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Critiques de Marie Richeux (45)
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Sages femmes

Librairie Caractères – Issy-les-Moulineaux – Le 8 -12 septembre 2021



Immense coup de cœur… Inclassable !!



Au souvenir très enthousiaste de “Climats de France », lu en 2017… je me suis précipitée sur le dernier texte de Marie Richeux, texte aux thématiques très différentes, avec, toujours, un très beau style, élégant , empreint de poésie et de fluidité !



La narratrice, se trouve avec sa toute petite fille, Suzanne qui comme tous les petits enfants l’assaillent de questions, dont celle , récurrente, de connaître les « mamans » de tous les êtres vivants qu’elles rencontrent…le déclic de la narratrice pour se pencher sur « les Mamans » antérieures, de sa généalogie ! Ainsi, elle prend conscience que sa lignée fut une lignée de « filles-mères », de Mères –Courage, où les Hommes ont été les grands absents- manquants !



Je me sens bien perplexe de rendre compte de ce roman singulier, qui explose dans moult directions :



- L’auteure-narratrice et son vécu de la maternité, avec sa petite fille de 3 ans, Suzanne. Maternité qui l’éblouit, l’émerveille autant qu’elle la remplit d’angoisse- Vie et mort s’entremêlant sans cesse.



- -La subite conscience de la narratrice vis-à-vis de ses aïeules, ayant assumé seules leurs(s) maternité(s) avec ou non la reconnaissance des Pères. Une lignée de filles-mères qui va enclencher une curiosité et des recherches dans les archives hospitalières. Des descriptions savoureuses de notre « chercheuse » dans ces fameuses archives.

Cette recherche généalogique individuelle va finalement s’élargir et concerner toute cette population féminine rejetée des « filles-mères » dans ce 19e où les jeunes femmes de condition « humble » n’ont pas la vie facile si elles n’ont pas de « mari » !!



- Entre les histoires individuelles, collectives, et la mentalité rigide d’une époque, il y a les « travaux d’aiguille » qui ont permis à toutes ces femmes de subsister tant bien que mal !!



Ce titre m’a évoqué d’emblée une double signification : ces sages- femmes , qui accouchaient d’autres femmes, accompagnant les naissances et dans un même temps, toute cette communauté de jeunes femmes modestes, devant se débattre seules, qui, par la force des circonstances de la vie, possédaient une « sagesse innée », tant elles devaient porter « seules » l’opprobre sociale, dont ces naissances non-désirées , les mettant au ban de la société!



Le tissage de ces femmes est aussi fortement symbolique : le tissage de la Vie, des Vies… Un magnifique texte aussi complexe que les tissages artistiques de Sheila Hicks dont Marie Richeux nous parle avec force enthousiasme ![ ***artiste découverte grâce à ce roman ]



Comme les très anciennes courtes-pointes artistiquement brodées, retrouvées et « religieusement » conservées, ce roman- offre abondance de broderies, motifs dignes d’admiration et de réflexion sur les périodes passées et l’histoire des mentalités pesant sur les femmes !



Un grand livre de questions avec peu ou pas de réponses… Une réflexion qui s’élargit et s’épaissit au fil de la narration où la narratrice-auteure s’interroge bien évidemment sur la place des femmes , dans l’Histoire de l’humanité mais aussi sur sa propre existence et la place qu’elle cherche dans cet immense communauté féminine.

Un parallèle se fait progressivement entre les « travaux d’aiguille » et le travail de l’Ecriture , du romancier...!!



« On a toutes, dans notre généalogie, des femmes qui, pour sortir de leur condition crasse, ont cousu, à la fois pour survivre et aussi pour créer du beau. D'ailleurs, il ne faut jamais oublier cette dimension, elles créaient du beau.

Vous, en écrivant, vous continuez, petit point par petit point, d'accord, mais un roman, ça permet de tirer le fil qu'on a choisi, on n'est jamais réductible à ça. Vous êtes aussi, nous sommes aussi surtout une multitude d'autres choses" (p. 160)”



Une pépite de texte, absolument inclassable ; ce qui en fait la singularité absolue !!





