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Critiques de Phan Qué Mai Nguyen (157)
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Pour que chantent les montagnes

Nguyễn Phan Quế Mai, avec Pour que chantent les montagnes (Charleston, éditions Leduc), m’a entraîné dans une terrible histoire familiale. Sur les pas de Hương et de sa grand-mère Diệu Lan, j’ai vécu au cœur de l’histoire de ce Việt Nam déchiré par la colonisation puis par les guerres entre pays occidentaux et ceux se réclamant d’un communisme pur et dur tournant vite à la dictature.

Dès le début, je suis plongé dans la terreur apportée par les bombardiers américains sur Hà Nội. Les sirènes, les bombes, une petite-fille et sa grand-mère tentent d’échapper à la mort, à l’horreur.

Cette grand-mère a 52 ans et c’est d’abord Hương (12 ans) qui raconte les abris avec de l’eau jusqu’à la ceinture, les destructions, les cadavres. Une seule solution : fuir Hà Nội. Débute alors un échange entre la petite-fille et sa grand-mère. L’une raconte ce qu’elle vit alors que l’autre rappelle le passé, ce pays occupé par les Français et les Chinois. Commence alors la guérilla contre ces occupants avec le Việt Minh.

Chaque chapitre comporte un titre et des dates pour bien situer la période où nous nous trouvons. Ainsi, j’oscille entre les années 1930 et les années 1970, pour finir en 2017.

C’est une plongée au cœur de la vie des Vietnamiens en suivant les malheurs d’une famille déchirée par tant d’événements qui la dépassent. Il faut préciser que Diệu Lan, la grand-mère, a six enfants qui seront éparpillés au cours d’une fuite pleine de suspense, de douleurs et, quand même, de quelques moments de bonheur.

À Hà Nội, entre 1973 et 1975, il faut se relever pour retomber et surtout trouver à manger. Grâce au récit de celle que sa grand-mère surnomme affectueusement Goyave, j’apprends que cette grand-mère laisse tomber son métier d’enseignante pour le trafic, ce qui apporte une habitation correcte mais aussi nourriture, vêtements et livres. Cela provoque aussitôt la jalousie et la haine des voisins. Si les Américains se sont retirés, c’est maintenant la guerre entre Vietnamiens.

Diệu Lan, la grand-mère, prend alors le relais pour raconter ce que je ressens comme le plus terrible, le plus bouleversant : la course effrénée d’une mère et de ses enfants fuyant l’horreur absolue. C’est cette fameuse réforme agraire qui plonge le pays dans un abîme incroyable. Sous prétexte de partager les richesses, idée honorable en soi, les propriétaires terriens sont pourchassés, torturés, exécutés, les bons comme les mauvais. Nous sommes en 1954, juste après la victoire du Việt Minh sur les Français, à Diện Biên Phủ.

Au passage, je note la volonté de l’autrice, née en 1973 dans un petit village du nord Việt Nam, de transcrire fidèlement les noms avec l’écriture locale – coup de chapeau, au passage à la traductrice, Sarah Tardy. De même, Nguyên Phan Quê Mai note ainsi certaines phrases ou proverbes et cela ne gêne en rien ma lecture. Il serait très intéressant d’entendre ces mots ou ces phrases prononcées dans la langue du pays.

Puisque j’en suis aux remarques, j’apprécie le tableau généalogique inséré en début d’ouvrage. Je m’y suis référé souvent. J’ajoute que la référence à la religion, le bouddhisme, est un peu lassant mais je reconnais que c’est, principalement, pour honorer les ancêtres…

Surtout, il faut décrypter ce titre : Pour que chantent les montagnes. Quand l’oncle Đat remet à Hương cet oiseau sculpté par son père pendant les combats, j’apprends que cet oiseau s’appelle son ca, ce qui signifie « Les montagnes qui chantent », comme le révèle la grand-mère de Hương et donc mère de Hoàng qui ne donne plus signe de vie et que « Goyave » cherche inlassablement.

Tous ces détails du quotidien vécus par les Vietnamiens sont révélateurs des malheurs, des déchirures, des drames subis par un peuple victime d’un bain de sang qui a duré vingt ans. Plus de trois millions de personnes ont été tuées. Ce drame que je me souviens avoir suivi de loin, avec le déroulé de l’actualité et dans ce qu’on voulait bien nous en dire, a fait des millions d’infirmes, de traumatisés, d’exilés. Enfin, s’ajoute une terrible statistique cause de tous ces malheurs : sept millions de tonnes de bombes se sont abattues, durant ces années de guerre, sur le Việt Nam.

La lecture de Pour que chantent les montagnes a été, pour moi, un rappel, une mise au point, une extraordinaire plongée dans la vie quotidienne, au Việt Nam, grâce au talent d’écrivaine de Nguyên Phan Quê Mai. Comme je l’ai constaté souvent, une fiction basée sur la réalité permet le plus souvent d’apprendre, mieux que dans d’austères livres d’Histoire.

Vraiment, je recommande la lecture de Pour que chantent les montagnes et je remercie beaucoup Lecteurs.com et les éditions Leduc / Charleston pour m’avoir permis la découverte d’un livre déjà traduit dans quinze langues différentes.


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Là où fleurissent les cendres

2016. Dan, un vétéran de la guerre du Vietnam s’apprête à atterrir à Saïgon. Accompagné de sa femme, quarante-six ans après y avoir combattu, il est temps pour lui de mettre fin aux cauchemars qui hantent encore ses nuits et d’enfin faire la paix avec son passé.



Pendant ce temps, au cœur de cette ville dorénavant rebaptisée Hô Chi Minh, Phong tente d’obtenir un visa pour les États-Unis. En tant que fils d’une Vietnamienne et d’un soldat américain, il devrait en effet pouvoir profiter du programme d’aide au retour des « Amérasiens » et enfin quitter ce pays qui ne l’a jamais vraiment accepté.



