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Citations de Marion Brunet (479)


Il y a cette règle immuable, je crois, cette règle maritime que je fais mienne et que mes amis semblent valider : ce qui se passe en mer reste en mer.
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« Même avec nous, ça me soûle en fait qu'il soit là.
- Il est sympa.
- Ouais, c'est ça le problème. Vous le trouvez sympa, ce con. Mais c'est pas une raison. Depuis quand c'est un critère ? La cour du lycée est remplie de mecs sympas. C'est pas pour autant qu'on est potes avec eux. »
Je suis restée un peu conne, sans trop comprendre.
(p. 60)
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Il aurait aimé leur parler d'elle, mais il s'est senti con, il a pas osé. Peut-être aussi qu'il voulait la garder pour lui, au chaud dans sa tête et sous sa peau, comme un secret.
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Noé vit au cabanon depuis qu’il est né, c’est sa maison. Certains disent à Vanda qu’elle devrait partir. Qu’elle et Noé pourraient peut-être emménager dans un appartement du centre, avec de la hauteur et la lumière qui inonde les tomettes, des rideaux aux fenêtres, et une chambre chacun pour soi. Une machine à laver aussi, ce serait pratique. Là elle doit se cacher au boulot pour laver leur linge dans la buanderie collective. Vanda secoue toujours la tête, elle dit non, chez nous c’est ici, et puis il y a la mer. Parfois elle y pense tout de même, quand il fait froid malgré les poêles à fioul et que le gamin fait ses devoirs avec son anorak, ou si elle rentre avec un type. Toute façon j’ai pas les moyens, elle dit. Ça coûte moins cher qu’un deux-pièces au centre-ville. Et puis il y a la mer.
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Au grand jeu de la vie, lui non plus n'a pas écrit les règles. Le problème, c'est qu'il pensait le contraire.
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Mais au fond de son sac, personne ne sait qu'elle trimballe toujours un tee-shirt sale de Noé. Un qui porte son odeur, dans lequel elle enfonce son visage quand le monde devient trop menaçant.
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Mais au fond il a raison et ce mélange de quantités négligeables prêtes à gueuler dans la rue le rappellent : ils ont un nom, un métier, une éthique, ils sont légion malgré le silence assourdissant d’un pouvoir de plus en plus inique.
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- Ça a dû être horrible, d'être rejetée par ta mère.
Maman est venue s'asseoir à table, en face de nous. Elle a posé sa tasse devant elle, lentement. Je la sentais pleine de lassitude.
- C'est vrai. Au début ça m'a fait souffrir.
- Et maintenant ? Tu t'en fous ?
- On devient plus fort avec le temps. Quand on a une vie différente, on prend ces risques-là : rejets, ruptures, critiques. On peut regretter, se cacher dans un trou. Ou alors on décide d'être bien, on se bat et on mène la vie qu'on veut, la vie comme on l'aime.
Maman, sans avoir besoin de sourire, nous a englobés tous les deux [ses enfants] dans son grand regard d'amour.
- Ma vie avec Maline et vous, c'est la vie que j'ai choisie. Tant pis si je ne vois plus ma mère, je ne regrette rien.
(p. 119-120)
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Il faut que je vous dise...
Raconter ma sœur ne suffit pas.
 Me raconter non plus. 
J’aimerais annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux.

