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Critiques de Shelby Foote (60)
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Shiloh

Shelby Foote n'est pas qu'un romancier, c'est aussi un historien reconnu de la Guerre de Sécession. Il a d'ailleurs participé à la formidable série documentaire de Ken Burns The Civil War ( diffusé sur Arte il n'y a pas si longtemps ).



Shiloh, c'est le nom d'une des batailles les plus meurtrières de la Guerre de Sécession, deux journées de carnage en 1862 le long de la rivière Tennessee.



Et c'est bien un roman dont il s'agit-là.

L'auteur parvient magistralement à faire revivre cette bataille, son déroulement scrupuleux, ses acteurs les plus connus ( les généraux sudistes Johnston et Beauregard, les nordistes Grant et Buell ) sans en faire une démonstration militaro-militaire ennuyeuse pour ceux qui ne sont point familiers ni intéressés par les longs descriptifs techniques batailles ( je lève la main ). Un tour de force que de transformer cette terrible mêlée en un récit profondément intime et intimiste.



Le récit est profondément centré sur l'humain par les voix de 6 personnages fictifs, sudistes ou nordistes, de tout horizon social, de tout grade. Chacun raconte ce qu'il voit, ce qu'il vit, ce qu'il ressent comme autant de mouvements impressionnistes d'une même symphonie funèbre. La force dramatique de ce choeur à hauteur d'hommes m'a empoignée, pas tout le temps, mais souvent.



Le 3ème chapitre consacré au soldat Luther Dade du 6ème régiment du Mississippi est celui qui a le plus retenti en moi ; ses phrases m'ont souvent saisie , incrustant des images indélébiles :



« J'en vis un arriver, il courait les jambes un peu écartées, et juste au moment où il franchissait l'arête, l'avant de son manteau sursauta là où les balles ressortaient. Il dévala la pente, déjà mort, comme un chevreuil touché en pleine course. Cet homme continua de courir sur presque cinquante mètres avant que ses jambes ne cessent leurs mouvements et qu'il ne s'étale sur le ventre. Je vis bien son visage pendant qu'il courait, et aucun doute : il était déjà mort à ce moment-là. Cela me terrifia plus que tout ce dont j'avais été témoin jusqu'ici. Ce n'était pas si terrible, en y repensant : il courait au moment où il avait été touché, et , emporté par son élan, il avait continué de dévaler la pente. Mais cela semblait si anormal, si scandaleux, si irréligieux qu'un mort doive continuer de se battre -ou du moins de courir – que j'en eus la nausée. Si c'était ça la guerre, je ne voulais plus y être mêlé. »



Personne n'a gagné à Shiloh, une armée a attaqué et puis s'en détourné plus au sud ; l'autre s'est relevée et a enterré les morts des deux côtés.

Shelby Foote a été capitaine pendant la Deuxième guerre mondiale, en poste en Irlande du Nord. Il est passé devant la cour martiale en 1944, dégradé puis expulsé de l'armée pour avoir utilisé illégalement un véhicule militaire afin de rendre visite à sa future femme.



Un roman puissant, sombre forcément, mais traversé de flashs quasi poétiques. Comme un cri antimilitariste qui ne hausse jamais la voix mais dit tout.



Lu dans le cadre de l'US Book Challenge https://www.facebook.com/groups/294204934564565/
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Shiloh

Shiloh, petite chapelle du Tennessee, petit "lieu de paix" au milieu d'une des plus grandes batailles de la guerre de Sécession en 1862, petit symbole d'humanité durant cinq jours où elle fut tellement absente.



C'est cette petite tranche d'histoire opposant sudistes et nordistes que Shelby Foote - traduit par Olivier Deparis - nous raconte, dans un récit romancé choral alternant les camps, les âges, les grades et responsabilités, réunissant les protagonistes dans un même sentiment de peur, d'incompréhension de ce qu'il se passe, et de fatalité.



Une centaine de milliers de combattants, vingt-cinq mille morts, et une écriture qui place le lecteur au plus près des combats, officier d'état-major, servant de pièce d'artillerie d'époque, simple fusilier allant au corps-à-corps avec "l'ennemi", soldat perdu entre les lignes nordistes et sudistes... Un réalisme glaçant qui constitue la grande force de ce récit, où l'on se perd parfois entre les camps, entre les noms mais où l'on en vient à apprécier les - rares - moments de répit, craignant la reprise annoncée des combats.