1969. Afin d’aider leurs parents à éponger leurs dettes, Trang et Quynh décident de quitter leur campagne pour aller travailler à Saïgon. Une fois sur place, les deux sœurs se rendent cependant vite compte que leur travail au Hollywood bar ne consistera pas uniquement à servir du thé aux soldats américains…



Ce sont donc trois histoires et quatre personnages principaux que l’autrice propose de suivre au fil des pages de ce roman choral qui invite progressivement à remplir le vide entre ces événements séparés d’un demi-siècle. Si le lecteur comprend très vite que les différentes destinées finiront par se rejoindre en cours de lecture, c’est surtout le temps passé en compagnie de chacun d’entre eux qui lui permet de découvrir les nombreux dommages collatéraux de cette guerre du Vietnam.



Au-delà d’une simple fresque historique, « Là où fleurissent les cendres » invite en effet à découvrir les dégâts psychologiques de cette terrible guerre, qui persistent encore cinquante ans après les faits. Sur les acteurs de cette guerre bien évidemment, marqués à vie par la barbarie des affrontements, peu importe leur camp, mais surtout sur les enfants métisses issus de soldats américains et de mères vietnamiennes pas toujours consentantes. Des Amérasiens discriminés dans leur propre pays, recherchant souvent désespérément leurs géniteurs ou rêvant de trouver leur bonheur aux États-Unis.



S’appuyant sur un travail de recherche colossal, Nguyen Phan Qué Mai propose un récit romancé qui permet de lever le voile sur un pan de l’Histoire que je ne connaissais pas. J’ai néanmoins mis un peu de temps à m’habituer au rythme des phrases de Nguyen Phan Qué Mai (chose qui m’arrive plus souvent avec les romans d’auteurs africains) et à rentrer dans ce roman qui alterne les temporalités tout en parsemant ses chapitres de termes vietnamiens. Mais une fois habitué, le charme a totalement opéré !
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Pour que chantent les montagnes





Traversant près d'un siècle d'histoire vietnamienne, Pour que chantent les montagnes est une fresque familiale magnifique où l'émotion affleure à chaque page. L'existence s'y déploie dans ce qu'elle a de plus beau et tendre mais aussi de plus cruel et tragique.



À travers les destinées de deux générations de femmes dont les voix s'entremêlent, Nguyên Phan Quê Ma met en lumière les tourments endurés par tout un peuple et adresse un vibrant témoignage d'amour à sa terre natale.



*



"Nouvelles explosions. Sirènes. Cris. Odeur de brûlé suffocante."



Novembre 1972, la guerre du Vietnam fait rage. Hà Nôi ploie sous les bombardements américains. La capitale est éventrée,  dévastée, bientôt il n'y aura plus que ruines fumantes. Parmi les civils qui tentent d'échapper à ce désastre en rejoignant un village reculé de  haute montagne, se trouvent la jeune Huong 12 ans surnommée affectueusement Goyave ainsi que sa grand-mère.



"Personne ne parlait. Seuls résonnaient le bruit de nos pas et parfois les pleurs d'un bébé. La terreur et l'angoisse étaient gravées sur les visages."



Il a fallu tout laisser derrière soi, sa maison, ses objets personnels, ... en somme sa vie d'avant. Quand vient le temps du retour quelques semaines plus tard, les rescapées ne trouvent que poussières et décombres. La ville a été entièrement détruite et nombre d'habitants ont péri. Un spectacle de désolation.



"Des hurlements sont sortis du plus profond de ses entrailles, transperçant la puanteur des cadavres en décomposition, se transformant en une mer des lamentations. J'ai pleuré avec elle en dégageant les briques et les morceaux de béton. Nos doigts saignaient alors que nous cherchions ce qui pouvait être sauvé."



Une fois les larmes séchées, reste l'urgence de reconstruire et l'inébranlable volonté d'avancer. Malgré  les pertes, malgré les souffrances, malgré l'incertitude du lendemain. Pour l'aïeule, Diêu Lan, cette terrible épreuve en rappelle d’autres, plus anciennes. Des souvenirs qu'elle offrira chaque soir en partage - un leg précieux - à sa petite-fille adorée.



"La guerre se poursuivait, et ses histoires nous gardaient en vie, moi et mon espoir."



*



Donnant un rythme soutenu au récit, la narration intercale ainsi moment présent et passé conté respectivement par Huong puis son aînée. Le lecteur progresse dans les couloirs du temps par aller-retour, selon une chronologie complexe s'étirant de 1930 à 2017.



Occupation française, invasion japonaise, grande famine de 1945, campagne de réforme agraire, succession de conflits sanglants, etc…l'occasion en est donnée de "vivre de l'intérieur" les nombreux bouleversements qui ont ébranlé le pays au cours du siècle dernier. Que de morts et de vies brisées…



"(...) moi qui pensais que nous étions les maîtres de notre destin, j'ai appris qu'en temps de guerre, les citoyens ordinaires ne sont plus que des feuilles balayées comme des milliers d'autres par la tempête."



Sans rien taire de la brutalité et de l'ignominie des faits, l'auteure s'attache cependant davantage à dévoiler leurs répercussions sur le territoire de l'intime, à rendre compte des cicatrices profondes laissées dans les cœurs et les esprits.



"(...) la guerre était une chose monstrueuse. Lorsqu’elle ne tuait pas ceux qu'elle touchait, elle emportait avec elle une partie de leur âme (...)."



*



Ô combien ai-je été admirative de la personnalité de Diêu Lan, la grand-mère - un trésor de sagesse, de bonté et de résilience. Figure protectrice, pilier familial, gardienne de la mémoire des générations se succédant, elle irradie par son courage et sa détermination face aux caprices intempestifs du destin.



Ô combien ai-je été touchée par la force du lien qui l'unit à sa petite Goyave. Ce dernier constitue un refuge, un Îlot réconfortant auquel se raccrocher en plein naufrage.



Ô combien ai-je été fascinée par la rencontre avec ce pays aux multiples facettes dont je connaissais finalement si peu. Élégante,  poétique et subtilement évocatrice, la plume  enchanteresse de l'auteure en exhale les couleurs, les saveurs, les sons, les odeurs - un voyage qui malgré sa tonalité dramatique  se révèle  très sensoriel. 



Captivant, émouvant, enrichissant et dépaysant, un moment de lecture empreint d'humanité. 



