AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 860 notes
Une très belle couverture , une réécriture de conte ? il ne m'en fallait pas plus pour me lancer, sans même lire le résumé. Et j'ai adoré !! Alors réécriture, pas vraiment, disons que le conte La princesse au petit pois sert d'amorce mais on s'en détache rapidement pour entrer dans une histoire vraiment singulière. On adhère ou pas à ce conte mais l'écriture et la magie opèrent rapidement je trouve. J'ai trouvé cette histoire merveilleuse, romantique, un poil flippante. Un pur bonheur de lecture , un petit page turner à lire pour les amateurs du genre !
Challenge Mauvais genres 2022
Challenge auteure sfff 2022
Commenter  J’apprécie          320
Comme un petit écho de Mrs Bennett et de ses filles au début de ce livre, le lieu, l'époque et la préoccupation du mariage…

Dans le cas présent, il est question d'un lord voisin richissime cherchant une épouse par des moyens peu orthodoxes. En effet, il demande à toutes les prétendantes de passer la nuit dans son manoir.

Mrs Watkins n'hésite pas un instant, qui y dépêche ses trois filles. Ce serait bien le diable qu'aucune ne convienne !

Finalement, c'est Salima, soeur de lait de la benjamine et femme de chambre des trois filles Watkins, qui reste après la première épreuve.
Mais la vaste demeure est bien étrange et le lord bien mystérieux.

C'est de la littérature jeunesse de qualité. Flore Vesco prend soin des mots, du rythme, du vocabulaire.
Elle crée un univers plein de réminiscences et des personnages ayant assez d'épaisseur pour retenir l'attention.

Les situations convenues sont dynamitées parfois in extremis, qui réveillent l'intérêt au bon moment.
Elle s'en donne à coeur joie pour renverser les rôles et brouiller les cartes, Salima se retrouvant dans ce rôle si souvent échu à la gent masculine, à prendre des risques et affronter des dangers pour sauver la personne qui fait battre son coeur.

Le démontage de conte n'ira pourtant pas plus loin : si l'héroïne prend fermement son destin en main, il n'y aura pas d'extrapolation à une quelconque solidarité féminine, on ne va pas exagérer non plus. La course au mari se fait en solitaire, pas question de donner dans le relais, pas de quartier, chacune pour soi et gare aux rivales ! Plus dommage encore, toutes les autres sont des gourdes ou des êtres machiavéliques (voire les deux).

J'ai aussi senti un peu de flottement, un moment d'hésitation entre les deux parties et la bascule vers quelque chose de beaucoup plus sombre.
Au point de me demander où l'auteur allait m'emmener, tant il était évident qu'aucun statu quo ne pouvait intervenir à ce stade du récit.
Comme un hic dans l'embrayage.

Mais quand ça embraye, le roman reprend du tonus, et il en faut à Salima pour faire face aux épreuves qui l'attendent.
J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la place et le rôle pris par la demeure dans cette deuxième partie.

Je m'en irai bientôt découvrir les autres ouvrages de Flore Vesco, qui soigne son vocabulaire avec un plaisir si gourmand et éparpille joliment les fils des contes classiques.
Commenter  J’apprécie          320
D'or et d'oreillers...conte à dormir debout ? Roman jeunesse ? Histoire pour jeune fille en mutation ? Ou pour les femmes dont la jeune fille est toujours lovée en elles? Et pourquoi pas pour la gente masculine !?
J'ai , pour ma part, adoré ce moment d'évasion dans le drôle de château de Lord Handerson,en compagnie de Sadima,jeune femme de chambre dont l'intelligence et la force de caractère auront vite fait de faire de l'ombre aux jeunes filles de bonnes familles venues prétendre au poste d'épouse !
J'y ai retrouvé tous les ingrédients classiques du conte et de la magie qui les accompagne souvent : prince et princesses, château hanté,belle mère ( ou future belle mère) cruelle par jalousie,chat noir etc etc . Mais tout ceci est revisité avec dynamisme,humour, sensualité et réellement beaucoup de psychologie. Bettheleim aurait de quoi se régaler !
Une recette qui mêle un doigt de féminisme,une pincée de bon sens pour les hommes qui n'osent pas encore quitter leur carapace...ni leur mère,une louche de magie aux épices rares et fines,tout ceci saupoudré d'une sensualité à faire désobéir les enfants sages de 7 à 77 ans!
A lire sans retenue pour quitter un instant la grisaille de notre monde.
Commenter  J’apprécie          310
Un nouveau bijou signé Flore Vesco ! Après m'avoir enchantée avec son adaptation du joueur de flûte de Hamelin à travers « L'Estrange Malaventure de Mirella » et ses autres écrits faisant souvent référence aux contes, l'auteure s'est attaquée à une nouvelle histoire classique : celle de la princesse au petit-pois ! Toutefois, elle va complètement changer la personnalité de cette héroïne au dos sensible, qui se plaint qu'un morceau de légume meurtrit son dos sous une couche de matelas… À la place, on aura le droit à une servante débrouillarde, courageuse, observatrice, avec la langue bien pendue et le sens de la répartie ! Au lieu de se plaindre de sa condition ou de son physique, la demoiselle va prendre son destin en main et va plutôt chercher à percer les secrets du Lord Handerson, alias Adrian, un riche propriétaire recherchant une épouse.

