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Critiques de Frédéric Sounac (13)
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Agnus regni

613 pages quasiment sans dialogue, 1.1 kilo. Édité en 2009, il était dans ma bibliothèque depuis fort longtemps.



J'ai sans aucun doute été attirée par le sous-titre : "Agnus regni: histoire tragique encore que sensuelle et farceur de Grégorius Maximilien Lehcart.,"



Visiblement inconnu, aucune critique sur Babelio ni sur internet. Curieux, non? A croire que la densité du texte a rebuté de nombreux lecteurs.



Abandonné après une première tentative infructueuse, je viens de le finir dans le cadre d'un défi lecture.



Je l'avoue les premières deux cent pages furent laborieuses. Sans ce défi lecture, il est probable que j'eusse à nouveau abandonner cet ouvrage.



Mais je me suis accrochée et bien m'en a pris. Ce livre est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié). Le style de l'auteur est intriguant, parfois exaspérant parfois un peu trop: "j'ai de la culture vous savez..." des phrases très longues, avec une multitude d'images répétées, ressassée pour bien faire comprendre au lecteur l'intention de l'auteur.



Cette dystopie se situe à Paris qui ne s'appelle plus ainsi. Les régions Françaises ont pris leur indépendance et dans l'ex capitale il y a "Le règne". C'est une dictature. Le père du héros, Gregorius, est un des théoriciens de cette dictature.



On suit Gregorius dans la narration de sa vie. Il est devenu inspecteur des bordels. Car le règne regle la question des rapports sexuels de ses citoyens. Chacun doit avoir un rapport par semaine avec des agents assermentés.



Gregorius narre son enfance avec son père grand amateur de champignons et sa mère, femme délaissée. Puis son éducation par la Garde, corp d'élite du Règne. Lors de cette formation Gregorius sera fasciné par Félix et Lolika, professeur de musique qui offre un échappatoire à cette formation très musclée.



On va suivre Gregorius dans son travail, ses états d'âme, ses errances, ses relations. Il relate la résistance "des Républicains" mais ce n'est pas son combat.



Un chapitre nous apprend ce qui est arrivé à la mère de Gregorius. On va également suivre Alvaro un jeune homme hors du commun et hors du règne dont le destin va croiser celui de Gregorius.



Ensemble ils vont basculer dans un autre monde. Il y a des pages sur la sensualité homosexuelle masculine que je n'avais jamais lu auparavant.



Mais.... le règne les surveille....



Le texte est entrecoupé d'interpellations du lecteur. L'agnus fait référence à l'agneau, le sacrifié, l'innocent...



Il y a des réflexions sur la manipulation des masses, sur le choix faits par les différents protagonistes, ...



La fin est étonnante.



"Agnus regni: histoire tragique encore que sensuelle et farceurs de Grégorius Maximilien Lehcart.," il y a de la tragédie, de la sensualité sans aucun doute par contre la farce me laisse dubitative.



C'est un livre étonnant...Plus resserré, il aurait eu sûrement plus de succès. Il peut plaire à des lecteurs avertis et que la longueur n'effraie pas.



En tout cas je serai heureuse d'échanger avec d'autres lecteurs car c'est un livre complexe.
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Tue-Tête

Lu de décembre 2023 à mars 2024 (roman policier, dystopie)

Évalué 4 étoiles : indigeste, mais génial.



Tue-tête de Frédéric Sounac, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017



Il y a quelques années, j’avais repris des études de Lettres à l’université, pour mon plaisir personnel. Frédéric Sounac a été l’un de mes professeurs de littérature comparée en Licence, puis en Master. Ses domaines de prédilection s’articulent autour des littératures policières et des relations entre littérature et musique.

Il m’a fait découvrir James Ellroy, Jack O’Connell autour des fictions de l’Amérique décadente et José Carlos Somoza, pour une réflexion sur l’art et ses dérives.



J’ai gardé un excellent souvenir des cours et séminaires suivis auprès de Frédéric Sounac. Ses approches n’étaient pas des plus faciles à suivre, les auteurs du corpus proposé avaient en commun un discours pessimiste, plus ou moins explicite et violent, avec des intrigues où la corruption et les pulsions sexuelles se donnaient libre cours, où la psychopathologie meurtrière se révélait métaphore et reflet des maux de la société…

Je ne m’attendais donc pas, de sa part, à un roman aisé à lire et à comprendre…



Une dystopie…

Dans l'État futuriste d'Europack, l'apocalypse climatique a déjà éclaté.

