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EAN : 9782290329870
158 pages
J'ai lu (03/03/2004)
3.53/5   458 notes
Résumé :
" Deux versions bien distinctes d'elle-même se disputaient dans un seul corps et se partageaient le temps d'action. Entre la montre Kitty et le bracelet clouté, elle n'avait pas encore choisi son camp. " Nancy a passé treize années chez sa mère, Alice, une dame branchée fric et névroses. Bruno a passé trente ans enfermé chez lui, devant sa télé, à ne pas faire grand-chose. Nancy est la fille de Bruno, mais ni l'un ni l'autre ne sont au courant. Un jour, pourtant, Br... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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sur 458 notes
Bruno, trentenaire, agoraphobe vit pépère aux crochets de sa compagne.
Une existence pourtant pas simple à assumer pour un individu "normal": deux ans qu'il n'est pas sorti de chez lui, qu'en bon velléitaire il remet au lendemain ce qu'il pourrait faire le jour même. Évidemment c'est sans compter sur le passé qui vient parfois vous rattraper par le colbac et pour notre procrastineur il prend l'apparence d'Alice, une liaison ancienne et fugace.
La jeune femme lui révèle non sans mal qu'il est l'heureux père de Nancy charmante ado de treize ans!
Nancy, ravie de mettre un visage sur ce père tant fantasmé va laisser libre cours à sa crise d'adolescence et mettre à mal ses parents. Peut-être Bruno y trouvera là l'occasion de grandir et de passer définitivement dans le camp des adultes qu'il a tant renâclé à rejoindre?
Ce roman très frais, drôle, truculent ravira les chanceux parents d'adolescents, surtout s' il s' agit d'une fille. Mais j'admire tout particulièrement le talent de Virginie Despentes pour sa faculté d'endosser le personnage de Bruno, quelle merveilleuse observatrice de la psychologie masculine!
Teen spirit, pas besoin de white spirit pour effacer votre adolescence, elle restera toujours tapie au fond de vous! Merci à ceux qui servent de révélateurs pour faire réapparaître comme par magie ce moment capital de notre vie, Virginie Despentes a cette grâce!
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Bruno, la trentaine, est un ancien rocker et un futur grand écrivain - si, si, suffit de se lancer. En attendant, il est claustrophobe, agoraphobe, hypocondriaque. C'est un glandeur, un "branleur éternel" (sic), un parasite, une feignasse, "une larve absolue" (re-sic), un petit être fragile qui passe ses journées vautré devant la TV, de mauvaise foi, immature - étiquetez-le comme vous voulez selon votre degré d'indulgence à l'égard de ce genre d'éternel ado irresponsable. Pas méchant, mais sacrément boulet... Jusqu'à ce qu'une de ses ex- de lycée lui annonce qu'il est papa d'une fille de treize ans et que la gamine veut faire sa connaissance. Rencontre de deux mondes : celui d'une ado en pleine 'mutation', élevée par une mère rigide et friquée et celui d'un père tout neuf « qui vit comme un clodo ». Coup de pied aux fesses pour Bruno qui arrête enfin de tourner autour de son petit nombril, se prend d'affection pour cette enfant surgie de (presque) nulle part, revit sa propre adolescence à travers elle et prend conscience des dangers du monde pour les jeunes et de l'immensité du boulot pour la protéger sans lui couper les ailes.

Le début de ma lecture a été parasité par mes souvenirs du film 'Tel père, telle fille' (Olivier de Plas, 2007), adapté de ce roman et qui ne m'avait guère emballée. Ouf, j'ai vite retrouvé le ton de l'auteur et je me suis vraiment régalée. Après 'King Kong Théorie', 'Bye Bye Blondie', 'Apocalypse Bébé', 'Baise-moi', Vernon 1 et 2, il s'agit du roman le plus doux et tendre de Virginie Despentes que j'ai lu, le moins trash, le moins dérangeant. L'esprit de l'auteur qui me réjouit tant n'en est pas moins présent, son humour, ses coups de griffe sur la société, ses réflexions pertinentes - ici sur le mal-être et le sentiment de vacuité, les relations parents-enfants, l'adolescence, l'éducation. Si vous côtoyez des adolescents (et y perdez souvent votre latin) et/ou appréciez cette auteur, foncez sur ce roman, il devrait vous faire un bien fou.

