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Ingrid Barrøy

Série de 3 livres (En cours). Écrite par Roy Jacobsen (3),

Les invisibles par Jacobsen
tome : 1
Mer blanche par Jacobsen
tome : 2
Les yeux du Rigel par Jacobsen
tome : 3

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Les yeux du Rigel

On a l’image de la fin de la guerre comme d’une période de bonheur et de soulagement généralisés. Mais c’est surtout la période de la mémoire défaillante ou à tout le moins sélective. Comme une quête, Ingrid arpente la Norvège. Mais que cherche-t-elle, que trouvera-y-elle?
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Les yeux du Rigel

Dans ce troisième volet de la saga familiale des Barrøy, Ingrid quitte son île pour partir à la recherche du père de la petite Kaja. Une longue marche à travers la Norvège à peine sortie de la guerre, pendant laquelle elle croise des laissés pour compte, des collaborateurs mis au ban de la société et des prisonniers parqués dans des camps. Un volume plus historique et descriptif que les précédents mais dans lequel on retrouve la plume poétique et évasive de l’auteur.
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Les yeux du Rigel

Après « Les invisibles » et « Mer blanche », j’ai lu avec émotion le troisième tome de la saga romanesque norvégienne signée Roy Jacobsen. C’est, je trouve, le plus bel opus de la trilogie, beauté tacite qui émane à la fois des descriptions magnifiques des paysages scandinaves traversés, de la personnalité loyale et intègre de l’héroïne, et de cette manière pudique et silencieuse de décortiquer la psychologie des personnages, l’air de ne pas y toucher… Alors que les deux premiers tomes s’attachaient, au moyen d’une plume sèche et poétique, à décrire les milles et un gestes de personnages taiseux, gestes d’un quotidien particulièrement rude sur l’île au Nord de la Norvège, conférant une certaine lenteur au récit, celui-ci est traversé par le mouvement via les déambulations obstinées du personnage principal, Ingrid.



Eté 1946, contre l’avis de tous, Ingrid décide de quitter son île natale, Barrøy, dans l’espoir de retrouver Alexander, soldat russe qu’elle a sauvé d’une mort certaine deux ans plus tôt. C’était le seul rescapé du naufrage d’un bateau allemand en feu qui transportait des prisonniers de guerre, le MS Rigel. La jeune femme avait recueilli cet homme plus jeune qu’elle, l’avait soigné. Ingrid et lui ont vécu, malgré la barrière de la langue, une passion de quelques semaines avant qu’il ne reparte. Une petite fille, prénommée Kaja, est née de cette union. La guerre terminée, la jeune femme au caractère sauvage, fort, entêté et intègre, décide de tenter de le retrouver. Elle part donc à sa recherche, valise à la main et enfant sur le dos. Et voici l’épopée d’Ingrid et de Kaja pour remonter la piste de cet amant circonstanciel, contre vents et marées, affrontant les éléments, parcourant de longues distances en train, en bateau, voire à pieds, oscillant entre espoirs et déceptions, affrontant le regard des autres, leurs préjugés, leurs silences qui taisent parfois la vérité et sont assourdissants. Les langues ont du mal à se délier, la confiance n’est plus de mise après la guerre.

Les personnages sont taiseux, comme toujours avec Roy Jacobsen, et cet amour semble d’autant plus magnifié et âpre qu’il a été éphémère, au point de devenir presque imaginaire, si ce n’est les yeux noirs et singuliers de la petite Kaja qui ressemblent tant à ceux de son père.



« Le fjord était posé comme une ceinture grise entre des montagnes abruptes et vertes, et c’est au petit matin que le Munkeffjord accosta à Kongsmoen sous une pluie battante et vaine, qui tombait à la verticale et dissimulait à la fois les forêts, les monts et les fermes ».



Nous parcourons avec Ingrid un pays en ruines, à l’image de cet amour, et les personnages rencontrés, tantôt accueillants, tantôt hostiles, tentent surtout de s’arranger avec l’Histoire, leurs petites histoires personnelles n’ayant pas toujours été à la hauteur en termes de moralité et de courage. On le comprend confusément, Ingrid, par sa quête obsessionnelle, son errance désespérée et entêtée, hasardeuse, dérange et remue la vase qui commençait tout juste à reposer au fond du marais saumâtre de leur conscience.