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Mon « billet de lecture » pour « Climats de France « :

https://www.babelio.com/livres/Richeux-Climats-de-France/970215/critiques/1416386



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Climats de France

Une nouvelle pépite...coup de coeur !!





Après "La petite danseuse de quatorze ans" d'Edgar Degas, de Camille Laurens, "Gabrïele" des soeurs Berest, sur l'épouse de Francis Picabia... me voilà transportée à Alger et dans les visions novatrices de l'architecte , Fernand Pouillon, dont je méconnaissais absolument l'ampleur de ses réalisations en Algérie, pendant 30 années...

Notre narratrice, Marie, de parents algériens, née à Paris, qui n'a jamais été au bled... se rend à Alger en 2009... Un coup au coeur en découvrant le fameux ensemble de logements pour les gens les plus modestes , "Climat de France" ...réalisé dans les années 50 par Fernand Pouillon; ce même Fernand Pouillon qui quelques années plus tard concevra à Meudon-La-Forêt [ raccourci en M.L.F !!] un bâtiment où l'auteure a passé sa jeunesse...Souvenirs, souvenirs ....entre le passé, l'adolescence de l'écrivaine, le passé plus lointain de la guerre d'Algérie, l'exil de ses compatriotes, la quête de la terre d'origine des parents....



Avec en alternance, un hommage vibrant à Fernand Pouillon, cet architecte engagé, humaniste, qui se retrouve être pour Marie Richeux, la passerelle incroyable entre deux pays, auxquels elle appartient, qui ont tant de plaies à panser !...



Je trouve cette histoire magnifique, redonnant espoir et foi dans les hommes de bonne volonté qui se battent pour leurs convictions et un idéal...ainsi que pour la réunion des peuples .



Ce récit est comme un patchwork multicolore... qui saute du présent de Marie, des gens de son âge aux années 50-60, entre La France, Alger et Meudon, les confidences des anciens émigrés, croisés dans sa jeunesse à M.D.F... Il se dit toutes les douleurs de la guerre, des assassinats, exactions ici à Paris comme à Alger , l'exil, la nostalgie du sol et des odeurs de l'enfance...



C'est aussi une très sensible et profonde réflexion sur l'architecture et le talent de certains à souhaiter ,concevoir et concrétiser comme Fernand Pouillon, des vrais lieux à vivre , même pour les plus modestes: l'importance d'un habitat qui allie la fonctionnalité, mais aussi l'esthétique, l'harmonie afin que les personnes s'y sentent bien... et vivent ensemble,

avec plaisir et convivialité....



A ce propos, je retranscris, parmi tant de passages soulignés, les deux extraits suivants, fortement significatifs :



"Fernand Pouillon imagine s'élever bientôt ici les immeubles d'une cité qui accueillerait dignement, et dans le mélange le plus complet, des êtres humains...pour longtemps, rajoute-t-il dans ses pensées. Au contraire de l'urgence qui préside à la réalisation d'autres grands ensembles,

mais complètement dans le sillon de ceux-ci, non seulement il entend que l'on puisse s'y projeter, y installer sa vie, tout comme il l'a fait à sa plus grande surprise, dans sa maison d'Alger. (...) Un immeuble est une musique." (p. 86)





"Avoir un chez soi est une minable aspiration. Humaine, certes, mais insuffisante, pense Fernand Pouillon en quittant le chantier presque désert de Climat de France. C'est à nous, à moi, l'architecte, de transformer ce besoin primaire en autre chose. Et plus la cellule sera chiche, et plus il me reviendra d'y faire rayonner quelque chose de grand. Il faut cesser

de revoir à la baisse le désir d'habiter. Chez soi n'est pas suffisant. Il faut vivre dans plus grand que chez soi. Il faut des palais pour les humbles. Mes palais. " (p. 59)



Autofiction très riche, émotionnellement comme intellectuellement. Ce récit , à la fois très personnel rejoint la "Grande Histoire" par le biais d'une personnalité emblématique: ici , il s'agit de cet humaniste, bâtisseur, Fernand Pouillon, dans un autre ouvrage, lu très récemment, avec le même enthousiasme et émotion, cela sera l'éditeur algérois, Edmond Charlot, qui permettra à sa jeune auteure de questionner, et de re-visiter l'histoire de la terre de ses parents, l'Algérie...hier et aujourd'hui !

