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3.89/5 (sur 65 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1975
Biographie :

Julie Peyr est une romancière et scénariste française.

Elle collabore notamment avec Arnaud Desplechin, Anthony Cordier et Safy Nebou.

"Anomalie" (2018) est son second roman après "Le corset" (2005).

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Julie Peyr vous présente son ouvrage "Anomalie", aux éditions des Equateurs . Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2236770/julie-peyr-anomalie Notes de Musique : Audio Library Youtube. Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Youtube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je m’envole parce que je suis libre désormais. Rien ne peut entraver cette liberté jaillissante. Je suis libre d’aller où bon me semble, de prendre de la hauteur pour observer l’île où j’ai grandi, cette langue de terre incrustée dans un méandre de la Seine, qui selon l’angle que je me choisis, ressemble tantôt à une bouche souriante, tantôt à la moue dédaigneuse d’un flamant rose. P 94
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Il ne les avait jamais mis en garde contre les dangers de l’auto-stop, c’est vrai. S’il avait eu des filles, peut-être qu’il l’aurait fait: monter dans la voiture d’un inconnu, surtout pour une femme, c’était s’exposer à une mauvaise rencontre, prendre un risque inconsidéré, il y a tellement d’individus mal intentionnés, tellement de pervers, de tarés. Mais pour un jeune homme ? Jocelyne alla ouvrir la fenêtre, huma l’air pour se calmer. Parmi les ombres familières du jardin, elle cherchait en vain de quoi chasser l’image qui s’emparait d’elle au même moment: celle de son fils, frêle et menu, au bord d’une route inconnue, ce vendredi 13 février. Une proie facile, somme toute. On tenta de se rassurer, Gilles saurait se défendre, il a toujours un canif sur lui. Se défendre ? Mais contre qui, contre quoi?
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Quelque chose autour de moi avait-il changé ? Dans l'allure des passants, la teinte des murs ou des pavés, les façades des immeubles semblaient-elles moins rugueuses ou délavées ? Ce qui paraissait vrai à cette époque ne l'était-il plus aujourd'hui ? Chacune de ces vérités ne durait-elle qu'un instant ?
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Nous étions jeunes, nous étions la vitalité, l'ardeur.

Nous étions faits de gestes et de rires, de clameurs et de joie.
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Je dois me concentrer pour revoir Leila telle qu'elle nous paraissait à l'époque, forte et invincible, un roc férocement solide. Avec le temps, bien sûr, les certitudes se sont effritées et je vois autre chose. Je vois une pierre qui porte en elle le germe d'une moisissure qui s'étend en strates, la ronge de part en part. Un jour, sans qu'on n'ait rien vu venir, la pierre que l'on croyait robuste et incassable se fendille d'un coup sec. Cette révélation vous fait soudain découvrir le vide sous vos pieds. Vous tombez et tombez encore...
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Le plus souvent, on courait sans savoir pourquoi. Un seul d'entre nous bondissait et tous les autres l'imitaient. Telle une volée de moineaux, on s'éparpillait à toute vitesse, disparaissant derrière une coursive, un hall d'entrée ou une rampe de parking. Filant le long des berges, des palissades et des terrains vagues.
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Sans doute, tout ce que je décris paraîtra une vieille peinture à certains, mais c’est ma seule jeunesse, et il n’y a rien qui me tient plus à cœur. Je rentre chez moi, comme chaque soir de ces années-là, attiré malgré tout par les trois tours, sinistres et blanchâtres. P 95
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Quel étrange vice que cette fascination pour le malheur des autres.
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En bordure de l’almanach 1981, affiché toute l’année près du téléphone, une petite croix marquait la date du 13 février.
Il s’agissait d’un vendredi 13, mais sur le moment personne n’y avait prêté attention. Ce n’est que les jours suivants qu’on s’en fit la remarque parce que ce vendredi-là, ce vendredi pas comme les autres, ils avaient attendu Gilles toute la soirée.
Une faille s’était ouverte sous leurs pieds, et dans leurs cœurs. Plus jamais il n’y aurait de calendrier du facteur punaisé sur le mur à l’entrée du salon.

Gilles était tout près, elle le sentait. Et à mesure que la voiture s’éloignait de la caserne, des terrains militaires, des villages engloutis lors des guerres de tranchée, elle sentait ce fils leur échapper, disparaître sous des couches de terre plus épaisses et plus noires. Il faudrait revenir vite, distribuer d’autres avis de recherche. Des avis dactylographiés montrant sa photographie. On le ferait en mieux, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit retrouvé.

Le mur était là, droit devant elle et pourtant, pas une seule fois, elle se dit qu’elle ne pourrait pas le franchir. Pas un seul instant, la hauteur du mur lui parut insurmontable. Elle n’avait en tête que la bête, qui devait être déjà sur ses talons, ses cornes prêtes à l’éventrer et sans même sans rendre compte, elle se hissa et sauta de l’autre côté du mur.
Un garde-chasse l’aperçut tandis qu’elle se relevait, hébétée. « Tu viens de sauter par-dessus le mur, demanda-t-il, n’en croyant pas ses yeux. » La petite fille expliqua confusément ce qui lui était arrivé, le taureau qui paissait dans le pré d’à côté et l’avait poursuivie.
« Mais comment tu as fait pour passer le mur ?
— Je ne sais pas… J’ai oublié !
— Ça par exemple ! »
Elle se souvenait d’avoir couru aussi vite qu’elle avait pu jusqu’au mur grattant le ciel devant elle, mais ensuite, plus rien. Simplement, elle s’était retrouvée de l’autre côté, et constatait à présent qu’elle avait les coudes et les genoux couverts d’égratignures, les mains en sang, ça lui piquait et brûlait de partout, elle avait presque envie de pleurer.
« Un miracle ! » dit le garde-chasse en riant.

L’habitacle sentait le brûlé. On avait essayé de mettre le feu au siège avant, la mousse carbonisée formait une grosse auréole noire au centre du dossier passager. Au sol, parmi les bris de verre, s’entassaient toutes sortes de détritus, certains noirs de suie, cadavres de bouteille, bidons, pochettes plastiques, conserves vides et même une couche usagée. La ceinture de sécurité avait été sectionnée. Le tableau de bord, enfin ce qu’il en restait, avait été lacéré par endroits, et à la place des commodo des clignotants, du starter, des boutons de dégivrage, de chauffage et des essuie-glaces, il n’y avait plus que des orifices sombres qui semblaient creusés par de gros lombrics. La boîte à gant, dont la trappe avait été arrachée, ressemblait à une gorge géante au fond de laquelle quelques feuilles mortes baignaient dans un liquide trouble. Seul le volant en bakélite avait été mystérieusement épargné.
Le compteur affichait 120 448 km. Qui avait parcouru les trente derniers kilomètres ? se demandait Fernand, ces trente bornes qui séparaient le parking de la caserne et l’orée du cimetière militaire où la R6 avait été signalée.
Il éprouvait un besoin impérieux de gratter la peinture, d’arracher le revêtement intérieur, de creuser la terre tout autour. Bon sang ce qu’il avait envie de savoir !
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Nous, les vivants, nous avons dû nous contenter des restes, en renonçant à comprendre ce qu'il s'était passé dans la tête de ceux qui pour l'éternité seraient réduits au silence. Nous avons tenté de faire parler les objets. Nous avons tenté de presser nos souvenirs, comme s'il existait un jus de la connaissance prêt à être recueilli et , finalement, nous avons renoncé, car on peut se perdre soi-même à vouloir réconcilier les morts avec leur vie.
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