Citations de Bruno Tessarech (31)
Patrice passait ses journées à courir entre l'immeuble de Carlton Gardens, où de Galle et ses collaborateurs venaient de s'installer et les différents ministères où Dewavrin l'envoyait retirer des dossiers, porter des plis confidentiels, nouer des contacts. Il découvrait combien la guerre est agréable quand on ne la fait pas. Elle gomme le quotidien, annihile toute pensée individuelle, et décuple le sentiment de puissance.
Vous avez donc compris que cette leçon n'en est pas une. Narrateur omniscient, roman à la première personne, présence d'un Il privilégié, mise en avant d'un témoin complice, tout est possible à condition de veiller à la logique interne de votre roman. Là encore, l'avance fluide et naturelle de l'action doit être prise en compte car elle assure le confort du lecteur, lequel ne doit pas se sentir entravé par un système trop expérimental.
Tout était dit. Les images. Sans elle, impossible d'imaginer, précisément. Le journaliste n'était pas convaincu, Wernher le sentait bien. Mais il ne pouvait rien répliquer. Pas d'image, pas de preuve. Donc pas de mots, pas de commentaires, pas de questions ni de remarques, oui mais quand même, ne pensez-vous pas, ne vous dites-vous jamais que ... Fin de la discussion.
Quelques années auparavant, j'avais éprouvé pour elle un tendre amour et un profond désir, et puis elle s'était lassée de nous au motif que vivre avec un écrivain relevait du cauchemar- " quand tu n' écris pas tu es déprimé, et quand tu écris, tu es angoissé". (p; 173)
Par exemple je me rends compte que, dans un voyage, les bons moments se limitent en général à l'arrivée et au départ, lorsqu'on est tout heureux de ce qu'on va découvrir, et à la fin content de rentrer chez soi. (p. 203)
Vous, les intellectuels français, vous êtes incompréhensibles. Sérieux et cérémonieux tout le temps, et pour quel résultat ? Pétain et Laval
« une fois encore les bouchons de champagne doivent sauter à la Chancellerie du Reich, jugea Patrice ;nous supplions les Allemands de résoudre le problème qu’ils ont eux-mêmes créé, manière de leur répéter, au cas ou ils ne l’auraient pas encore compris, que nous leur laissons les mains libres. Face à Hitler, le monde entier avoue son impuissance. C’est la une conduite étrange venant d’Etats qui ne parlent que de contrer les nazis. »
J'avais réussi à noyer mon identité dans l'écriture en empruntant celle des autres. Mais dans la vie privée, je restais désespérément moi-même, un type à la fois indécis et sans grande imagination. p.177
Un jour, je me suis allongé sur un divan. Parfois porté par une frénésie compulsive, mais le plus souvent au prix d'un solide embarras, j'y ai ratiociné pendant près de trois ans.
Je suis un nègre. Quelqu'un qu'on paie pour écrire ce que les autres signent.