[ cf. "Nos richesses", éditions du Seuil ]



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[****Petites parenthèses personnelles:

1- j'habite depuis 4 années à deux pas de Meudon -La- Forêt... Et j'apprends que Fernand Pouillon a imaginé et construit dans les Hauts-de-Seine, entre Montrouge, Boulogne-Billancourt et Meudon... Il me reste à aller voir tout cela de plus près !!]



2-J'ai prolongé l'enthousiasme de cette "pépite" par une liste exclusivement consacrée à "Fernand Pouillon, architecte de la pierre ... et architecte du Livre"... Car j'ai appris, en approfondissant mes recherches sur ce "bâtisseur", qu'il avait aussi créé sa maison d'édition pour publier de somptueux livres rééditant des grands ouvrages d'architecture, introuvables.... de 1974 à 1986...





voir aussi selon votre envie de poursuivre votre connaissance de Fernand Pouillon, le lien suivant :

http://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2014/05/l%C5%93uvre-alg%C3%A9rienne-de-fernand-pouillon.html]

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Sages femmes

J’ai trouvé cette lecture déconcertante car le récit reste très nébuleux. Nous n’avons que des bribes d’informations aussi bien sur l’héroïne dont nous ignorons tellement de choses que sur les femmes sur lesquelles elle entreprend de faire des recherches, ses ancêtres.



La quête de la jeune femme la mène surtout à davantage d’interrogations sur la maternité aujourd'hui ou autrefois, ce qui fait une mère, ce que peut être le parcours d'une femme enceinte sans mari au dix-neuvième siècle, à la place des Hôtels-Dieux (en particulier celui de Reims) dans ce que traversaient ces femmes seules, etc. Tout au long du livre, on retrouve des parallèles avec le tissage, la broderie et les tissus plus généralement. Toutes ces réflexions sont intéressantes même si elle demeurent à l'état d'ébauches le plus souvent....



La plume de Marie Richeux est agréable et le texte dégage une grande sensibilité, mais le récit est définitivement trop flou pour que le roman me séduise vraiment.
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Climats de France

C'est un roman qui plonge dans la mémoire des uns et des autres. Ici et là-bas ; en Algerie et en France.

Le fil conducteur de ce texte, poétique, profond et lucide est un architecte, Fernand Pouillon ; c'est lui qui a imaginé deux cités, l'une à Alger et l'autre à Meudon-la-Forêt, en région parisienne. La romancière se souvient d'une nuit de chant dans sa cité, un chant pour guider l'âme du mort, Abdelkader, victime d'une overdose à l'âge de 33 ans. Malek le père d'Abdelkader est arrivé à Paris au début de la guerre d'Algérie: c'est dans cette ville où la guerre fait rage entre le MNA et le FLN qu'il rencontre Lucienne avec laquelle il va habiter dans un petit appartement près du métro Parmentier.



Lucienne a déjà un enfant, le bonheur sera encore au rendez-vous avec la venue au monde d'Abdelkader. C'est bien plus tard que le couple ira vivre à Meudon-la-Forêt. "Nous passons la journée à rouler dans Alger, nous nous arrêtons chez des amis, buvons des limonades, répétons nos prénoms, sommes bientôt tout en haut, dans le petit jardin de poussière qui entoure Notre-Dame-d'Afrique. Les mains sur la barrière, alors qu'Alger m'offre une de ses belles vues, je pense à la grande cité de Bab el-Oued comme à un amoureux laissé brutalement et dont je ne connaîtrais pas le nom. Je ne sais pas encore que cette cité a été dessinée par le même homme que celui qui pensa l'immeuble où j'ai grandi. Je ne sais pas encore qu'une pierre de taille, fameuse, me relie à cet endroit. Je ne sais pas encore que, pour aller d'un endroit à un autre, il ne suffira pas de traverser la mer, il faudra traverser la guerre, entendre la lutte et voir se déployer dans des textes et des voix une démente escalade de violence".



