, pudiquement, à l'entrée des grandes institutions. »

« On ne racontait pas n'importe quoi, furieux d'être anonyme, condamné à sortir la connerie la plus lapidaire possible, renvoyé au silence assourdissant de sa propre impuissance. »

Je ne peux résister au plaisir de citer cette description de Johnny Halliday :

« La voix du chef, les jambes du chef, sa silhouette d'animal préhistorique, sa démarche de gonzesse burnée. Sa voix de stentor s'élève, il est décidé à faire passer tous ses collègues pour l'assemblée des chuchoteurs anonymes. Ils rient de bon coeur, saluant celui que rien n'a tué, ni les drogues à haute dose ni le ridicule ni le succès. »

Je n'ai pas développé l'histoire de Vernon, elle l'est dans les nombreuses chroniques postées ici. Après avoir été contraint d'abandonner son magasin de disques, il va se retrouver à la rue et finira par retrouver un rôle social à sa mesure, notamment pour établir ces liens que seul lui sait établir entre une personnalité et une musique. Il saura aussi préserver l'héritage d'Alexandre Bleach des appétits carnassiers du show business et détourner au ^profit de sa bande les expériences sonores de l'artiste disparu.

Un roman à dévorer qui vous dévore. J'ai découvert une auteure. le contexte, les personnages, l'écriture direct et sans fards tout concourt à me faire apprécier ce roman.

A la façon dont elle fait exploser les mots Virginie Despentes est pour moi (avis personnel que je partage) une Céline du XXIème siècle et Vernon Subutex un Bardamu contemporain.

A lire absolument sans plus tarder.

Une mention spéciale pour la série qu'en a tirée Canal+, avec Romain Duris dans le rôle de Vernon Subutex.


Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          325
Vernon Subutex, tome 1

C’est par le plus grand des hasards que je suis tombée sur ce livre. Car oui je dois bien l’avouer, je ne voulais pas le lire. Trop de battage à sa sortie, trop de polémique, trop de tout ! Et bien, quelle erreur ! J’ai trouvé ce roman dans ma boîte à livres, l’ai posé sur ma table en me demandant ce que j’allais bien en faire. Un jour. Deux jours... Mais la couverture n’arrêtait pas de me faire de l’oeil. Quel piège ! Et j’ai craqué ! Et alors là quel pied !



Merci Virginie Despentes de cette peinture au vitriol de notre société ! Notre monde est crade ! Partout où l’on regarde, on observe qu’hypocrisie, mensonge, violence, on fait semblant, tout le temps. « Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ».



Vernon Subutex n’a rien vu venir, et surtout pas la fin d’une époque, celle du vynile. Ancien disquaire, le voilà maintenant à la rue, essayant de donner le change à ses potes en leur faisant croire qu’il revient du Canada et qu’il cherche un toit pour quelques jours...



On traverse Paris d’un bout à l’autre. On croise toutes les couches de la société, des femmes esseulées, des bourges drogués, des scénaristes en mal de travail et de reconnaissance, des jeunes fachos, des stars du porno, des SDF, des copains d’avant « de quand on était jeune », un monde révolu, sexe drogue et rock’n roll.

Vernon Subutex essaie de garder le cap et une certaine dignité. On s’attache vite au héros même si on le quitte souvent pour observer les autres personnages empêtrés dans leur vie.



Vernon Subutex je le kiffe grave. D’ailleurs, je cours chez mon libraire acheter la suite. J’y peux rien, je suis addict maintenant. Fallait pas commencer, bien fait pour moi !



Et un grand merci à Timbirmant qui, sur spotify, a retracé l’incroyable playlist de tous les titres musicaux évoqués par Virginie Despentes au cours des trois tomes de Vernon Subutex. Une mine, plus de trois cents titres et aussi un fond sonore indispensable à la lecture !
Commenter  J’apprécie          320
Apocalypse bébé

Pas de coup de coeur pour le premier roman de Virginie Despentes que je lis. Cette recherche d'ado fugueuse réalisée par deux enquêtrices, dont l'une plutôt atypique, n'est que l'excuse pour tracer au vitriol une critique acerbe de toutes les moeurs dites "bourgeoises".



