AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marion Brunet (479)


Manuel lève la tête et tend son regard vers les murs. Endetté jusqu’au cou mais propriétaire de sa maison en carton-pâte, de sa maison au crépi rose dans le lotissement social construit par une mairie vaguement socialiste, dans les années 80. Seulement il doit encore tellement de fric à son beau-père que c’est pas vraiment comme si elle était à lui. C’est plutôt comme si elle était à sa femme, la maison. Quant il y pense un peu trop, il a l’impression qu’on lui a coupé les couilles à la faucille. Et maintenant sa fille [enceinte à 16 ans], comme s’il était incapable de la surveiller. Au grand jeu de la vie, lui non plus n’a pas écrit les règles. Le problème, c’est qu’il pensait le contraire.

Page 29, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          632
Le Patrick essayait de faire danser sa femme qui braillait en rigolant qu’elle n’avait pas envie et qu’il était déjà trop saoul. Ils avaient l’air amoureux, on ne voyait presque plus qu’il lui avait explosé la gueule une semaine plus tôt.

Page 13, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          510
Céline à toujours aimé ça, reine de la fête, adulée des garçons – toutes bandes confondues. Même quand elle était plus jeune, il y avait des coins d’ombre où se laisser glisser contre le corps d’un petit ami, jouer à ne pas aller plus loin mais s’arrêter tout au bord. Eux rêvaient de ses doigts aux ongles roses sur leur petit pénis dressé ; elle serrait amoureusement de grosses peluches gagnées à la carabine en espérant des mots d’amour. Et s’il fallait se laisser tâter maladroitement les seins pour obtenir de pauvres Je t’aime balbutiants et autres dérivés sans imagination, elle était prête.

Page 14, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          490
Les filles avaient des atouts, comme au tarot, et on aurait pu croire que si elles jouaient les bonnes cartes au moment adéquat, il y avait moyen de gagner la partie. Mais aucune d’elles – ni Jo ni sa sœur Céline – n’ont jamais gagné aucune partie. C’était mort au départ, atout ou appât, elles pouvaient s’asseoir sur l’idée même du jeu, vu qu’elles n’avaient pas écrit les règles.

Page 9, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          460
Chez eux, se souvient Johanna, une main au cul c’était un truc sympa, une façon d’apprécier la chose, de dire « t’as de l’avenir » – à mi-chemin entre une caresse et une tape sur la croupe d’une jument.

Page 9, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          451
Il en jouit, de sa solitude supérieure, c’est sa came. Et puis elle est belle cette fille enceinte sortie d’on ne sait où. Pas le genre de la maison, c’est sûr, et ça, ça l’excite drôlement, le fils de bonne famille. Et comme son intelligence lui offre l’élégance d’un cynisme vaguement désespéré, il s’autorise à pensé que oui, ce serait amusant de la sauter, avec son gros ventre et sa vulgarité qui affleure sous chaque éclat de rire. Ce serait beau, décadent, nouveau. Il s’ennuie tellement.
– Mais quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Céline glousse et entame la troisième bière que lui tend Côme.
Il se sent deguelasse, et il trouve ça délicieux.

Page 183, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          430
Ici, tout ce qui sort un tant soit peu de l’ordinaire est commenté, décortiqué, devient sujet. Dans le viseur des langues de comptoir, prophétiques et avinées, pas d’expédient sauf l’habitude. Seule l’habitude peut rendre banal ce qui ne l’est pas.

Pas 87, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          410
… une réputation, ça te suit tellement fort que ça peut te transformer en ce que les autres veulent.
Commenter  J’apprécie          400
Ils se font tellement chier ici que toute émotion forte est bonne à prendre. S’ils frissonnent, c’est qu’ils ne sont pas morts.

Page 18, Albin Michel, 2018.
Commenter  J’apprécie          400
Noé se détend. Il s’en fout de ce que racontent les adultes, du moment que sa mère n’est ni triste ni en colère, et surtout pas à cause de lui. Il s’approche d’elle, tire sur son bras pour lui parler à l’oreille, colle ses deux mains autour de sa bouche et chuchote contre son oreille :
– Je t’aime.
Commenter  J’apprécie          382
Je voudrais caresser ses épaules, moi aussi, et ses hanches. Et qu'elle se taise!