La population masculine est frappée de plein fouet par ce dérèglement, souffrant d'une pathologie incurable de dégénérescence vocale. Un seul homme, défie cette triste condition du sexe fort : Melchior Maluir, le chanteur lyrique, surnommé « Tue-Tête » à cause de sa voix d'or.

Conséquence directe de l'insécurité écologique, la corruption, étroitement mêlée aux intérêts politiques, bat son plein. Les enjeux de pouvoir sont partagés entre trois hommes : Alessandro Born, le Grand Pensionnaire d'Europack, Glenn Trippa, le chef du puissant Magasin qui a la haute main sur le marché des vox-lifters et le Père Niels à la tête des « Jésus m'aime », mouvement de développement personnel qui a juré la perte de l'Église.



Un roman policier…

Ida Mésange, inspecteur de Pack-Stups en lutte depuis des décennies contre les filières de vox-lifters, découvre son agent Edilion étrangement assassiné au nucléo-Barcelone : une brûlure intérieure a fait littéralement fondre sa nuque.



Une histoire de famille…

Orpheline, Ida Mésange cherche désespérément la vérité sur ses origines. Elle ignore qu'elle est sur le point de tout découvrir au péril de sa vie quand elle décide soudain d'assister au prochain récital de Tue-Tête, accompagné par Zoé Zaffius, une célèbre pianiste.



Des lieux : Europack est conçue comme une gigantesque branche d'ADN reliant les différents nucléo-Amsterdam/Paris/Berlin/Barcelone/Naples, etc… J’ai même relevé un nucléo-Toulouse où subsiste l’hôtel d’Assézat.

Un endroit particulier : le Dulce & Decorum, un vieil hôtel du nucléo-Amsterdam au luxe visionnaire…



Un roman polyphonique…

Frédéric Sounac nous propose plusieurs focalisations autour des principaux personnages avec une place particulière pour David Adhum, qui s’exprime à la première personne ; c’est le majordome du Dulce & Decorum, un homme étrange, complexe, à la fois raffiné, discret et décadent, passé maître dans l'art du compromis, gardien des secrets les plus honteux et, malgré tout, humaniste dans l'âme.



Une réflexion sur le pouvoir et ses dérives… Une satire des postures des politiques narcissiques qui se croient au-dessus des lois, se maintiennent dans une prospérité excessive et honteuse, dominent et humilient les classes laborieuses, gouvernent par la terreur et la répression…



Un style… Une écriture… Une densité…

Les différents chapitres son introduits par quatre lignes de graffitis, en plusieurs langues, du genre des inscriptions graveleuses que l’on peut trouver dans les toilettes publiques. Déjà, cela impose une atmosphère connotée…

L’écriture est dense, travaillée, recherchée, complexe.

L’éventail des thématiques et des problématiques abordées est foisonnant. Nous sommes dans un roman noir qui nous parle de décadence, d’écologie, de politique, de questions de genre, de trafics de toutes sortes…



Un immense univers référentiel qui remonte à l’Antiquité… Sur la couverture du roman figure un portrait de Méduse par Le Caravage… Les allusions littéraires, musicales, géographiques, architecturales, etc. abondent dans le récit.



Un livre de plus de 400 pages, un pavé dont ma lecture fut laborieuse. Je reconnais avoir eu besoin de temps pour entrer et rester dans ce livre ; plus de trois mois de lecture à petites doses… Il m’a sûrement manqué des clefs de lectures.



Un roman pour lecteurs avertis et courageux.

Une claque littéraire pour celles et ceux qui iront jusqu’au bout.



#lesglosesdelapiratedespal


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Nour et Balthazar

Noûr et Balthazar de Frédéric Sounac, La Joie de lire, 2024 (littérature jeunesse)



Frédéric Sounac a écrit ce roman pendant le 1er confinement pour sa fille de 10 ans qui se plaignait de ce que qu’il n'avait jamais rien fait qu'elle pût lire ; en effet, les publications de son père, professeur de littérature comparée à l’université Toulouse Jean Jaurès, s’adressent à un lectorat adulte plutôt exigeant et érudit.

