Eugène est né le 17 novembre 2007. Grand prématuré. Intubé. Extubé. Ré-intubé. C'est dans le service de réanimation de Montreuil qu'il a attrapé un staphylocoque doré. Il est mort d'un choc toxique le matin de son septième jour. Il y a une case portant une plaque à son nom au cimetière du Père-Lachaise. Sept petits jours et puis s'en vont...
Depuis, sa maman ne parle plus. Elle ne correspond qu'avec un petit carnet sur lequel elle écrit le strict minimum. Elle a acheté des mètres et des mètres de tissu velours rouge, s'est installée devant sa machine à coudre et a commencé à fabriquer des pantalons pour chaque âge de la vie d'Eugène.
Son père a commencé à écrire les quelques souvenirs qui lui restaient en mémoire. Mais sept jours, c'est trop court, c'est trop peu pour ce petit bonhomme. Alors, il va tenter de recouper les témoignages de ceux qui l'ont connu, va retracer les portraits de ses ascendants et lui inventer une vie...
Isabelle Monnin nous plonge dans l'intimité de ce couple qui doit faire face au tragique, à l'impensable. Comment supporter la mort de son enfant au bout de sept jours alors qu'ils ne l'ont même pas pris dans leurs bras, même pas vu son dos ni la couleur de ses yeux, tout juste effleuré ses jambes si minuscules? Les parents réagiront de manière totalement différente: elle, se réfugiera dans le silence, lui, écrira la vie de son petit homme. Lui (re)donnera vie. Sans misérabilisme, ce roman dépeint avec justesse, délicatesse et une profonde sensibilité la vie de ce couple et du petit Eugène. L'auteur conjugue habilement gravité et légèreté pour nous offrir un roman à la fois sombre et lumineux, triste et drôle, porté par une écriture sensible.