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Citations de Shelby Foote (32)


Les bruits de coups de feu s'intensifièrent en s'étendant le long du front. Le général tendit alors les rênes d'un coup sec et, tandis que son grand cheval bai se dirigeait au pas vers le lieu des premiers affrontements, il pivota sur sa selle et nous dit : "Ce soir, nos chevaux boiront l'eau de la Tennessee."
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La fausse aurore était une brume laiteuse répandue sur l’obscurité de la ligne de terre orientale : le Mississippi.
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Je n'avais pas été démoralisé, plus tôt, au chemin creux. Je n'avais pas non plus perdu confiance. J'avais eu peur, tout simplement, autant qu'il est humainement possible d'avoir peur, voilà pourquoi j'avais abandonné le combat.
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Il sentait le malheur à cinquante kilomètres à la ronde, parfois même plus.
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Nos visages étaient gris, gris comme la cendre. Certains avaient des brûlures de poudre, des rougeurs sur les joues et le front, qui s'étendaient jusqu'à des zones de cheveux roussis. Ils avaient la bouche bordée de crasse à force de mordre les cartouches - une longue traînée au coin des lèvres, surtout, d'un côté ou de l'autre - et les mains noircies par la poudre brûlée tombée de la baguette de leur fusil. Nous avions vieilli d'une vie depuis le lever du soleil.
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Je n’ai jamais connu quelqu’un qui n’ait aussitôt considéré le général Johnston comme le plus bel homme qu’il ait jamais vu, et tous ceux qui l’ont croisé l’ont aimé. Physiquement imposant – plus d’un mètre quatre-vingt pour près de quatre-vingt-dix kilos -, il n’était ni gros ni maigre; il donnait à la fois une impression de force et de délicatesse. Son visage était calme lorsqu’il s’éloigna, mais son regard brillait.
Et pour cause. Car après deux mois de retraite, décrié après avoir été adulé, il tenait enfin l’occasion de prendre sa revanche. Salué comme le sauveur de la liberté quand, après avoir traversé le désert californien en 61, en évitant les Apaches et les escadrons fédéraux des postes de cavalerie implantés sur son trajet, il avait rallié Richmond, au nord, depuis La Nouvelle-Orléans, il s’était présenté devant le président Davis en septembre et avait été nommé « général commandant le département occidental de l’armée des États confédérés d’Amérique » – un titre à rallonge -, avec pour mission de préserver l’intégrité d’une ligne s’étendant de la Virginie jusqu’au Kansas, frontière septentrionale de notre nouvelle nation.
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Sherman resumed his pacing, still talking. "You people speak so lightly of war. You don't know what youre talking about. War is a terrible thing !" He reached the end of the room and came back, still talking. "You mistake, too, the people of the North. They are a peaceable people but an earnest people, and they will fight too - they are not going to let this country be destroyed without a mighty effort to save it. Besides, where are your men and appliances of war to contend against them ? The North can make a steam engine, locomotive or railway car ; hardly a yard of cloth or a pair of shoes can you make. You are rushing into war with one of the most powerful, ingeniously mechanical and determined people on earth - right at your doors." He stopped and frowned.
"You are bound to fail. Only in your spirit and determination are you prepared for war. In all else you are totally unprepared, with a bad cause to start with..."
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Beauregard remonta en selle et s’éloigna, suivi de son état-major tintinnabulant. Chacun de nous gagna son cheval. Lorsque nous fûmes en selle, le général Johnston resta un moment les rênes lâches dans les mains, le visage d’une gravité absolue. Les bruits de coups de feu s’intensifièrent en s’étendant le long du front. Le général tendit alors les rênes d’un coup sec et, tandis que son grand cheval bai se dirigeait au pas vers le lieu des premiers affrontements, il pivota sur sa selle et nous dit :

« Ce soir, nos chevaux boiront l’eau de la Tennessee. »
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Halleck ordonna au général Smith de remonter la Tennessee jusqu’à Savannah – remonter signifie se diriger vers le sud, sur cette portion de la Tennessee ; ça, c’est typique de ce pays. Nous prîmes place à bord des bateaux, inexpérimentés, n’ayant pour la plupart jamais voyagé (les officiers comme les militaires du rang, sauf que les officiers cachaient mieux leur inexpérience), nous voilà qui remontions vers le sud une rivière ennemie et passions devant ses lents affluents, ses bayous, ses arbres menaçants. Je me dis, si c’est ça, le pays que les Rebelles veulent retirer de l’Union, remercions-les, bon débarras. Massés contre le bastingage, les hommes regardaient défiler les marécages. Aucun ne parlait beaucoup. Comme moi, ils devaient penser à leur ville, à leur village. C’était une drôle d’impression que de se retrouver sur une terre lointaine, au milieu de choses inconnues, tout cela parce que nos représentants au Congrès s’étaient querellés sans parvenir à se mettre d’accord et qu’il y avait quelques têtes brûlées dans le Sud qui faisaient passer leurs Nègres et leur fierté avant leur pays. Parmi tous ces hommes, qui, alignés sur le pourtour des bateaux, regardaient défiler ces lugubres marécages, beaucoup devaient penser à ceux qu’ils avaient laissé chez eux.
