À quoi bon retrouver la liberté si on ne sait plus quoi en faire ?
Si cette liberté, légère, devient un boulet à traîner jusqu'à la fin de sa vie ?
Une nuit, je rêve de Ramon.
On est dans notre voiture confortable, et on roule sur une route baignée de soleil.
Il n'y a pas de musique. Juste nous deux, la voiture et le bruit du moteur qui ronronne, identique à un chat qui se prélasse.
Je ne sais pas où on va, et je pense que la réponse est nulle part, parce que la route n'en finit pas. Un peu comme dans les rêves où mon père intervient.
Ramon sourit au vent chaud qui s'engouffre par la vitre baissée et qui lui caresse le visage.
Je souris aussi. Il y a mon Glock posé sur la boîte à gants et un paquet de fric dans un sac balancé sur la banquette arrière.
On dépasse des stations-service, des restos routiers. On ne s'arrête jamais. On ne fait que ça. Rouler, rouler, rouler à l'infini.
Come je l'ai dit, je ne suis pas une fervente lectrice. Mais vu qu'ici, je n'ai que ça à faire, j'en profite.
Ingrid aime sortir cette blague comme quoi les bouquins, c'est de l'évasion, et que l'évasion, c'est total un truc de taularde.
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La justice, c'est un engrenage que je ne connais absolument pas. Je lui fais confiance. Pas le choix. Identique à des millions d'autres détenues dans l'attente d'être jugées, je dis ce que je crois bon de dire, et c'est suffisant. Une fois encore, c'est là où je suis, sans aucun moyen réel pour rétrograder. Je peux à peine faire un pas de côté.
Ramon n'a jamais tenu de propos violents. il n'a jamais prétendu vouloir changer la société. Il s'en foutait. Tout ce qu'il... Ce que nous voulions, c'est profiter de cette société sans la servir, sans se fatiguer pour elle.
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