Dès son ouverture, Shiloh aborde l'inutilité probable de la bataille par la voix d'un officier sudiste souhaitant l'éviter. En vain. La suite lui donne raison : entre peur et folie, courage et désertion, mort et mutilation, absence de sens et méconnaissance de l'autre, Shiloh décrit sans juger l'absurdité d'une bataille qui, à l'instar de ses grandes soeurs napoléoniennes souvent citées en référence, décima des dizaines de milliers d'enfants d'une même nation sans finalement faire bouger les lignes de départ.
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Shiloh

Si avant ce roman on m’avait parlé de "Shiloh", j’aurais de suite pensé à Alambix (Astérix et le bouclier Arverne) désignant une réserve de grain, de son parler bien particulier.



Raté et j’ai moins envie de rire car Shiloh est le lieu d’une bataille durant la guerre de Sécession, 6 et 7 avril 1862.



Moins connue que celle de Bull Run, mais tout aussi absurde, inutile, sanglante et tout ce que vous voulez comme adjectif désignant les guerres.



Shiloh, en fait, c’était petite chapelle du sud-ouest du Tennessee et durant quelques jours, ce ne fut pas un lieu de paix ou de recueillement mais un lieu où des hommes se donnèrent la mort et où certains prirent peur.



Renseignements pris sur Wiki, il parait que l'armée de l’Union déplora 13.047 victimes (1.754 tués, 8.408 blessés et 2.885 disparus) et les pertes des Confédérées furent de 10.699 hommes (1.728 tués, 8.012 blessés et 959 disparus ou prisonniers).



À ce moment là, ce fut une des batailles plus sanglantes de l’Histoire des États-Unis. Qui l’eut cru ?



Les deux camps furent horrifiés par le carnage (tu m’étonnes). Personne ne pensait que la guerre allait durer encore trois années et que huit batailles allaient être encore plus sanglantes… Glaçant, n’est-il pas ?



Tiens, Wiki me dit aussi qu’en hébreu, Shiloh signifie "havre de paix" et désigne, soit la ville de Silo (Canaan), soit la figure biblique Shiloh (figure biblique) dont la signification est contestée. La vie est ironique, je trouve…



Ce récit choral donnera la parole autant à des confédérés qu’à des fédérés et quel que soit le camp choisi, les peurs, les questions, les attentes sont les mêmes, qu’ils soient simples soldats, artilleurs ou officier.



Après ma lecture, je serais incapable de vous faire un cours sur cette bataille, mais je pourrais vous résumer la chose en un seul mot : bordel ! Oui, c’est le mot car c’était un sacré bordel sur le champ de bataille et, comme dans toutes les guerres, cette bataille était absurde et les gains minimes en cas de victoire.



Juste pour faire mousser les officiers… Comme toujours. Mais qui monte au front ? Les soldats, même si, dans ces armées, nous avons des officiers pourvus de sacrées paires de coui**** car ils chargent en tête, avec leurs hommes et font preuve de bravoure (ou de folie pure, les deux termes sont jumeaux).



Un récit glaçant sur la folie humaine, sur l’inutilité des guerres voulues par des bureaucrates qui ne la feront jamais, un récit qui n’hésite pas non plus à parler des peurs ressenties par les soldats, lorsqu’ils sentent que tout est perdu, leur honte avouée pour certains, ou le déni, pour d’autres.



Un récit qui nous plonge au cœur de la bataille, dans l’exaltation avant les combats, dans les conditions météorologiques déplorables avec de la boue, de la pluie, du froid, qui nous laisse voir les craintes des hommes quand la bataille a commencé et les horreurs que ce genre d’activité réserve : douleurs, amputations, blessures, confusions, morts, décisions imbéciles…



Je vous avoue avoir soupiré d’aise une fois la dernière page tournée. Mais je ne sais pas pourquoi, les cris des soldats m’ont poursuivis et il me faudra un certain temps avant de rire devant un ancien album des Tuniques Bleues.



Terrible et magnifique en même temps. Il était plus que temps que ce roman nous parvienne dans sa traduction pour les francophones.