Pour ses étudiants, c’est un spécialiste, entre autres, des rapports entre littérature et musique, deux domaines que nous retrouvons dans ce roman.



Un moyen-âge de légende…

Deux enfants aux antipodes l’un de l’autre : Noûr vit en Égypte, sur les bords du Nil, où elle étonne sa famille et ses voisins par ses dons pour le chant et le calcul et sa proximité avec un vieux dromadaire ; Balthazar vit dans un château déglingué dans le sud de la France et trompe sa solitude en jouant de la mandore, un instrument de musique à cordes pincées, proche du luth.

Deux personnages aux caractères opposés : Noûr affiche une forte personnalité tandis que Balthazar est un garçon passionné, mais mélancolique et discret.

Un étrange dromadaire, vieux et sage, doté de la parole, gardien de secrets ancestraux.

Une figurine de couleur jaune représentant un petit dromadaire.

Un fléau à combattre qui frappe les animaux et les hommes…

Un portail entre Orient et Occident, gardé par une déesse scorpion…



La narration alterne les points de vue, passe de Nour à Balthazar au fur et à mesure que se tisse entre eux un lien particulier, fait de sable et de musique. L’écriture est enlevée, drôle, poétique avec une forte puissance évocatrice : on se croit alternativement dans le désert, puis dans un vieux château plein de courants d’air.

L’ensemble est foisonnant…L’auteur passe de l’Égypte ancienne aux croisades, de la satire de l’obscurantisme de l’Église à l’émancipation des filles, nous parle de collaboration entre les peuples, de partage des connaissances…



Ce roman est conseillé à partir de 11 ans et les jeunes lecteurs vont adorer les parcours en miroir de Noûr et Balthazar, la galerie de personnages aux noms évocateurs, le dynamisme et l’humour des dialogues, les situations cocasses, l’ambiance entre roman d’aventure et fantasy, etc.

Les adultes vont savourer tout un bel univers référentiel, une mise en abyme de la pandémie, des enjeux écologiques…

Le dénouement invite à a la réflexion… Tout n’est pas expliqué afin que chacun(e) puisse oser ses propres interprétations : que penser de la difformité physique qui frappe Balthazar ? Que devient Vieux-Crouteux ? Qui était Hatchepsout ?...



Frédéric Sounac a écrit un véritable petit bijou où, l’air de rien, tout est superbement travaillé, subtilement revisité, souvent didactique. Tout en se mettant à la portée des jeunes lecteurs avec un style et des tonalités qui leur correspondent, il s’adresse aussi aux adultes, semant des graines de discussion.

Un livre à partager en famille.


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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

Firmin Falaise est un musicien passionné, un jeune diplomate ambitieux, plein de fougue, et de naïveté. Sa passion, il voudrait la faire partager a des enfants du Dahomey (actuel Bénin). En tant que diplomate il crée une mission (qui prendra la poussière durant dix années), avant d'être mis en route par le chef d'orchestre Capitaine Mouc-Marc. Entre son rêve et son ambition, la réalité du terrain et le colonialisme putride omniprésent, la mélodie se transforme en barbarie et infamie.

Petit roman de 100 pages, à l'écriture à la fois soignée et tranchante, ce roman n'est pas à offrir aux âmes sensibles. Frédéric Sounac met particulièrement bien en avant les fausses notes du colonialisme « Vous n’êtes pas ici pour fraterniser avec l’indigène, mais pour l’éduquer et amoindrir, ce que je crois personnellement possible, son coefficient de barbarie. », ainsi que l'opposition entre la partition musicale (qui sans demi-mesure était à la fois douce et bienveillante) et sa mise en pratique.