L'auteure porte un regard sévère sur tout ce que l'on peut nommer « institution » qu'elle soit de l'ordre du privé comme du public. Elle vilipende les « pauvres têtes asphyxiées par la beauferie hétérocentrée ».



C'est cash, méchant, avec quelques maximes personnelles sans grand intérêt comme « la richesse est un épais matelas, elle amortit les chutes, permet de se relever »... et j'en passe.



L'auteur a ainsi trouvé sa cible : ceux qui se lèvent le matin à heure fixe pour aller travailler, ceux qui possèdent quelque chose, ceux qui éduquent une progéniture … bref le système.



Certes, tout n'est pas rose dans la société humaine moderne, il faudrait être idiot pour ne pas le reconnaître, mais un peu de tolérance, et de compréhension de l'Autre, dans ses travers et ses erreurs aurait plus d'intérêt que ce type de roman plus agressif qu'analyste.


Lien : http://justelire.fr/apocalyp..
Commenter  J’apprécie          3213
Les jolies choses

C'est la seconde fois que je lis du Virginie Despentes et là c'est encore une claque.

Histoire de jumelles. Quelle jumelle n'a jamais joué à être l'autre? Toutes me direz-vous, sauf que là ça va plus loin. Elles se détestent mais vont collaborer ensemble pour faire carrière dans la chanson. L'idée part d'un bon sentiment pour les réconcilier, sauf que l'une d'elle se suicide et que l'autre va prendre sa place. Pauline sera Claudine pour le meilleur et pour le pire et celle-ci n'a aucune idée du style de vie de sa sœur qui la considère comme la dernière des pétasses. Pauline est à la recherche de fric car son mec, Sébastien, sort de taule prochainement.

Une histoire qui entremêle gémellité, usurpation d'identité, show-biz, sexe et drogue. Un cocktail détonnant avec le franc parler de Virginie Despentes qui décrit à merveille les histoires, la noirceur de notre société avec toujours cette petite pointe de féminisme et quelques scènes pornographiques pour couronner le tout.



Ne regardez-pas le film avant d'avoir lu le livre car c'est une adaptation fidèle à une ou deux exceptions près. La fin du livre est cash contrairement au film et c'est ça que l'on aime.



Au final, si vous aimez les livres trash, cash et bien écrit, ce livre est fait pour vous. Si vous êtes un peu prude, passez votre chemin!
Commenter  J’apprécie          323
Apocalypse bébé

Despentes met son enquêtrice préférée, La Hyène, motarde cloutée, homo inconditionnelle, à la fois nounou cynique et semeuse de trouble bienveillante, sur les traces d'une ado rebelle, Valentine - et surtout paumée- qui est tellement à l'ouest qu'elle devient un danger potentiel pour elle...et pour les autres: cette petite-là, entre de mauvaises mains, c'est de la dynamite...



Comme à son habitude, V.D. émaille son enquête de portraits pleins de chair et de relief, focalisant son récit sur une pléiade de personnages auxquels on s'attache, chemin faisant, et qui sont autant de minis voyages dans le grand périple de l'enquête elle-même, - son récit...ou plutôt celui de son avatar, la timide Lucie, narratrice et "privée" à la gomme qui a bien besoin d'un coup de main, voire d'un coup, tout court, un bon, si possible, pour sortir de sa léthargie de gourdasse hétéro...Heureusement, il y a Barcelone, La Hyène attentive et ses amazones secourables...La gourdasse va être très vite initiée à une autre vie...



Sautera, sautera pas? Entre Valentine et Lucie, le lecteur a du grain à moudre...même si la fin est un peu...téléphonée, si je puis me permettre d' utiliser cette expression..



