Pour la dernière de la saison, le Meilleur des mondes enfile son jean taille basse et branche son MP3 pour vous emmener faire un tour dans "l'adolescence du web", ces années 2000 qui éveillent chez beaucoup d'internautes une forme de nostalgie. En quoi Skyblog est-il symptomatique de ce web 2.0 ?
François Saltiel s'entretient avec :
Guillaume Sire, maître de conférences en science de l'information à l'université de Toulouse Capitole, romancier
Pauline Ferrari, journaliste indépendante
"Le Meilleur des mondes", c'est notre émission hebdo sur le numérique et sa place dans la société, à l'antenne tous les vendredis de 21h à 22h, et désormais en version augmentée sur Twitch ! On vous attend sur la chaîne de 20h30 à 23h pour poser vos questions, discuter avec l'équipe et partager vos idées en direct. Suivez-nous !
#twitch #replay #nostalgie
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On entend de toute part que les jeunes hommes feraient face à une crise de la masculinité, perdus face à un féminisme moralisateur, qu'on ne leur apprendrait plus à être des hommes. Parallèlement, j'ai pu constater que les théories les plus violentes, qui se limitaient il y a dix ans aux forums les plus obscurs, sont désormais connues par un grand nombre d'ados. En ligne, ils sont confrontés à des contenus violents, renforçant les stéréotypes de genre et faisant la promotion de relations toxiques. Et hors ligne, ces théories et conceptions se répandent comme des vérités incontestables. Nos adolescents sont formés à la haine des femmes.
Si vous êtes parents ou que vous travaillez en compagnie de jeunes, vous pensez peut-être que ce livre ne les concerne pas. « Ils ne sont pas comme ça> vous dites-vous sans doute. Mais tous les misogynes n'en ont pas l'air, et tous les hommes qui détestent les femmes ne le crient pas sur les toits. Alors certes, tous les hommes ne sont pas des masculinistes, mais tous les masculinistes sont des hommes qui ne veulent pas perdre leur pouvoir sur les femmes. (20)
Cette supposée "crise de la masculinité" est aussi vieille que la notion de masculinité elle-même, mais est surtout très utile pour rallier les plus jeunes. [...] Les hommes ont toujours vus leur masculinité remise en question par les évolutions technologiques et industrielles, par les changements sociopolitiques de leur époque, et notamment par l'avancée des droits des femmes et des minorités. Déjà au XVIème siècle, certains d'entre eux voyaient dans la mode féminine perçue comme "trop masculine" une menace à leur propre identité; de même que l'industrialisation de la fin du XIXème siècle remettait en question la virilité masculine et la prétendue perte de leur force physique face aux machines...
À cela s'ajoute une peur grandissante dans le camp masculinite: la baisse de testostérone et de la qualité du sperme chez les hommes cisgenres au fil des siècles. Car, c'est bien connu, un homme sans testostérone ni spermatozoïde, ce n'est pas vraiment un homme... Si les études se contredisent parfois, il y aurait effectivement une baisse globale de la concentration moyenne de gamètes dans le sperme des hommes depuis plusieurs décennies. La faute aux féministes et aux hormones féminines dans notre environnement? Pas vraiment, mais plutôt aux polluants et aux perturbateurs endocriniens de toute sorte.
Selon la chercheuse Lisa Sugiura: " Voir la misogynie comme exclusive aux incels obscurcit la nature violente plus large de l'hétéropatriarcat et de la misogynie qui sont des expériences vécues par beaucoup de femmes. Les incels ne sont qu'une composante du mouvement de suprématie masculine plus large." Le masculinisme ne se limite pas aux tueries de masse: c'est une attaque quotidienne et répétée envers les femmes et leurs droits.
" Je ne sais pas pourquoi elles existent. Elles sont timides, bizarres, douces, passives dans leurs actes, émotionnelles, et n'ont aucune raison d'exister autre que pour la reproduction", peut-on lire sur un forum incel. Ailleurs sur ce même forum, un internaute relaie un article britannique indiquant qu' " un tiers des étudiants masculins disent qu'ils violeraient une femme s'il n'y avaient pas de conséquences".
Les notions de devoir et de mérite appliquées à la sexualité, c'est la version la plus extrême d'une idéologie masculiniste qui considère plus largement que la plupart des choses sont dues aux hommes, cisgenres, hétérosexuels et souvent blancs.
Leur vision du monde, basée sur le complot, la vérité cachée par les puissants, le mérite et le devoir, justifierait leur volonté de "justice" et de "rétribution".
Mais tous les misogynes n'en ont pas l'air, et tous les hommes qui détestent les femmes ne le crient pas sur tous les toits. Alors certes, tous les hommes ne sont pas masculinistes, mais tous les masculinistes sont des hommes qui ne veulent pas perdre leur pouvoir sur les femmes.
Mais ce que je sais, c'est qu'on ne naît pas homme, on le devient: la masculinité et l'identité masculines ne sont pas innées, elles s'acquièrent par la sociabilisation.
Au Canada,l'organisation Next Gen Men qui travaille sur la masculinité positive, a créé un Discord Accessible aux garçons de 12 à 15 ans pour pouvoir se soutenir et partager leurs expériences, accompagnés de modérateur spécialistes de la santé mentale.