Santiago est réparateur de machines à écrire. Un beau jour, il est embauché pour réaliser la grille de mots croisés du journal dans lequel il livrait les machines réparées, et dévient par là-même responsable de la rubrique ésotérique du journal, et conseiller auprès du ministère de l'Occulte. Bien qu'il ne croit pas plus que ça au monde de l'occulte, cette double casquette lui permet de vivre plus que décemment, et Santiago remplit les missions qu'on lui confie avec plus ou moins de bonne grâce. Jusqu'à ce qu'il soit chargé d'assister à une rencontre entre grands spécialistes intellectuels, réunis pour voir de leurs yeux un mystérieux antiquaire. A cette occasion, il rencontre la belle Luisa. "Je sentis cet élancement douloureux que l'on éprouve devant une femme véritablement belle. Et perçus le message secret que murmure toujours la vraie beauté : Tu ne m'auras pas." le coup de foudre est à sens unique, et le promis de la belle fait partie de la communauté d'intellectuels du surnaturel. A ce sujet, qu'est-ce donc qu'un antiquaire ?
- Quelqu'un qui vend des antiquités ?
Il soupira, agacé.
- Quelqu'un qui n'est pas affecté par le passage du temps ni par la maladie et qui ne peut connaitre qu'une mort violente. On leur prête un pouvoir de transfiguration quand ils se sentent en danger.
- Ils changent d'aspect ?
- Il ne vous est jamais arrivé de reconnaitre de la fenêtre d'un train ou dans une foule quelqu'un qui est mort ? Quand cela nous arrive, c'est que nous avons vu un antiquaire.
Oui mais… la réunion tourne mal et le mystérieux invité est assassiné sans autre forme de procès. Aussi, dès qu'une ébauche de projet concernant ces antiquaires se reconstitue, Santiago s'arrange pour les avertir du danger et... se retrouver dans une situation critique.
J'ai apprécié la première partie de ce récit raconté à la première personne, avant que Santiago ne rejoigne les rangs des antiquaires. Les premiers chapitres sont drôles et fantaisistes, plein d'imagination, avec des chaises de dentiste transformée en appareil à effacer les lignes de la main, le gout du secret, la communication via boite postale, tout ce mystère plein d'attentes et de promesses. La seconde partie du livre m'a moins intéressée, je suis restée à côté, comme on dit. Ce n'est pas que la lecture soit pénible, ou l'écriture désagréable, au contraire,
Pablo de Santis nous propose parfois de jolies formulations qui sonnent comme des aphorismes, c'est juste que l'ensemble manque de sentiments, d'émotions, de passion, de tension, d'action, de frustration. J'aime les lectures qui font réagir, qui dérangent ou qui bouleversent, qui bousculent ou réconfortent. Or, j'ai lu
La soif primordiale (et dans primordiale, il y a quand même une idée de "nécessaire", de "vital", d'irrépressible", non ?) "intellectuellement", j'ai suivi la transformation, la quête, la rébellion, la vengeance… de Santiago, mais je suis restée indifférente à son histoire. Je ne me suis pas ennuyée, ce livre ne me laissera un souvenir désagréable, mais je l'oublierai sans doute très vite.