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Tourbillon

À Port Saint Joe, Mississippi, au milieu des années 50, les marais viennent de rendre le corps de Beulah Ross, jeune nymphette locale à la vie légère. Peu de temps après, Luther Eustis est arrêté. Père de famille à la vie réglée et pratiquant assidu de l’église locale, il avait sur un coup de tête quitté son foyer pour vivre quelques jours en Robinson avec Beulah sur une île déserte des marais, avant de réapparaître sans explication. Reconnaissant les faits, la chaise électrique l’attend.



Et puis ? Et puis rien d’autre. Autour de ce simple fait divers, Shelby Foote – traduit par Maurice-Edgar Coindreau et Hervé Belkiri Deluen – se livre dans Tourbillon à un exercice de style exploratoire de ce microcosme sociétal du Deep South US de l’après-guerre. Convoquant un à un les acteurs ou témoins du drame au fil des chapitres – Eustis, sa femme, un journaliste, un flic, la vieille ermite de l’île, le greffier, l’avocat… - Foote densifie son histoires simple en libérant les voix et dévoilant les âmes.



Ressort alors tout le poids de la religion qui pèse sur les différents protagonistes de l’histoire, non comme une tentative de justification mais comme une mise en lumière des mécanismes complexes et partagés qui ont conduit à un drame qui apparaît alors comme inéluctable.



Tourbillon, c’est le livre où il ne se passe rien, et où tant de choses se jouent pourtant. C’est L’Inconnu de la poste de l’autre côté de l’Atlantique. Et Shelby Foote, c’est Florence Aubenas projetée dans le Mississippi des années 50 : factuel, introspectif, complet.



Pourtant, même si l’exercice de style est brillant et réussi, je n’arrive toujours pas à être totalement conquis par cette écriture et ce style qui s’étire doucement, sentiment déjà éprouvé dans Shiloh. Je referme Tourbillon avec le sentiment du grand livre que je n’ai pas totalement perçu à sa juste mesure.
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September September

Septembre 1957, Memphis, Tennessee. Et comme le disait le grand poète ♫ On a tous en nous quelque chose de Tennessee ♪



Ici, par contre, c’est moins drôle et infiniment plus sérieux que Johnny ou que la ville d’Elvis Presley.



Trois bras-cassés Blancs ont enlevés Teddy, un gamin Noir issu d’une famille de la classe aisée.



Avec l’équipe de John Dortmunder (Westlake), ce serait drôle, ici, ça ne l’est pas du tout. C’est sérieux et dangereux.



Vu ainsi, ils n’ont pas l’air d’être des mauvais bougres, ces trois-là : la fille a le feu au cul, son copain Rufus a le feu à la bite et Podjo semble avoir la tête sur les épaules.



Oui, mais… Le stress d’un kidnapping peut pousser à faire des choses affreuses, folles, qui pourraient avoir des conséquences pour la vie du gamin. Et on s’attache à ce gentil gamin courageux.



Ce roman ne fait pas que de nous mettre en scène un enlèvement et une demande de rançon, il ne se contente pas de nous faire monter la tension et l’adrénaline…



Septembre 1957 est une date importante dans l’Amérique puisque le président Eisenhower avait permis que des étudiants Noirs aillent au collège parmi les Blancs et le gouverneur de l’Arkansas a fucké la constitution en interdisant l’entrée au Lycée de Little Rock à neuf élèves noirs.



Ce sera la trame de fond de ce roman ; la lutte pour les droits civiques, pour le droit d’étudier, avec les manifestations des Blancs, opposés aux Noirs, entre ceux qui demandent plus de droits et ceux qui estiment qu’ils en ont déjà assez et que cette revendication ne fera qu’attiser la haine des Blancs envers les Noirs alors que pour le moment, tout va pour le mieux madame la Marquise.



Les débuts furent laborieux entre ce roman noir et moi, j’ai même failli abandonner et puis, je me suis secouée et j’ai poussé plus loin. L’action est lente, très lente, comme si le temps s’était figé dans cette maison louée afin d’en faire une planque avant et après le coup.



L’auteur alternera les points de vue des personnages centraux dans les différentes parties et nous aurons le plaisir de les voir évoluer, repenser à leur passé, leur jeunesse, leur vie…



Et pour augmenter un peu l’adrénaline, l’auteur donnera aussi la parole aux parents du petit Teddy, habitants, eux aussi, dans ce Sud profond si cher à l’auteur (comme à Faulkner) et qu’il décrit si bien durant son récit.



