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Citations de Jean-Jacques Antier (153)


Et voici Kretschmer, dégoulinant d'eau et noir de mazout, à bord du HMS Walker.
— Beau travail, Commandant. Mais nous aussi, nous avons notre tableau de chasse. Deux sous-marins ! Kretschmer baisse la tête. Après Prien et Matz, c'est, avec la fin de son U-99, celle aussi de l’U-100, que commandait Schepke, un vieux camarade avec lequel il avait fêté Noël à Lorient.
— Y a-t-il des survivants ?
— Très peu. Le commandant est mort, les deux jambes sectionnées, coincé entre le periscope et la passerelie. Le destroyer Vanoc l'a éperonné de plein fouet. Schepke mort... Kretschmer serra les mâchoires pour dissimuler sa douleur.

Il y eut un silence, puis le captain Maclntyre murmura :
— Commandant Kretschmer, vous êtes mon prisonnier. Je vous prie de bien vouloir accepter ma cabine, Quelques instants plus tard, Kretschmer, stupéfait du fair play des Anglais, prenait un bain chaud dans la propre baignoire de son adversaire. Il revêtit ensuite son costume de tennis, et, sur son invitation, le rejoignit au carré des officiers.
— Commandant Kretschmer, permettez-moi de vous présenter vos victimes !
Trois hommes s'avançaient, souriants, la main tendue.
— Les capitaines des cargos et du pétrolier que vous avez coulés.

Kretschmer a écrit:
«Tous ces capitaines britanniques se comportèrent de façon magnifique ; nous étions comme eux des naufragés, et dans l'esprit chrétien où ils avaient grandi, ils partagèrent leur tabac et veillèrent en camarades à ce que je ne manque de rien. Le soir, nous jouions au bridge et parfois le médecin du bord venait se joindre à nous. Puis ces vieux loups de mer allaient dormir sur des emplacements de fortune, tandis que le prisonnier allemand bénéficiait de la cabine du commandant !»
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On rêvait dans le poste d'équipage de vin frais et de filles pulpeuses. Sur la dunette, où s'entassait le monde des officiers, on rêvait aussi, de promotion, de commandement, de prime et de pacotille, qui dépendaient toujours de situations périlleuses. Dans leur poste sous la dunette, les sous-officiers attendaient soit de passer officiers s'ils en étaient capables, soit une modeste retraite au pays natal, agrémentée par les petits trésors accumulés au cours des voyages.
Les savants, quant à eux, espéraient découvrir la plante nouvelle qui porterait leur nom dans le catalogue général du règne végétal, l'animal en pleine mutation ou la comète inconnue qui leur assurerait renommée et fonction, un fauteuil à l'Académie, une pension royale et, suprême honneur, la présentation au roi.
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Malgré ses activités multiples d'organisateur, d'écrivain et de psychologue, Jung se sentait de plus en plus attiré par les profondeurs de son âme, qu'il avait sollicité dans ses rêves occultes et mythologiques. Arrivé en terre inconnue, il y observait des choses étonnantes que personne n'avait encore vues. (...)
Mythologie, psychologie des religions, occultisme, astrologie, Jung nageait dans tout ce que détestait son maître, qui le voyait avec inquiétude "s'enivrer de ces parfums magiques". Freud se rendait compte qu'il y avait de l'eau dans le gaz de l'école psychanalytique qu'il avait fondée.
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Voici où je souhaite en venir. La poudre et le canon, l'or et la traite des nègres ont changé le monde et assuré la suprématie de l'homme blanc sur cette terre. Et demain, que sais-je ? l'électricité et la vapeur. Mais la véritable révolution est ailleurs. Elle a pour nom le commerce : la canne à sucre, le café, le chocolat, le thé et les épices. Aucune de ces plantes n'a été découverte chez nous. Et aucune, malgré les dépenses considérables que l'Etat et la cassette royale accordent au Jardin des Plantes, n'a pu encore y être acclimatée.
P 70
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Jung revenait de loin.Son expérience mystique, à onze ans, lui avait révélé le divin. Depuis l'enfance, il cultivait ce grand secret. Mais avec qui le partager? Il se trouvait déchiré entre son père et sa mère. Qui détenait la vérité? Qui était vraiment "religieux", c'est-à-dire relié à l'essentiel? Son père, dépositaire de l'autorité de l'Eglise, détenant les livres et la Loi, mais le secret des dieux lui échappait. Sa mère, pétrie de fantasmes occultes, connaissait intuitivement le Secret, mais elle ne savait ni s'exprimer ni s'en servir. Elle était, a dit Jung, "redoutable, archaique et scélérate". Le fait qu'elle ait des pouvoirs fascinait l'enfant. "Elle ne savait pas ce qu'elle disait, mais sa voix, d'une autorité absolue, exprimait ce qui convenait à la situation."
Il penchait aujourd'hui vers la voie archaique de sa mère. Il reconnaissait en elle le Secret, auquel elle avait accès, et non son père: "Dieu seul est réel -feu dévorant et grâce indescriptible." Connaître le Secret, c'était accéder à une connaissance intuitive, infaillible, pouvoir si dangereux que Dieu l'avait interdit au premier couple.
