ORANGE MÉCANIQUE À PARIS.
Un couple de septuagénaire, gentils retraités qui filaient des jours heureux et le parfait amour, est agressé en sortant du cinéma par six jeunes voyous (« qui n'aiment pas les croulants « ) et dont la violence gratuite, va conduire au décès de la dame.
Le livre est l'histoire de l'instruction judiciaire au cours de laquelle le veuf voit se transformer le drame qu'il a vécu en banale affaire criminelle dans l'indifférence la plus totale du public ; observe la relation des faits par une presse mal informée avide de sensationnel ; assiste à des audiences qui semblent plus faites pour évoquer les circonstances atténuantes et mettre en valeur la brillante rhétorique des avocats que pour honorer la mémoire de la défunte qui aimait tant la vie.
Ce livre prend d'autant plus d'acuité que la violence se banalise à l'époque actuelle, et que ce genre de crime affreux passe maintenant en faits divers dans le détachement le plus total. La sortie du film « Orange mécanique » qui avait beaucoup choqué à l'époque (1972) par sa violence festive et gratuite avait été retiré un temps de la projection : on déjà loin de cette époque !
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Alors, pour tromper l'ennui, Irène s'affairait autour des fourneaux. Heureusement, Marcel avait encore bon appétit, sinon qu'aurions-nous fait de ces plats mijotés ? Je n'y touchais que du bout des lèvres, ce qui me valait des reproches continuels : " Enfin, Tonton, tu n'as pas le droit. Si la pauvre Catherine vivait encore, elle serait furieuse contre toi." Hypothèse absurde, car si Catherine avait vécu, je n'aurais pas perdu l'appétit.
Aujourd'hui, je sais que la société se moque de nous. Nous avons droit à des discours d'encouragement, à des péréquations. La télévision s'attendrit vingt minutes par an sur notre sort et une demi-heure par semaine sur les espèces animales en voie de disparition. Mais notre survie offense la mode.
On m'écoutait avec indulgence, avec miséricorde. Autrement dit, on ne m'entendait pas.