Un roman qui commence avec un kidnapping et qui se termine comme un vrai roman noir, rattrapant les débuts laborieux que j’avais eu en commençant ma lecture. Comme quoi, une mauvaise impression au commencement peut se terminer en une bonne impression sur le final.


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Shiloh

Il s'agit d'un récit atypique pour qui aime l'histoire militaire car si la bataille de Shiloh y est évoquée, c'est d'une façon humaniste et intimiste, en cela le quatrième de couverture résume très bien ce que l'on va trouver et surtout ne pas trouver dans ce livre.

Les puristes seront sûrement frustrés par la quasi absence de détails stratégiques, par une chronologie des événements difficile à appréhender, la narration passant d'un camp à l'autre à chaque chapitre avec un acteur différent.

Des narrateurs qui nous racontent leur bataille en partie, mais surtout qui s’interrogent sur le pourquoi de leur présence au cœur de cette folie qu'est la guerre.

Je ne connaissais pas la guerre de sécession et très peu l’histoire américaine en général, ce qui transpire de ce récit, c'est un évident désenchantement, en tout cas du point de vue proposé avec ces témoignages de première main livrés par des témoins oculaires.

Le sentiment qu'on s'est battu parce qu'il fallait se battre contre des gens qui n'étaient pas si différents, se battre sans haine ni passion avec un message tristement évident, l'absurdité de la guerre est un fait.

Un autre des attraits de ce livre est de nous livrer des témoignages sur les acteurs principaux de la bataille, Grant, Sherman, Beauregard et Johnston entre autres, vus par leur soldats.

Un livre dans la lignée de "Le feu" d'Henri Barbusse, qui rappelle que des hommes meurent et sont mutilés à la guerre...
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Shiloh

Shiloh, c'est le nom d'une bataille de la guerre de Sécession, dans le Tennessee.  Si vous ne connaissez pas cette bataille, du moins, pas plus que je ne la connaissais avant d'ouvrir ce livre, ne vous en faites pas, ce n'est pas grave du tout ! Est-ce que vous en saurez plus en refermant le livre ? Oui, un peu, mais ce n'est pas cela qui compte, ce qui compte, c'est l'abominable bordel qui a régné dans ce lieu, ce sont les hommes qui ont été sacrifiés pour quoi, au juste ? Pour rien, pour un petit bout de terre, une rivière. Il est souvent question de courage. Il est aussi question de peur, de ce que certains peuvent qualifier de "lâcheté" alors que ce ne sont que des réactions humaines face au combat. D'ailleurs, fuit-il vraiment ? Non. Ils n'en peuvent seulement déjà plus. Peu importe à quel camp, quel régiment ils appartiennent, peu importe d'où ils viennent. Chacun a un passé, des raisons de s'être engagé, u point de vue, aussi sur l'Amérique qu'il désire, sur le camp opposé, aussi, forcément donné perdant. Ce ne sont pas tant les scènes de combat qui comptent, même si elles sont là.  C'est l'avant, l'attente, et l'après, les blessés, les mourants, ceux qui cherchent à être soignés, ceux que l'on ampute, ceux qui ne survivront pas, ceux qui tentent de survivre. C'est un texte fort, âpre, un texte dont on se souvient. Et si, finalement, c'était cela, le plus important ?
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Shiloh

Shiloh est le lieu d’une bataille durant la guerre de Sécession, les 6 et 7 avril 1862.

Shiloh, en fait, c’est avant tout une petite chapelle du Tennessee, un lieu de paix ou de recueillement mais où pendant deux jours des hommes se donnèrent la mort.

Un texte qui fait froid dans le dos tant il décrit sur la folie humaine, un récit qui nous fait également partager les peurs ressenties par les soldats, et leur honte avouée pour certains, ou le déni, pour d’autres. Des combats qui se sont déroulés dans des conditions météorologiques déplorables avec de la boue, de la pluie, du froid….

Ce livre donne la parole autant à des confédérés qu’à des unionistes et dans chaque camp, les peurs, les questions, les attentes sont identiques, qu’ils soient simples soldats, artilleurs ou officiers.