***



"Souviens-toi,  ma chérie. Les épreuves auxquelles le peuple vietnamien a fait face sont aussi hautes que les plus hautes montagnes. À se tenir trop près, on ne peut distinguer leur sommet. Mais lorsqu'on s'éloigne des tourments de la vie, on en voit le tout…"

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Pour que chantent les montagnes

Huong vit seule avec sa grand-mère dans un Vietnam déchiré par la guerre. Dans une scène d'introduction prenante, elle échappe de peu à un bombardement. Les auteurs du bombardement sont les américains. Plus tard ce seront les vietnamiens entre eux qui s'entretueront. Avant, cela avait été les japonais. Et, entre deux périodes de guerre, la Grande Famine, la réforme agraire, rééducation, embrigadement, déni de liberté, pauvreté vont faire de ce pays un lieu où le bonheur sera difficile à trouver pendant plusieurs décennies.

L'auteure va évoquer l'histoire de ce pays à travers le destin d'une famille, sur plusieurs générations. le personnage principal en est la grand-mère de Huong. Née dans une riche famille du centre du pays, elle va devoir faire face à de nombreux revers et échappera de peu à la mort plusieurs fois. Ses enfants ne seront pas épargnés non plus, tous touchés par la guerre et par la division du Vietnam. C'est sa petite fille qui raconte.

J'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur l'histoire de ce pays, vue de l'intérieur. Même si l'histoire en elle-même n'est pas très originale - j'ai déjà lu des scénarios proches dans des contextes différents - , l'intérêt principal de ce récit pour moi a été de mieux comprendre l'histoire récente du Vietnam racontée par une vietnamienne.

J'ai cependant regretté l'usage de la double temporalité. Les chapitres du livres racontent tour à tour l'histoire de la grand-mère des années 30 à la fin des années 60, et l'histoire actuelle de la famille qui va se reconstituer peu à peu autour de Huong et de sa grand-mère de 72 à 80. Ce procédé que j'apprécie quand il est utilisé à bon escient m'a ici semblé parfois un peu artificiel. J'ai parfois eu du mal à resituer les évènements en passant d'une époque à l'autre, m'obligeant à revenir en arrière (Avoir lu ce livre dans une version non corrigée ne comportant pas de table de matières n'a pas aidé sur ce point – j'ai pensé un peu tard à l'écrire). Autant le premier retour en arrière m'a paru fluide, la grand-mère racontant à sa petite fille sa vie passée, autant les suivants m'ont perturbée.

Ce qui a rendu cette lecture un peu compliquée aussi pour moi, c'est mon manque de familiarité avec les prénoms vietnamiens. J'oubliais d'un passage à l'autre qui était qui, si cette personne était un homme ou une femme, et le passage d'une époque à une autre à chaque chapitre ne m'a pas aidée sur ce point. Heureusement, un arbre généalogique situé en début de livre permettait de s'y retrouver. J'ai regretté dans le même ordre d'idées l'absence d'une carte qui m'aurait permis de mieux situer les différents évènements, en particulier de mieux comprendre ce qu'avaient dû endurer certains membres de la famille dans les différentes marches évoquées dans le livre.

Le personnage de la grand-mère est la cheville de ce livre. Elle est celle qui va lutter, qui n'abandonnera jamais, qui saura se relever à chaque fois et pourtant les drames qui vont l'affecter sont nombreux. L'auteure a voulu évoquer tous les moments sombres vécus par le Vietnam et cette femme va y être confrontée, à chaque fois. Cela fait vraiment beaucoup pour une seule femme, mais peut-être est-ce réellement arrivé à certaines familles. Cette femme est une femme libre, refusant de renoncer, sachant prendre des risques, dénonçant la propagande et l'embrigadement du régime communiste, assurant la survie financière de sa famille.

Une lecture intéressante par la réalité historique et par le message transmis par l'auteur : renonçons à la guerre, renonçons à la haine, message résumé par les paroles d'un des oncles de Huong :

« Depuis le début, je haïssais les Américains et leurs alliés. Je les haïssais à cause des bombes qu'ils larguaient sur notre peuple, à cause des civils innocents qu'ils tuaient. Mais à partir de ce moment-là, c'est la guerre que j'ai haïe. »

Lu en juin dans le cadre du jury du prix Fnac (le dernier)

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Pour que chantent les montagnes

« Les épreuves auxquelles le peuple vietnamien a fait face sont aussi hautes que les plus hautes des montagnes. A se tenir trop près, on ne peut distinguer leur sommet. Mais lorsqu’on s’éloigne des tourments de la vie, on en voit le tout… »

Ainsi parlait Grand-mère Diêu Lan à sa petite fille Huong qu’elle surnommait Goyave.

Nous sommes en 1972 et la guerre du Vietnam fait rage. La maison qui abritait Huong et sa grand-mère n’est que décombres fumants. Mais, une fois de plus, l’obstinée grand-mère va se relever de ce coup du sort. Alors que Huong attend le retour de son père enrôlé dans l’armée nord vietnamienne, se déroule en alternance l’histoire de grand-mère Diêu La

Chassée de ses terres, elle a dû abandonner tour à tour ses quatre enfants, ne gardant que le dernier encore bébé. A travers son récit on découvre les souffrances du peuple vietnamien pris en étau dans une guerre fratricide. La famille, c’est ce qui compte le plus, au-delà des clivages politiques, et Diêu Lan n’aura de cesse de retrouver tous ses enfants que le chaos de la guerre a éloignés.

A travers cette famille, c’est l’histoire d’un pays que l’on découvre, depuis l’invasion japonaise et la grande famine de 1945 puis les guerres successives et la réforme agraire qui a touché le nord devenu communiste. La guerre et la propagande communiste bouleversent l’ordre des choses et transforment profondément le caractère des gens.

« Les guerres ont le pouvoir de transformer en monstres des peuples élégants et cultivés. »



C’est un récit raconté par la petite fille qui relate l’histoire telle que sa grand-mère la lui a transmise puis la sienne jusqu’en 2012, année de parution de son roman. Une onde de bienveillance plane sur ce roman où la grand-mère cherche la paix et l’amour dans un monde où règnent la corruption, la lâcheté et la cruauté. Ce récit où les liens familiaux sont plus forts que l’adversité et qui fait la part belle à l’amour et la résilience est parfois trop manichéen.