Hâte de lire à nouveau de cet auteur.
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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

Novembre1884, s’ouvre la conférence de Berlin. Européens, Américains et Russes vont discuter des modalités de partage du continent Africain et des règles régissant cette vaste entreprise qu’est la colonisation. Ne nous y trompons pas ce sont les richesses que l’on vient chercher et rien d’autre. Quelques actions humanitaires seront proposées mais là encore, ne nous y trompons pas, ce n’est que pour avoir bonne conscience et le salut des âmes. C’est dans ce cadre qu’un diplomate français propose d’aller enseigner la musique classique aux nègres et de former avec les moins mauvais d’être eux un orchestre. Voilà donc le récit d’une expédition pour le moins loufoque, le côté comique en moins. De péripéties en péripéties, l’aventure vire au tragique : on brutalise, on viole, on détruit, on tue par bêtise, par ennui. Je rêvais d’une critique acerbe et toute en finesse de la colonisation, je craignais une critique convenue et grossière mais je n’ai lu qu’une fade critique en filigrane. C’est d’autant plus dommage que l’écriture est belle et que les descriptions des paysages, des odeurs, des rythmes, m’ont emportée dans cette Afrique rêvée.
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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

À travers le fiasco tragique d’une mission de « civilisation par la musique classique », l’anéantissement cruel et drôle de l’idée même de « bienfaits de la colonisation », dans la dureté du réel ré-imaginé.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/19/note-de-lecture-histoire-navrante-de-la-mission-mouc-marc-frederic-sounac/



« Histoire navrante de la mission Mouc-Marc », troisième roman de Frédéric Sounac, publié chez Anacharsis en mars 2022, commence au même point névralgique de l’histoire des rapports entre Afrique et Europe que les deux récits somptueux d’Éric Vuillard, « Congo » et « La bataille d’Occident », sous l’identique signe triple du racisme, de l’impérialisme et du colonialisme, sacralisés lors de la conférence de Berlin (1884). Mais là où l’auteur de « L’ordre du jour » parcourait le terrain aux grandes enjambées de son inimitable foulée post-ironique, l’universitaire toulousain, spécialiste des fictions policières et des liens entre littérature et musique, introduit un élément très spécifique pour faire vaciller la grande Histoire et nous lancer dans une véritable tragédie burlesque, mordante à souhait : après quelques années de tergiversations (treize, tout de même) dont la diplomatie en général et celle de la IIIème République en particulier maîtrisent les secrets, l’idée joyeusement surplombante de civilisation par la musique classique du jeune Firmin Falaise est non seulement retenue, mais mise en application, avec l’organisation de la mission Mouc-Marc, du nom du rugueux capitaine vétéran des guerres coloniales, mélomane aguerri de surcroît, qui la dirigera.



En janvier 1899, les membres de la mission s’élancent de Cotonou vers les confins du Dahomey (plus tard le Bénin), coincé sur toute sa longueur entre le Togo allemand et le Nigéria britannique, là où il se confond avec ce que l’on n’appelle encore ni la Haute-Volta (plus tard le Burkina Faso) ni le Niger. Vers un destin que je vous laisse découvrir dans toute son horreur, toute sa splendeur et toute son ironie du sort, le moment venu.



C’est avec un grand brio que Frédéric Sounac s’empare ici de l’imaginaire de la mission d’exploration africaine, de l’enracinement pluri-centenaire des clichés racistes, impérialistes et coloniaux, et du hideux paternalisme prétendant réciter sa litanie de bienfaits : portant le fer rougi là où il le faut, à la manière du Joseph Conrad de « Au cœur des ténèbres » ou de sa formidable relecture par Paul Kawczak (« Ténèbre », 2020), il crée sa tonalité propre de récit sérieux à humour dissimulé, encore différente de celles – qui la tangentent cependant – du Gauz de « Camarade papa » ou du Mika Biermann de « Un Blanc ». Le burlesque mêlé à l’horreur constitue bien un formidable révélateur des ignominies, surtout de celles qui sont bien plus persistantes qu’on ne le croirait.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

Désolant !



Pas le livre, hein, ce qu'il nous raconte...



Frédéric Sounac nous emmène à l'aube du XXe siècle. Le colonialisme est la norme, et même si l'esclavage a cessé quelques années plus tôt, certains considèrent les Africains, les "nègres" comme des animaux, ou des sous-humains, et tous sont d'accord pour dire que les Blancs ont le devoir de leur apporter la civilisation.



C'est ainsi que Firmin Falaise conçoit le projet d'enseigner la musique en Afrique. Son projet, accepté, voit le jour des années plus tard, et c'est une étrange troupe qui s'embarque pour la lointaine Afrique, avec à sa tête Mouc-Marc, militaire choisi pour sa connaissance de l'Afrique et son amour pour la musique.