Les chiffres pris sur Wiki donnent le tournis quant à la folie meurtrière de cette bataille, jugez-en :

L'Union déplora 13 047 victimes (1 754 tués, 8 408 blessés et 2 885 disparus) ; l'armée de Grant supporta le gros des combats durant les deux jours et les pertes s'élevèrent à 1 513 tués, 6 601 blessés et 2 830 disparus ou prisonniers. Les pertes confédérées furent de 10 699 hommes (1 728 tués, 8 012 blessés et 959 disparus ou prisonniers

Un livre passionnant qui fut écrit en 1952 et resté longtemps non traduit en Français.





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Shiloh

Shiloh… Petite église au coeur du Tennessee, étymologiquement « lieu de paix ». Il deviendra pourtant le nom de l'une des plus célèbres batailles de la Guerre de Sécession. A travers ce roman, Shelby Foote nous raconte la guerre à échelle humaine, au travers de yeux de nombreux personnages. Le déroulement de la bataille est chronologique et, tel un roman choral, nous suivrons à chaque chapitre un soldat différent, qu'il soit nordiste ou sudiste, pour relater deux jours de carnage. Mais ne vous y trompez pas, au-delà de l'horreur, c'est de façon humaniste et intimiste que l'auteur nous fait vivre ces évènements. Ici, pas de manichéisme : les hommes combattent et meurent pour des idéaux ou par obligations, par bravoure ou par peur, parfois les deux, mais toujours pour nourrir le ventre insatiable de la folie humaine. Plus de 20 000 victimes… une toutes les 3 lignes.

Une bataille absurde et inutile puisque personne n'en ressortira réellement vainqueur, mais qui brisera de nombreuses vies et marquera durablement la mémoire américaine.

Poignant, terrible mais pourtant magnifique.



Lire ce roman, datant de 1952 et pour la première fois traduit en français en 2019, relève de la découverte d'un trésor de la littérature américaine.
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September September

Memphis, 1957. Alors que le gouverneur de l'Arkansas interdit l'entrée de leur collège à 9 jeunes noirs de Little Rock, un trio de blancs (deux hommes, une femme) enlève le petit Teddy, issu d'une famille noire aisée...



Je dois reconnaître avoir éprouvé un certain malaise durant une bonne partie de ma lecture , inquiet pour le sort réservé à ce pauvre gamin (un courageux petit bonhomme, comme le qualifie ses ravisseurs). Cette bande de kidnappeurs amateurs n'était certes pas composée de mauvais bougres, mais on était à l'abri de rien. D'autant que des tensions apparaissent progressivement au sein de ce trio assez bancal ... ce n'est que lorsque les choses ont évolué de façon positive pour Teddy que j'ai pu enfin apprécier pleinement ma lecture. Au final, ce roman s'avère assez intéressant, notamment pour sa trame historique, la société américaine de cette époque étant traversée par de vraies tensions, raciales certes, mais pas seulement. Il semblerait toutefois, au vu de l'actualité récente, que les choses n"aient guère changé...

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L'amour en saison sèche

L’ AMOUR EN SAISON SÈCHE de SHELBY FOOTE

Une chronique qui s’étire de la fin de la guerre de sécession à la seconde guerre mondiale. Toujours le Sud, le Mississippi, deux vieilles familles patriciennes les Barcroft, le major, vieille baderne recroquevillée sur son passé, les Caruthers, Amy, riche et mariée à un pervers. Survient du Nord, de l’Ohio, Drew, qui ne rêve que de devenir riche, alors il espère attraper une héritière, d’une façon ou d’une autre.

SHELBY FOOTE, c’est l’anti Faulkner, c’est un analyste froid et subtil, son côté historien est omniprésent. Là où Faulkner s’enflamme, il reste posé en fin psychologue.

J’avais d’abord lu Tourbillon de Foote, sombre histoire de meurtre en milieu pauvre, ici nous sommes chez les survivants du Sud riches ou supposés tels. Admirable roman, très bel auteur méconnu qui a eu du mal à survivre à l’ombre du grand Faulkner.

