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« (…) L’histoire d’un homme est donc l’histoire de tous les hommes : une épreuve plus ou moins longue, plus ou moins douloureuse ! La voix de l’humanité tout entière n’est qu’un long cri.

« Mais qu’importe la douleur des autres à celui qui souffre ? La plaie ouverte dans une autre poitrine adoucit-elle la plaie béante sur la nôtre ? Le sang qui coule à côté de nous tarit-il notre sang ? Cette angoisse universelle diminue-t-elle l’angoisse particulière ? Non, chacun souffre pour soi, chacun lutte avec sa douleur, chacun pleure ses propres larmes. »



(p. 185)
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Pourtant, tout avait bien commencé. J’aime New York en automne, septembre y déploie un ciel bleu et pur et les journées ne sont pas trop longues. C’est pourquoi j’avais choisi d’écouter dans mon Walkman un groupe basé au sud de Minneapolis, moins connu que les MC5 ou les Stooges, les Struggle for life parce que j’avais besoin dans la fraîcheur de ce petit matin new-yorkais d’être un peu électrisé. Ils jouaient un rock dur et ample avec une sonorité de garage, c’est d’ailleurs ce qui me plaisait. En réalité je les avais entendus au fond d’une grange -mais attention ce n’était pas du rock agricole – après une mission de tout repos, mais très bien payée, et croyez-moi depuis que j’ai intégré le circuit je suis au top question salaire dans notre branche d’activité. J’avais quitté le Chelsea dans la 23e West vers sept heures du matin. L’endroit ne vous aurait peut-être pas plu car le lieu était fréquenté par pas mal de farfelus ; mais finalement je m’étais vite aperçu que j’y passais inaperçu, si vous me permettez ce jeu de mots. Non pas que j’aie le genre de la plupart de ceux que j’y croise, loin de là, mais ils l’ont choisi. Pareil pour moi, donc pas de lézard, on est dans un pays libre. J’avais l’air d’un businessman international qui en avait assez des palaces anonymes, souvent en déplacement et pressé, qui se faisait un petit extra de temps en temps en compagnie d’une fille classe ou avec une rencontre réalisée sur place. Vous aurez compris que plus personne ne faisait attention à moi, c’est ce qui me convenait. J’avais hésité avec une villa à Greenwich, dans le Connecticut, de crainte de laisser des traces trop visibles. C’est une ville située à une cinquantaine de bornes de NYC. D’après ce que j’avais lu, la «médiane» des revenus dans ce bled passait facilement les 100 000 dollars annuels par foyer. À moi tout seul je n’étais pas tout à fait un foyer, mais en matière de salaire, depuis mes débuts dans cette profession, je ne me défendais pas trop mal. J’estimais avoir le droit de vivre au milieu de ceux qui brassaient la thune naturellement. J’avais contacté des agences, effectué quelques visites et ce qu’on me montrait me bottait bien : je savais qu’une fois entré dans la zone en question, plus personne ne viendrait me poser de questions à condition que je fasse un saut, de temps en temps, sur Greenwich Avenue, chez le bijoutier Manfredi pour acheter une montre qui passe la barre des 150 000 dollars. Les types qui résidaient là c’était du lourd comme me l’avait fait comprendre un employé de l’agence immobilière D. Ogilvy & Associates. Ceux qui y affluaient depuis quelque temps c’étaient les cadors des hedge funds et c’est justement ce qui m’intéressait. Je me disais que je finirais par en rencontrer un à qui je pourrais confier la gestion de mon portefeuille sans avoir besoin de justifier une appartenance à un clan de la Nouvelle-Angleterre depuis trois générations. Et puis, autant le dire nettement, le credo libéral qui consiste à multiplier ses gains sans lever le petit doigt en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, me flashait un max. Le fric qu’on fabrique en dormant, c’est le meilleur.
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Tout notre imaginaire romantique est fondé sur une forme d'infériorité des femmes et de sa sublimation. Il faut toujours que l'homme soit plus grand. Et que la femme se fasse toute petite pour être aimée.
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Mais en ce qui concerne les relations humaines, et surtout l’attirance entre deux personnes, je ne crois pas aux définitions figées et aux règles immuables, c’est d’ailleurs ce qui en fait tout l’intérêt. La plupart des gens aiment ranger les choses et les êtres humains dans des cases, cela les rassure. Tant pis pour eux !
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Mais là, tout de suite, rien ne pourrait me contrarier, je me sens heureux au-delà des mots. Je mesure la chance qui est la mienne et je me jure que je ne la laisserai pas s’enfuir.
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– Tu me casses les oreilles avec Sara à chaque fois que tu viens ! Avoue-lui tes sentiments ! Comme ça t'aura une bonne raison de te plaindre une fois qu'elle t'aura rejeté !

