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3,53

sur 125 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le mot qui me permet de qualifier ce roman est lumineux. le thème, pourtant maintes fois traité, est ici un croisement harmonieux et subtile entre les personnage. J'ai découvert que la construction du roman a été faite selon les contraintes de Oulipiens. L'Ouvroir de Littérature Potentielle, Oulipo, a été fondé le 24 novembre 1960 par une groupe d"écrivains, de mathématiciens et peintres tels que Raymond Queneau, François le Lionnais, Italo Calvino, Jean Queval ou Claude Berge. le but de l'organisation était d'inventer une nouvelle écriture romanesque et poétique en intégrant des contraintes scientifiques à la littérature. Dans le cas présent, il s'agit de la base d'une partie de dominos, de dominos abkhazes. Dans la règle des dominos abkhazes, fait rare, il est possible de reprendre un domino déjà posé. Dans ce roman, un double posé donnera naissance à un chapitre à un seul personnage, un simple à un chapitre à deux personnages, exceptionnellement trois si l'un des personnages n'agit ni ne parle. le double zéro est un cas intéressant : il créera un chapitre avec deux personnages secondaires, ou un seul. On peut donc voir que la construction du roman est très cadrée et pourtant quelle harmonie se dégage de ce roman.

Nous rencontrons donc 6 personnes, dont 2 couples et 2 amants, dont l'histoire d'amour adultère est décrite de l'émergence des sentiments au dénouement final. Ces histoires d'amour adultères seront un révélateur pour ces hommes et ces femmes : les femmes devront faire un bilan de leur vie car leur choix déterminera la suite de leur existence. Il est difficile d'en dire plus sans révéler la subtilité du roman.
C'est remarquablement écrit, avec finesse mais aussi beaucoup d'humour (surtout les propos du psychiatre). Je reprends le terme d'une critique qui dit que Hervé le Tellier est un fin horloger : la succession des 60 chapitres, plus ou moins longs, avec les croisements perpétuels des personnages, est pourtant remarquablement fluide. Les sentiments sont délicatement exprimés et avec une certaine élégance.
Une vraie découverte de délicatesse.
Lien : http://toshoedwige.blogspot...
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Un psy tombe amoureux d'une avocate mariée à un biologiste, sa patiente (psychiatre, épouse d'un ophtalmo) d'un écrivain. Ils sont libres, elles ne sont plus mariées pour longtemps. le Tellier, oulipien et papou dans la tête, nous livre les états d'âme de tous ces bobos sur fond d'exercices de style (pas pu aller au-delà de la 20e des 76 phrases contenant « étranger » et constituant la conférence de l'écrivain, moment de vérité de l'ophtalmo bientôt quitté). L'histoire ne vaut pas tripette mais j'ai aimé les petites excursions dans le cambouis du psy et celui de l'écrivain : « Yves est écrivain, puisqu'il ne pourrait écrire sans honte « infinie tendresse », « fusiller du regard » ou « éperdument amoureux ». de temps à autre, « sommeil pesant », « traverser l'existence », « griffonner à la hâte » lui échappent ». Il manque « s'engouffrer dans une bouche de métro » et « avant d'engloutir son troisième sandwich au concombre », mais j'ai adhéré. Je n'arrive hélas pas à retrouver la phrase où le psy trouve décevant que ne soit pas prononcé le mot « inconscient » dans une conférence sur l'attachement. Là, je marchais à fond.
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Je ne connaissais pas du tout cet auteur, à part par le prix Goncourt qu'il a reçu en 2020. Mais ce roman m'a intriguée, par son titre, et par le texte présent sur la quatrième de couverture : 
''La planète connut cette année-là son automne le plus chaud depuis cinq siècles. Mais de la clémence providentielle du climat qui joua peut-être son rôle, il ne sera plus question. Ce récit couvre l'espace de trois mois et même un peu plus. Que celle - ou celui - qui ne veut pas - ou plus - entendre parler d'amour repose ce livre.
Anna et Louise ne se connaissent pas. Elles sont mariées, mères, heureuses. Presque le même jour, Anna va rencontrer Yves, Louise croisier la route de Thomas. A quarante and, la foudre peut encore tomber et le destin encore s'écrire, mais à quel prix? Hervé le Tellier, en horloger délicat, trace la parabole de leurs trajectoires.
Membre de l'Oulipo, auteur de romans, d'essais et de poésie, Hervé le Tellier est également l'un des "Papous" de l'émission de France Culture."