Parmi les personnages très nombreux, de cette saga, on retiendra la personnalité attachante de grand -mère Diêu Lan, elle est le lien entre chaque personne et le roman, qui débute avec son récit, se clôt sur sa mort. (Un diagramme en début de l’ouvrage permet de retrouver les noms des personnages et leur parenté.)



L’autrice, Nguyen Phan Qué Mai, née dans le nord Viêt Nam, s’est inspiré de l’histoire de sa propre famille et de témoignages pour raconter ce récit fictionnel. Si j’ai aimé découvrir l’histoire douloureuse et mouvementée du peuple vietnamien propre à émouvoir le lecteur, j’ai trouvé que le ton mélodramatique prenait parfois le pas sur la vraisemblance et la fin ne m’a pas vraiment convaincue.

Malgré ses quelques défauts, ce roman est d’une lecture agréable.

Je remercie les éditions Charleston et Lecteur.com pour cette découverte.

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Là où fleurissent les cendres

Phan Qué Mai Nguyen , à partir d'interviews qu'elle a réalisé dans le cadre d'un article , décrit le devenir d'enfants nés pendant la guerre du Vietnam d'un soldat américain et d'une femme vietnamienne .

Pour cela elle a choisi trois situations bien marquées à deux époques différentes.



Phong , un amérasien dont le père était un soldat noir , tente une nouvelle fois d'obtenir un visa pour sa famille et lui pour partir aux États Unis où il pense que ses enfants auront plus de chance d'avoir un avenir correct .

Mais l'obtention , 40 ans après la guerre est devenue beaucoup plus difficile et des preuves , un test ADN et la recherche de son père sont exigés avant de délivrer le fameux sésame .



Phong revient sur ses années d'enfance où il a été recueilli par une religieuse dans un orphelinat à Saïgon, puis à la mort de celle-ci ,devenu un paria , une "poussière d'individu " , ne pouvant cacher son métissage , il a survécu dans les rues en chapardant puis en faisant des petits boulots jusqu'à retourner à la campagne cultiver la terre .

Harcelé par les autres enfants lorsqu'il était jeune , son apparence physique qu'il a transmis à ses enfants est toujours un obstacle dans le Vietnam des années 2015, figure vivante de l'ennemi détesté par le régime communiste en place depuis la guerre, comme tous ceux qui n'ont pas réussi à quitter ce pays.



Dan est un vétéran de cette guerre du Vietnam, pilote d'hélicoptère à l'époque , il est rentré comme nombre de ses compatriotes traumatisé par ce qu'il a vécu, fait ou vu.

C'est son premier retour la-bas et il est accompagné de sa femme Linda.

Ce que Linda ne sait pas c'est qu'il a entamé des recherches pour retrouver Kim , la jeune femme vietnamienne avec qui il a vécu quelque temps et qu'il a abandonnée alors qu'elle attendait un bébé .



La troisième situation est celle vécue en 1971 par Trang et sa soeur Quun , les deux filles d'un couple de paysans endettés et qui vont partir à Saïgon, convaincues par une amie qui leur propose un travail bien payé dans un bureau .

Bien entendu , ce sera un emploi dans un bar, le Hollywood , fréquenté par les soldats américains .

Elles n'ont pas vraiment le choix, prennent un prénom plus facile à retenir , ce sera Kim pour la jeune Trang .



Les histoires sont bien bâties, le récit est cohérent et les décisions des uns et des autres aux différentes époques sont décrites avec doigté .

Pour moi, le sentimentalisme que l'écrivaine a choisi pour relater ces situations est trop présent , c'est ce qui explique ma note qui pourra être jugée trop sévère .



J'ai tout de même été particulièrement intéressée par l'histoire de ces nombreux enfants nés pendant cette guerre, métis dont l'aspect physique ne pouvait être assimilé à de "vrais vietnamiens " et qui ont été ostracisés dans leur pays de naissance . Ceux qui ont pu rejoindre le pays de leur géniteur n'ont pas eu, non plus, une vie forcément plus simple ,



Lu en Février 2024.
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Pour que chantent les montagnes

1972, Les sirènes, les bombardements américains, les explosions, les cris, l’odeur de brûlé, Huong 12 ans et sa grand-mère Diêu Lan doivent évacuer Hanoï pour se réfugier dans un village reculé au milieu des montagnes, une marche de quarante et un kilomètres. La mère et le père de Huong sont partis combattre l’ennemi.



Ce roman raconte l’histoire de la famille vietnamienne Trần de 1930 à 2017. Le lecteur suit les membres du clan à travers l’occupation française, l’invasion des Japonais, la grande famine de 1945, la guerre d’indépendance, la guerre entre le Nord et le Sud Vietnam soutenu par les Américains. L’emploi des armes chimiques et les conséquences sur les enfants, mort-nés ou mal formés. Les dénonciations les exécutions, les camps de rééducation, la réforme agraire.



La majeure partie de l’histoire se concentre sur la grand-mère Diệu Lan et sa petite-fille, Huong. Le récit découpé en trois périodes n’est pas raconté chronologiquement, heureusement un arbre généalogique situé au début du roman facilite la lecture. Une grande fresque familiale, un voyage poignant à travers un siècle d’histoire, un formidable cri d’amour envers la famille et le courageux peuple vietnamien. Malgré toutes les tragédies que traverse cette famille, le récit reste plein d’espoir illuminé par le personnage de la grand-mère, une femme d’une force capable de vaincre les montagnes

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Pour que chantent les montagnes

Deux voix se partagent le récit de cette poignante histoire familiale indissociable de l' Histoire du Vietnam: Huong,alias Goyave pour être protégée des démons, et sa grand mère Dieû Lan . Alors qu'elle vit avec sa fratrie et ses parents dans une très jolie maison, et bénéficie d'une éducation d'avant garde qui prône la culture pour les femmes, Dieû Lan reçoit les prédictions terribles d'un devin. Malheureusement ce devin était bien clairvoyant...et elle deviendra une femme fabuleuse d'amour et de courage mais affrontera l'occupation française, l'invasion japonaise et américaine, mais aussi La grande famine, la désastreuse et sanglante réforme agraire ainsi que les conflits fratricides qui résultent de ce chaos.

