Dante, 17 ans, apprend qu'il est le père de la petite Emma, la même journée qu'elle lui est larguée. du jour au lendemain. Débrouille-toi mon grand, la mère s'enfuit, disparait. Cette prémisse, c'est celle du roman
Boys don't cry, qui nous entraine dans le quotidien difficile d'un nouveau papa qui, à l'approche de la rentrée universitaire, ne rêvait que de liberté. Il est vraiment crédible,
Dante, en jeune homme qui voit ses rêves se briser, qui ne sait pas trop comment s'occuper d'un bébé, qui n'en a pas vraiment envie non plus, mais qui fera de son mieux. En effet, passé le choc et le déni, il s'attachera à sa fille jusqu'à y tenir grave, même à se battre quand les services sociaux se mêleront de ses affaires. L'évolution de
Dante est intéressante et agréable à suivre.
La plume de
Malorie Blackman, que beaucoup ont apprécié dans sa série
Entre chiens et loups, est égale à elle-même. L'autrice a bien su se mettre dans la peau d'un jeune homme, de faire vivre ses émotions, crues, vives et contradictoires. J'y ai beaucoup cru, à
Dante et à ses tourments intérieurs. Et, heureusement qu'elles étaient au rendez-vous, ces émotions, parce que, côté descriptions, on nage un peu dans le vide. Je n'ai jamais réussi à visualiser physiquement les personnages et leurs décors, j'ai dû les inventer de toutes pièces dans ma tête.
Autour de
Dante gravitent deux autres personnages : son frère cadet Adam, homosexuel maltraité par des jeunes de son école, puis leur père veuf. Chacun traine son boulet. Trop, c'est comme pas assez… Ça, c'est un des éléments qui m'ont déplu : ne pouvait-on rester concentré sur un seul sujet? Les problèmes d'Adam prennent de l'importance dans la deuxième partie du roman jusqu'à occulter la paternité de
Dante. Ce que je voulais lire, ce que la quatrième de couverture me promettait, n'était pas une histoire sur l'intimidation et les mauvais traitements subis par Adam. de plus, pourquoi l'homosexualité est-elle si souvent dépeinte de manière négative, par le harcèlement et la violence? Pour l'effet dramatique?
L'autre éléments qui m'a déplu, c'est le message véhiculé par le roman : la venue prématurés d'un bébé ruine une vie. Je suis conscient que le message à envoyer aux jeunes est de se protéger et d'éviter les grossesses adolescentes et que, si ça devait arriver, un bébé n'est pas une partie de plaisir, loin de là. Mais est-ce que ça doit gâcher une vie pour autant? Dans
Boys don't cry, Adam a foiré, il a eu une relation non protégée (apparemment, une seule fois), il en a résulté un enfant, et automatiquement sa vie est foirée, il doit abandonner l'idée d'aller à l'université pour s'occuper de son enfant. Vraiment? Au XXIe siècle, c'est encore le cas? Je comprends qu'il soit difficile de concilier études et paternité monoparentale mais à ce point? Son père était fier de lui, ce fils brillant, accepté à l'université dans un programme prestigieux et qu'un grand avenir attendait. le lendemain, ce même père informe son fils qu'il doit abandonner l'université et ses rêves pour s'occuper de sa fille. Hein? Au Royaume-Uni, il n'existe aucune aide pour les jeunes comme lui? Ils sont voués à la médiocrité? Leurs pères si fiers la veille ne sont pas disposés à les aider?