Au bord du canal de Bruxelles, l'écrivaine Évelyne Wilwerth lit un des textes de son romanouvelles "Miteux et magnifiques" (éditions M.E.O.)
Les artistes ont tous un nuage en eux, même les plus lumineux. C'est grâce à ce nuage qu'ils développent une terrible force intérieure et qu'ils vont jusqu'au bout de leur création quitte à en mourir.
[...]Comme c'est profond, les yeux. Bien plus qu'une piscine. Ce sont des lacs avec beaucoup de mystère dedans.
Ses yeux bruns.
Mes yeux bruns.
Avec nos secrets.
-Parle moi de tes conneries.
-Pas avant notre ballon suivant !
(p. 21)
La colère a des lèvres rouge vif
La mélancolie erre sur la grève
La joie fait tournoyer ses longues jupes
La jalousie se griffe le visage
" Les sentiments en images"
J'ouvre les yeux. Le noir. Je ferme les yeux. Le noir. Comme dans ma tête. Du noir. Ou plutôt du mou, du baveux. Omelette baveuse... Si je suis capable de rire, c'est que je ne suis pas morte.
Il se lance dans la recherche. Rien dans la salle d'eau, rien dans la pièce. Alors, il s'approche d'elle en louvoyant, il tate, soulève, farfouille. Le buste ne livre rien. Si bien qu'il s'agenouille posément, dénoue le cordonnet du pantalon de lin, le vêtement rejoint le plancher, rien entre les genoux, rien entre les cuisses, rien sous le string, il abaisse celui-ci très délicatement, rend l'index et le pouce vers la grotte secrète. Et ceux-ci débusquent la huitième balle.
p41-42
2ieme visite dans la chambre 7 d'Estrella & Helmut
Tu n'as pas été une connerie dans ma vie. Tu as été un engagement.
-Bonjour les Stavelotains ! On a très envie de connaître vos impressions sur Montréal !
(...)
- Moi je trouve que les Québécois ont plein d'humour et sont cools.
- Ils sont beaucoup plus dynamiques que les Belges.
- Moi j'adore leurs insultes ! Câlice, calvaire, ciboire, tabarnak, maudit marde.
- Moi j'ai aimé ce mélanges de races. Il y a des gens de tous les coins du monde ici.
- moi j'ai détesté ce mélange.
( p 122)
Alice est bien accrochée à son cadre de marche qu'on appelle aussi déambulateur. Ou tribune. Ce terme-ci la fait sourire. Elle, à une tribune prestigieuse, devant des centaines de micros. Elle est extrêmement calme. Et même sereine. Car elle se sent parfaitement bien avec elle-même. Comment dit-on? En adéquation? C'est ainsi que s'exprimerait sa fille unique.
Nous sommes sur la Passerelle à Liège, j’ai plus ou moins cinq ans, je suis mince et pas vilaine, je souris, je suis fière d’être enlacée par mon père, je souris peut-être aussi à ma mère, je ne l’appelais pas Plastique à l’époque ! Mes parents avaient plus de temps, on riait ensemble, pourquoi ça s’est peu à peu déglingué, parents de plus en plus pris par la spirale du boulot, puis tensions entre eux, et moi, j’ai dû compenser par quelques sucreries, j’ai gonflé, plastique observait l’évolution avec des yeux froids, méprisants, dégoûtés, on s’est moins parlé, la bouffe a pris beaucoup de place, a pris toute la place.