Je ne suis qu’un morceau du gâteau, même pas la cerise.
Je suis un bout du tout, un quart de ma famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l’enfance, et mes racines, même coupées.
Je ne suis pas le héros de cette histoire – parce que nous sommes quatre.
Étroitement mêlés, même quand on l’ignore, même quand on s’ignore.
J’imagine que c’est pareil pour tout le monde : que c’est ça, une famille.
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Sam faisait des blagues, il était celui qui fait rire. Dans un groupe, une fois que les rôles sont assignés, c'est compliqué de faire bouger les lignes, les perceptions. Alors voilà, Sam était lunaire et drôle. Souvent à l'affût de l'effet de ses vannes sur Clarence, qui restait notre référence, lumineux et tout-puissant.
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La bizarrerie a ses avantages. À force de faire semblant de ne pas la voir pour éviter son regard, les gens finissent par oublier qu’elle est là. Ça autorise certaines excentricités, et il lui arrive d’en abuser, histoire d’entretenir cette licence de petite folie, cet écran de trouble entre elle et les autres.
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Nous sommes entre deux murs de mer grise. J’ai l’image d’un étau, soudain, et du bateau noyé dans le ventre d’une lame immense, happé par deux mouvements contradictoires.
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On va pas non plus mettre les fous au centre-ville, faut pas déconner. Deux-trois idéalistes ont tenté le coup mais l’époque est à la régression.
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Les ouvriers agricoles sont déjà là, assis çà et là aux abords du mas. Ils fument, discutent un peu avant le travail. Une dizaine, en débardeur, surtout des habitués, jeunes ou moins jeunes. Quelques femmes, toutes arabes, dont Kadija. Deux étudiants, pas plus. Le vieux a toujours privilégié les professionnels. Il n'a pas l'âme d'un tuteur, et puis ça l'emmerde, les gamins qui font ça en dilettante. Ceux-là ne peuvent pas comprendre les fonctionnements d'une équipe ; ils s'adaptent, mais n'en saisissent pas la complexe harmonie, les nécessaires enjeux de pouvoir. Du genre à le regarder de travers quand il passe un savon à un type de soixante berges un peu lambin ou qu'il vérifie les poches des Gitans lorsqu'un outil manque. Qu'ils retournent à leurs amphis et qu'ils grattent des bourses pour payer leurs studios. Hors de question que ses récoltes soient l'espace d'expérimentation exotique de petits merdeux d'intellectuels. Il préfère encore les Arabes et les Gitans. On se comprend mieux, même dans la haine.
(p. 90-91)
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- [...] J'ai cru que je pouvais faire confiance à ce connard [d'instituteur]. J'ai tout balancé. J'ai expliqué que ma mère se faisait défoncer la gueule tous les jours, et que pour mes frères et moi c'était à peine moins souvent, et que si on y échappait, c'était souvent parce que ma mère s'était interposée pour prendre les gnons à notre place. Parce que le paternel, c'était deux gros poings au bout d'une machine à pas réfléchir. Il avait tellement de rage et tellement pas d'éducation qu'il pouvait pas faire autrement. Il savait rien de rien, mon père. Sauf qu'il avait tout donné pour qu'on quitte l'Italie, tout. Et la misère qu'il trouvait en France, c'était la même, exactement la même, que celle qu'on avait quittée. Bref, cet instit'... Bon, il a sûrement fait ce qu'il a pu, mais... il a convoqué la mère, direct. Elle captait rien, ma mère, elle parlait même pas un italien correct, elle baragouinait un patois vénitien. [...]
Ma mère, quand elle a su pour la convocation, elle a mis sa plus belle robe et elle est allée au rendez-vous en me jetant des regards furieux sur le trajet de l'école, et en me demandant quelle bêtise j'avais faite pour qu'elle soit convoquée comme ça. Et quand le maître a commencé à parler des violences... comment t'expliquer ? J'ai vu tellement de terreur sur son visage, et tellement d'incompréhension - on ne parle pas de ce qu'il se passe à la 'casa', surtout pas à un étranger, comment j'avais pu ? Alors j'ai eu peur. Et j'ai nié.
- Comment ça ?
- J'ai dit que j'avais menti. Que j'avais tout inventé, pour me faire remarquer, pour faire comme mon copain.
- Mais il t'a cru ?
- Oui. C'est ça le plus fou, et le plus triste, dans cette histoire. Il a pas vu les cernes de ma mère, son regard coupable, son silence coupable. C'est comme s'il était soulagé de m'entendre dire ça. Il m'a hurlé dessus, m'a traité de menteur, et il a continué de le faire durant toute l'année... devant les autres élèves. C'était mort : j'étais un menteur. Je suis plus vieux [que toi] tu sais, à l'époque, passer pour un menteur, c'était vraiment la honte.
- Et ta mère ?
- Ma mère, elle a rien dit jusqu'à la maison. Et puis avant d'entrer, elle m'a retenu par le bras et m'a glissé 'Grazie per tuo padre', merci pour ton père. Voilà. C'est tout ce qu'elle a dit. Et elle a continué à prendre des coups, et à serrer les dents. Sans pleurer. Parce que chez moi, c'est pas juste les hommes qui pleurent pas, tu vois. C'est tout le monde.
(p. 83-84)
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Le gars s'approche, embrasse Jeanne, Alison, Lucie, serre la paluche de Tonio et s'affale sur une chaise en interpellant le serveur. [...] Le genre de mec qui prend les décisions et que tout le monde écoute, même s'il milite pour la disparition des chefs.
(p. 20)
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- Ca a pas l'air de les déranger, les caméras, constate Jules en regardant les étudiants entrer et sortir en grappes.
- Quand tu penses qu'on parle de privatiser la fac et que personne n'en a rien à foutre ...
- Non, je crois pas qu'ils s'en foutent. C'est juste qu'ils ont d'autres priorités.

Eux, les autres. Comme une nouvelle frontière impénétrable. Ils éprouvent la marge avec une certaine jubilation, mêlée à du regret. Marc dirait sans doute : Les barricades n'ont que deux côtés, mais Marc manque de nuances. Sa rage est pure, totale, en accord avec ses idées, et celui qui ne pense pas comme lui devient vite un ennemi de classe,. Un ennemi à combattre, un collabo. C'est ce qui lui donne de la force.
Jeanne, elle, se sent parfois coupée en deux, entre les convictions qui l'animent, l'exaltent
- et le doute, porteur d'immobilisme.
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Dans ses choix d'amitié, Séverine a gardé cette cruauté d'adolescence, ce besoin de s'entourer de gens dont la valeur rejaillit sur elle.
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L’enfant caresse l’entrelacs de cheveux au cou de sa mère, colle son nez à la peau brune, pile poil sur le coquelicot sous l’oreille. Le cœur de Noé tremble jusqu’aux prémices d’un sanglot mais la peur est trop grave pour libérer de nouvelles larmes.
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Quand elle [l'assistante sociale] s'en va, que la porte se referme sur elle et son insupportable sérénité, ils se retrouvent tous les quatre, et c'est la première fois depuis longtemps. Séverine ne décolère pas - ça repousse le malaise et le moment de parler de la suite. Et puis ça resserre les liens, un ennemi commun. Même Jo qui rêve de s'enfuir ne supporte pas que d'autres qu'elle critiquent sa famille. Elle seule a le droit de les trouver cons comme des huîtres, brutaux ou à côté de la plaque. D'ailleurs elle n'a jamais voulu changer de famille, juste ne plus en avoir, et surtout ne rien leur devoir. Mais qu'une inconnue vienne mettre son nez chez eux, ça ne lui convient pas. Ils n'ont besoin de rien, ni de personne.
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