Ta fille, quand elle perd pied et fait des conneries « [...] faut que tu la rassures. C'est comme si elle passait d'une rive à l'autre sur le fil d'un rasoir. Toi, faut que tu la rassures, c'est tout ce que tu peux faire pour elle. T'as bien réagi. Au pire, tu fermes ta gueule, tu te calmes, et après tu l'embrasses. » (p. 131)
A méditer quand on aurait plutôt tendance à monter sur ses grands chevaux et punir...
C'est ce que j'aime chez cette auteur : même si je partage une partie de ses opinions, elle me pousse à cogiter, bouscule mes petites idées toutes faites sans m'agacer. Et en plus son humour m'enchante.
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Ah ! Virginie Despentes qui s'attaque à la parentalité, j'étais curieuse de voir ça !
Mais elle est maligne la Virginie , parce qu'elle l'aborde à sa façon, sur son terrain, de telle sorte qu'on ne puisse qu'applaudir à la fin, parce que comme toujours , sa critique de la société (féroce) sonne tellement juste…
Comme d'habitude chez elle, il y a des dingues et des paumés… son personnage de Bruno, trentenaire égoïste, glandeur est à la hauteur des précédents romans.
Le Bruno est officiellement traducteur ET sur le point de devenir écrivain , si seulement il voulait bien se donner la peine d'écrire la première ligne… Mais quand on gratte un peu, il n'en fiche pas une , se fait entretenir depuis deux ans par sa copine, n'est pas sorti de chez elle depuis autant de temps et passe sa journée devant la télé à fumer des joints.
Quand un beau jour, son ex de lycée , lui téléphone : elle a un truc important à lui dire.
Et quel truc…
Bruno se découvre une fille de treize ans, en pleine crise adolescente, et la mère aimerait bien un peu d'aide…
On la voit venir l'évolution… Bruno va devenir un gros chamallow avec sa fifille, retrousser ses manches et grandir un peu…
C'est certainement le roman le plus "mignon " de Virginie Despentes. La mue de cet "adulescent" est intéressante à observer même si quelques passages un peu caricaturaux m'ont moins plu . le "choc" des cultures et de la position sociale via l'argent est colossal entre les deux parents.
La fin qui fait écho au 11 septembre 2001 est étonnante et fait écho à la fin de Vernon Subutex . D'ailleurs, tout y fait écho ! Virginie Despentes à longueur de bouquin, délivre ses obsessions, ses inquiétudes, ses tripes et son vécu ; de sorte que chaque roman n'est ni tout à fait le même , ni tout à fait un autre. On rentre dans son oeuvre comme on rentrerait dans sa tête, on aime ou on aime pas . Il se trouve que je trouve cette personne (au delà de l'écrivain), très attachante, très "vraie".
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« Elle avait une vie pire qu'une caissière, au final. Une vie de merde, des horaires d'esclave, toujours joignable au téléphone, le teint toujours brouillé sous le fond de teint, dégradée par la fatigue, la guerre des nerfs et le vide émotif ambiant. »


Heureusement que Bruno ne mène pas une vie pareille. Lui n'oserait jamais salir son aura de loser-sympathique en s'accordant avec ce qu'il imagine être les prescriptions fatales de la société. Précisons quand même que Bruno est un paranoïaque : non seulement il craint de sortir et de se mêler aux autres gens, mais en plus, il est persuadé que la société veut le contraindre à rentrer dans le « moule » (formule toute faite permettant de désigner ce que Rousseau, en d'autres époques, avait nommé le « Contrat Social »). Pourtant, malgré sa trentaine largement dépassée, il semble vivre confortablement sans travailler, sans payer d'impôts, sans verser de pension, en fumant des joints et en picolant, sans oublier d'aller à des concerts de groupes cools qui se permettent de lui laver le cerveau en toute impunité (car ils portent des Dock Martens). Incohérence maximale, esprit de rébellion de pacotille : de toute façon, nous étions prévenus : Teen Spirit est un roman écrit par Virginie Despentes. Niveau grande gueule, ça hurle à plein poumons, mais il suffit de gratter un peu et d'analyser les étapes d'une réflexion de pseudo-anarcho-communiste pour se rendre compte de l'énorme artifice que constitue sa « personnalité ».


