Association des Écrivains belges
Giuseppe Santoliquido présenté par Colette Frère à la maison des écrivains
C’était une de ces nuits de fin de printemps à la chaleur irrespirable, sans un souffle de vent. En dehors de quatre vieux jouant aux cartes, le local était vide de clients. Le patron, lui, se tenait accoudé au comptoir, le visage à vingt centimètres du ventilateur, la poitrine grasse et molle, une serviette enroulée autour du cou. Pendant qu’il avalait des pois chiches grillés, des nuées de moustiques lui tournaient autour de la tête, d’autres se faisaient rôtir sur le verre de la lampe, où des restes d’ailes et de pattes grillées s’agglutinaient.
Rien n’est plus âpre que la nostalgie du temps.
C’est toujours simple de regretter après coup ce qui s’est passé... Réècrire le passé ne sert à rien et aucun remords n’a jamais permis de remonter le temps.
(page 77).
Après, j’ai gardé un long moment la tête sur sa poitrine, me laissant bercer par le rythme de sa respiration qui se mêlait au souffle du vent, au ruissellement de l’eau. Je ne sais plus si je voulais dire quelque chose, ou si je voulais me taire. Tous mes mots restèrent à l’intérieur. Bien plus tard, nous partîmes en prenant garde à ne pas glisser sur l’herbe humide, à ne pas nous égarer dans le rouge pâle du crépuscule. La lune, au-dessus du ruisseau, formait une rondelle bleutée.
Il n'est pas de sensation plus dévorante que celle de se sentir seul au monde.
Le destin est une bête sournoise, il procède par touches légères, par strates infinitésimales, vous laissant accumuler mauvais choix et petites erreurs, vous autorisant à orienter le gouvernail de votre vie sur une longue suite de mauvais caps, puis, un beau jour, au lieu d’atteindre la destination tant convoitée, c’est le naufrage. Impossible de changer de trajectoire.
Le vrai solitaire est celui qui vit à l'abri de toute espérance.
Nous avons pour trésor ce qui a été confié à notre mémoire.
Aucune pensée n’est jamais totalement juste. Totalement pure. Aucun sentiment. Au fond, nous ne sommes qu’ombres et doubles-fonds, qu’écheveaux à débrouiller.
Dans ma précipitation à publier cette critique , j'ai omis de remercier Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique et, l'éditeur belge..
Donc, avec retard je leur présente mes remerciements chaleureux !