Au passage V.D. sème à tout vent et à tout va des petits bouts de son existence à elle dans des existences étrangères : celle d' un écrivain "sans réseaux", celle d'une hétéro sans éclat qui soudain a la révélation du saphisme, comme Claudel celle du Christ, derrière son 13ème pilier, celle encore d' une ado sans amour qui voudrait tant qu'on fasse attention à elle qu'elle se perd dans les drogues, le sexe, s'abîme dans le viol, la prostitution et pire encore, au risque de ne se retrouver jamais..



Tout n'est pas rose, tant s'en faut, dans cette odyssée policière, dans cette autobiographie déguisée, mais il y a toujours l'humour grinçant, le parler trash, les formules à l'emporte-pièce de V.D. pour faire rire ou sourire même aux heures les plus noires.



Il y a quelques longueurs, quelques redites aussi, quand le récit change de focale et qu'on reprend la trame en rétropédalage inversé, comme si on ne pouvait comprendre les ellipses sans remettre pesamment les points sur les "i"......



Dans un genre assez proche, j'ai préféré Subutex 3, roman choral lui aussi, mais plus rapide, plus rythmé , plus abouti- et lui aussi une ode noire et sans garde-fou aux sombres temps des Assassins dont nous avons franchi les portes d'airain en janvier 2015..



Prémonitoire, mais encore un peu trop "apocalyptique" pour y croire, Apocalyse Bébé est encore quelques coudées en-dessous.



Subutex 3 a, lui, le redoutable privilège d'avoir été écrit après l'apocalypse, la vraie, celle de janvier 2015 et celle du 13 novembre.Apocalypse Bébé ne faisait que la pressentir, d'où son irréalité apparente...



Le pire est toujours difficile à prévoir, même dans un roman.
Commenter  J’apprécie          327
Vernon Subutex, tome 1

Après la lecture d’ « Apocalypse bébé », je m’étais dit : « Virginie Despentes, plus jamais ». J’ai cependant ouvert Vernon Subutex par curiosité et phrase après phrase, je me suis laissée séduire par cette histoire. J’ai aimé suivre les vies de ses personnages à travers le lien qu’invente entre eux Vernon Subutex. Ce dernier, ancien disquaire, récemment sans emploi et sans domicile, erre dans Paris, dérivant d’une ancienne connaissance à une autre, ou découvrant de nouveaux visages. Par l’évocation de ces vies qui se croisent, Virginie Despentes nous offre une cartographie humaine d’une grande richesse. Ainsi vont se succéder et se compléter des portraits aussi divers que celui de Xavier, Kiko, Olga, Patrice, Aïcha ou Pamela. Chacun d’eux est plein de véracité, jamais à charge et se dévoile dans toute sa complexité. On est tour à tour surpris, heurté, séduit… et au final sincèrement ému par ce ballet incessant, cette immersion dans notre société et les individus qui la composent.

Même si je suis très loin du coup de cœur, j’ai passé un agréable moment avec Vernon qui m’a, peut-être, réconciliée avec l’auteure.

Affaire à suivre ! Pourquoi pas avec le tome 2 ?

Commenter  J’apprécie          320
Vernon Subutex, tome 1

En refermant « Persuasion » de Jane Austen et en commençant quelques heures plus tard le dernier roman de Virginie Despentes « Vernon Subutex », je me suis dit que je faisais le grand écart et cela m'a fait sourire.

D'une oeuvre classique du 19ème écrite par une romancière de bonne éducation et aimée aujourd'hui, je passais à un roman contemporain français d'une femme considérée comme un peu trash. Le seul point commun était qu'ils avaient été écrits par deux femmes. La littérature nous offre notamment des possibilités que la réalité « corporelle » ne nous permet plus (cela fait quelques années en effet que je ne me risque plus à faire le grand écart…).

Je connais les romans de V. Despentes depuis des années, presque depuis ses débuts (de l'époque où j'essayais encore le grand écart, c'est dire). Elle est en quelque sorte un de ces écrivains qui nourrit ma part sombre sur les Hommes.