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Je veux vivre dans ce monde, mais je ne comprends pas, et tant que je ne comprends pas, je ne peux pas vivre. Pourquoi les gens ne veulent-ils pas être heureux ? Je dis bien "veulent", pas peuvent.
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" le style est à la fois une certaine qualité du regard et la manière dont un homme communique à autrui la qualité de son esprit".
J'aime beaucoup cette phrase de Shelby Foote qui figure dans les notes du roman et qui traduit bien ce que j'ai ressenti en lisant L'amour en saison sèche:
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Le général Johnston l’observa en silence un instant, puis se tourna vers le révérend Polk (ils avaient été camarades de chambre à West Point) et lui demanda son avis. Dans la colonne qui passait, les têtes se tournaient vers eux, mais les hommes s’abstenaient de les acclamer, voyant qu’ils étaient en conférence. L’évêque répondit que ses troupes étaient pressées d’en découdre ; elles avaient quitté Corinth pour aller se battre, dit-il, et si elles ne le faisaient pas elles seraient aussi démoralisées qu’après une défaite.
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Le ciel s’était éclairci, les nuages s’effilochaient, et à quatre heures le soleil perça ; le vert vif de l’herbe et des feuilles vira à l’argent, les flaques de la route se remplirent d’or. Tout le long de la colonne, les hommes hâtèrent le pas en souriant, réjouis de ce soudain afflux de lumière. Pointant du doigt le ciel, les champs étincelants, ils se prenaient l’un l’autre à témoin : « Le soleil ! le soleil ! » Leurs uniformes assombris par la pluie se mirent à fumer dans la chaleur d’avril, et, là où jusqu’alors ils avançaient dans la boue avec résignation, les yeux fixés sur les bottes ou le sac de celui qui les précédait, ils regardaient à présent autour d’eux et faisaient même de petits pas dansants de côté pour éviter les flaques. En nous voyant passer à cheval sur le bord de la route, ils nous acclamaient et nous lançaient : « Traînez pas ! Vous laissez pas distancer ! » Ils se montraient particulièrement moqueurs avec moi, qui étais le plus jeune et fermais le cortège. « Grouille-toi, mon gars, m’apostrophaient-ils en se recoiffant après avoir salué le général. Si tu le perds, tu le rattraperas jamais ! »
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Il avait dit que les livres sur la guerre étaient écrits pour être lus par le Tout-Puissant, car Lui seul la voyait ainsi. Dans notre cas, pour la décrire aux hommes, il aurait fallu raconter ce que chacun d'entre nous avait vu dans son petit coin. On l'aurait alors montré telle qu'elle avait été - non pas pour Dieu, mais pour nous.
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Je pensais à Winter et à Pettigrew qui gisaient là-bas, dans les bois, à moins qu'une des équipes de fossoyeurs ne les ait trouvés avant la nuit. Je réfléchis un instant : Pourquoi ces deux-là étaient-ils morts ? Et la réponse me vint : pour rien. C'était comme une voix dans la nuit : Ils sont morts pour rien.
P. 170
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Mais Forrest était quelque part sur le terrain, m'informa-t-on, à la recherche de Willy, son fils de quinze ans, parti avec deux autres jeunes garçons cet après-midi-là mener une petite opération de leur côté. Bien après le coucher du soleil, alors qu'ils n'étaient toujours pas rentrés, le colonel s'était mis à leur recherche. Mme Forrest (l'unique personne que le colonel craignît vraiment) l'avait expressément chargé de veiller sur Willy à compter du jour où elle lui avait permis de l'emmener pour s'engager avec lui.