– Je peux pas...

– T'as rien dans le ventre

– je ne sais pas quand, ni comment lui dire...

– Rah ! débrouille-toi tout seul !
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Personne, et surtout pas les membres du Sacré Collège, n’ignorait cette règle non écrite et à peine formulée qui voulait qu’aucune femme ne s’installe sous le toit d’un cardinal. Pour un prélat non consacré, une vie maritale était plus compromettante qu’une vie licencieuse.
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Il faut savoir déroger momentanément à ses principes pour mieux les servir.
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Depuis Florence, Savonarole fulminait contre l’expédition ratée de Charles VIII : son échec était la punition de Dieu pour n’avoir pas déposé le pape. Ses sermons redoublaient de violence contre l’Église « débauchée », « la curie, putain fière et menteuse ». Il n’en finissait pas d’insulter le pontife, répandant son fiel dans toutes les têtes. L’accusant d’être un simoniaque, athée et pécheur public. Le pape était sur le point de l’excommunier mais il craignait d’en faire un martyr et d’aggraver la portée de ces diatribes.

— Certains pensent que l’Église devrait se réformer…, lâcha Alessandro sans donner de nom.

— Ne me dis pas que tu penses comme Savonarole ?! Ce moine assoiffé de pouvoir et d’intrigues a bâti sa fortune et son autorité sur des calomnies. Il ne faut rien céder à ce fou qui envie nos œuvres et nos palais. Si tu veux savoir ce que je pense, je crois qu’il a raison : nous ne sommes que des trafiquants d’éternité ! Des marchands de salut, et rien d’autre ! Et cela dure depuis près de mille cinq cents ans !
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— Je ne pense moi aussi qu’au bien de l’Église ! Pour exercer son magistère universel, elle a besoin d’appuis terrestres. Regardez l’invasion du roi de France : nous avons offert un front désuni, déchiré par les luttes de pouvoir. Pour se faire respecter l’Église doit être puissante, et le pape un chef d’État craint. Même si certains se prétendent choqués. Il n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur sa propre famille.

Alessandro prit quelques grains de raisin que lui tendait l’une des suivantes.

— C’est ce que veulent tous les papes de leur vivant mais, vous le savez bien, à leur mort ce qu’ils avaient créé sans la moindre légitimité s’écroule comme un château de cartes ! C’était le cas de Franceschetto Cibo, le fils du pape Innocent VIII, qui avait été très brièvement seigneur de Cerveteri et Anguillara. Après avoir reçu de lui ces deux fiefs, il avait été contraint, par nécessité financière mais aussi par manque de talent, de les vendre, peu après la mort de son père, à Virginio Orsini. (...)

— Mais vous oubliez que la papauté n’est pas une monarchie héréditaire…

Emporté par son esprit de courtisanerie, l’homme se leva brusquement :

