Je ne connaissais pas l’auteur, Titiou Lecoq. Le titre m’a interpellé, j’ai été curieuse de découvrir cet ouvrage, pas tant pour le côté féministe ou alors inconsciemment, que pour découvrir qui a été oublié? Quand? On nous aurait caché des choses? Vous allez découvrir que oui, et plus encore.
Ce livre retrace et résume la part(icipation) féminine oubliée et effacée depuis le début de l’histoire de l’humanité, je dis bien humanité et pas histoire des Hommes. Ça ne vient pas de cet ouvrage, c’est un terme que j’ai décidé d’utiliser depuis quelques temps. En fait je ne comprenais pas pourquoi on disait l’Homme avec un grand H pour parler des Humains, où étaient les Femmes, eh bien ça y est j’ai compris, elles ont été oubliées, et pas juste sur l’aire d’autoroute, « on » a décidé qu’elles ne feraient pas partie de l’Histoire, « on » les a effacé.
J’appréhendais la première partie du livre. Avec les essais, documents, j’ai toujours un peu peur des introductions, longues et ennuyeuses, mais comme pour Sorcières – La puissance invaincue des femmes ça n’a pas été le cas. La référence à ce livre n’est pas un hasard, c’est une de mes récentes lectures « féministes », et visiblement loin d’être la dernière, mais qu’est-ce que le féminisme? On y reviendra.
On commence donc par une préface de Michelle Perrot et une introduction, les deux rapides et claires. On arrive à cette première partie sur la préhistoire, paléolithique et le néolithique puis l’antiquité et le moyen-âge. La préhistoire ce n’est pas trop mon truc, toute cette première partie, je l’abordais en me disant bon ça va être un peu chiant, mais comme je ne saute pas de partie, ni ne lis dans le désordre, il fallait y passer. Eh bien, vous allez rire, ça a peut-être été ma partie préférée.
Eh oui, il y a dire, les femmes ont évidemment existé depuis la nuit des temps, et elles étaient bien présentes et loin de faire partie des meubles, ok il n’y avait pas de tiroir à chaussettes dans la grotte, mais vous comprenez ce que je veux dire, j’entends par là qu’elles étaient toutes aussi actives que les hommes. Et vas-y que la chasse n’était pas réservée aux hommes, ni la cueillette aux femmes, qu’elles savaient réguler leur grossesse (oui, oui on est encore à la préhistoire), qu’elles étaient aussi bien cheffes ou guerrières, qu’il y a eu des sociétés matriarcales. Des guerrières dans l’antiquité, des chevaleresses et reines au Moyen-âge.
C’est « marrant », je ne me souviens pas du tout qu’on est abordé toute cette féminité pourtant bien présente, dans les cours d’histoire, et pour cause, on ne l’a pas fait. J’ai eu des profs aussi bien hommes que femmes, ça n’a dérangé personne, je ne sais pas très bien si on est entre l’endoctrinement, l’aveuglement, ou la fainéantise de ne pas chercher plus loin.
Je me souviens aussi qu’on parlait de peuples civilisés et de barbares, je suis en train de lire la série d’albums Murena, bande dessinée qui suit le règne de Néron dans la Rome antique. Au-delà du fait que ça casse bien des a priori sur Néron, cette lecture confirme ce que relève Titiou Lecoq dans Les grandes oubliées-Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes, les civilisés ne le sont pas tellement et les barbares pas ceux qu’on croit!
J’ai beaucoup aimé la plume de l’autrice, teintée d’humour, je me suis rendu compte que nous étions (très) proche en âge, ce qui fait que j’ai les mêmes références, les mêmes souvenirs, et non souvenirs, scolaires. Heureusement que cette pointe d’humour, voire de sarcasme, est là, parce que plus on avance dans la lecture plus on serre les dents.
La place, la reconnaissance des femmes ne s’est pas faite linéairement. Ne voyant ce qui se passe qu’à mon échelle, j’avais l’impression que c’était de mieux en mieux, mais pas du tout. Il y a eu des hauts et des bas, et jusqu’à récemment ne n’était vraiment pas « la fête ». D’ailleurs la seconde partie est beaucoup moins teintée d’humour, et pour cause, là, il est clairement fait état de violence envers les femmes.
Ce que j’ai vraiment apprécié dans cet ouvrage c’est qu’il balaie toute l’Histoire et pas juste un pan, tout du long il est fourni de nombreuses références à des articles, recherches, livres sur des périodes plus spécifiques, libre à nous de prolonger l’expérience sur une période qui nous intéresse.
Je n’ai pas trouvé cette lecture pessimiste, même au contraire, il est fait état des oublis, il s’agit de remettre les choses à leur place. Et, arrivé à la fin de l’ouvrage j’y vois même une lueur d’espoir, bien sûr il reste encore beaucoup à faire.
Me posant la question de vraiment définir ce qu’est le féminisme, parce que entre ce qu’on entend et ce qu’on en pense, qu’en est-il vraiment? Un petit tour sur internet m’a laissé assez perplexe.
Le Larousse dit : Courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Avec le suivant on passe à la doctrine.
Le Robert dit : Doctrine qui préconise l’égalité entre l’homme et la femme, et l’extension du rôle de la femme dans la société.
Et enfin, carrément au militantisme.
Wikipédia dit : ensemble de mouvements et d’idées philosophiques ayant pour vocation de définir et de promouvoir l’égalité (politique, économique, culturelle, sociale et juridique) entre les femmes et les hommes en militant pour les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée. Le féminisme a pour objectif d’abolir, dans ces différents domaines, les inégalités dont sont victimes les femmes.
Je ne me sens toujours pas très bien informée, et incapable de me situer, je ne suis pas une activiste, pour n’importe quelles causes qui me tiennent à cœur, mais j’ai toujours défendu l’égalité des femmes, tout autant que d’autres faits qui me paraissaient injustes. Je recommande cette lecture, mais je n’attends pas que les gens, hommes ou femmes, se révoltent, mais au moins prennent conscience des erreurs de jugements de nos prédécesseurs, arrêtent d’oublier, et prennent en considération, à leurs justes valeurs, les Femmes.
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