A l'occasion de la parution de son roman "L'été du Cyclone", Beatriz Williams s'adresse à ses lecteurs français. En savoir plus sur le livre: http://bit.ly/1IMwyR9 Disponible en librairie aux éditions Belfond.
" Je ne suis pas si innocente que j’ai l’air, vous savez. J’ai lu Balzac. "
(page 75).
- [...] Parfois, Pepper, il faut affronter ses problèmes. Accepter ce que Dieu nous a donné et en faire ce qu'on peut. Laisser tomber et grandir.
Quand il y a du désordre, l'esprit a du mal à trouver le calme.
Vous savez ce que c’est. On ouvre un œil à l’aube, les sens toujours engourdis par le sommeil, le cerveau toujours plongé dans les ténèbres de l’inconscient, ces quelques secondes durant lesquelles on ne se souvient même plus de son prénom. On ne sait plus qui on est, ni où, et quel lit ou quelle vie on occupe. On ne sait pas si on a quatre ans ou cent quatre ans. On ne sait pas si on est hier ou demain, en Amérique ou en Pangée.
Tu n'as jamais eu l'impression d'être pris au piège, coincé à l'intérieur de toi-même, comme si tu avais envie de faire autre chose, d'être quelqu'un d'autre, mais que tu ne pouvais pas te libérer, que tu ne pouvais pas te défaire de ces... je ne sais pas... de cette chose que tu es censé être, cette version publique de toi-même ?
Ah, l’odeur du café chaud. Rien de tel pour tirer un homme d’un sommeil profond encore plus rapidement que les mots "chéri, je suis enceinte".
Je ne fréquentais pas les gens qui fréquentaient le Ritz. Les moustiques, voilà comment mon mari les appelait. Et j’aurais peut-être dû l’écouter. Peut-être que rien de bon ne pouvait arriver au bar du Ritz ; peut-être qu’on était condamné à faire quelque chose de frivole et d’irresponsable, ou à traîner dans le coin jusqu’à avoir bu le sang de quelqu’un ou que quelqu’un ait bu votre sang.
- Bonne nuit , Lily .
Je détournai la tête juste avant que son regard ne rencontre le mien .
Bonne nuit, dis-je par-dessus mon épaule .
Je ne voulais pas avoir à le regarder monter en voiture à côté de Budgie . Je ne voulais pas le voir s'éloigner avec Budgie , retourner vers la maison qu'il partageait avec Budgie , jusqu'au lit où il dormait avec Budgie .
Il sortit ses cigarettes de la poche de sa chemise et m'en tendit une , qu'il alluma avec son briquet alors qu'elle était juste entre mes lèvres , que j'avais enduites d'un rouge à lèvres tout neuf , portant le scandaleux nom de DAREDEVIL de la marque Dorothy Gray .
DAREDEVIL : casse-cou.
J'avais déjà nagé dans les vagues , je m'étais laissée flotter sur la surface de l'eau sur les crêtes et dans les creux . je savais qu'il ne fallait pas lutter . C'était l'océan qui décidait de l'issue heureuse des choses . On le chevauchait comme un cheval sauvage , il fallait s'accrocher et prier pour qu'il ne nous désarçonne pas .