Et à mesure que cette troupe constituée de soldats et de musiciens s'enfonce en territoire inconnu, les visages se révèlent et les soldats sont de plus en plus difficiles à gérer pour Mouc-Marc, trahi par Tussoine.



On ressent bien dans ce récit l'arrogance qui fut celle des colons, et comment peu de "brebis galeuses" peuvent contaminer un troupeau.



C'est une histoire violente et triste. Comme le dit le titre, c'est une histoire navrante.



Mais que je me félicite tout de même d'avoir découverte grâce à l'opération Masse Critique de Babelio et aux éditions Ancharsis.



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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

Je n'ai pas l'habitude de lire des livres courts. Je suis plutôt habituée aux pavés, aux séries, aux sagas... car j'aime que l'univers et le caractère, la psychologie des personnages soient bien développés.



Ce livre compte 121 pages. C'est très court, me suis-je dit, pour relater une expédition en Afrique ! Imaginez un roman de Jules Verne de 120 pages ! Impossible !

Eh bien force est de constater que Frédéric Sounac a brillament relevé le défi, en ce qui me concerne !



Ce petit brûlot anticolonialisme (et anticonnerie d'une manière générale) arrive, en peu de temps, à nous dépeindre l'Afrique fin XIXe d'une manière complète, chatoyante, amoureuse... Les personnages s'incarnent précisément et comme par magie dès qu'on les rencontre.

Quant à l'histoire, on sent monter la tension dès le début vers l'inéluctable...

Le style, empruntant à celui du XIXe, n'en reste pas moins léger et limpide.

Je me suis attachée, car identifiée, à Firmin Falaise, cet idéaliste, fou de musique, ivre d'aventure, de rencontres, de l'Autre, victime de la pensée dominante de son époque qui prête aux Africains un "coefficient de barbarie" élevé, tandis que Firmin, lui, "eut voulu goûter la vie d'un peuple avec lequel il désepérait de ne rien pouvoir partager, ou si peu".



[Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Crtique de Babelio] [Belle découverte, merci !]



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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

J'ai découvert ce petit roman grâce à la sélection du Prix Hors Concours, il était d'ailleurs l'un de mes favoris. De quoi ça parle ? Sous fond de colonialisme, alors que les Empires européens se partagent l'Afrique, le jeune Firmin Falaise propose une "colonisation par la musique", idée rejetée plusieurs fois. Quelques années plus tard, sa mission est acceptée. Avec le Capitaine Mouc-Marc, violoniste et mélomane, il rassemble une expédition musicale vers le fin fond du Dahomey. Mais à cause de la perfidie de certains et de l'obsession musicale des autres, l'aventure va mal se passer.



J'ai beaucoup aimé ce roman, avec ses personnages bien campés, ses petites touches comiques qui dénoncent le ridicule de la mentalité de l'époque. C'est un roman sympathique avec une plume agréable. J'ai été conquise juste avec un extrait et pendant toute ma lecture j'ai gardé cette impression. Bonne pioche ! Je recommande !
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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

Critique par Elara Bertho : "Un tout petit brûlot d’une centaine de pages à peine : c’est la forme courte que choisit Frédéric Sounac pour raconter la déroute d’une mission coloniale imaginaire de la fin du XIXe siècle, qui aurait eu pour projet fou de monter un conservatoire de musique classique, en rase campagne, au Dahomey. Le style dense, poétique, compact rappelle les explorations romanesques et politiques de Joseph Andras dans Kanaky ou De nos frères blessés, à ceci près que Frédéric Sounac prend le parti inverse : il adopte non pas le point de vue des subalternes, comme c’est souvent le cas chez Andras, mais plutôt celui du colon, le jeune et naïf Firmin Falaise, dans un pastiche ravageur des récits de conquête...".



La suite sur le site de la revue.








