Peut-on être un jeune loup de la mafia aux dents longues et fan inconditionnel de cinéma ? Vincente Callabrese en est l'exemple parfait.
Jeune homme rusé, doté d'une volonté en acier trempé, il fait partie du clan Carlucci pour qui il collecte des fonds dans Little Italy et au-delà dans les quartiers de Big Apple. A quatorze ans, Vinnie est déjà allé près de deux mille fois dans les salles obscures. Quinze ans plus tard, il est devenu un gros bras du clan duquel il souhaite pourtant s'émanciper pour devenir producteur de cinéma. Car Vinnie mène une double vie : membre de la mafia sous le nom de Callabrese, il s'est acheté une deuxième existence légale sous le nom de
Michael Vincent, écrivain indépendant, étudiant à l'école de cinéma de l'Université de New York (NYU) et accessoirement amant et gigolo de Barbara Mannering, une femme plus âgée que lui, mais extrêmement riche et doté d'un large carnet d'adresse contenant tout le gotha new yorkais. C'est par son intermédiaire qu'il va rencontrer Léo Goldman, patron de la Centurion Pictures à qui il va présenter le projet «Nuits en ville» qu'il a décidé de produire avec l'aide de son ami Tommy Provensano et d'un scénariste qui lui a proposé le script original. Quelques semaines plus tard, il se retrouvait en Californie avec un job en or de producteur à la Centurion Pictures mais aussi avec une dette envers son ami, qui venait de gravir quelques échelons dans le clan mafiosi.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour son originalité et pour la personnalité de son personnage principal Vinnie-Michael. Un personnage sans aucun état d'âme qui rêve de gloire et de paillettes et qui est très habile quand il s'agit d'obtenir l'objectif qu'il s'est fixé. Il est par ailleurs doté d'un charme naturel et d'une force de persuasion sans égal, bien utile à Hollywood mais aussi dans un clan mafieux.
L'écriture envoûtante et parfaitement rythmée de l'auteur américain nous entraîne donc dans cette spirale du succès impitoyable dont on se demande à chaque moment comment elle va se briser. Il nous détaille avec talent les accointances fructueuses entre les experts de l'entertainment et ceux du crime organisé, Hollywood, cette usine à rêve devenant par là même une merveilleuse lessiveuse pour argent sale. Un roman qui d'ailleurs, avec son style cinématographique pourrait parfaitement servir de scénario à un film dont je vous laisse imaginer le casting.