Belle initiative des Éditions de la rue d’ ULM que cette réédition.
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Bart le magnifique

Bart le magnifique est le roman originaire de Shelby Foote, la matrice de son œuvre qu’il situe dans le Sud, près du Mississipi et qu’il appelle Jordan County. A l’instar de Faulkner dont il reconnaît l’influence, l’auteur explore la contrée de son enfance pour en saisir les contradictions et comprendre le présent en revisitant le passé.



Le roman commence dans les années suivant la Reconstruction imposée par le Nord aux Etats du Sud après la guerre de Sécession et s’achève avant la première guerre mondiale. L’aristocratie sudiste reprend le pouvoir et impose aux anciens esclaves des conditions telles que ceux-ci se retrouvent métayers sur les grandes plantations pour un salaire de misère. Hugh Bart, jeune homme ambitieux, quitte son Mississipi natale pour la région du Delta réputée pour sa fertilité et ses opportunités. Après avoir exercé la charge de Shérif pendant quelques années, il acquiert une ancienne plantation à crédit et se lance dans la culture du coton. Travailleur acharné, il s’enrichit rapidement, épouse la fille de l’ancien propriétaire, fonde une famille et adopte les mœurs des planteurs de coton : chasses et parties de poker en hiver, bals deux fois par an et culture du coton du printemps jusqu’à l’automne.



S’il décrit un Vieux Sud accroché à ses valeurs après la guerre de Sécession, ce roman est avant tout le portrait d’un homme d’action peu enclin à l’introspection et aux effusions sentimentales, engoncé dans son rôle d’homme fort, habile chasseur, bon cultivateur mais qui s’est aliéné lui-même en se façonnant une identité autre : celle du planteur attaché aux traditions de l’aristocratie sudiste, ignorant des mutations en cours et profitant de tous les avantages de sa position jusqu’au point de rupture et la prise de conscience que réussir à s’élever dans l’échelle sociale et obtenir la reconnaissance de ses pairs ne sont pas un gage de bonheur et s’accompagnent souvent d’une grande solitude.

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Shiloh

[ Retournée ]



Mon premier coup de coeur de 2019.



Je ne m'y attendais absolument pas en m'embarquant dans ce roman retraçant une des plus grande bataille de la guerre de Sécession.

La bataille de Shiloh (étrangement «shiloh» veut dire paix en hébreu) a été un carnage : l'Union déplora 13047 victimes (1 754 tués, 8 408 blessés et 2 885 disparus) et les pertes confédérées furent de 10699 hommes (1 728 tués, 8 012 blessés et 959 disparus ou prisonniers).



Voilà pour le petit cours d'histoire, maintenant parlons littérature.



Shelby Foote a écrit une grande, une immense fiction historique.

Il retrace cette bataille en donnant la parole à 6 soldats, alternant soldat du nord et soldat du sud. L'un après l'autre, ces hommes tracent la chronologie des deux jours de combat. Petit à petit se dessine la chorégraphie sanglante des armées rivales tout en nous immergeant dans le coeur et l'esprit des hommes.

La construction de la narration est d'une efficacité redoutable. On ne peut pas lâcher le livre.

Foote entrelace les récits personnels des personnages de fiction avec des descriptions historiques du carnage, de la météo et des conditions de vie sur le champ de bataille. Il décrit la douleur, la mort et l'horreur de manière vivante. L'absurdité de la guerre et la violence sont au paroxysme.

Comme les soldats on est tour à tour exalté, choqué, mort de peur, abasourdi, horrifié et on tourne la dernière page en se demandant ce qui vient de se passer.



Shelby Foote a publié ce livre en 1952. Il vient d'être traduit pour la première fois en français par Olivier Deparis pour les Editions Rivages. C'est un livre terrible et magnifique, et vous ne devez pas passer à côté.
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Tourbillon

TOURBILLON de SHELBY FOOTE

Le lieu est imaginaire, Jordan County, deux protagonistes, Luther Eustis et Beulah. Luther est un agriculteur blanc, marié, des enfants, pentecôtiste et grand lecteur de la bible, il a 50 ans. Beulah est une jeune fille qui va avec les soldats, elle doit avoir 18/ 20 ans. Ils partent ensemble sur l’île Jordan, pour un « nouveau départ »! Miz Pitts va leur louer une cabane. Quelques jours plus tard on retrouve Beulah dans le lac, noyée, avec des parpaings attachés au cou. Luther avoue et signe des aveux circonstanciés. On connaît l’histoire dès les premières pages.