Goyave parle de ce qu'elle vit au moment présent, Dieû Lan lui raconte son passé. Nous passons donc d'une période à l'autre ce qui n'a pas toujours été simple pour moi car les personnages sont nombreux,les noms pas faciles à retenir. L' arbre généalogique en début du livre m'a été bien utile pour me repérer. Goyave continue à vivre les blessures de toute l'histoire familiale car rien n'est totalement terminé. A travers elle c'est le cris déchirant de tous les membres de sa famille qui nous percute et nous fait ressentir à quel point ce pays a souffert. Comme le dit un proverbe africain, lorsque c'est le lion qui raconte l'histoire et non le chasseur,la version est bien différente . Nguyen Phan Qui Mai a vécu une partie de cette histoire et si son roman reste une fiction et si son regard est subjectif, l'émotion est réelle et son ressenti communicatif. Comment ne pas être ébranlée par ces femmes (mère et grand-mère) qui ont souffert atrocement et ont dû poser des actes indicibles pour affronter le pire. L'auteure réussit à nous parler du cauchemar vécu par son peuple sans rien retirer de la beauté et de la douceur de sa culture,et de ses traditions. C'est un tour de force admirable mais qui n'est pas vain car il nous touche et nous fait comprendre mieux qu'un cours d'histoire ce que la guerre,d'où qu'elle vienne,meurtrit les corps et les âmes pour plusieurs générations. Les personnages de ce roman sont magnifiques par leur force mais tout autant par leur fragilité. Ils m'ont touchés en plein coeurpar les dilemmes terribles qui les emprisonnent et leur capacité, malgré tout à garder un regard d'amour et d'espoir sur le monde.
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Pour que chantent les montagnes

J’étais curieuse de découvrir Pour que chantent les montagnes et découvrir un peu plus le Vietnam et son histoire. Et quand j’ai vu cette lecture commune sur Livraddict organisée par Julie27, j’ai sauté le pas. J’ai terminé le roman depuis quelques jours et il est temps maintenant d’écrire cette critique mais je dois admettre que je ne sais pas par ou commencer.



En effet, c’est un bilan plus mitigé, un bon roman mais avec quelques défauts. Le début du livre est très dur, les descriptions sont affreuses : guerre, famine, agent orange répandu qui sont responsable de bébés mort-né ou de terribles malformations, meurtres, pillages, bref, rien n’est vraiment épargné aux lecteurs. Puis finalement, dans la seconde moitié, le roman subit un retournement de situation : on assiste à la naissance d’une romance adolescente qui m’a vraiment déçue. C’est un peu comme si on avait soudainement changé d’auteure.



Malgré tout, j’ai aimé la construction du récit qui alterne entre les narrateurs : la grand-mère et sa petite fille. J’ai beaucoup aimé leur relation forte et cette grand-mère a tellement a transmettre, elle a survécu a tous, quel courage.



J’ai beaucoup aimé en découvrir davantage sur le Vietnam, c’est un pays que je rêve de visiter et j’ai été ravie de ce voyage au fil des pages. C’était la première fois que je lisais un roman de Que Mai Nguyen Phan et je pense que pour me faire un avis plus concret, je lirai le prochain.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Pour que chantent les montagnes

****



En 2017, sur la tombe de sa grand-mère, Huong brûle une à une les pages du roman qu’elle vient d’achever. La fumée emportera avec l’histoire de sa famille. Au cœur d’un Vietnam touché par la haine, la violence, la guerre et la famine, Diêu Lan a grandi, pleuré, élevé ses enfants, perdu des proches… Mais elle a su puiser en elle la force et le courage pour rester debout…



C’est avec plaisir que j’ai découvert un des titres que les éditions Charleston mettent sur les rayons de nos bibliothèques en cette rentrée littéraire.

Pour que chantent les montagnes est une ode au Vietnam, à la famille, au courage. C’est aux côtés de la famille de Huong qu’on entreprend un voyage au cœur d’un pays en proie à de nombreuses violences.



L’écriture de Nguyen Phan Que Mai est fluide, travaillée, remplie de détails. A la poésie et à la douceur de ses mots, on ne peut qu’être touché par l’histoire de cette famille.

Avec subtilité et adresse, l’auteur alterne les époques, les personnages et donne ainsi du rythme au récit.



A la violence de la guerre, s’ajoute la misère d’un pays meurtri et divisé. Des villages entiers se laissent aller à la haine, à l’envie, au lynchage. La sagesse a disparu. La générosité et le partage aussi… Mais l’espoir est toujours là. Celui d’un avenir plus clément, d’une vie plus sereine. La flamme des anciens veillent…



Nguyen Phan Que Mai nous offre un roman au ton juste, le récit émouvant de femmes qui se relèvent, qui font face aux obstacles et qui acceptent leur destin…
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Pour que chantent les montagnes

Ce livre me pose bien des questions !



En premier lieu, sur la raison de ma lassitude de lectrice face à une accumulation de tragédies familiales qui, bien que malheureusement réelles, décrédibilisent la trame narrative.



J'ai très vite eu l'impression de lire un livre désuet, par l'écriture comme par la structure de temporalités alternées.



Cette saga familiale essentiellement féminine se concentre sur des personnalités combatives et résilientes. le lecteur se doit de ressentir de la compassion et de l'admiration. Mais le procédé fonctionne à l'envers, le mélodrame devient cliché et les événements prévisibles.



Ajoutez à cet écueil la pauvreté de la documentation géopolitique. Au point où je peine sur le roman, ont été juste légèrement évoqués la grande famine, la réforme agraire et la piste Hô Chi Minh. La focale reste étroitement fixée sur les personnages familiaux sans les inclure plus largement dans la société vietnamienne.



J'ai eu l'impression de lire un roman de littérature jeunesse, monotone dans la dramaturgie, lourdement chargé émotionnellement et parfaitement manichéen. L'écriture ne sauve pas un livre qui ne crée aucune image sensorielle du Viet Nam.