"Assez parlé d'amour" évoque deux histoires d'amour, deux adultères, deux familles perturbées, en deux récits, initialement similaires, qui vont s'entremêler tout au long du livre pour finir par s'opposer.
Ces histoires peuvent paraître banales de prime abord. Mais, très vite, j'ai été emportée par l'atypie du roman, et la délicatesse, la précision, l'humour avec lesquels ces histoires sont abordées. J'ai été charmée par l'écriture simple de l'auteur, les mots et les phrases qui "coulent" sans toutefois tomber dans le cliché.

Le récit est découpé en très courts chapitres, dont chacun est consacré à un ou deux personnages, formant un ensemble cohérent. 
La forme est plutôt originale : Hervé le Tellier ose des phrases barrées, une édition sur plusieurs colonnes, des notes de bas de page qui n'en finissent pas, des reproductions de documents,….
Dans ce roman assez étonnant, il mêle des poèmes, une liste d'achats, un discours d'avocat, une conférence, une improvisation sur un thème, une liste de souvenirs, un livre dans le livre,... et réussit à entraîner son lecteur assez loin du style habituel utilisé pour ce genre d'histoire. 

Bref, ce roman atypique, qui se lit à plusieurs niveaux de sens, et aborde toute la complexité du sentiment amoureux, a réussi à me séduire complètement !
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N°419– Avril 2010
ASSEZ PARLÉ D'AMOURHervé le Tellier – Jean Claude LATTÈS.

Ce titre était un peu engageant, après tout, les romans sont pleins d'histoires d'amour mais c'est aussi la dernière phrase du dernier chapitre qui revient ainsi comme un leitmotiv. Pourtant, le livre refermé, il apparaît que c'est une sorte d'antiphrase ironique puisqu'on pouvait penser qu'il n'y serait pas question d'amour, alors que, au contraire, c'est le thème unique de cet ouvrage où il n'est question que de cela! En réalité on se trompe, on se ment, on se quitte, on se croise et on tisse beaucoup d'histoires d'amour dans ce roman.
Ce qui frappe d'abord c'est le temps bref (trois mois d'un automne plutôt chaud)pendant lequel se déroule ce récit. le panel des personnages va de l'écrivain, à l'avocate célèbre, de l'analyste au scientifique connus... bref des intellectuels, mais aussi des notables parisiens, à l'abri des soucis d'argent, satisfaits d'eux-mêmes, comme il se doit. C'est surtout deux destins de femmes mariées, Anna et Louise, la quarantaine, mères de famille et heureuses. Elles se ressemblent sans se connaître et vont vivre deux amours semblables. Anna, pédopsychiatre mariée à un chirurgien,Stan, va croiser la route de Yves, l'écrivain et Louise, l'avocate, mariée à un scientifique, Romain, celle de Thomas qui est aussi l'analyste d'Anna. Thomas deviendra l'amant de Louise et Yves celui d'Anna. Ces deux passions adultères se recoupent donc avec pour toile de fond les maris auxquels elles n'ont pourtant rien à reprocher, qui sont amoureux d'elles et qui les protègent. Ils sont sans doute seulement les victimes de cette usure des choses, de cette envie d'ailleurs de leur épouse mais assurément ne méritaient pas cette épreuve... Quand ils finiront par comprendre ils en seront malheureux et peut-être aussi honteux [« Bien, dit Romain, pour résumer, je suis marié, nous avons des enfants, ma femme a rencontré un autre homme... Je suis très malheureux ». « Stan s'engloutit dans ce lent tourbillon qui le ramène soudain vers Anna, vers la pensée noire du corps nu d'Anna sous celui d'un autre, et l'image qui surgit le broie »].
Pourtant elles se demandent si cet amant qui débarque dans leur quotidien et le bouleverse pourra être le nouvel homme de leur vie, avec toute la remise en cause que cela entraîne inévitablement. Ce sont, bien sûr des  liaisons potentiellement dangereuses puisqu'elles bousculent les certitudes établies, l'ordre des choses et ne laissent pas place, en apparence, à cette culpabilité judéo-chrétienne qui nous entoure. Tout cela est un peu compliqué d'autant que dans cette affaire il ne faut pas oublier les enfants. Ils ont toute leur place dans ce récit, même s'ils restent un peu en retrait. le Tellier ne leur donne la parole qu'à la fin, notamment avec la métaphore d'Alice [« Oui, songe Anna, le Chat a raison, quand on ne sait pas où aller, le chemin n'a pas d'importance »].