Il suffit d'évoquer l'intrigue qui constitue la base de Teen Spirit pour sentir que Virginie Despentes ne se ménage pas en ce qui concerne le brassage de stéréotypes et l'esquisse de caricatures. Nous sommes bien loin des réflexions fines et nuancées des écrivains qui ont marqué la littérature (on aurait presque envie d'hurler à Zweig de revenir parmi nous) mais enfin, bon, après tout, Virginie Despentes n'a sans doute pas envie d'associer son nom à quelque caste que ce soit –après tout, elle est un esprit libre et rebelle.


Bruno, donc, est un pauvre loser trentenaire. Sans emploi, il justifie son inaction en prétendant écrire son prochain chef d'oeuvre. En réalité, il passe surtout ses journées à regarder la télé, à boire des bières et à fumer. Lorsque sa crétine de copine rentre le soir, après une journée de travail à la con, il ne comprend pas pourquoi elle est de mauvaise humeur et ne vient pas lui faire des bisous dans le cou. de toute façon, elle est cinglée : elle est végétarienne et n'aime pas se défoncer comme une vraie épicurienne. Alors que Bruno est plongé dans cette situation désespérante, une de ses anciennes conquêtes, Alice, l'appelle. Rendez-vous est donné. Bruno se demande si son sex-appeal a un quelconque rapport avec ce rencart. En fait, non. Subitement, après treize années de silence, Alice a décidé de lui annoncer que sa fille, Nancy, est le triste produit d'une de leurs anciennes unions alcoolisées.
Badaboum ! Bruno-papa a la tête qui tourne, et pour une fois ce n'est pas à cause de la bière. Il rentre chez lui, allume la télé et régresse à travers les dessins animés. le monde lui apparaît soudain comme maléfique.


Pour que le livre ait un quelconque intérêt, Virginie Despentes imagine que ce serait rigolo de faire se rencontrer Bruno et sa fille Nancy, une adolescente de treize ans, l'âge difficile en joggings-baskets, genre qui se la pète, qui écoute du Britney Spears et qui aimerait pouvoir traîner dans le métro toute la journée. Pourtant, malgré l'incompatibilité de ces deux caractères rabougris, Bruno et Nancy s'entendent super bien. On aurait dû s'en douter : tous deux sont de pauvres marginaux isolés d'une société tyrannique représentée par la mère Alice. Et de s'acharner sur cette pauvre femme fatiguée qui travaille, qui ramène des sous à la maison mais qui –ô, offense suprême !- n'a pas le temps de jouer aux Petits Poneys avec sa fille.

Puisque Virginie Despentes est un écrivain engagé, imaginons plusieurs causes qu'elle a souhaité défendre en écrivant ce torchon :

- Critiquer l'éducation traditionnelle qui étouffe la liberté et la joie des petits enfants rigolos ? ( « Autant le punk-rock s'était avéré être une formation désastreuse pour la vie réelle, ne préparant ni à l'obéissance ni à la compétition ni à la résignation ni aux refoulements exigés ; autant c'était une bonne école pour s'occuper d'une petite fille et ne pas chercher à l'amoindrir sous prétexte qu'il y a des cases et qu'il faudra bien qu'elle y entre. »)
- Faire l'éloge du mode de vie larvaire de son personnage Bruno, en l'opposant à l'activité frénétique de cette vieille sorcière d'Alice ?
- Porter un jugement moral sur le fonctionnement de notre société moderne et sa tendance à la corruption des jeunes esprits innocents ? (« Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennent l'habitude de boire ce qu'il faut e coca par jour, pénétrer tous les crânes des gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs, et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y'a pas mieux. »)
- Dresser le portrait d'un père idéal tel que Virginie Despentes n'en a jamais eu mais tel que son coeur éploré le réclame à corps perdu (attention, analyse psychanalytique proche) ?


Quoiqu'il en soit, Virginie Despentes a abandonné la défense de la cause féministe qu'elle avait amorcée dans King-Kong Théorie. Dans Teen Spirit, les femmes en prennent pour leur grade. Elles peuvent être belles et cruches (« Elle était née comme ça : superbe. Idiote au point où ça en devient poétique et troublant. L'imaginer lâchée dans ce monde avec sa cervelle amoindrie et les nichons qu'elle se payait la rendait follement excitante. Perpétuellement en danger, menacée et ayant besoin d'un homme. Elle m'écoutait avec une telle avidité, riant généreusement à n'importe quelle pauvre blague, que je me suis demandé un moment si elle ne me prenait pas pour quelqu'un d'autre. ») ou moches mais puissantes lorsqu'elles tentent de rivaliser avec les hommes sur le plan professionnel et social. Heureusement, auparavant déjà, King-Kong Théorie nous avait habitué à la déception.