Roman sans chronologie, Climats de France brasse plusieurs haltes historiques pour interroger la folie des hommes et leur don d'installer indéfiniment le malentendu. Jacques Chevallier, ancien maire d'Alger, Fernand Pouillon, l'abbé Pierre, Germaine Tillion s'expriment dans ce roman : en peu de mots, ils restituent l'ambiance d'une époque révolue. "La cité se tient au croisement de la violence, de la résistance et de l'espoir sincère de la fraternité. (…) Les hommes travaillent déjà dans le petit jour. Il y a du vivable dans la guerre. Voilà ce que l'on apprend contre soi-même, loin des partitions simples, à soixante ans d'écart". De ses virées algéroises, Marie Richeux saisit la complexité d'un pays qui se cherche. "La guerre mais aussi celles qui ont suivi- la bataille économique des années quatre-vingts, les différents soulèvements kabyles, les années noires-sont sur toutes les lèvres tout le temps. En fait, il n'y a aucun répit, finis-je par me dire. Ni répit, ni repli."



Marie Richeux évoque également dans ce roman, avec des mots très forts, originaux et précieux, dénués de toute haine insensée, la violence terroriste qui frappe la France ces dernières années. Climats de France est un roman que parcourt une douce et belle clarté, telle celle qui existe en Afrique et qui manque terriblement à tous les exilés. Climats de France est un bijou qu'il faut posséder, lire et relire ; c'est une perle rare qui incite à devenir meilleur que soi-même..
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Sages femmes

La narratrice, fille mère enquête sur ses origines et s’aperçoit qu’elle est issue d’une lignée de filles mères. Une interrogation sur la place de la femme dans la société qui, dés lors qu’elle déroge au standard attendu est souvent vilipendée, tenue pour responsable de l’absence de père et même jugée indigne. Une forme d’écriture et de trame romanesque qui ne suscite que peu d’intérêt à la lecture.
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Climats de France

La pierre, sociale, malmenée et trahie, en ultime trait d’union de destins divergents jamais correctement ressoudés.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/10/08/note-de-lecture-climats-de-france-marie-richeux/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Polaroids

D’intenses textes d’une page se développent aux yeux du lecteur en quelques mots poétiques choisis.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/04/29/note-de-lecture-polaroids-marie-richeux/

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Sages femmes

Ayant beaucoup apprécié Climats de France, et étant très intéressée par le thème des sages femmes, j'ai démarré le livre de Marie Richeux avec gourmandise. Malheureusement je ne suis pas du tout parvenue à entrer dedans et au bout de la 144ème page, j'abandonne. Je n'ai pas du tout accroché au style beaucoup trop décousu pour moi en ce moment. Je m'attendais à un roman racontant la vie d'une sage femme. C'est plus complexe que cela. Je ne parviens pas à fixer qui est qui. Je me sens totalement perdue dans cette lignée féminine. Heureusement je j'ai emprunté à la médiathèque.
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Sages femmes

Marie Richeux propose avec son roman Sages Femmes une pléiade de portraits de femmes en touches successives qui sont reliés entre elles, comme les fils d’un tissu, à travers leurs expériences et leur passé.



La narratrice Marie commence son récit au carrefour d’un chemin de Lozère où, sous une statue de la Vierge est écrit « Et à l’heure de notre ultime naissance ». Parallèlement, sa petite fille, Suzanne, de trois ans, passe son temps à chercher quelque chose en posant la question « Elle est où, sa maman? » C’est le point de départ de l’enquête qu’elle souhaite mener sur les femmes de sa famille.



La narratrice se met à fréquenter les archives pour retrouver des traces de sa filiation qu’elle découvre sur plusieurs générations être fille mère mais aussi dont le métier est tisseuse, comme un lien encore avec leur conditions. A partir de ces réflexions, la narratrice se laisse volontairement envahir par toute sorte de sujets qu’elle nous partage et s’interroge sur la transmission, le regard sur ces femmes, sur la broderie et le tissage et aussi sur le droit au secret.