Chaque personnage, empêtré, donne l’impression de savoir quelque chose qu’il ne sait comment exprimer, c’est cette pudeur qui est fascinante avec Roy Jacobsen, un regard, un silence, peuvent en dire plus long qu’une explication…Il y a quelque chose de tacite dans les rapports humains, d’intuitif, que nous retrouvons également dans ce rapport quasi métaphysique au paysage, la façon qu’a l’auteur norvégien de décrire les éléments, les saisons, la faune et la flore touche en effet au mystique et au sacré. Et ce grâce à cette plume, toujours aussi épurée et sèche de laquelle sourde une poésie délicate.



« Un sentier indistinct la mena du lac jusqu’au chemin qu’elle avait vu sur la carte. Elle attendit que l’aiguille tremblante de la boussole de Mariann se décide, puis elle prit vers l’est sans hésiter et marcha le reste de la journée sur des gravillons qui séchaient lentement pour se muer en poussière, avec une forêt basse et dense de chaque côté, à travers un tunnel de feuilles, avec le ciel pour toit ».





Ingrid va-t-elle retrouver son amant ? Va-t-elle retrouver l’amour ? Je vous laisse le découvrir avec ce troisième opus qui m’a fait parcourir avec émotion des centaines de kilomètres du nord de la Norvège vers le Sud-est avec quelques escales en Suède. Une beauté pure, tacite, pudique, tant dans les descriptions des paysages que dans les personnages, caractérise particulièrement cet opus, une manière délicate de percer le brouillard de cet après-guerre dans lequel beaucoup tentent de cacher des choses non avouables et de continuer à vivre, malgré tout. C’est aussi la mise à l’honneur du personnage d’Ingrid dont la personnalité s’éclaire au fil des tomes de façon flamboyante. Quel magnifique portrait de femme, intègre et pur ! La plume de cet auteur norvégien, particulièrement délicate, a le don de m’enchanter.

Il me tarde de découvrir le quatrième tome sorti récemment pour retrouver l’odeur « de la poussière de charbon et de farine, le lait caillé battu et la réglisse auxquels se mêlaient le hareng salé et le camphre »…Voyage sensoriel en terres scandinaves…





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Mer blanche

Pendant la seconde guerre mondiale, les îles Lofoten ne sont pas épargnées par les privations, les retombées des combats et les exodes. Un second volet de la trilogie toujours aussi sobre et poétique, mais dont le manque d’infériorité des personnages et le style épuré peuvent laisser à distance.
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Les invisibles

Sur la petite île de Barrøy, au nord de la Norvège, la vie est rude pour l’unique famille qui y demeure. Pêche, élevage, lutte contre les éléments et le froid. Un court roman, premier d’une trilogie, âpre et poétique, aux accents dramatiques et profondément humains.
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Mer blanche

La littérature norvégienne a le don de m'apaiser, de convoquer l'intime à l'aune de l'indicible qu'elle sait avec pudeur effleurer, à l'image de ce peuple mis à l'honneur, « un peuple de peu de mots avec un grand savoir et une grande sagesse dans les mains et dans les pieds ». Son rythme est lent mais toujours en mouvement. Comme si nous étions en mer, bercés par les vagues, ballotés par moment, et en même temps ancrée en son moi intérieur. Comme si ce style simple, pudique, permettait d'entrer en résonance avec nos valeurs profondes, ancestrales.



Comme le tome précédent, Les invisibles, ce roman est captivant de par son ton monotone et simple, mais éminemment poétique et pur, fluide et organique, l'auteur ayant voulu accorder son écriture à l'image de la vie insulaire sur cette île de Barroy. Une terre de silence souvent rude et sombre, mais où des archipels et des îles, blanches comme les montagnes, apparaissent soudain, fraîches et brillantes et comme taillées dans le roc, dans une mer turquoise à perte de vue, lorsque des brèches de lumière fissurent enfin le ciel. Ces mêmes nuages parfois déchirés glissent dans le ciel lâchant alors des grains obliques sur la mer infatigable, tuant alors tout soupçon de vie.