Abandon à mi-parcours …

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Pour que chantent les montagnes

Diêu Lan et sa petite-fille Huong vivent à Hanoï au Vietnam au début des années 1970. C’est la guerre et les bombardements américains sont fréquents et terrifiantes. Elles se réfugient à la campagne.



Ce point de départ ouvre le récit qui court des années 1930 jusqu’au début du XXIème siècle. Au long de ces soixante-dix ans et au prix de quelques flashbacks, la vie de la famille de Diêu Lan et de Huong se déroule en miroir tragique de l’histoire de leur pays. Séparations, précarité extrême et deuils rythment le quotidien de ses membres ballotés par des destins souvent dramatiques.



Au travers des personnages du roman, le lecteur éprouve une vive empathie pour tout un peuple qui a subi les affres de la colonisation française, de l’occupation japonaise, de la guerre française puis américaine, et enfin, de la guerre civile entre les deux Vietnam qui ne prend fin qu’avec la chute de Saïgon en 1975.



Comme si ce n’était pas suffisant, les errements liés à la réforme agraire voulue par le pouvoir communiste ont apporté leur lot de malheurs : expropriations, humiliations, injustices et exécutions sommaires qui forment un douloureux parallèle avec la « Révolution Culturelle » lancée dans la Chine voisine par Mao Tse Toung.



Seul l’amour entre les membres de la famille et la grande solidarité qui unit les individus apportent un peu de lumière dans ce très sombre tableau.



Au-delà de l’empathie, on ressent une grande admiration pour les membres de la famille de Diêu Lan qui parvient à se reconstituer après tant de déchirements. Par son exemple, c’est l’endurance et la résilience de tout le peuple vietnamien qui sont saluées par l’autrice. Elle appelle aussi à l’instauration d’une démocratie pluraliste dans le pays par la voix du mari de Diêu Lan, assassiné par les communistes.



NGUYEN PHAN QUE MAI a connu un très grand succès avec ce premier et magnifique roman traduit en 19 langues et a reçu de nombreux prix. Ce n’est que justice.

Un autre roman de l’autrice « Là où fleurissent les cendres » est paru aux @editionscharleston en janvier 2024.


Lien : https://www.caloukili.fr/
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Pour que chantent les montagnes

Goyave est une jeune fille qui survit durant la guerre du Vietnam grâce à sa grand-mère avec qui elle vit. Celle-ci, ancienne enseignante, se débrouille de trafics pour la nourrir et vivre. Peu à peu, c'est le quotidien de ce couple puis des membres de la famille: mère de Voyage, oncle, qui reviennent et doivent continuer leur chemin, meurtris dans leur corps et dans leur âme.

Malheureusement, me voilà en panne de plaisir dans la lecture. 4e roman que j'abandonne d'affilée... un record qui ne devrait pas être. Et avec en plus un roman très apprécié des Babelionautes. Je n'ai pas réussi à m'accrocher, la longueur des chapitres n'a pas réussi à me motiver à poursuivre et à m'investir pleinement dans cette lecture, pourtant pas particulièrement difficile.. Vivement les prochaines vacances que j'ai le temps de lire sans avoir la tête déjà pleine de journées intenses, en espérant que la lecture redevienne un vrai plaisir et un moment de ressourcement





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Pour que chantent les montagnes

Somptueux et douloureux ou encore poignant et incroyable de résilience : essayer de décrire par quelques qualificatifs Pour que chantent les montagnes s'avère une mission impossible, eu égard au foisonnement et à la densité de l'ouvrage de Nguyễn Phan Quế Mai. Deux personnages féminins dominent cette saga familiale vietnamienne, qui; à l'instar d'un roman russe, a nécessité d'y inclure un arbre généalogique. Des années 50 à l'époque récente, le livre narre l'histoire déchirante d'un pays qui a combattu contre les Français, les Japonais, les Américains, sans oublier la guerre civile entre le Nord et le Sud. D'autres épisodes terribles, nettement moins connus, sont également contés : la Grande Famine puis la réforme agraire, laquelle n'a rien eu à envier en férocité à la révolution culturelle chinoise. Cette histoire agitée et atroce, l'autrice nous la rend palpable à travers le destin des membres d'une famille unie mais séparée par les événements. Nguyễn Phan Quế Mai choisi de ne pas suivre la chronologie mais de passer sans cesse d'une période à une autre, confiant le récit à deux héroïnes : une grand-mère et sa petite fille, au gré des souvenirs de l'une et des découvertes de l'autre, dans le chaos de la deuxième partie du 20ème siècle. La narration peut désorienter mais elle fait parfaitement prendre conscience du désordre des existences, face à l'horreur de la guerre, et de l'importance de la transmission. Pour que chantent les montagnes est remplie de scènes inoubliables, décrites dans un style faussement simple, jamais mièvre et sachant contenir l'émotion pour ne pas tomber dans le pathos. S'y ajoute un sens aigu du suspense, dans le sens où le parcours de chacun des personnages, à travers les tempêtes qu'ils traversent, se dévoile peu à peu, entre exodes, séparations et retrouvailles. Un grand livre, au romanesque éblouissant, nourri des témoignages des proches de l'écrivaine, qui dit beaucoup sur les différentes facettes de l'être humain en temps difficiles, de sa cruauté immense comme de sa générosité. Le prochain roman de Nguyễn Phan Quế Mai, Dust Child, paraîtra en mars prochain en langue anglaise. Les lecteurs français attendent sa traduction avec déjà une grande impatience.
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Pour que chantent les montagnes

Pour que chantent les montagnes

Un beau roman, une belle romance, chargée d’émotions de la part de l’auteure, qui restitue, sous une forme romancée, des vies, toutes des vies qui ont traversé le Vietnam, de l’Indochine colonisée au Vietnam de presque aujourd’hui, en passant par la guerre contre les Américains, la communisation, la réunification et encore la mise sous la coupe communiste. Ciel, quelle histoire et quel « bien » cela fait d’une écrivaine vietnamienne nous la rappelle ou nous la restitue. Quelle histoire, entre la guerre de décolonisation (entre 1946 et 1954, contre les Français) (ça pour le coup elle n’en parle pas trop), la communisation donc et surtout surtout les bombardements américains, le napalm, l’agent orange, les massacres sur les villages de civils, et puis le retour à la paix. ? retour ? Paix ? pour qui ? pour quoi ? mutilés ? amputés ? répudiés ? excommuniés ? Ce roman, tout roman qu’il est, et il a des défauts dont je parle ensuite, a la pudeur et le courage, l’honnêteté, la sincérité, de raconter, sur des histoires vraies, l’horreur absolue, le drame irréparable, de ce qu’est la guerre. Une guerre. La guerre. A travers l’histoire de Goyave et de sa grand-mère, parfois il est vrai c’est un peu compliqué de s’y retrouver, mais on y arrive, et ce n’est pas si important, l’auteure nous raconte une histoire universelle et pourtant ancrée dans une géographie précise. C’est ce que j’ai apprécié.