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Décrypter les rêves, les idée délirantes et les hallucinations des malades mentaux l'attirait, car il y voyait un sens profond, une voie thérapeutique, peut-être la clé de la guérison. Et la clé tout court de l'âme humaine. Intuitivement, il sentait aussi que les phénomènes d'ESP (la perception extrasensorielle) chers à sa mère et à son grand_père maternel pouvaient avoir un lien étroit avec des phénomènes mentaux plus ou moins pathologiques. Dans tous les cas c'était une voie extraordinaire à explorer. (...)
Il avait lu Théodore Flournoy, ce médecin qui avait observé le médium Helen Smith. En état de transe, elle racontait de prétendues vies antérieures et autres réincarnations.Ni folle ni mystificatrice, elle exprimait avec sincérité les fantasmes surgis de son imagination subliminale, de son inconscient qui restituait de vieux souvenirs, des lectures,, et même d'anciens mythes communs à l'humanité entière.
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Linné s'était alors penché vers le jeune Commerson, émerveillé, et lui avait soufflé à l'oreille :
« La nature détient le secret de la vie, et de telles richesses qu'elle est virtuellement capable, grâce aux plantes, de guérir l'humanité de tous les maux qui l'affligent : non seulement la peste, le choléra, les fièvres, la phtisie, mais aussi les famines, jusqu'à ce mal étrange qui frappe les marins au long cours, le scorbut. »
P 38
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Tout au bout de la Bretagne, au-delà du raz de Sein, ce passage redouté des marins, se dresse, à sept milles au large, une île au socle granitique de deux Kilomètres de long, surmontée d'un gros phare qui éclaire la pointe de l'Europe.
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Le jeune Carl pouvait-il lui livrer le secret de la connaissance divine? Malgré ses expériences numineuses, il ne le connaissait pas lui-même, et il lui faudra sa vie entière pour approcher le Mystère, s'accrochant à cette vision de son enfance: "J'ai grandi à l'époque du matérialisme scientifique. J'ai dû compter sur la seule expérience. j'avais toujours devant les yeux la révélation de Paul à Damas."
Plus tard, Jung recevra d'une amie une image biblique représentant la guérison du père de Tobie, aveugle. Son fils, inspiré par l'archange Raphael, était allé pêcher un poisson, et s'était servi de son foie pour le guérir, pour lui ouvrir les yeux. Image hautement symbolique. En la recevant, Jung pensera: "Si seulement j'avais pu ouvrir les yeux de mon père! Mais il est mort avant que j'ai pêché le poisson dont le foie contient le remède miraculeux." Le remède, c'est le voyage intérieur, la découverte du Soi qui rend la foi vivante.
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L'arrivée de la frégate royale devant Port-Louis avait mis la ville en effervescence. On n'imaginait pas que ce bateau délabré venait de faire le tour du monde. Puis le bruit courut : c'était "la Boudeuse" du comte de Bougainville, dont on était sans nouvelles depuis dix-huit mois ! La liesse se déchaîna et se fut une ruée vers le port, toute une population hilare, Lascars enturbannés, Malais à la peau cuivrée, grands nègres de la côte du Mozambique et de Madagascar, Malabars affranchis et Chinois à longue natte, esclaves urbains, et jusqu'aux nègres de jardin !
P 313
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"Un dogme, écrira Jung, une profession de foi indiscutable, on ne l'impose que là où l'on veut une fois pour toutes écraser un doute. Cela n'a plus rien d'un jugement scientifique, mais relève uniquement d'une volonté personnelle de puissance".
Pour ces thérapeutes,il s'agissait de découvrir les causes profondes cachées de la névrose qui rendait la vie normale impossible et provoquait des souffrances psychiques intolérables. La psyché était en cause. Mais quel était le fondement de la névrose? Tous deux pensaient à un dérèglement de "l'énergie psychique". Celle à laquelle Freud se référait exclusivement, la libido, n'était que sexuelle; celle de Jung englobait toutes les potentialités physiques et spirituelles. Freud ramenait la spiritualité vers le bas. Il englobait sous le terme péjoratif d'occultisme tout ce que la philosophie, la religion et la parapsychologie pouvaient dire de l'âme
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Rationnellement parlant, Jung demeurait persuadé de "la nécessité de Dieu". Dans Présent et avenir, il écrit: "l'individuation ne peut trouver une justification à son existence, à son autonomie spirituelle et morale, sans faire appel à un principe qui n'est pas du monde. L'homme qui n'est pas ancré dans le divin n'est pas en état de résister à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. Il a besoin de son expérience intérieure, de son vécu transcendant."
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Dans l'introduction de Ma Vie, Aniela Jaffé, la fidèle secrétaire de Jung, soulignera à son propos "la faim insatiable de connaissance de tout ce qui avait quelque rapport avec l'âme, ses contenus et ses manifestations", particulièrement "l'attitude religieuse qui joue un rôle décisif lorsqu'il s'agit de la thérapeutique de l'homme souffrant dan son âme." (...)