C’est un roman choral auquel FOOTE nous convie, tous les témoins vont parler de Luther, de Beulah, du fils de Miz, un sourd muet qui tombe raide amoureux de Beulah, précipitant un drame inévitable. La noyade n’est qu’un prétexte à l’exploration de ce Sud , de ses croyances, de son obscurantisme, de son cloisonnement social.

Le CLÉZIO a écrit une postface superbe à ce livre envoûtant, désespérant.

Shelby Foote, né en 1916 dans le Mississippi, mort en 2005, est l’auteur de 5 romans, un peu écrasé par l’ombre de ses illustres ( presque) contemporains. Son univers rappelle celui de Faulkner.
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Shiloh

Shiloh est un grand roman mais c'est aussi un récit sur la guerre de Sécession à travers la voix de soldats et d'officiers des deux camps. Shiloh c'est la complexité de la nature humaine c'est aussi l'absurdité des combats. Shiloh ou l'étrange ivresse de la cause et la détresse inévitable devant l'horreur de la mort. Toutes ses problématiques sont évoquées à travers cette fantastique et terrifiante mais aussi troublante épopée.

J'en ressors totalement chamboulée et tenterais de vous en dire un peu plus sur cette période charnière de l'histoire des Etats-Unis pour laquelle je n’avais pas tellement d’appétence jusqu'à la découverte de ce formidable roman roman.


Lien : https://collectifpolar.com/
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Bart le magnifique

Coup de coeur pour ce livre de Shelby Foote qui nous transporte en Amérique, dans l'East Mississipi,seconde moitié du 19eme siècle et premières décennies du 20eme,

L'auteur s'inspire de sa propre histoire et de celle de ses aïeux pour dérouler la vie de Hugh Bart , son

ascension puis sa chute. Cette fresque grandiose est racontée par ASA

né en 1912, petit-fils de Bart qui accède peu à peu à la connaissance de faits relatifs à son grand-père.

Bart est issu d'une famille de 6 garçons.Sa mère meurt avant qu'il n'ait 1 an.Son père possède de la terre et 3 esclaves dans le Mississipi,C'est un homme très dur, sans coeur.Hugh Bart alors âgé de 15 ans part à 150 milles retrouver un

grand oncle propriétaire terrien et célibataire. Il y apprend le coton. A 22 ans il devient shérif, son habileté au tir et à cheval suscitent l'admiration. Puis il prend possession de la plantation Solitaire, meilleure terre à coton du monde.Il

A 30 ans quand il épouse Florence Jameson, la fille du général Jameson.

La suite du roman dit la réussite de Bart, puis sa dispersion , la vente subite du domaine et le repli dans la ville de Bristol, le début de la fin.

Pourquoi Bart s'est-il séparé de sa plantation ? Les fragilités de son parcours , de père sont-elles à l'origine de sa chute??
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September September

C'est toujours un plaisir d'avoir entre les mains un exemplaire de la collection La Noire de Gallimard tant le livre est d'une conception élégante aussi bien pour la couverture que pour les pages intérieures qui sont d'une si belle qualité.

En plus, la réédition de September September est l'occasion de découvrir à nouveau l'énorme talent de Shelby Foote.

Il nous emmène dans le sud des États-Unis. Un sud très... sudiste, à l'époque où la communauté noire commence à lutter pour ses droits. Son écriture, pleine de finesse, élégante, nous transporte dans un extraordinaire roman noir où victimes et kidnappeurs jouent un jeu complexe et palpitant.

À lire pour la description pointue de cette époque, et pour le talent de Shelby Foote.