Des iles sur ce plan infini, tels des temples flottants les jours d'hiver brumeux ou telles des perles de collier en été. Un paysage changeant, tour à tour austère, sauvage, paradisiaque.



« A la fin août, une chaleur étouffante était tombée sur la terre et sur l'eau, capable d'amollir les pensées et de troubler la vue. de la vapeur flottait sur les champs noirs, les oiseaux se taisaient, le paysage laissait échapper des soupirs inaudibles et la mer était lisse comme un plancher que l'on vient de repeindre ».



Nous retrouvons ainsi dans ce deuxième opus ce qui fait le charme fou de la tétralogie du Norvégien Roy Jacobsen, à savoir la description poétique de paysages à couper le souffle, de personnages humbles et pudiques, de la faune et de la flore sur ces îles norvégiennes. Et, surtout, élément notoire, la description des milles et un gestes permettant de survivre dans de telles conditions. Chaque geste, par exemple depuis la mise à l'eau d'un bateau, en passant par le processus de pêche, jusqu'à la découpe précise du poisson, absolument tout est décrit avec minutie, ancrant le lecteur, avec le personnage, dans le moment présent, dans l'ici et le maintenant, rendant la lecture véritablement apaisante. C'est l'effet que cela me procure, après quelques pages pour m'habituer à cette minutie. C'est une forme de méditation mettant entre parenthèse le passé et le futur cette façon de parler de labeur, de gestes, sans relâche. C'est saisissant et efficace car le roman gagne peu à peu en profondeur et en poésie, en beauté. Simplement. Sobrement. Humainement.



Nous avions suivi la jeune Ingrid dans le premier tome, sur deux décennies. Une petite fille puis une jeune femme vive, sensible, courageuse, solaire. Une vraie fille de la mer. Nous la retrouvons dans cette suite. Nous sommes en Novembre 1944. Les Allemands occupent le pays depuis avril 1940. Ingrid a 35 ans, elle décide de quitter l'usine de poissons dans laquelle elle travaillait depuis quelque temps pour retourner vivre, seule, sur l'île de son enfance, l'île de Barroy, petite île de la côte ouest. Sa tante Barbro est hospitalisée sur le continent. Elle remet, avec beaucoup de travail et de détermination, de la vie dans sa maison abandonnée.

En son absence, un bateau allemand avec des prisonniers russes, le MS Rigel, a coulé non loin de l'île. Certains hommes sont morts, leurs cadavres gisent sur les bords de l'ile, tandis que d'autres semblent être morts de froid et de faim sur l'ile, sauf un jeune homme qui a survécu, un jeune russe.

Ingrid va le sauver, le laver, le soigner, le cacher, l'aimer quelques semaines durant, avec peu de mots et beaucoup de gestes, avec la « certitude écrasante qu'il existait une autre île ». Un amour bref et intense, silencieux et complice.



« Ils riaient doucement, il pointait le doigt sur lui et disait "Alexander", puis sur elle en disant "Ingrid", il ne se lassait jamais de ces mots, et elle non plus. Puis elle l'habilla, lui coupa les ongles des orteils, elle prit les pieds d'une blancheur marmoréenne et les lava lentement, chacun parlant sa langue et en comprenant chaque mot ».



Ingrid va devoir aussi alerter les autorités afin qu'elles puissent ramener les cadavres. Les autorités, sous la coupelle allemande, vont cependant soupçonner que la jeune femme a sauvé et aidé ce prisonnier russe, questionnée, interrogée, elle sera battue pour cela. Heureusement, elle avait eu le temps d'aider son amant à s'enfuir auparavant. Elle sera hospitalisée et atteinte d'amnésie, ayant oublié ce que ces hommes lui ont fait subir. Ingrid va retrouver peu à peu courage et ténacité, aussi forte que le roc dont est fait ta terre natale, pour regagner son île avec la certitude confuse qu'elle ne reverra pas son amant mais il y a tant à faire…Il faut trouver du foin pour l'unique brebis, réparer les filets de pêche, récolter et vendre le duvet d'eider, faire retaper la maison, subir le rationnement, accueillir des familles de réfugiés, des lapons, oublier ce que lui ont fait subir les autorités et sauvegarder la nouvelle vie qui germe en elle…Le retour de sa tante Barbro puis de son cousin Lars après la fin de la guerre, va permettre à l'île de redevenir ce qu'elle était, « une communauté, avec des gens, des bêtes, avec des tempêtes et de l'entêtement, avec du travail, des étés, des hivers et de la richesse ».