Pas de hauts espoirs avec Despentes : on se contente d'un style d'écriture limpide (pour ne pas dire pauvre) et simple d'accès (pour ne pas dire débile), qui met en place une intrigue compréhensible (sans intérêt) sans pour autant se montrer divertissante. Teen Spirit est accessible aux personnes souffrant d'Alzheimer (les phrases dépassent rarement les cinq mots) ou aux enfants qui viennent d'apprendre à lire (il n'y a pas de mot compliqué ni de tournure syntaxique complexe). Entre deux livres enrichissants, Teen Spirit fera office de rigolade légère –aération du cerveau garantie.


Dommage que Virginie Despentes n'assume pas la fonction débilitante de son roman : aurait-elle envie de se hisser sur l'échelle de prestige des écrivains en proclamant plutôt qu'elle se prend pour l'évangile féminine des lettres françaises ? Ce n'est pas très punk-rock… On aurait préféré qu'elle avoue sans honte qu'elle cherche seulement à faire parler d'elle, à vendre des livres et à faire rigoler son lectorat, plutôt qu'elle prétende prêcher la bonne parole de la rébellion de masse. Vous pas avoir compris ? Heureusement, toute la pensée de Virginie Despentes est résumée, dans le fond et dans la forme, dans cette phrase qui vient clore Teen Spirit :


« le peu qu'on ait qui vaille vraiment, s'en réjouir vite et pas se tromper. »