Alors certes, parfois, j’ai fatigué sur des pages un peu longues, des dialogues étirés, explicités, alors que l’activité intellectuelle du lecteur aurait pu suffire.

Je venais de lire Le Chagrin de la Guerre. Plus âpre, plus violent, moins dans la romance. Mais, les deux lectures se sont complétées. En tout cas, je pense qu’il est nécessaire de rappeler ce conflit absolument atroce, absolument inhumain et tragiquement mis dans les oubliettes des horreurs que des humains sont capables de commettre et du coup ils remettent ça un peu partout.

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Là où fleurissent les cendres

Après le somptueux Pour que chantent les montagnes, Nguyen Phan Qué Mai est loin d'en avoir fini avec l'histoire tumultueuse de son pays d'origine. Et la guerre au Vietnam n'est pas terminée, plus de 50 ans après, pour les combattants américains survivants et surtout pour les habitants du Vietnam qui l'ont vécue dans leur chair, sans oublier les enfants métissés, ces Amérasiens qui vivent l'ostracisme et le mépris depuis leur naissance. L'autrice avait du grain à moudre et une documentation importante, parfois des témoignages directs, à sa disposition. Restait à y joindre un souffle romanesque et, sur cet aspect-là, la romancière ne manque pas d'inspiration, loin s'en faut, comme le montre Là où fleurissent les cendres, bâti avec beaucoup de virtuosité autour de plusieurs personnages forts, chacun emblématique d'une situation douloureuse (la jeune femme qui fréquente les bars à soldats en 1969 et que son amant abandonne, le militaire américain qui revient sur ses traces, bien des années plus tard, après avoir abandonné la mère de son enfant, l'Amérasien qui cherche désespérément son géniteur). Nguyen Phan Qué Mai joue parfaitement avec les temporalités, scrute les dilemmes moraux et maîtrise les rebondissements, jusqu'au dénouement. Avec une, ou plutôt des histoires pareilles, le livre est évidemment souvent bouleversant mais il dépasse parfois la limite (impression évidemment subjective), dans la recherche de l'émotion à tout prix, qui signifie parfois se départir d'une certaine pudeur. Chagrin, pardon, regrets, résistance : les ingrédients du roman sont suffisamment puissants et les faits poignants pour ne pas nécessiter un degré de plus vers un sentimentalisme trop prononcé.
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Pour que chantent les montagnes

En novembre 1972, au commencement du récit de Huong (surnommée « Goyave ») âgée de douze ans, la guerre du Vietnam fait rage. Ses deux parents étant sur le front, Huong a été confiée aux bons soins de sa grand-mère. Sa mère (médecin) est partie à la recherche de son mari, disparu depuis quatre ans. Huong et sa grand-mère (Dieu Lan) vont fuir Hà Nôi, bombardée par les américains, pour un village (Hoa Binh) plus à l’écart des combats. Pour cela, il leur faudra entreprendre une (longue) marche de quarante et un kilomètres …



Huong va se plonger dans les souvenirs de sa grand-mère – qui va lui raconter sa propre enfance (une grand-mère née dans une famille riche, qui connaitra la misère et le deuil, au cours de la seconde guerre mondiale …) Puis celle de sa propre mère et de ses oncles. Des souvenirs qui débuteront en 1930 (à l’époque où le pays s’appelait encore Indochine, sous occupation française) et se mêleront à ceux – non moins douloureux – de l’adolescente. Huong aura sa part de souffrance, qu’elle tentera – tant bien que mal – d’exorciser, grâce à son immense passion pour la littérature. Les narratrices de cette émouvante odyssée sont – tour à tour – nos deux héroïnes. Une intrigue – dense et dramatique – étalée sur une bonne cinquantaine d’années …



C’est durant la seconde décennie du XXIème siècle que s’écrira enfin (sous la fine plume de Huong) ce bouleversant témoignage. Un très bel hommage rendu par l’auteure, à tout son peuple et à sa famille, qui ont dû subir les pires horreurs et se sont néanmoins dignement et courageusement relevés depuis lors.
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Pour que chantent les montagnes

Bien sûr, nous connaissons tous une part de l'histoire du Viêt Nam, mais plutôt du côté américain, voire français avec l'Indochine.



Là ? C'est une vietnamienne qui raconte l'histoire de sa famille pendant le 20ème siècle, et les différentes guerres qui ont décimé la population, dont une partie de sa famille.



Au travers du parcours de la grand-mère, retranscrit par sa petite fille Huong, les destins s’entremêlent, le tout parcouru par les adages vietnamiens, de la poésie et une atmosphère sans pareil !



C'est prenant, émouvant, passionnant, et un constat, nous qui vivons encore des guerres de nos jours au 21ème siècle, c'est nos dirigeants qu'il faudrait dégager, car les peuples souhaitent toujours vivre en paix...Quelle que soit l'époque ou l'endroit...



J'ai adoré ce livre, et découvrir la vision d'un Viêt Nam vu de l'intérieur, c'était magique.
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Pour que chantent les montagnes

Ce roman nous décrit le Vietnam, pays martyre, du point de vue du Vietnam du nord. C’est pour moi une grande découverte, car j’ai déjà beaucoup lu sur le Vietnam du Sud et l’exode des Boat-People mais pas du tout sur le Vietnam du Nord. L’auteure se sert de l’histoire de sa famille et cela lui donne une base pour une grand fresque historique. La famille Tran est propriétaire d’un grand domaine qu’elle cultive grâce à des paysans qui leur sont très attachés.



