Je précise que cet avis spoile le deuxième tome et évidemment le premier, et qu'il est évidemment très subjectif. Il faut savoir que j'avais déjà émis quelques réserves sur le premier tome, avec lequel j'avais eu du mal à m'attacher aux personnages et donc à être prise dans les enjeux ainsi que la tension narrative de l'histoire.
Malheureusement, ce tome n'a pas réhaussé cet aspect-là. Je suis restée très détachée de tous les personnages ou presque. Tané m'a semblée trop fade, Ead ne s'est pas révélée comme je l'espérais et Sabran était plus en recul qu'au premier tome. En revanche, je trouve que Niclays a bien évolué et demeure un personnage intéressant, tout comme Loth qui a su susciter mon intérêt bien plus que les personnages féminins. Je ne saurais pas expliquer d'où vient ce détachement ; peut-être parce qu'il leur manquait une psychologie plus développée, des émotions plus fortes, des défauts plus saisissants. Ils me semblaient trop lisses, sans parler des antagonistes. La dragonne de Tané m'a en revanche beaucoup intéressée.
En ce qui concerne l'intrigue, on trouve plus d'action et plus de tension, mais elle ne m'a de nouveau pas saisie comme je l'espérais. le souci, c'est que comme les personnages m'indifféraient, je peinais sincèrement à être prise dans le danger. J'ai trouvé que les moments vraiment forts (La blessure de la dragonne de Tané dans les Ersyr, la blessure mortelle de Ead, même le combat contre le
Sans-Nom) étaient trop synthétiques. On s'épanchait beaucoup sur la description de ce qu'il y avait de visible, mais pas des émotions. Je n'ai senti aucune gradation dans la tension, aucun moment où je me suis dit « Alors là, ça craint. ». Je précise que j'ai quand même apprécié lire certains passages et que j'ai trouvé les scènes bien pensées, mais elles ne m'ont pas transcendée. Ah, et y a beaucoup eu de passages avec des « c'est miraculeux », et oui, c'était miraculeux. Que ça soit l'alliance entre l'Est et l'Ouest (L'empereur n'attend aucune preuve pour le retour du
Sans-Nom, quasi légendaire ?) après 1 millénaire, les personnages qui parlent la langue de l'autre, la réunification des personnages, l'Île plume qui accepte des Inyssiens avec le mal rouge, alors que Sulyard avait été tué pour moins que ça, Niclays qui revient en Inys avec un bras, la dragonne de Tané qui revient aussi au moment propice… c'était… trop facile ?
Et ce qui m'a malheureusement déçue au point de me faire refermer le livre avec un soupir déçu, c'est la fin. On parle d'un monstre terrifiant, d'un ennemi surpuissant, d'un combat acharné et mortel. Et ce combat dure… 15/20 pages ? Je n'ai senti à aucun moment la tension, le danger, l'horreur et le chaos. Dire que tout n'est que chaos ne suffit pas à m'immerger dans le dit-chaos. Et bon sang, cette toute fin est tellement belle ; aucune perte importante (j'ai du mal avec les fantasy aux combats violents où les personnages les plus importants sont systématiquement épargnés), tous les personnages sont bien vivants, presque trop en en forme. C'était à douter de l'affrontement qu'on attendait depuis quasiment 1000 pages.
Puis le
Sans-Nom… parle dans le vide ? Il a des répliques de grand méchant qui m'ont fait me dire « pourquoi tu parles pour dire des choses qui n'ont pas de sens ? » du genre « Sans moi, vous, les humains, vous vous entretuerez. » Alors, oui. Mais entre des guerres et l'éradication totale de l'humanité, le choix est vite fait, non ? Puis… en 1000 pages, je me disais qu'on aurait pu connaître les motivations du
Sans-Nom ? Qu'on sache pourquoi il crame tout ? Peut-être que ç'a été dit, mais j'ai raté l'information si c'est le cas. Je n'avais pas déjà pas été convaincue par l'intervention de Feùdel dans le premier tome avec son « Grgrgr attention on revient », mais alors le
Sans-Nom m'a encore moins plu.
Bref, on nous a tellement hypés sur ce combat, on a tellement vanté la dangerosité du
Sans-Nom, la force de Kalyba, que pour moi, tout se jouait dans ces 50 dernières pages. Eh bien ç'a été un flop. (je risque de me faire des ennemis en disant les choses si crûment, mais c'est une avis à chaud.)
Je maintiens que l'univers est très bien travaillé et très bien pensé. C'est le point fort de l'histoire. Dans les autres points positifs, il y a les décors, les pirates que j'ai trouvés intéressants, le world building, la carte (je suis amoureuse de la carte) et les idées. Même si pour moi les plus importantes ont été sous-exploitées, elles avaient un très gros potentiel. Et l'Histoire de l'histoire est vraiment sympa. J'ai beaucoup aimé les liens entre les religions, les oppositions, etc.
En résumé, la lecture m'a malheureusement laissé une impression de « tout ça, pour ça. », et ça m'a empêchée de refermer le livre avec une bonne appréciation. Qu'on soit d'accord, le roman est objectivement très bon, tout est cohérent et le livre est TOUT sauf problématique. Mais on me l'avait trop vanté comme exceptionnel, j'avais trop d'attentes qui n'ont pas été comblées, alors ça n'est pas passé.