Dans ce dernier roman, j'ai été littéralement bluffée par l'éventail de portraits d'hommes et de femmes qui gravitaient autour de Vernon Subutex, cet homme qui perd son job de disquaire, ancien DJ estimé, et qui se met à squatter chez les uns et les autres et dérive (et se laisse dériver). Des portraits d'hommes et de femmes et de leurs quêtes, leurs imperfections, leurs péchés, leurs désirs, leurs pensées, leurs souffrances, leurs réussites et leurs chutes. Forcément, on s'y retrouve dans l'un des personnages. On est touché par certains, on s'attache à beaucoup d'entre eux, aussi. Et pas forcément ceux qui auraient l'approbation de la société moralisatrice et prude.

A travers les errances et les rencontres de Subutex (parce qu'il détient aussi les derniers enregistrements de son pote musicien Alex que certains recherchent), on croise des gens de tout bord et de toute condition (encore le grand écart) : le mec qui a réussi et l'affiche, l'opportuniste, le scénariste qui cherche encore à percer, les professionnelles du X, les trans, les SDF, la jeune fille qui se voile et se met à pratiquer l'Islam, ce facho, ces bobos, ce couple BCBG, la mère qui a perdu un fils, cette célibataire ou encore ce chanteur adulé et mort récemment, etc.

Le roman de Virginie Despentes, c'est une fresque sociétale, une étude des moeurs, l'arche de Noé avec tous ces hommes et ces femmes qui tentent tant bien que mal de vivre, de survivre, d'avancer, d'aimer et d'être aimés. Une immersion dans les excès aussi. C'est une critique sociale sur les dérives (Internet, etc.), l'argent et le pouvoir qui engrangent tous ces marginaux, ces laissés pour compte. Ça égratigne la fausse bonne morale. Ça tranche dans le vif, ça fait mal et ça fait du bien. Ça fait éclater en morceaux certains de nos préjugés, nos habitudes de pensées (personnellement, avec le portrait d'Aïcha). Et on passe de larges sourires (ou rires) à ces noeuds au ventre.

Sous son écriture âpre, avec un vocabulaire de la rue, crû mais criant de réalisme, se révèle (ou se confirme) un regard acéré et juste de la société et de ses travers. Elle a une réelle connaissance des personnes en marge (ou encore « déviants »), immergée elle-même dans certains milieux « artistiques », de la haute sphère à ceux qui arpentent le trottoir (une vraie sociologie participative pour certains des thèmes abordés).

Grâce à ce roman plein de maturité, Virginie Despentes prouve (mieux encore qu'avec les précédents) qu'elle ne peut être cataloguée et réduite à l'image d'une écrivaine à l'écriture simpliste et facile qui ne parle que de sexe et de glauque. (Et cela me fait plaisir que des lecteurs la découvrent).

Certes, ce roman n'est peut-être pas à mettre entre toutes les mains. Mais, il montre encore une fois tout son humour, parfois amer, son sens de la répartie, son cynisme sur la société mais aussi sa grande sensibilité de part les émotions et sensations qu'elle sait naître en nous et ce, cerise sur le gâteau, sur des morceaux rock et punk souvent bien choisis (rappel de ma période du grand écart ou après et j'ai remis quelques bons morceaux pour accompagner ma lecture).

Au fil des pages, je réalisais que ma réflexion initiale s'effritait de manière inversement proportionnelle au plaisir et autres réflexions que m'amenait cette lecture. Je ne pouvais, moi non plus, me limiter au seul point commun que Jane Austen et Virginie Despentes étaient toutes deux des femmes écrivains.

Une bonne majorité des caractéristiques de la romancière Despentes ne peut-elle pas être transposée à Austen (ou inversement) ? Ne sont-elles pas toutes deux des écrivains connaissant intimement certains milieux sociaux, décrivant les relations humaines et amoureuses, portant un regard plein d'humour et d'ironie, de sympathie tout autant que de noirceur sur leurs contemporains ?