Synthèse parfaitement réussie. On ne se réjouit pas, et on balance le bouquin aux oubliettes.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Un très bon roman, léger en apparence mais bien plus profond qu'il n'y paraît. Dans Teen Spirit, Virgine Despentes relate l'histoire de Bruno, un adolescent de 35 ans misanthrope et agoraphobe qui découvre du jour au lendemain qu'il est père d'une fille de 13 ans. Ce roman explore le thème du passage, du passage à l'âge adulte pour Bruno qui apprend à devenir père et de l'entrée dans l'adolescence de Nancy, sa fille qui entend bien le faire savoir et faire chier ses parents par tous les moyens.
Virginie Despentes a abandonné sa plume "trash" dans ce roman (une plume qu'elle a de toute façon laissée tombée depuis Baise moi) pour écrire une histoire simple, dans une langue moderne, fluide, directe et sans emphase. Les quelques formules provocantes qui ponctuent le récit sont toujours utilisées de façon pondéré et jamais au hasard. Si la première moitié du roman paraît simpliste et divertissante, le roman gagne peu à peu en profondeur, au même rythme que Bruno qui s'ouvre à sa fille, à ses sentiments et au monde qui l'entoure. Très vite, dans le roman, quand Bruno accepte son rôle de père, le style de Despentes devient de plus en plus profond, elle prend le temps de développer les sentiments de son personnage et nous offre de très belles pages d'écriture. de même, la critique sociale est toujours présente dans son oeuvre, une critique qui ponctue ce récit de façon toujours lucide et pertinente.
Le point de vue adopté est celui de Bruno, un point de vue interne et introspectif qui permet à Despentes de fouiller les pensées et les sentiments de son personnage, nous offrant ainsi une belle réflexion sur l'entrée dans l'âge adulte avec ses responsabilités, son ennui, ses déceptions, ses frustrations et ses trahisons. Comment, en effet, ne pas trahir ses idéaux de jeunesse lorsqu'on devient père et responsable d'une gamine en manque de repère? Comment préserver ses valeurs punk-rock et cultiver son rejet se la société lorsqu'on doit inculquer des valeurs éducatives à sa fille? Peut-on encore croire à l'anticonformisme, l'anticonsumérisme... quand on voit évoluer le monde et tous ses amis de jeunesse vieillir et se conformer peu à peu au grand moule universel? Virginie Despentes pose des questions intéressantes dans ce roman et offre des réponse parfois surprenantes.
Un élément essentiel et récurent de ce roman est la télévision. le roman s'ouvre une scène dans laquelle Bruno regarde la télévision et se termine de la même manière. La façon dont Bruno regarde la télévision nous permet de comprendre le personnage et de cerner son évolution tout au long du récit. Adolescent attardé qui regarde les fesses de J-Lo sur MTV, au début du roman, Bruno devient de plus en plus conscient, réfléchi et critique sur ce média et les valeurs écoeurantes qu'il diffuse, jusqu'à la scène finale qui offre de nouvelles perspectives, des angoisses mais aussi de nouveaux espoirs à notre personnage.
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Citations et extraits (132) Voir plus Ajouter une citation
J'ai passé la journée à regarder les programmes [TV] pour mômes. Ça déversait ferme de la daube, dans les chirauds des petits enfants...
Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennent l'habitude de boire ce qu'il faut de Coca par jour, pénétrer tous les crânes de gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y a pas mieux. Une société d'adultes s'abattant sur ses propres enfants, en tout cynisme, les détruisant avec ardeur. Puisque tout ce qui compte, au final, c'est de satisfaire le chef du dessus : as-tu bien vendu tes burgers tes CD tes DVD tes baskets tes sacs à dos tes figurines tes beaux t-shirts. Les as-tu vendus massivement, les as-tu vendus assez cher ? Que le chef du dessus soit content de tes résultats. Toute réflexion annexe sera taxée d'anachronisme et chassée d'un mouvement d'épaules.
Jamais propagande n'avait été mieux dispensée, et jamais propagande n'avait connu pareil cynisme. Même dans les pires bourrages de crâne, staliniens, hitlériens, sionistes ou palestiniens, catholiques ou scientologues, les professeurs avaient eux-mêmes été formatés, et croyaient en ce qu'ils dispensaient. On n'en était plus là, les directeurs de chaînes, les réalisateurs de clips, les producteurs de groupes, les cadres marketing, tous savaient pertinemment qu'ils escroquaient des innocents.
(p. 42-43)
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« - Ce soir, je vais pas être là.
- Tu vas encore voir machin, là ?
- Encore. Ça se passe pas mal, on rigole bien.
- Je croyais que c'était vraiment trop un con.
- Finalement, non. Il me change des mecs avec qui je vais d'habitude. Vu comment je me suis toujours plantée, j'ai pensé que ça serait pas inutile d'essayer de changer. »
Je l'ai pris un peu personnellement, comme si elle m'en voulait qu'on n'ait jamais baisé. Les filles, soit on veut et elles sont pas contentes qu'on pense qu'à ça. Soit on n'y pense pas, et elles sont pas contentes.
(p. 132)
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Elle mangeait en se voûtant, scrupuleusement affalée sur son assiette, une mèche de cheveux frôlant la bouffe. Fourchette plantée dans la paume comme si elle pelletait le contenu de son assiette, morfalant le truc en trois mouvements.
Là, elle m'a franchement fatigué, j'ai lâché :
- Tu veux que je t'écrase ta gueule dedans ?
Elle s'est redressée aussi sec, visiblement satisfaite de ma réaction. Je me suis souvenu que c'était une adolescente, et que c'est pas connu pour être un âge con pour rien.
(p. 57)
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Le problème, avec ce genre de gars du cinquième, bien habillé, grassement payé, bien né, bien éduqué, bien cultivé, ayant un bon job etc. c'est qu'ils annulaient tout espoir en l'humanité. Quand je croisais un type top largué au comptoir d'un PMU et qu'il me racontait n'importe quoi, je pouvais toujours m'imaginer qu'avec un peu de boulot il réfléchirait plus droit. Mais ces gars du cinquième signaient la mort de cette illusion. Ils avaient tout pour eux mais restaient aussi cons qu'une bite.
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- […] Les mères, avec leurs fils, elles sont toutes fières d’avoir fait ça, c’est comme si ça leur procurait une petite bite, miraculeuse procuration. C’est leur seul ticket d’accès au monde de l’action, à tout ce qui leur est défendu… Alors qu’une fille, ça t’apporte rien de spécial, à part te sentir bien vieille quand c’est elle qui affole et plus toi.
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Vidéo de Virginie Despentes
Elle s'inscrit dans la lignée De Sade, Baudelaire ou encore de George Bataille et devient une des premières femmes à écrire la sexualité "comme un homme". Cette écrivaine mi-pirate mi-punk a bouleversé la littérature avec une liberté de ton qui inspire encore les autrices d'aujourd'hui comme Virginie Despentes.
#littérature #féminisme #punk _____________
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