Louise et Anna, comme Thomas et Yves se croisent,(sans oublier les rencontres inévitable entre les amants et les maris cocus) Ce n'est peut-être pas si artificiel que cela et cela caractérise les personnages, pas si fictifs cependant. J'ai toujours plaisir à voir comment ils réagissent par rapport à l'auteur, j'aime imaginer l'usage qu'ils font de leur liberté... Yves, l'écrivain est un peu le double de le Tellier et réagit probablement comme un auteur, surtout quand il écrit, pour les 40 ans d'Anna, un livre qui sera comme un cadeau et dont il sera évidemment question d'amour. Ce « livre dans le livre », c'est plus qu'une manière de mise en abyme, c'est une véritable trouvaille pleine d'émotions, de souvenirs.

L'auteur s'interroge et interpelle son lecteur: A un âge où la vie semble définitivement tracée, où les choses sont établies, l'amour peut-il venir frapper, même sous la forme du « coup de foudre »qui autorise les folies, les espoirs, les remises en question, parce que le corps change, que le temps a passé et qu'on ne le rattrape pas, qu'on croit s'être trompé dans son choix d'avant, et que, pour cela on est capable de tout briser et de tout recommencer, malgré les convenances sociales, la honte, la culpabilité, les enfants qui nous jugeront plus tard... Avec aussi la certitude que l'être qui vous a préféré à un autre peut parfaitement remettre en cause, avec le temps, le choix qu'il a fait de vous!

Il est aussi question de judéité dans ce récit mais aussi de dominos abkhases( et ce n'est pas un hasard tant les règles en sont compliquées mais Anna suggérera à Yves de substituer le titre initial prévu pour son livre « Tu parles d'amour dans ton livre...Alors met simplement « amour »), d'interrogations sur le langage, de la cryptobiose des tartigrades, des iguanes marins des Galapagos, de jalousie, d'hommage (celui que l'auteur rend à l'écrivain Edouard Levé qui s'est tué), de mort et de chagrin et de deuil.

C'est vrai que c'est bien écrit, le style est fluide et agréable, avec un jeu sur les mots, où l'auteur joue sur l'ambiguïté du langage, les quiproquos, les lapsus(« fais-le pas » et « fais le pas »), parle, dans son roman, constamment d'amour,«  cette chose qu'on donne sans la posséder », une occasion unique pour le Tellier, qui, un peu comme au théâtre, fait apparaître les personnage deux par deux, pour que, alternativement, ils se donnent la réplique. Leur rencontre a toujours quelque chose d'intime. le contexte oulipien caractéristique ajoute de l'intérêt à tout cela !

Une autre problématique se pose à l'auteur, celle de rencontrer son public. Avec ce roman, Il est permis de penser que oui!

Je continuerai à suivre la démarche littéraire de cet auteur, son analyse de ces « vertiges de l'amour » m'a bien plu.