Finalement, la seule différence, peut-être, est que Virginie arpente un peu plus les bas-fonds parisiens tandis que Jane nous offre des personnages appartenant à des classes plus favorisées de Londres et de ses environs (et encore, me direz-vous…).

Virginie parle de sexe, d'alcool, de drogue et de rock and roll. Jane n'en aurait-elle pas fait autant si elle avait écrit aujourd'hui ?

Alors, pour ma part, j'attends la suite avec impatience. Et à en juger par les autres bonnes critiques, je ne devrais pas être la seule…

Commenter  J’apprécie          323
King Kong Théorie

Je connaissais Virginie Despentes de nom, mais je n'avais jamais lu d’œuvres d'elle jusqu'à ce jour. Ce fut un peu par hasard que je me suis retrouvée avec "King King Théorie" dans les mains. La couverture ne m'attirait pas vraiment, ni le titre, mais mon père a réussi à bien me le vendre et à me donner envie de le lire.



Virginie Despentes a un langage brutal. Cru, souvent. Et pour être honnête, je n'ai pas trop accroché à son style d'écriture.

Néanmoins... Sa manière de s'exprimer est frappante. Marquante. Elle bouscule. Elle a un style qui ne laisse pas indifférent.e. Je n’en suis pas fan mais je ne peux nier que son récit est percutant ; elle a sa personnalité, elle dit ce qu’elle a envie de dire et avec ses mots, parfois durs, c'est vrai, mais qui font réfléchir... Quelque part, je ne peux qu'en être admirative.



Ce n'est pas un coup de cœur... mais j'ai aimé. J'ai aimé des choses qu'elle a pu dire et me voilà contente d'avoir pu découvrir une de ses œuvres !
Commenter  J’apprécie          310
Cher connard

Le roman s’ouvre sur les “retrouvailles” houleuses entre Oscar, un écrivain quarantenaire à succès tombé dans le collimateur #metoo, et Rebecca, une actrice quinquagénaire qui voit sa beauté décliner et les propositions de rôles se réduire à peau de chagrin. Entre la correspondance enflammée de nos deux protagonistes, de brèves incursions de Zoé Katana, la trentaine, ancienne attachée de presse et victime d’Oscar, accro aux réseaux sociaux. Celle-ci se sert de son blog à succès pour #balancersonporc et défendre ses convictions politiques, placées sous le sceau d’un féminisme engagé. En dépit de leur notoriété, ce sont trois solitudes qui vont se faire écho et s’apprivoiser au fil des lettres, tissant progressivement des liens là où il n’y aurait jamais dû y en avoir, le tout sur fond de scandale social et de crise sanitaire…



Bon, ben voilà, j’l’ai lu… C’était l’un des romans de cette rentrée littéraire que j’attendais le plus, impatiente de retrouver la verve à la fois provocante, cinglante et incisive de Virginie Despentes ainsi que ses discours politiquement incorrects et tout ce qu’il me reste après avoir refermé mon livre, c’est l’arrière goût amer d’une lecture pénible et laborieuse que j’ai été tentée d’abandonner à plusieurs reprises…



Je n’ai rien retrouvé de tout ce qui m’avait séduit dans “Apocalypse bébé” ou “Vernon Subutex”, de ces phrases qui font mouche, ni de ces idées dérangeantes que l’on pense tout bas et que Virginie Despentes dit tout haut, ou de ce style qui frappe et assomme le lecteur comme un uppercut. Ca se veut rock’n’roll et dans le coup en abordant des sujets d’actu comme les violences faites aux femmes, le féminisme et ses dérives, l’alcool et les drogues, toutes les drogues, le monde pourri du cinéma et de l’édition, le patriarcat ou encore la manipulation de masse lors de la crise sanitaire, mais ça sonne creux et superficiel. Tout est survolé, hormis le nombril de nos deux principaux protagonistes que l’on peut admirer sous toutes les coutures durant 343 pages!



