Citations de Franck Bouysse (2489)
J’ai appris que seules les questions importent, que les réponses ne sont que des certitudes mises à mal par le temps qui passe, que les questions sont du ressort de l’âme, et les réponses du ressort de la chair périssable.
- T'es bien un vrai paysan, toi.
- Ça veut dire quoi?
- Que t'as sûrement plus de réponses à donner que de questions à poser.
Caleb pense que ce qui peut arriver de mieux à la planète, c'est que les humains disparaissent le plus rapidement possible, peu importe comment. Pour que tout soit parfait, il faudrait qu'il n'y ait aucun survivant, sinon un jour ou l'autre, on recommencerait les mêmes erreurs. L'homme a toujours réussi à faire mieux, en pire.
Tout est calme. Il n'y a plus de temps à perdre. Voilà. C'est temps de sauter dans l'eau froide.
Mon nom, c'est Rose. C'est comme ça que je m'appelle, Rose tout court, le reste a plus rien à voir avec ce que je suis devenue, et encore , ça fait du temps que quelqu'un m'a plus appelée Rose.
Le vieil homme était d'une ancienne famille de meuniers qui s'était éteinte avec lui. Ici, les lignées, elles s'éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n'ont plus de cire à brûler. C'est ça le truc, la mèche, c'est rien du tout s'il n'y a plus de cire autour, une sorte de pâte humaine, si bien que l'obscurité gagne un peu plus de terrain chaque jour ; et personne n'est assez puissant pour contrecarrer le projet de la nuit. p 134
C'est terrible de croiser des gens sans soupçonner leur détresse.
Depuis le jour où Gus avait posé le pied dans le café de Peyot, aucun des deux hommes n'avait voulu dire bonjour le premier ; à croire que ça les aurait dépossédés de quelque chose d'aussi primordial que leur âme
C’est terrible de croiser des gens sans soupçonner leur détresse.
Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s'éloigner du cœur qu'est l'enfance.
Ça me fait toujours marrer, les cellules psychologiques. Je pense que ce n'est pas ce qui aide à comprendre, juste à se donner bonne conscience, à montrer qu'on s'occupe bien de la progéniture de l'humanité et de son avenir. Et, accessoirement, à faire culpabiliser les autres gamins, ceux qui voyaient Muriel chaque jour, qui auraient dû se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond chez elle. Sales petits égoïstes ! Ce que je pense aussi, c'est que la psychologie a toujours un coup de retard sur l'échiquier des drames humains.
Des gens débauchent, certains visiblement pressés de rentrer chez eux et d'autres, à la recherche d'une amarre. Ils se désagrègent ou s'agglutinent. Ils sont lourds du poids qui les rive au sol. Au-dessus, le ciel est un drap blanc qui borde la ville. Les rues ressemblent à des saignées dans un corps de pierre, de brique, de parpaing, de bois, de métal et de plastique. Ici se joue la musique de la vie.
Seul le passé nous travaille le corps. Il finit toujours par remonter à la surface, comme un bouchon en liège privé de lest. Les légendes qui l'encombrent sont le fruit de grandes passions, de grands rêves, et d'incommensurables souffrances ; tout cela et rien de plus que cela. Les légendes, elles vieillissent, se délitent avec nous, se recomposent avec d'autres, à l'infini.
C'est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S'ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mais ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu'un, même pas un bout, juste imaginer le mal à sa propre mesure, c'est tout.
La seule chose qui me rattache à la vie, c'est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je crois pas que ce mot existe il me convient.
Pour les femmes, la vie c'était des actes et bien peu de mots.
Ce que je pense, c'est que c'est sûrement pas vous qui allez me dire ce que je dois penser.
Il n'y a pas de hasard, simplement des circonstances qui nous font dériver un peu plus longtemps que prévu.
Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà.
La beauté est une humaine conception. Seule la grâce peut traduire le divin. La beauté peut s'expliquer, pas la grâce. La beauté parade sur la terre ferme, la grâce flotte dans l'air, invisible. La grâce est un sacrement, la beauté, le simple couronnement d'un règne passager.
Aujourd'hui, il y a rien à faire, ces mots me servent à rien, ils sont vides, pas capables de contenir ce que je voudrais y mettre.
En vrai, aujourd'hui, les mots sont rien. Ils ont aucun pouvoir, plus aucun...