Je désire Jenny jusqu'à la douleur et sa colère attise mon désir. On dirait qu'elle brûle avec ses pommettes rouges, ses cheveux humides à la racine et ses mains qui s'agitent quand elle parle.
Je préfère sa colère au mépris qui menace, dans son soupir épuisé.
Je suis trop con, obtus comme celui à qui je ne veux pas ressembler, condamné à voir surgir mon père au coeur de ma vie d'homme.
J'attrape Jenny un peu brusquement, la serre contre moi, et l'embrasse...
Commenter  J’apprécie          380
Jusqu’à vingt ans, même si elle n’en parle pas, Vanda vivait en Bretagne. Elle a connu le ciel changeant, le gris sublime des orages, des argentés en lisière, nuages liquides, toutes les nuances d’avant ou après la pluie. Et les chemins détrempés, la boule molle et collante, parce qu’elle vivait dans un village des terres, pas sur la côte. Le bleu d’ici la rassure, inaltéré et plein. Il éloigne le doute, empêche les destructions. En fait, ce bleu-là repousse la fin du monde.
Commenter  J’apprécie          360
Les gestes sont souvent plus bavards que les mots.
Commenter  J’apprécie          331
Tu es trop jeune pour les regrets, et trop âgée pour penser que tu as tout ton temps.
Commenter  J’apprécie          310
C'est un boulot. Mal payé et crevant, mais tellement central qu'elle ne voit pas comment ils pourraient se passer de ses services. Evidemment qu'elle rêve d'autre chose, parfois. Mais elle ne sait pas de quoi.
Commenter  J’apprécie          300
De l’enfance, Vanda garde un tas de souvenirs qu’elle ne raconte à personne. Elle est de ces gens dont on dirait qu’ils sont nés adultes, ici et maintenant, même immatures.
Commenter  J’apprécie          280
- Mon copain s'est fait embarquer aussi, glisse Lucie. C'était fou ! Je voulais pas le lâcher mais le flic m'a frappée pour le hisser dans le camion. J'ai pensé qu'il allait m'arrêter, mais non...
- Ah, mais ça c'est parce que t'es une fille.
- Hein ? Depuis quand ils arrêtent pas les filles ?
- Si, des fois ça arrive, évidemment. Mais moins souvent. Parce que les flics sont de gros sexistes : pour eux, t'es pas vraiment une militante qui sait ce qu'elle fait, t'es forcément une suiviste qui baise avec un gauchiste, point barre.
- C'est débile !
- A moins que t'aies le crâne rasé, look black-bloc, et que tu leur jettes des parpaings dans la gueule ! En gros, tu les inquiètes pas parce que t'existes pas. Tu captes ?
- C'est vachement rassurant comme analyse, ironise Jeanne.
- Attends mais pour eux, la guerre c'est la guerre : un truc de couillus. Quelques coups de matraque pour vous apprendre à rentrer chez vous, mais c'est juste préventif... l'idée, c'est que vous devriez rester à la maison pour nous préparer des pâtes, tu vois. Pour le retour des guerriers.
[...]
- Et ça t'amuse?
- Mais non, t'énerve pas... Jeanne, c'est ça ?
- Oui.
- C'est juste pour dire que ces bâtards sont débiles. Je connais des filles plus enragées que n'importe quel mec.
(p. 20-21)
Commenter  J’apprécie          260
On peut mourir au soleil comme partout, on peut souffrir sous le bleu, mais les gens auront toujours du mal à le croire.
Commenter  J’apprécie          250
Elle se méfiait des gens de religion, et méprisait leur obéissance, mais elle savait leur pouvoir de nuisance, leurs certitudes portées en vérité. Elle savait qu'il ne fallait pas négliger ça : penser avoir raison et vouloir donner au monde la forme de ses convictions. Ces gens-là pouvaient être dangereux, et se mettre en danger tout autant.
Commenter  J’apprécie          250
Si quelqu'un t'a fait du mal, assieds-toi au bord de la rivière,(…) un jour, tu verras passer son cadavre.
[Lao-Tseu]
Commenter  J’apprécie          250



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marion Brunet Voir plus

Quiz Voir plus

Frangine de Marion Brunet

Pourquoi Laura se fait-elle harceler au lycée?

Car sa mère est handicapée physiquement
Car son père sourd-muet
Car elle a deux mères
Car elle a deux pères

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thème : Frangine de Marion BrunetCréer un quiz sur cet auteur

{* *}