Oscar et Rebecca se revendiquent comme deux marginaux, qui sont parvenus à sortir de leur condition prolétaire grâce à leur talent mais se retrouvent inadaptés dans une classe sociale qui leur fait bien souvent sentir qu’elle n’est pas la leur. Issus du même quartier, ces origines communes sont ce qui les rapprochent (ainsi que leur goût prononcé pour les drogues…) et, au fil des souvenirs et des confidences, chacun se met à nu et dévoile ses failles. Malheureusement, leurs échanges sont beaucoup trop verbeux, pleurnichards, décousus (se répondent-ils vraiment dans leurs lettres ou s’écoutent-ils seulement parler?) et surtout ils tournent en rond! J’ai trouvé qu’il y avait énormément de redites dans leur correspondance et j’ai fini par m’ennuyer assez vite…



Au final, je ne m’attendais pas à trouver Virginie Despentes et sa plume assassine dans une petite histoire d’amitié et, même si l’idée aurait pu être plaisante, là je suis carrément déçue du résultat… Dommage, mais il y a plein d’autres pépites de cette rentrée littéraire qui valent la peine d’être découvertes alors il n’y a pas une minute à perdre!
Commenter  J’apprécie          310
Cher connard

Je n'aurai peut être pas du jeter un coup d'oeil aux critiques précédentes parce que, du coup, ça me file un peu les jetons, de livrer ma petite critique nuancée en pâture aux grands fauves de l'idéalisation et du rejet total.

Virginie Despentes, je la kiffe depuis King Kong Théorie et j'ai vraiment aimé Vernon Subutex ( si on en enlève un bon tiers....) Télérama a mis 4 T , je me suis un peu méfié, mais l'interview était d'enfer.

J'aime aussi ce qu'elle dit aujourd'hui , féministe apaisée qui dénonce l'assassinat numérique des militantes de la génération Z : "Internet, avant tout c'est de la bile. Parfois, tu en vois un ou une qui s'en sert à l'ancienne, pour expliquer des idées compliquées et qui répond à des arguments. Mais en règle générale , le militantisme sur Internet, c'est le fanatisme à l'état pur: une fois que les gens sont convaincus d'être du bon côté de la morale, ils jugent décent d'égorger l'adversaire" (page 107).

Qui dénonce ( le patriarcat) AVEC plutôt que contre . Avec Valérie Solanas ou Monique Witting par exemple.

Qui tempère les effets de Meetoo ( ses outrances et ses hypocrisies) tout en soulignant son absolu nécessité .

Bon , vous me direz, et le roman dans tout ça ? Et bien c'est un peu là le problème .......

Je n'ai rien contre la forme épistolaire mais Zoé, Oscar et Rebecca ne sont que des avatars qui remplissent essentiellement une fonction-disons-journalistique ou essayiste .

Il y a de très belles pages , des formules fulgurantes et des réflexions pénétrantes sur l'addiction ( "On se drogue pour des raisons politiques" )et les morsures de l'âge . J'ai commencé à surligner , à faire des annotations..

...et d'un coup j'ai arrêter . Car c'est super-long et très redondant.

On a écrit que Rebecca était peut-être un mixte de Béatrice Dalle et de Despentes elle-même. Sans doute, ça ne change pas grand chose à l'affaire.

On l 'a aussi beaucoup comparée à Houellebecq !!! Parce qu'elle capte comme lui l'air du temps, un zeste de branchitude en plus . C'est absurde. On ne peut pas comparer ce qui se situe en fait dans des champs absolument différents .Qui aurait l'idée de comparer disons Olivier Norek (que j'adore) à Le Clézio ( que j'adore).

Cher Connard est un manifeste sympathique et bavard . On s'y ennuie un peu mais Virginie Despentes a le sens de la formule . Du coup c'est surtout un livre sur.....l'Amitié .

De ce point de vue , c'est assez réussi.
Commenter  J’apprécie          3116
Une nuit à Manosque

Une nuit à Manosque est un recueil de nouvelles qui m'a été envoyé en service presse par les éditions Gallimard, que je remercie chaleureusement.