Très tôt, Jung avait constaté que l'âme crée des images à contenu religieux, qu'elle est "religieuse par nature". A la question: "Pourquoi l'homme a-t-il été toujours religieux?", il répondait que des facteurs numineux forment l'essence de l'intellect humain et de la vie émotionnelle. Toute sa vie confirmera ce constat, qu'il s'agisse de sa pratique thérapeutique, ou de ses expériences intérieures personnelles. C'est pourquoi la fonction religieuse est chez l'homme aussi naturelle et importante que la fonction sexuelle.
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Jung tenait sa notoriété de son adhésion à Freud, de sa consécration de dauphin du fondateur de la psychanalyse. Etait-il capable de s'imposer seul, en fondant sa propre école, en prenant appui non plus sur un homme et une doctrine, mais sur une expérience numineuse personnelle, un voyage intérieur plein de risques? (...)
Désormais, à propos de ses recherches, Jung n'utilisa plus le terme de psychanalyse, mais celui de psychologie analytique, ou de psychologie complexe, et finalement psychologie des profondeurs. "L'attitude négative de Freud face à toute religion a constitué l'un des points conflictuels entre nous, écrira-t-il plus tard. Il était incapable d'admettre quelque chose qui dépassât l'horizon de son matérialisme scientifique. Sa théorie de la sexualité, fondement ultime de toutes les idées déraisonnables et notamment de la religion, devait être érigée en dogme compensatoire."
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Comme l'avait montré le colloque de Bruxelles, la névrose de Freud venait de son athéisme, entraînant sa rupture avec le judaisme; et la rupture avec Jung venait de la religiosité de ce dernier et de ses affinités avec le mythe et avec les morts. Jung aimait les tombeaux, Freud les avait en horreur, autre référence au judaisme pour qui le cadavre est impur. Freud considérait la religion comme un phénomène névrotique appelé à disparaître une fois dévoilés les ressorts sexuels. Or c'est Freud qui était devenu névrosé. Quatre de ses élèves se suicideront (Honegger, Gross, Tausk et von Fleishl); deux autres sombreront dans la folie (Otto Rank et Ferenzi).
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Le convoi ON_4 entrait sous la protection de l'aviation canadienne. la bataille continuait, pour la liberté !
" Mort, où est ta victoire ?"
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La rupture demeure entre l'Orient et l'Occident, car ce dernier est détaché de son inconscient, alors que l'Orient tend à s'y identifier.
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Jung s'était séparé de Freud à cause de son pessimisme et de son matérialisme dogmatique. "Freud laisse l'esprit humain englué dans le présent sans espoir de délivrance", écrit Collin Wilson dans son essai sur Jung. Le génie de Jung était contenu dans ce pressentiment qui l'habitait: une puissance cachée au fond de l'esprit, une puissance "numineuse", selon lui; "occulte", disait Freud. Le terme importe. Sa consonance est négative chez Freud, il repousse la force. Elle est positive chez Jung, il l'accueille. (...)
En Afrique, le psychologue avait retrouvé le sens du monde invisible qui nous entoure, qui nous fonde, un sens que nos sociétés occidentales avaient perdu. Nous sommes entourés par l'Esprit, et sans doute par "les esprits".
Qu'est-ce à dire? (...)
Attiré par l'alchimie et la magie, après 'avoir été par l'occultisme, Jung sentait une harmonie secrète entre l'esprit humain et les puissances de l'Univers, voire de "l'au-delà" indescriptible. La psyché inconsciente en est la clé. Il s'agissait maintenant d'y aller.
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Le Dr Théodore Flournoy, quant à lui, découvrit l'existence des mythes révélés par les malades en transe et par les médiums au cours des séances de tables tournantes et d'écriture automatique. Il s'agissait -sauf exception?- non pas d'esprits de défunts, mais d'images de l'inconscient, des fantasmes. On se souvient que Jung demeurait fasciné par ce genre d'expérience avec sa mère et sa cousine, d'où sa thèse de 1902: Psychiatrie et pathologie des phénomènes prétendus occultes.
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De cette baie de Chesapeake, un immense convoi a pris la mer, plus de cent vaisseaux marchands. Ils emportent les soixante-sept mille barils de farines américaines nécessaires au ravitaillement de l’armée et à la survie du peuple de Paris. S’y ajoutent une vingtaine de vaisseaux marchands qui ont pu s’échapper des Antilles, sans doute les derniers.
L’amiral consulta une liste.
— 7163 barils de sucre, 11241 barils de café, 1139 balles de coton. Et encore de l’indigo et du cacao. Il y a même 376 barils de riz américain et des barils de morue salée. Des billes de bois précieux, des peaux de chevreuil et autres cuirs, des bottes, des écailles et du soufre ! Une véritable fortune pour la France, qui manque de tout. Au total, cent vingt-sept vaisseaux marchands.
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