Ainsi, en visitant son exposition du Centre Pompidou, la narratrice nous livre un échange imaginaire avec Sheila Hicks, artiste américaine, qui combine laines et tissages comme métaphore de la vie. Puis, ce sont des contre-pointes brodées retrouvées à l’hôtel Dieu de Reims qu’elle nous permet de découvrir. L’artiste contemporaine Ouassila Arras raconte son travail de dé-tissage des fils de tapis et leur réorganisation.



Difficile de résumer ce roman en quelques lignes, tant il entraîne vers des voix diverses, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Évidemment, la narratrice fait aussi un parallèle avec l’écriture et sa recherche d’écrivaine.



Marie Richeux maîtrise parfaitement son style sachant distiller au fil de son histoire un poème de Prévert, étonnant, sur la honte d’une famille à la venue de l’enfant sans père mais aussi la chanson « A la claire fontaine » dont on comprend, enfin, le sens.



A partir de deux axes d’une enquête généalogique sur la filiation de fille-mère et le métier de brodeuse-tisseuse réservée à ces femmes, Marie Richeux propose un roman émouvant et sensible dont le sujet principal est la précarité féminine.



Comme une déambulation dans l’histoire des femmes célibataires à travers leur passé, la réflexion d’artistes contemporaines et les recherches d’historiennes, Marie Richeux nous entraîne dans son sillage, complexe et foisonnant. Pas sûr que tout le monde veuille la suivre ! Qu’importe ! Elle m’a séduite et même conquise par ce roman qui célèbre la liberté des femmes.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Sages femmes

Dans Sage femme, Marie Richeux s’interroge sur ses ancêtres, ces mères filles sur plusieurs générations. Ce sont ces jeunes femmes qui enfantent sans être mariées. Autant dire qu’à l’époque, c’est mal vu et que ces jeunes filles sont traitées de tous les noms. Marie Richeux se demande comment la grossesse a pu commencer ? Un viol? Ou tout simplement l’amour ?

Sage femme est un livre très bien écrit mais qui ne m’a pas touché. Je ne me suis pas attachée à ces femmes, mères filles, ni à Suzanne la fille de l’autrice. Une lecture qui ne me marquera pas.
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Climats de France

kaléidoscope France années 60, années 90, Algérie Avant et après l'indépendance et années 90 et 2000. Plusieurs personnages Algériens, mariages mixtes. Tout ceci raconté par une femme qui part à la rencontre des lieux et des personnes. L'amitié, l'expatriation, la souffrance de la guerre et de l'exil. Beau mais pas facile à lire car a chaque chapitre on change d'époque de lieu et de personne.

Une réflexion, une philosophie un enrichissement historique
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Climats de France

Ce livre est un premier roman, et ce qui est intéressant, au-delà de cette étiquette « premier » est qu’il est écrit avec une plume singulière.

Ce roman nous plong dans le passé commun de la France et de l’Algérie par le biais d’un architecte qui construisit des cités de part et d’autres de la Méditerranée, des cités construites pour que des gens vivent, non pour qu’ils y soient parqués. La narratrice a vécu dans une de ces cités, son voisin de pallier, Malik, a connu les deux. Grâce à lui, elle raconte les souvenirs liés à ses lieux.

Ce n’est pas un catalogue, ce n’est pas un article érudit d’encyclopédie. Ce sont des brides de vie, saisies dans les méandres des souvenirs. La chronologie n’est pas linéaire, d’ailleurs, aurait-ce été utile ? Non. Il est des faits qui ne peuvent pas être racontés tout de suite, de but en blanc, il est une gradation dans ce récit, avec en point d’orgue, la fin de ce texte.

Il est aussi un fait que j’ai moi-même constaté. Il existe une chronologie historique d’un côté, une chronologie personnelle de l’autre, et les deux peuvent ne pas se rencontrer.