Le roman suit plusieurs chronologies, celle de la grand-mère Diêu Lan qui élève sa petite fille Huro’ng, grâce à elle nous revivrons la présence des Français dont les Vietnamiens espèrent bien voir le départ. Hélas, les Japonais vont les remplacer et imposer aux paysans des cultures qui suppriment les traditionnelles cultures vivrières, une terrible famine va en résulter. L’auteure sait parfaitement rendre ce que représente la recherche de nourriture pour un peuple que l’on empêche de cultiver ce qui pourrait éviter à ses habitants de mourir de faim.



Le destin de cette grand-mère est incroyable, elle aurait dû mourir tant de fois : comme fille de propriétaire ennemi du peuple condamnée par les communistes, comme femme se débrouillant seule se heurtant à des brigands, comme mère de six enfants qui doit faire 600 kilomètres à pied pour sauver sa vie et celle de ses petits. Cette traversée du pays est inimaginable, on a vraiment une impression d’une hallucination au milieu de dangers mortels qui s’attaquent à elle et à sa volonté de survivre.



Ses enfants partiront à la guerre pour la réunification du pays, ils reviendront détruits moralement pour la mère de Huro’ng, sans ses deux jambes pour Dat, son fils Tuan est mort, un autre est revenu mais complètement asservi au parti communiste au grand désespoir de sa mère qui a gardé en toute occasion son esprit critique.



Nous suivons aussi le parcours de sa petite fille qui veut retrouver sa mère et son père, celui-ci ne reviendra pas et sa mère restera mutique et brisée jusqu’à ce que sa fille comprenne son drame. Nous la suivrons dans son parcours scolaire et dans son histoire d’amour. donnant lieu un rebondissement un peu trop étonnant (pour moi)



L’auteur utilise souvent le biais de lettres ou de journal intime pour nous donner le récit de différents personnages, par exemple le fils aîné qui a fui les communistes qui ont assassiné son oncle devant ses yeux, dans une grand lettre, il fera comprendre à sa famille ce qu’il a vécu. Le journal intime de la mère de Huro’ng qui lui permettra de casser la mutisme de sa mère.



En lisant ce livre, on se rend compte que ce qui a permis aux Vietnamiens de garder une unité morale, c’est la force des liens familiaux, peut-être aussi le culte des morts qui fait que l’on n’oublie pas ceux du passé. Ce lien très fort avec la famille élargie permet de résister aux assauts de la violence mais aussi à l’idéologie communiste. En tout cas c’est le cas de cette famille.



Ensuite, l’auteure a un véritable talent pour nous conduire à travers les différents épisodes du Vietnam et faire comprendre les retombées sur les populations. Il y a peut être un aspect trop « romanesque » dans cette fresque, je pense en particulier à une histoire de bijou perdu et retrouver de façon si miraculeuse pour la jeune fille, mais à la lecture je n’ai pas du tout eu l’impression que c’était trop romanesque, j’ai dévoré tous les épisodes et j’ai tellement admiré cette grand-mère capable de tous les efforts pour que les siens vivent correctement, même faire du marché noir au grand scandale de son fils devenu un membre du parti mais qui accepte quand même ses plats cuisinés avec tant d’amour.







Il me reste une question, ce livre est écrit en anglais, cette auteure vit-elle toujours au Vietnam et son livre est-il traduit en vietnamien ? C’est une telle critique du régime communiste que cela m’étonnerait mais cela me ferait aussi un grand plaisir.




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Là où fleurissent les cendres

Si j’avais adoré Pour que chantent les montagnes, le précédent roman de l’autrice, j’ai eu un coup de cœur pour Là où fleurissent les cendres. Rien qu’en admirant la sublime couverture du roman, je savais que celui-ci me charmerait. Et je ne m’étais pas trompée.



Deux époques, 1969 et 2016. Trois personnages dont nous avons successivement le point de vue, Trang, Phong et Dan. En 1969, nous faisons connaissance avec Trang alors que la guerre entre le Vietnam du Sud et le Vietnam du Nord fait rage. La famille de la jeune fille peine à s’en sortir alors pour gagner de l’argent, elle part avec sa sœur à Saigon. En 2016, nous découvrons Phong, un Amérisien qui tente de retrouver ses origines pour émigrer aux Etats-Unis avec sa famille ; et Dan, un vétéran du Vietnam, qui remet pour la première fois les pieds dans le pays. En compagnie de sa femme, ce séjour est comme une thérapie de la dernière chance pour que le vétéran apprenne à vivre avec ses traumatismes de guerre.



Les personnages sont magnifiquement construits par l’autrice, elle rentre dans le détail de leurs pensées intimes. J’ai souffert, pleuré et vibré à leurs côtés. J’ai ressenti énormément de peine pour Trang et sa sœur. La réalité à Saigon est bien loin de ce qu’elles avaient imaginé et se retrouvent à bafouer leurs croyances et leurs valeurs pour gagner quelques sous à envoyer à leurs parents. L’histoire de Phong est elle aussi très touchante. A travers ce personnage, l’autrice met en lumière le traitement terrible qu’ont connu les enfants métis, nés d’une mère vietnamienne et d’un père américain. Enfants de la honte, ces derniers sont mis au ban de la société et deviennent souvent des « poussières de vie ». Enfin, le parcours de Dan est également riche en émotions. 40 ans après la fin de la guerre, c’est comme si une partie de lui y était toujours tant l’horreur est encore en lui.



C’est un roman bouleversant, je ne peux que féliciter Nguyên Phan Quê Mai pour le travail exceptionnel de recherches qu’elle a fait pour l’écrire, mais aussi pour ses mots, à la fois beaux et durs, qui nous apprend l’Histoire. Sa plume m’a profondément touchée et j’ai été émue tout au long de ma lecture. J’ai eu l’immense chance de visiter le Vietnam en octobre dernier alors cette lecture a résonné avec tout ce que j’ai pu apprendre sur l’histoire du pays lorsque j’y étais. Ce roman est un magnifique hommage à ce pays magnifique. Un coup de cœur, qui restera longtemps gravé en moi !

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