La manifestation littéraire Les Correspondances de Manosque a lieu chaque année en septembre et a fêtée ses 20 ans d'existence en 2018.

À cette occasion, un recueil de courtes nouvelles rassemble une vingtaine d'auteurs sur le thème proposé : « Une nuit à Manosque ». Chaque auteur a choisit librement d'écrire une fiction ou un souvenir réel.

Je ne vais pas vous présenter toutes les nouvelles vu qu'il y en a quand même vingt, et la chronique serait trèèès longue ;) Juste celles qui m'ont le plus touchées, et il y en a déjà pas mal car ce recueil m'a beaucoup plu.

Une nuit à Manosque débute avec L'esprit de la Guinness de François Beaune. L'auteur nous emmène dans un pub.. où l'on ne vend pas de la Guinness même si le pub se nomme ainsi ! J'ai aimé cette première nouvelle, courte mais très bien trouvée, jolie découverte :)

Dans Des nuits et des lieux, Jeanne Benameur nous fait découvrir son Manosque... J'ai trouvé ça très intéressant, l'auteure a une très jolie plume :)

Le texte de Marie Darrieussecq est très personnel, elle nous raconte comment lors de l'édition 2017 elle s'est fait harcelée dans la rue par un homme qui était à sa fenêtre. J'ai beaucoup aimé ses mots, et c'est un très beau texte qui parle d'un thème fort. Il s'agit d'un de mes textes préféré.

La colline de Julien Delmaire est une nouvelle surprenante, qui m'a beaucoup plu tout comme Rencontre avec un personnage de Miguel Bonnefoy ou La ville des mots de René Frégni. Chaque auteur nous présente sa vision de la ville, avec souvent des surprises, c'est passionnant et on ne s'ennuie jamais.

J'ai également beaucoup aimé Place Saint-Sauveur de Célia Houdart, une courte nouvelle nous présentant un jeune allemand de 23 ans.

Appréciant énormément l'auteur Philippe Jaenada, c'est avec un immense plaisir que j'ai dévorée Lost in Manosque. J'ai adoré sa nouvelle, que j'ai trouvé excellente. "A Manosque, le plus difficile, c'est de rentrer se coucher".

Le textes de Maylis de Kerangal et de Alice Zenater sont très intéressants, tous deux sont différents mais aussi passionnant l'un que l'autre.

J'ai également beaucoup aimé La bergère de Nathalie Kuperman qui nous présente une bergère, dans un hôtel...

Pour finir, j'ai adoré Un beau souvenir de Eric Reinhardt, car l'auteur nous fait partager un de ses souvenirs.

Je pense que vous l'aurez compris, j'ai été charmé par Une nuit à Manosque. Je trouve ce recueil de nouvelles très bien ficelé, les textes sont de qualité et j'avoue qu'ils m'ont donné envie d'aller faire un tour à Manosque pour découvrir à mon tour cette belle ville :)

Je suis ravie de ma lecture, et je mets quatre étoiles à cet ouvrage, que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          311
Vernon Subutex, tome 1

Vernon était disquaire. Jusqu’au jour où le numérique est arrivé. Il se retrouve sans travail et vit reclus dans son appart. Il vit très chichement, comptant sur son ami, chanteur célèbre, pour le dépanner, notamment au niveau du loyer.



Jusqu’à un tragique drame.



On va faire la connaissance de tout le petit monde - amis, connaissances – qui gravite autour de Vernon Subutex et d’Alexandre Bleach, chapitre après chapitre. Chacun étant consacré à un personnage. Les lecteurs se retrouvent à travers ces portraits. C’est saisissant et criant de vérité.



Despentes décrypte la société et notre monde contemporain avec force et maestro. C’est sans complaisance aucune, et comme l’a si bien résumé Patrick Cohen de France Inter, « une saga indignée et désenchantée. » C’est tout à fait ça.