Une auteur à suivre.
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Climats de France

Marie Richeux anime l’émission « Par les temps qui courent » sur France Culture, émission qui fait partie de celles que j’écouterais bien régulièrement si les journées étaient un peu plus longues ! Après avoir publié un recueil de ses chroniques et un essai sur Achille, Sabine Wespieser vient donc de faire sortir le premier roman de la jeune auteure. Grâce à une rencontre en librairie, les voir et les écouter ensemble est une très belle illustration de ce que peut être la connivence entre un auteur et un éditeur, et cela fait vraiment plaisir et donne envie de lire ses livres, bien sûr.



Ce roman tourne autour de l’architecte Fernand Pouillon et de deux ensembles emblématiques qu’il a construits, l’un à Meudon-la-Forêt, l’autre à Alger. Marie Richeux, en voyage en 2009 dans la capitale algérienne, ressent une certaine proximité avec l’immeuble « Climat de France » qui domine la ville, et elle se rend compte qu’elle a grandi dans un ensemble bâti avec les mêmes idées, les mêmes souhaits, la même pierre. Le roman enquête sur l’architecte mais aussi sur Malek, son voisin venu d’Oran, et devenu chauffeur de taxi à Paris. La guerre s’invite aussi dans le roman, jamais trop présente, puisque Malek est arrivé à Paris avant qu’elle ne débute, mais incontournable par les cicatrices qu’elle a laissée.



Les chapitres alternent les personnages et les époques, et on ne peut que se laisser porter par l’écriture très dense, musicale et sensible. Les années s’empilent comme des étages pour que l’immeuble de Meudon-la-Forêt prenne forme. Rêve d’architecte, construction, achat, emménagement, premiers voisins, enfants qui vont à l’école, voisin qui part travailler, visite d’amis, panorama de la fenêtre, souvenirs de pizzas devant la télé, d’amitiés, de disparitions, de deuils, construisent un appartement autant que la pierre. L’auteure s’est intéressée à la possibilité que l’endroit où l’on habite, notamment dans son enfance ou sa jeunesse, les voisins que l’on fréquentent, façonnent la personnalité autant que la vie familiale ou scolaire. Elle a aussi réfléchi à la mémoire et à ces bribes d’enfance inscrites dans la pierre.

Rarement la conception d’un roman sous forme de puzzle n’a aussi bien convenu au sujet choisi. Pour moi, les petites phrases courtes, parfois sans verbe, me séduisent un peu moins, mais ce texte a de grandes qualités, et plaira sans aucun doute à ceux à qui parlent les thèmes de l’architecture, de l’Algérie ou du « vivre-ensemble », qui prend ici tout son sens.
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Climats de France

C'est un premier roman, écrit par une journaliste de France culture qui a grandi à Meudon-la-Forêt dans un ensemble résidentiel conçu par l'architecte Fernand Pouillon.

A l'occasion d'un voyage à Alger, elle tombe en sidération devant un autre ensemble résidentiel dont elle ignore qu'il a été dessiné par le même architecte. Le nom de ce groupe de bâtiments algériens est : Climat de France.

Cet étonnement est le point de départ pour l'auteure d'une longue enquête de terrain, faite d'allers et retours entre deux pays et entre les époques. C'est aussi l'occasion d'un important travail de mémoire tout d'abord au plan de ses souvenirs personnels, mais aussi en rapport avec les événements sociaux et politiques, et tout ce qui a influencé la genèse du projet et de ses intentions.

Cela donne un livre étrange, parfois très clinique, mais dont je vous recommande vivement la lecture pour tout ce qu'il donne à penser. Il s'adresse particulièrement à tous ceux qui se passionnent pour la fabrique de la ville et à l'architecture, ainsi que ceux qui s'intéressent aux "cités" construites entre les années 1950 et la fin des années 1970, et à la manière dont leurs formes ont influencé ou non les modes de vie de leurs habitants.
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Climats de France

1997 : des chants de deuil résonnent. Marie, 13 ans les entend de sa chambre. L'âge du collège, l'âge des balades en forêt, avec un copain. L'âge où l'on se regarde, s'admire, doute de soi, dans ce grand miroir de l'entrée de l'immeuble. Miroir qui ne servira pas qu'à refléter une silhouette d'adolescente.