— C’est ce que nous verrons ! Qui sait si César ne sera pas couronné après son père.
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Malgré le regret de la voir partir, il ne se souvenait pas s’être jamais senti aussi heureux. Ce sentiment lui donnait l’impression qu’aucun véritable obstacle ne s’interposait entre eux, que son mariage était comme son cardinalat, une sorte de vêtement un peu flou à l’intérieur duquel il pourrait se déplacer librement.
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Fiammetta Michaelis était l’une des courtisanes les plus renommées de Rome. Fille du cardinal Giacomo Ammannati-Piccolomini et d’une courtisane florentine, elle attirait le Tout-Rome dans son salon. Banquiers, poètes, architectes, fonctionnaires de la curie, prélats s’y côtoyaient. La fréquentation de son palais relevait du pèlerinage, comme une sorte d’intronisation officieuse, de passage obligé pour toute personne qui voulait asseoir sa réputation. Occupés par une carrière ecclésiastique qui leur interdisait le mariage, les hommes d’Église affectionnaient les salons de ces courtisanes, à la recherche du miracle féminin. Ces salons constituaient l’un des rouages de la Ville éternelle, sortes d’officines cachées et clandestines de la curie, tant leur existence était devenue nécessaire à l’équilibre et au fonctionnement de ce monde dominé par les hommes. Pendant le pontificat d’Innocent VIII, un chanoine avait voulu les bannir de Rome et le pape en personne l’avait désavoué, leur confirmant le droit de cité.
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Faute de descendance au sein d’une famille, il n’était pas rare que des prélats qui n’avaient pas encore reçu les ordres majeurs aient des enfants auxquels ils léguaient leurs biens pour qu’ils ne reviennent pas à l’Église.
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C’était la première fois qu’un pape faisait entrer son propre fils au Sacré Collège. César lui permettrait de conforter son emprise familiale sur l’Église, il serait le point d’appui dont il avait besoin pour accomplir son ministère, une sorte de Premier ministre sans titre. Quant à Juan, il serait son bras armé, tandis que Geoffroi et Lucrèce lui permettraient, par leurs mariages avec des héritiers des puissances voisines, d’étendre leur influence sur toute la péninsule.
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Elle [Lucrèce Borgia] rejoignait l’autel où son père allait célébrer la cérémonie lorsque son regard croisa brièvement celui d’Alessandro. En la regardant passer près de lui, il contempla une jeune fille de seulement treize ans, déjà âgée de toutes les conjectures et de tous les projets matrimoniaux que son père avait formés pour elle depuis sa naissance.
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L’esprit de cour faisait taire les protestations des invités : personne ne semblait gêné d’assister à cette cérémonie au cours de laquelle un pape mariait sa fille au Vatican. C’était pourtant la première fois qu’un tel événement avait lieu. Innocent VIII avait assisté à des banquets en présence de femmes et il avait été le premier à accueillir ses enfants au palais apostolique, mais les noces de son fils et de la fille de Laurent de Médicis n’avaient pas eu lieu dans cette enceinte sacrée.
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Mes amis florentins m’avaient appris que l’homme doit faire de sa vie une œuvre d’art et que cette perfection préserve de toutes les malédictions puisqu’elle permet d’approcher Dieu.
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Rome n’est pas la capitale sainte dont tu rêves ! L’Église est ainsi faite aujourd’hui que le mérite et l’intelligence comptent pour beaucoup moins que la cooptation, aucun cardinal n’a été nommé sans avoir eu le soutien d’un membre de sa famille, ni a fortiori aucun pape, à moins d’être issu d’une des plus grandes familles romaines…
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En côtoyant cette Académie d’érudits, de philosophes, d’artistes de génie, le savoir et le talent m’apparurent comme des remèdes à tous les obstacles, à toutes les compromissions que je croyais devoir fuir. Ces rencontres informelles, sans règlement ni heures fixes, étaient réellement divines. J’avais mal jugé, par ignorance et par naïveté, l’intelligence de Laurent de Médicis. Mi-homme mi-dieu, il se servait de la beauté de ces œuvres pour étendre pacifiquement son pouvoir sur la République. Florence n’avait pas d’autres armées que celle de ses mercenaires de la Vérité et du Beau. Et pourtant, malgré la lumière et l’intelligence qui s’étaient couchées à ses pieds, Laurent demeurait toujours en quête d’une légitimité supérieure. Loin de Rome, je mesurais toute la puissance du pape vers lequel ses ambitions convergeaient. Tout au long de mon séjour à Florence, Laurent n’eut de cesse de rechercher un rapprochement avec la papauté à travers ses enfants. Affichant discrétion et modestie à l’intérieur de sa cité, Laurent poursuivait des alliances princières hors de ses frontières. Parmi elles, la papauté était la plus convoitée. Je me promis de ne pas oublier ce pouvoir de fascination dont je pense avoir usé avec plus de talent que tous mes prédécesseurs.
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Laurent [de Médicis] s’avança, illuminé.

— J’aime mieux que les Florentins que je gouverne rivalisent par le pinceau et les commandes, plutôt qu’à coups de poignard. Ils en oublieront j’espère leurs conjurations stupides. (...)

— Ce sont les idées qui gouvernent le monde, ce ne sont plus les dogmes qui ont figé les peuples dans l’ignorance, la peur et la soumission.
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