P. 130 & 131
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"Tiens, la chapelle qui est là-bas, disait-il. Elle s'appelle Shiloh. Tu sais ce que ça veut dire, mon frère ?
- Ah, non", répondit l'autre cuisinier.
Au ton de sa voix, on sentait qu'il en avait plus qu'assez des sermons incessants de son collègue. Mais ce jour-là, on était dimanche, et rien ne pouvait arrêter Lou.
"Deuxième livre de Samuel, mon frère."
Je le voyais presque hocher la tête avec sa gravité habituel.
"Il y est dit que c'est ce à quoi aspiraient les enfants d'Israël, les élus de Dieu. Oui : un lieu où se décharger de leur soucis. Selon les exégètes, ça voudrait dire "lieu de paix"."
Et il développa.
P. 58
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C’était le premier ordre de bataille que je voyais, et il est certain que cela paraissait complexe. Mais une fois qu’on en comprenait le sens, c’était au fond assez simple. J’eus ma part dans la composition de celui-là, que je vis se développer à partir de notes et de discussions, jusqu’à sa forme finale : celle d’une simple liste d’instructions qui, si on les suivait, provoqueraient l’anéantissement d’une armée entrée avec arrogance dans notre pays pour nous détruire et priver notre peuple de son indépendance. En le regardant lorsqu’il fut achevé, bien que l’ayant vu grossir ligne par ligne et y avoir mis moi-même les virgules et les points-virgules qui le rendaient plus clair, j’eus cependant l’impression qu’il avait été réalisé sans mon aide. Sa qualité, sa magnifique simplicité me coupèrent le souffle. Certes, j’en avais déjà conscience alors, tous les ordres de bataille produisent cet effet-là – tous sont conçus pour mener à la victoire si on les suit. Mais celui-là paraissait si simple, si juste, d’une certaine manière, que j’entrevis ce qu’avait dû ressentir Shakespeare après avoir terminé Macbeth, même si je n’y avais apporté que la ponctuation. Le colonel Jordan en était fier, lui aussi ; je le soupçonne de l’avoir jugé supérieur à celui de Napoléon dont il s’était inspiré, sans l’avouer, bien sûr.
Tout était si commode sur le papier – le papier plat et propre. Sur le papier, à la lumière de la lampe, dans le bureau du colonel, nous avions tôt fait de résoudre les problèmes qui surgissaient : il nous suffisait de demander aux commandants des corps de réguler la progression de leurs troupes afin de ne pas se retarder l’un l’autre, de rester à l’arrêt le temps que les carrefours soient dégagés, de garder leurs rangs bien serrés, etc. Les choses ne fonctionnaient pas ainsi sur le terrain, qui n’était, lui, ni plat ni propre – ni, en l’occurrence, sec. Les hommes étaient inexpérimentés. La plupart n’avaient encore jamais pris part à une vraie marche tactique, et beaucoup n’avaient reçu leur arme que lors du rassemblement au camp, ce jeudi matin-là ; souvent, durant les haltes, je voyais des sergents montrer aux recrues comment charger leur mousquet dans les règles.
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En m'arrêtant, j'entendis toutes sortes de détails que je n'avais pas remarqués quand je courais. C'était comme renaître dans un monde nouveau. Malgré le bruit des coups de feu, je les entendais, autour de moi, qui hurlaient comme à la chasse au renard mais avec de la folie en plus, comme des chevaux piégés dans une grange en feu. Je crus qu'ils avaient tous perdu la boule. Il fallait les voir: le visage ouvert en deux, la bouche tordue dans tous les sens, et ces cris de déments qui sortaient. Comme s'ils ne criaient pas avec leur gorge mais ouvraient simplement la bouche pour laisser s'échapper une chose retenue en eux. Ce fut à ce moment-là que je mesurai à quel point j'avais peur.
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j'aime beaucoup dans la préface qu'il a écrite de Bart Le magnifique, cette explication qu'il donne de son ardeur, tout jeune encore, à lire et à écrire dans la seconde moitié des années 30:
"Je ne doutais pas que, sous peu, quelqu'un de l'autre côté de l'Océan, finirait par avoir l'audace et la fermeté de caractère nécessaire pour se dresser contre Hitler, auquel cas je risquais fort d'avoir la tête emportée avant d'en pouvoir faire bon usage".
C'est bien lui, tragique et drôle dans la même phrase, oscillant entre sérieux et léger.
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