#SeptemberSeptember #ShelbyFoote #LaNoire #Gallimard #lecture #livres #chroniques



Le quatrième de couverture :



Septembre 1957 marque une date importante dans l’histoire des luttes raciales aux États-Unis : le gouverneur de l’Arkansas, Orval Faubus, brave la Constitution, les forces de l’ordre et la volonté du président Eisenhower en interdisant à neuf élèves noirs l’entrée de leur collège de Little Rock. Le même mois, à Memphis, trois apprentis gangsters que l’on pourrait qualifier de pieds nickelés planifient et mettent à exécution un projet dont l’ironie est criante : ils sont blancs, mais le jeune garçon qu’ils vont kidnapper est issu d’une famille aisée de la bourgeoisie noire. Sur fond d’émeutes retransmises par la télévision, nous voyons Podjo, joueur invétéré et stratège du trio, Rufus, l’abruti obsédé sexuel, et sa copine, l’aguicheuse Reeny, louer une maison isolée, séquestrer le petit Teddy et toucher la rançon. Et ensuite? Ensuite, c’est comme dans un roman noir…
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Shiloh

J'ai un gros problème avec l'histoire américaine : je ne retiens jamais qui est qui dans la Guerre de Sécession. Je ne me rappelle jamais qui sont les Bleus, les Gris, les Unionistes, les Fédéraux, les Fédérés... Je confonds tout le temps ; je retiens juste Nord et Sud, et je sais toutefois les motivations de chacun.

J'ai d'abord cru que cela allait être une difficulté pour lire ce roman, et j'ai commencé à chercher les noms des généraux évoqués pour me situer, pour savoir dans quel camp était le Narrateur, puisqu'il y en a 5 différents. Mais, en réalité, ce n'est, je crois, pas l'essentiel pour ce roman. L'Auteur a choisi justement de faire entendre plusieurs voix, celles de soldats des deux camps, pour montrer toute l'absurdité de la guerre, et montrer que tous les combattants se ressemblent, et se ressemblent dans la souffrance. Ces soldats sont des hommes de troupe ou de petits officiers, tels Fabrice à Waterloo ils ne comprennent pas ce qui se passe : ils tirent, ils avancent ou ils reculent, mais sans avoir de vision d'ensemble. Ou, avec des termes plus historiographiques, l'Auteur fait de l'histoire-bataille, à hauteur de combattants. Le procédé permet donc d'être au plus près des combattants, pour restituer les odeurs, les bruits, la pluie, la boue... Personne ne comprend qui a gagné ou qui a perdu. Ces personnages-narrateurs éprouvent donc tous la souffrance dans leur chair, ils ressentent la peur et l'angoisse. Ils servent leur camp pour obéir aux ordres, mais ils ne sont pas particulièrement enthousiastes ou fanatisés.

Montrer que la guerre fait souffrir, que les soldats sont tous des victimes quelque soit le camp n'est cependant pas d'une folle originalité. De plus, j'ai trouvé le procédé de faire entendre plusieurs personnages un peu artificiel, dans la mesure où il n'y a que peu d'interactions entre eux - chacun n'est qu'une silhouette pour le Narrateur suivant. Après tout, l'Auteur en a choisi 5, il en fait intervenir un deux fois, il aurait pu en prendre un de plus ou un de moins, cela ne changeait pas grand-chose. Ils ne sont d'ailleurs pas identifiables par la singularité de leur voix ou de leurs sentiments, tous ces personnages se ressemblent un peu et parlent de la même façon. Je n'ai donc pas vraiment ressenti d'empathie pour eux.

Une lecture rapide donc, qui ne me laissera pas un grand souvenir - et ne m'aura toujours pas permis de distinguer les différentes armées.
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Shiloh

J'ai vraiment commencé cette lecture à reculons, le sujet traité n'étant pas spécialement ma tasse de thé.

Et pourtant, je me suis pris une claque monumentale tant j'ai été projetée au cœur des combats.

Un récit glaçant qui met en avant la folie humaine et l'absurdité des guerres.

L'écriture est précise, concise, puissante.

Un roman fort et intimiste.
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Tourbillon

Mississipi, années cinquante. Troublé par le démon de midi, un petit paysan quinquagénaire tombe sous le charme d’une jeune femme frivole et quitte sa famille pour une éphémère lune de miel. Obsédé par la bible et la culpabilité, l’homme tue finalement sa compagne et revient vers les siens. Rapidement identifié et arrêté, il refuse de se défendre, bloqué dans un déni mystique.

L’affaire est entendue et l’auteur nous fait partager le point de vue de tous les protagonistes de cette banale affaire, du meurtrier à la victime, de la femme bafouée au journaliste, et chaque déclaration apporte une pierre à la construction du drame ultime.

Un récit oppressant qui témoigne d’une Amérique profonde puritaine et conservatrice.
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