Mer blanche, c'est une femme esseulée sur son île, avec l'irruption de l'Histoire dans un lieu que l'on aurait pu croire en dehors du temps. Mer blanche, c'est la vie et l'amour dans l'adversité, adversité des éléments, adversité des conditions de vie iliennes, adversité de l'Histoire qui sépare parfois ceux qui s'aiment. Si les descriptions des tâches peuvent sembler ennuyeuses et longues, elles sont, pour moi, une façon d'appréhender au plus près la vie de ces personnes de peu de biens, une façon saisissante de s'immerger, une manière d'être dans le moment présent sur cette île. de ces descriptions hypnotiques, émergent précisément la poésie et la beauté.

La littérature norvégienne, dans laquelle je retrouve souvent ce procédé, est décidément la littérature avec je me sens le plus d'affinités...



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Les invisibles



Quelle belle recommandation... Au sein de la @librairiemotsetcie à Carcassonne, on prend le temps de vous écouter et conseiller.

Lorsque j'ai voulu m'envoler avec un auteur local pour la Norvège, je me suis tournée vers eux, me suis laissée guider, avec succès.



J'ai été emportée sur Barroy, une île en-dessous des Lofoten, au Nord de la Norvège. Une île habitée par une seule famille, du même nom, dont Ingrid est la fille unique.

Elle grandit entourée d'un grand-père taiseux, d'un père dévoué à son île, d'une mère pleine de regrets, d'une tante simple.

D'autres personnages peuplent l'île au fil du récit, ou bien y passent.



Cette histoire est rythmée par une vie d'îliens. Elle est rude cette vie. La nature règne en maîtresse, voire en dictatrice : quand ramasser le foin, la tourbe ? Quand planter les pommes de terre ? Quand construire un nouveau quai, un nouveau bâtiment ? Quand se rendre sur le continent ? Et bien... Quand la nature vous laisse faire.

Cette vie de rudesses est marquée par un lien indéfectible entre l'île et ses Hommes. S'en éloigner pour étudier, travailler ou pêcher se traduit toujours par un sentiment intense.



Je me suis plongée dans une ambiance parfaitement dépeinte par l'auteur que je n'ai eu aucun mal à imaginer maintenant que je suis allée dans les Îles Lofoten et les eaux qui l'entourent. La question du climat et de l'adaptation de l'Homme est revenue sans cesse : comment font-ils lorsque la tempête souffle, lorsque le brouillard dissimule tout, lorsque la neige coupe la seule route ?...



Roy Jacobsen parle du silence. Sur une île, il n'est jamais anodin. Il y a le bruit de l'eau, du vent, des animaux... Lorsque tout est silencieux, un évènement va survenir. Le calme avant la tempête...

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Les invisibles

Ingrid est une petite fille née en Norvège, sur une petite île. Elle grandit entre ses parents Hans et Maria Barroy, et auprès de son grand-père et de sa tante Barbro, jeune femme un peu déficiente.

Seule la famille Barroy vit sur cette île. Pour se rendre dans un village, pour faire des achats, pour rencontrer le pasteur, il faut prendre le bateau.

Au milieu d'une nature magnifique et hostile, la famille lutte pour la survie, Hans pêche et toute la famille cultive un lopin de terre. L'élevage des brebis et des poules rapporte un peu d'argent, avec le poisson.

De saison en saison, pluie neige orages et tempêtes succèdent à l'implacable soleil. Les conditions de vie sont difficiles, et Ingrid bientôt doit se rendre à l'école...

Ce livre d'à peine 200 pages, je ne l'ai pas très vite avalé. Il m'a fallu souvent revenir sur des descriptions, des dialogues. Roy Jacobsen offre ici une belle réflexion sur l'influence de la nature sur l'existence, et analyse avec beaucoup de finesse la psychologie et les rapports des membres d'une famille vivant en huis clos.
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