Elle habite à Meudon-la-forêt,  Résidence du Parc, cité nouvelle imaginée et mise en oeuvre par Fernand Pouillon. La construction s'étale de 1957 à 1962. 

1962 : indépendance de l'Algérie.

Résidence du Parc : 2635 logements.



1956 : Alger. Clairvoyants, les parents de Malek l'envoient en France. Jeune homme arrivé à Paris, il rencontre Lucienne, Française de France. Ils habitent à Paris, rue Parmentier.

 Un peu plus tard, Malek emménage avec sa famille dans la Résidence du Parc de Meudon-la-Forêt.



1957 : Fernand Pouillon achève enfin la fin de la construction de Climat de France à Alger.

5000 logements. 

Commande passée pour loger décemment celles et ceux qui vivaient dans les bidonvilles.

Un grand ensemble ambitieux qui s'érige sur des colonnes bordant une grande place. 



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Malek. Abdelkader. Marie. Trois générations qui ont cohabité. Deux familles voisines, natives de continents différents. 

Marie Richeux est en quête de comprendre ces bâtiments. Elle relie dans son livre les oeuvres architecturales de Fernand Pouillon érigées à Alger et à Meudon à quelques années d'intervalle. Mais surtout, elle donne sa voix à Malek qui est le lien entre ces deux pays, ces deux bâtiments, ces différentes générations. 

Un magnifique récit qui au-delà de l'aspect architectural dévoile la vie de Malek, sa réserve, son humilité, sa tragédie. Le talent de l'auteur est de réussir à émouvoir en gardant une écriture sobre, sans pathos, tout en retenue.

Un livre qui m'a émue, qui m'a fait pleurer.



UN GROS COUP DE COEUR. MERCI.

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Achille

Marie Richeux livre un récit tout à fait étonnant, un récit qui m'a émerveillée. Elle nous propose de revivre le destin d'Achille, et donc le drame d'Achille, de manière très théâtrale avec une écriture quasiment chorégraphique. Si bien qu'on imagine sans peine une adaptation de ce texte sous la forme d'une pièce de théâtre dansé.

Dans son propre appartement, Marie, la narratrice fait intervenir tous les personnages du mythe d'Achille avec un grand naturel. Ils sont là, d'un seul coup, chez Marie, pour prendre leur place dans l'histoire qui se raconte. Si les personnages sont bien physiquement présents, le langage fait la part belle à la poésie et à l'allégorie, pas pour faire joli, mais parce que ce qui se dit ne pourrait pas l'être autrement semble-t-il. Marie est à la fois un personnage extérieur et le lien indispensable entre tous les protagonistes, un peu figés dans leurs rôles de toujours, un peu timides.

J'aime être surprise par les formes que prennent la littérature et le langage. La façon qu'a Marie Richeux d'aborder le récit qu'elle veut nous faire vivre en nous l'offrant, est rien moins que révolutionnaire. C'est d'une incroyable originalité et l'Achille de Marie Richeux constitue sans hésitation ma plus belle lecture de l'année 2016. Superbe !

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Sages femmes

Se plaçant explicitement sous la férule des Disparus de Daniel Mendelssohn, aiguillonnée par sa fillette Suzanne de 3 ans, qui a le don de poser les bonnes questions, Marie part, dans un texte sous-titré Roman, à la rencontre des générations de femmes qui l’ont précédée, des filles-mères depuis 4 générations.



Alors oui, comme dans les Disparus, c’est une quête faite d’archives remuées, de références mythologiques (ici bibliques), de rencontres, de vieilles personnes interrogées, de hasards qui n’en sont pas.



Et la lectrice est émerveillée par la subtilité de Marie Richeux (dont elle aimait déjà les émissions radiophoniques) : par-delà les faits, il y a quelques chose d’intelligemment évanescent, de sensoriel, un intime et une sincérité transcendée dans ce livre très personnel ; très féminin, en fait.



