Ecrivain parfois c'est être aussi une femme de ménage : on range, on plie, on dépoussière les fonds de tiroirs et on reluque derrière les armoires. Chercher n'est pas de tout repos. Ici, l'objectif est de sauver de l'indifférence et de la fatalité trois femmes, frêles silhouettes d'un passé où les traces ne sont plus que des miettes. L'auteur nous entraîne dans l'envoûtante cité d'Alexandrie pour suivre le destin de ces trois héroïnes qui, dans les années 30, ont vécu sous l'ors des paillettes, des combats, des désirs et essuyé quelques larmes. Si de ces trois « sirènes » d'Alexandrie ne restent qu'un pâle souvenir et quelques vieilles photographies jaunies, l'auteur y déniche pourtant un fabuleux trésor : l'histoire de sa famille.
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J'attendais ce livre avec impatience. Il est remarquablement écrit dans un style qui « paraît » facile, très fluide. C'est un réel plaisir.
Pour le récit lui même je suis très partagée. Les 3/4 du livre sont en points d'interrogation. La descendante n'a que très peu d'informations sur les 3 femmes. Elles complète donc par ses connaissances des moeurs , des coutumes, des croyances des différentes époques. de ce point de vue je suis déçue. Je n'écris pas aussi bien mais je me lancerais presque dans le récit de la vie de mes ancêtres.
Il reste le plaisir de lire ce livre
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Sibylle Vincendon remonte avec ses héroïnes Rosette, Claire et Claude l'histoire de ses ancêtres dans une cité égyptienne alors toute neuve où prospèrent les plus fortunés.
Lire la critique sur le site : Liberation
Né en Pologne, Haïm Weizmann avait fait des études de chimie en Angleterre, puis mis au point un explosif offert à l'industrie de guerre anglaise. En échange de ce cadeau, il avait obtenu des Britanniques la promesse de l'établissement d'un foyer juif en Palestine. C'est la déclaration Balfour de 1917. Ce texte très court, une simple lettre, assure que le gouvernement britannique "emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif , étant clairement entendu", point délicat, "que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine." Deuxième partie de phrase vite effacée. Un classique de l'Histoire. Rocard avait dit que la France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde et on a oublié qu'elle devait néanmoins "en prendre sa juste part".
Il y a pire que le Mena House. Rosette n'y a jamais mis les pieds mais elle est curieuse de voir le lieu. Bâti en 1869 à la demande du khédive Ismaïl Pacha face aux pyramides pour accueillir les invités de l'inauguration du canal de Suez, dont Napoléon III et l'impératrice Eugénie, le palace impressionne encore. Je me promène sur un site intitulé "Historic Hotels of the World, Then and Now", sorte d'avant-après pour des établissements qui ont dépassé le siècle. Dans le cas du Mena House Hotel of Giza, le webmestre veut démontrer que vous et moi pouvons séjourner dans la même ambiance que son altesse royale le prince de Galles invité par le khédive en 1889. Les photos du lobby, de la salle-à-manger Al-Rubaiyat, d'une guest room et surtout de la guest room sur la Grande Pyramide, respirent, si l'on ose dire, une forme d'éternité.
Rosette n'a pas beaucoup de culture de l'architecture ou des beaux-arts, elle réagit dans un premier degré de gamine époustouflée, éblouie par la décoration néomauresque du Mena House, ses salons dégoulinants d'orientalisme doré, ses lustres monumentaux et ses portraits géants de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, trace plus conséquente de leur passage qu'une signature dans un livre d'or.
Pièce d'un Empire ottoman déliquescent, l'Egypte est d'abord une "colonie de capitaux", selon le terme qu'a déniché l'historien Samir Saul dans le journal des débats de l'époque, un pays auquel les Européens prêtent de l'argent tant et plus via les emprunts que souscrit le khédive Ismaïl sur le mode "L'État c'est moi". Plus il s'endette, plus les Anglais et les Français poussent le pays vers la monoculture du coton, qui rapporte vite et gros. A eux surtout. Les Français sont les plus importants détenteurs de la dette égyptienne mais les Anglais, après la guerre anglo-égyptienne de 1882 - pas si facilement gagnée d'ailleurs -, ont racheté le protectorat de l'Égypte aux Ottomans. Bref, la "colonie de capitaux" ressemble à la colonie tout court.
13 mars 1938. La voix de CBS World News résonne dans le salon. "Right at this moment, Austria is no longer a nation, it is now officially a part of the German Empire. The Nazis are at all their might to bring Austria under complete nazi domination. Chancellor Schuschnigg flew to Hungary, Jews, catholics and former government and officials have been jailed.." Claire et Jacques se regardent, stupéfaits. Deux jours qu'ils écoutent les nouvelles, qu'ils entendent que Hitler a massé des troupes à la frontière autrichienne mais une annexion, un pays rayé de la carte, Claire refusait de croire que c'était possible. L'Autriche est annexée au Reich.