Lien : https://revue.alarmer.org/hi..
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Nour et Balthazar

Noûr et Balthazar sont deux enfants qui ne semblent rien avoir en commun. Ils vont évoluer chacun dans leur univers, en parallèle, et sans jamais se rencontrer. Pourtant, quelque chose va unir leurs destins respectifs. Je n'ai pas vraiment l'habitude de lire de roman qui se parent d'un peu de fantasy, pourtant, j'ai été littéralement absorbée par ces deux intrigues qui s'entrecroisent. De plus, je me suis délectée de l'écriture emplie de poésie de Frédéric Sounac, un auteur que je ne connaissais absolument pas. J'ai eu l'impression de voyager dans le désert avec Noûr et je me suis retrouvée propulsée en plein Moyen-âge avec Balthazar, au rythme de la musique médiévale. C'est l'époque mouvementée des croisades, un mal insidieux touche les dromadaires, mais également des humains dans l’entourage de Noûr et Balthazar, lui, a une bosse qui pousse dans son dos... On entre dans la grande Histoire par le petit bout de la lorgnette avec cette aventure et on découvre l'origine de la polyphonie musicale que Noûr qualifie comme le « mélange harmonieux des mélodies » (p.222). L'auteur distille les informations avec finesse et habileté, en alternance, tout en saluant les beautés de la nature. Je me suis tout particulièrement attachée à Noûr, cette jeune fille dotée d’une intelligence extraordinaire qui ramène l’espérance et soigne le mal répandu par un mauvais esprit grâce aux sons mélodieux de la musique. On passe d'une histoire à l'autre avec douceur. Ce roman a quelque chose de magique ; une brèche dans le temps qui se suspend pendant la lecture... J'ai beaucoup aimé tous les petits romans de cette collection Hibouk qui m'ont emportée à chaque fois et ce dernier ne déroge pas à la règle, il est superbe et d’une infinie poésie.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Histoire navrante de la mission Mouc-Marc

4e de couv : “La musique adoucit les mœurs. Firmin Falaise, diplomate mélomane, en est en tous les cas très convaincu. Aux abords de l’année 1900, le ministère l’autorise à organiser une expédition à destination du fin fond du Dahomey, sur une boucle du Niger, afin d’aller civiliser les jeunes garçons en leur apprenant à jouer Haydn, Bach ou Beethoven.

Violoncelles et violons, escortés d’hommes en armes, se mettent en route pour le cœur des ténèbres. Une variation à l’humour massacrant sur les aberrations du fait colonial.”





J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une des opérations Masse Critique de Babelio, une première pour moi. J’avais mis ce livre dans ma liste de demande car j’étais intriguée par le résumé qui me laissait présager un petit livre avec une histoire décalée, originale. Alors si effectivement l’ouvrage est court (130 pages), je n’y ai pas trouvé ce décalage que j’attendais. L’idée de départ était chouette : une mission musicale et non religieuse. Mais au final, j’ai trouvé que cette histoire aurait mérité quelques chapitres supplémentaires afin de creuser plus ses personnages et les enjeux. Car pour moi tout va trop vite. J’aurai préféré voir la situation se dégrader progressivement, la folie gagner petit à petit les membres de la mission. Là on a l’impression que ça se détériore un peu d’un coup, et la critique du colonialisme, même si elle est présente, manque de subtilité et de profondeur.

De plus, sur le style, j’ai eu beaucoup de mal avec l’emploi de certaines expressions et de certains mots racistes. Leur utilisation se justifie par le fait qu’elles sont employées par des personnages racistes, mais j’ai quand même trouvé qu’il n’était pas toujours utile ou pertinent de les employer à certains passages ou qu’elles auraient pu être être moins nombreuses à d’autres moment, cela n’empêchait pas la compréhension de l’histoire et la caractérisation du personnage en question. Et je n’ai toujours pas saisi l'intérêt de la référence au pénis du personnage principal dès la première page, qui est complétement gratuite et n’apporte rien à rien.



En bref, vous aurez compris que je n’ai pas accroché du tout malheureusement. Peut-être suis-je passée à côté de la satire qui m’étais vendue car je ne l’ai pas suffisamment vu et n’ai pas souri un instant. Tant pis !
Lien : https://www.instagram.com/ma..
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Black Bach, tome 1

Sur le modèle des « livres noirs », Frédéric Sounac nous livre un essai au long cours qui invite à reconsidérer la fascination et la domination que Bach exerce sur la culture occidentale.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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