Commenter  J’apprécie          312
King Kong Théorie

Mais quel manifeste! Wahoo!!! J'avais jamais lu du Virginie Despentes avant, mais là quelle claque!

Le style est très percutant, véritablement bien écrit dans un langage commun, voir familier des fois. Une écriture qui peut parler à tous... ou plutôt à toutes. Il s'agit ici d'un livre écrit par une femme pour des femmes, car si des hommes osent lire ces écrits ils ne peuvent qu'en prendre pour leur grade: surtout dans le dernier chapitre "Salut les filles".

Osez être vous-même et ne vous excusez pas d'être une femme!

Dans le chapitre"impossible de violer cette femme pleine de vices", Virginie Despentes nous parle d'elle-même et du viol dont elle a été victime qui a considérablement changer sa vie et du coup amené à encore plus d'amertume qu'elle n'en avait. Dans "coucher avec l'ennemi", elle nous parle de sa propre prostitution occasionnelle. Enfin "porno sorcière" est avant tout axé sur son regard sur la pornographie et surtout son analyse suite à la polémique de son film "baise-moi".

Au final, un livre qui ose dire ce que certaines pensent tout bas. Un cri du coeur où elle a mis ses tripes sur la table.

Commenter  J’apprécie          316
Vernon Subutex, tome 3

Vernon, ça aurait pu être un Christ des temps modernes.

Son truc à lui, c'était pas la bonne parole mais plutôt la bonne musique.



Sauf que ça ne lui disait trop rien de jouer les prophètes.

Il laisse le taf à d'autres.

Dommage.

Mais, j'peux comprendre...

Commenter  J’apprécie          311
Vernon Subutex, tome 2

Silence, on tourne ! Vernon Subutex, deuxième !



Souvenez-vous, il y a une semaine, je vous parlais de mes premiers essais avec Vernon Subutex. Une découverte teintée d'amertume et de déception. Les pages dégoulinantes de sexe, de drogue, de déchéance m'avaient mise mal à l'aise et donné envie de quitter ce livre promptement.

Pourtant, quelque chose dans l'écriture de Virginie Despentes m'avait retenue. Ce quelque chose c'était comme une bande originale à la fois lancinante et captivante. Une musique que votre conscience refuse mais que vous ne pouvez pas vous empêcher d'écouter parce qu'elle ouvre en vous un espace de liberté, une piste d'envol vers de nouveaux horizons. De sombres horizons certes … mais n'éprouve-t-on pas parfois l'envie de se vautrer dans la boue, de s'enfoncer vers de ténébreuses et capiteuses méandres ?





Ouh la ! Du calme TheWind.. t'as fumé ou quoi ?





Non, non, j'ai juste lu Vernon Subutex.





Un roman qui ne laisse pas indifférent. C'est d'ailleurs pour ça que je lui ai laissé une seconde chance.





Et alors ?





Et alors, Vernon a pris une étoile en plus. Je m'y suis sentie plus à l'aise. J'y ai trouvé comme un nouveau souffle d'air. J'ai enfin respiré un peu, quoi !

Moins trash, moins glauque.

On retrouve les personnages comme de vieux copains de classe perdus depuis des lustres et qu'on avait fini par oublier dans toute cette jungle subutesque. Personnages auxquels on finit par s'habituer et pour lesquels on finit par éprouver une bonne dose de compassion, voire pour certains, des relents de dégoût …





Il est fort possible que j'aille retrouver The Vernon Band un de ces quatre matins mais pour l'instant, je vais laisser le temps faire son office. Peut-être aurais-je plus de plaisir à les retrouver.
Commenter  J’apprécie          316




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Virginie Despentes Voir plus

Quiz Voir plus

Virginie Despentes

Virginie Despentes est un pseudonyme. A quoi fait-il référence ?

au nom de jeune fille de sa mère
à l'anagramme du nom de son chanteur préféré
au quartier des pentes de la Croix-Rousse à Lyon

10 questions
278 lecteurs ont répondu
Thème : Virginie DespentesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}