©Hervé GAUTIER – Avril 2010.http://hervegautier.e-monsite.com

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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j'ai bien aimé ce livre, où les histoires des différents personnages s'entrecroisent. Je me suis laissé embarquer dans ces vies bousculées par l'amour dont on ne fait que parler malgré le titre. de Hervé le Tellier je n'avais lu que Joconde jusqu'à 100 d'un tout autre genre. Auteur à suivre.
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Superbes histoires d'amour et chassés croisés des 4 personnages fort intéressants.
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Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu un roman d'amour.

Mais je suis dans ma quête pour mieux connaître Hervé le Tellier, qui m'étonne et me surprend ouvrage après ouvrage.

Oui c'est un roman amours.
Deux femmes (Louise et Anna), qui ne se connaissent pas, qui sont mariées, mères et "heureuses" en ménage et qui croisent la "crise de la quarantaine".

Je ne vous dévoile rien, car vous pouvez le lire sur la 4ème de couverture.

Le style est alerte et rythmé, les mots sont choisis, les caractères des personnages sont ciselés.
Les personnages de ces 2 histoires de vie, s'alternent, se croisent.
Ce coup-ci, j'ai réussi à ne pas le lire d'une seule traite, j'ai donc évité la presque nuit blanche vécue à la lecture de "Toutes les familles heureuses" du même auteur.
Je l'ai dévoré en 2 séances de lecture ;-)

Une très belle expérience de lecture.

Livresquement votre
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Lu sur chaude reco de Marianne B. J'approuve et partage. C'est un livre agréable. Bien construit, bien écrit. Beaucoup plus humain, amusant et chaleureux que l'ANOMALIE qui m'est tombé des mains. Deux liaisons extraconjugales entrecroisées. L'une plus amoureuse que l'autre, entre un écrivain, parfait amoureux et amant semble-t-il, qui ressemble peut-être à l'auteur ? Tout ce petit monde très chic et très parisien. On navigue entre une femme médecin, un psychanalyste, une avocate et le fameux écrivain. Par moments, sensation que tout ça est un peu vain. Un peu trop bobo pour être vrai. Mais je me suis laissée porter jusqu'à la dernière page. Tous les livres ne peuvent pas en dire autant de moi :D
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Anna, médecin, est amoureuse d'un écrivain peu connu Yves. Thomas, le psychanalyste d'Anna, rencontre au cours d'un diner Louise, une avocate renommée et en tombe éperdument amoureux. Anna et Louise sont toutes les deux mariées et mères de famille.
Peut-on encore vraiment tomber amoureux après quarante ans sans trop de pertes et de fracas ? Eh bien si vous voulez le savoir, lisez ce livre…

Ils sont six, il n'en restera que quatre pourrait- on dire. Car n'oublions pas dans cette histoire les maris d'Anna et Louise. Maris aimants et dévoués. Quels choix feront Anne et Louise ? Celui de tranquillité ou alors le pari de recommencer une nouvelle vie amoureuse ? Dans ce livre, les destins vont se croiser au hasard de la vie.
Hervé le Tellier nous parle d'amour avec subtilité, délicatesse et humour. La trame du livre original m'a plu tout de suite : des micro-chapitres où il met en place à chaque fois deux des personnages.
Anna et Louise ont des doutes, peur de faire le mauvais choix . Mais peut-il y avoir un mauvais choix en amour ?

Le tout est écrit avec finesse, subtilité et humour.

Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Stan aime Anna, Anna aime Yves. Romain aime Louise, Louise aime Thomas, Thomas est le psychanalyste d'Anna. Vous l'avez compris, Assez parlé d'amour sera donc l'histoire de ces six personnages aux destins entremêlés ; celle principalement de deux femmes et de deux hommes foudroyés par l'amour, un amour réciproque ; et par conséquent celle aussi de deux autres hommes, les époux trompés, dommages collatéraux de cette histoire.

Le titre de ce petit livre est bien trompeur, puisque quoi qu'il en dise, Hervé le Tellier n'aura de cesse de nous parler d'amour d'un bout à l'autre de son roman...

La suite ici :

http://twentythreepeonies.wordpress.com/2013/01/10/assez-parle-damour-herve-le-tellier/
Lien : http://twentythreepeonies.wo..
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