Le fil rouge entre ces femmes, c’est bien plus que leurs destins tragiques (qu’on ne fait qu’ effleurer, en fait) avec leurs questions sur le nom, l’abandon, la honte. C’est un lien émotionnel profond, une communauté féminine à travers les siècles, qui trouve sa marque dans les tissus : femmes à la couture, femmes pliant du linge, dont la lignée aboutit à Marie, femme moderne, ayant eu une enfant avec père, mais habitée par le textile, fascinée par des courte-pointes moyenâgeuses comme par les créations contemporaines de Sheila Hicks, bouleversée par des chaussons reprisés, et qui voit en sa façon de tricoter les mots comme un écho à ces destins filés.



Et humble, troublée par ces femmes qui ont gardé leurs secrets – n’est-ce pas leur droit ? -, elle finit par se dire que ce mystère est le leur. Et qu’importent ce qui est transmis te ce qui ne l’est pas, le chemin faisait déjà sens, semé de rêves éclairants : elle a appris sur ces femmes, sur elle-même, sur la maternité et sur le monde, et que c’est déjà très beau, il lui reste à vivre.



Un livre remuant.



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Achille

Marie Richeux, c'est d'abord une voix que l'on entend sur France Culture. Marie Richeux, c'est une écriture qui te saisit aux tripes, entre coup au plexus et poésie. Elle a cet art d'agencer les mots de façon neuve et modeste pourtant, sans effets de manche, sans lyrisme inutile - l'émotion naît du phrasé.

Sur un sujet original mais casse-gueule, elle nous offre là un petit bijou. A déguster lentement, et sans modération.
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Polaroids

Marie Richeux anime Pas la peine de crier sur France Culture. En milieu d’émission, elle consacre quelques minutes au Polaroïd : la lecture, associée à une musique, d’un court texte dont elle est l’auteure, créant ainsi une image sonore chez l’auditeur.

Ce livre regroupe une sélection d’une soixantaine de ces textes, à consommer sans aucune modération.



Pour moi, Marie Richeux est avant tout la magnifique voix qui, grâce aux podcasts, accompagne quelques-unes de mes déambulations dans Paris. Alors quand j’ai appris que certains de ses Polaroïds étaient publiés, je ne voulais pas passer à côté : les lire étant une façon de les voir sous une autre approche mais aussi de découvrir quelques histoires que j’avais pu louper.

Quand on me dit « Polaroïds », je pense à ces photos instantanées, aux couleurs légèrement délavées, qui se dévoilent petit à petit. Mais Polaroïd c’est aussi se polariser, c’est-à-dire s’intéresser à une chose en particulier ou, comme le dit le quatrième de couverture « s’approcher, se pencher, donner sa place au minuscule ».

Toutes ces petites histoires ont cet effet là : en deux pages elles nous dévoilent un morceau de vie, de la même façon qu’une photographie pourrait apparaître devant nos eux. Polaroïds nous plonge donc dans une expérience de lecture assez inédite puisqu’il s’agit de se polariser sur un moment, d’orienter toute sa concentration sur une histoire puis la laisser se dessiner dans notre esprit avant de passer à la suivante.

Il serait cependant dommage de s’arrêter à cette lecture. Marie Richeux écrit mais comme je vous le disais, c’est aussi (surtout ?!) une voix à écouter encore et encore. Alors si l’un de ces textes vous plaît, cherchez le podcast sur le site de France Inter, armez-vous de vos écouteurs, fermez les yeux et laissez l’image du Polaroïd se dévoiler dans votre esprit !
Lien : http://culturezvous.com/mari..
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Jours de naissance

Le livre que toute mère aurait voulu écrire.

Marie Richeux raconte merveilleusement l’attente précédent le jour de son accouchement.

Dans ce récit, on réalise que même si chaque corps, chaque accouchement est différent, au fond nos sensations sont semblables.

A sa lecture, en temps que femme-mère, on se sent faire partie d’un cercle, d’une communauté bienveillante et compréhensive.
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