Avec malice, Flore Vesco commence son récit en proposant une mise en abîme : une femme narre la véritable histoire de la princesse au petit pois. Une version plus originale, plus magique et plus sensuelle… En effet, sans que cela soit obscène, l'auteure va proposer des passages intimes où il est question de désir, d'amour et d'actes charnels. le choix de proposer ce genre de scène est osé néanmoins, il est fait avec poésie, jeux de mots et délicatesse… Et puis, après tout, les anciens contes ne comportaient-ils pas eux aussi des moments sexuels (qu'ils soient crus ou développés par allégorie) ? Par exemple, le petit chaperon rouge ne s'est-il pas déshabillé pour aller dans le lit du loup ? Et que dire du Prince qui « cueille les doux fruits de l'amour » en violant la Belle au bois dormant, avant de l'abandonner, car elle ne se réveille pas ? (Et la laisse enceinte !…) J'ai donc apprécié le fait que Flore Vesco touche au thème de l'érotisme avec délicatesse et onirisme, tout en laissant l'imagination du lecteur faire le reste…

Comme à travers ses autres écrits, l'auteure va proposer une version féministe du conte original. La jeune Sadima va pointer du doigt des problèmes sociaux de l'époque où la femme n'est hélas, pas libre de son futur. Si on est pauvre, il n'est pas rare de se faire abuser par d'autres personnes de son milieu ou par son propriétaire… Les filles issues d'une riche famille ne sont pas en reste : on va vite chercher à les marier, quitte à leur imposer un vieil époux fortuné dont elles devront porter les enfants ! Quel plaisir de voir une héroïne engagée, spontanée, courageuse, cultivée (malgré son statut de servante, elle sait lire), maligne et débrouillarde ! La demoiselle est loin de ressembler aux autres prétendantes… J'avoue avoir adoré le petit clin d'oeil aux romans de Jane Austen… C'était bien vu et sympathique ! J'ai également été conquise par la présentation de Zephis, cette postulante que l'on présentera comme une bête de cirque, capable de danser, chanter, converser dès qu'on lui en donne l'autorisation.

Le fantastique est très présent. Je n'en dirais pas trop afin de ne rien révéler néanmoins, j'ai été charmée par la place de la sorcellerie au fil du récit. La magie va prendre de plus en plus d'importance, jusqu'à devenir l'élément central du récit… Un régal ! Ce conte revisité est une pépite drôle, dynamique, mystérieuse, engagée, habilement écrite et addictive. On frôle le coup de coeur ! J'espère que Flore Vesco réécrira d'autres contes classiques car, pour moi, elle fait mouche à chaque fois…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          313
"Des histoires de chasse et d'amour, de petits doigts, de perles, d'oreilles et d'oreillers, de lit et d'or".

Voilà ce à quoi il faut s'attendre lorsqu'on aborde ce roman que je qualifierai des mots "étrange" et "inattendu".

Il commence comme un conte et particulièrement comme La Princesse au petit pois, glisse dans une sorte de romance pour jeunes filles en fleurs, s'épanouit en un récit initiatique et s'intensifie par une flopée d'évènements fantastiques et magiques et s'achève.

S'achève ? S'achève comment ?
Ah mais, je ne vais pas tout vous dévoiler non plus. Il faut bien laisser un peu de mystère.
Mais, à propos de mystère, pas d'inquiétude. Cet ouvrage plutôt destiné aux adolescents est véritablement surprenant.

Décidément, la plume de Flore Vesco est fort séduisante. J'avais été amusée par ses facéties avec les mots lors de ma lecture de Cape et de mots. J'ai retrouvé dans ce roman le talent avec lequel elle manie les mots mais j'ai également été enchantée par la subtilité et la poésie dont elle fait preuve pour évoquer les premiers émois sexuels empreints de sensualité et de volupté.

Une auteure à suivre, à n'en pas douter !
Commenter  J’apprécie          290
Gros coup de coeur pour ce roman ❤️

Enfant, j'adorais le conte de la princesse au petit pois. Lorsque j'ai retrouvé le livre illustré que j'avais tant lu, j'ai éprouvé une grande déception. Mon regard d'adulte m'a fait entrevoir une histoire bien plus plate que dans mon souvenir, portant un message peu convaincant. La réécriture de ce conte suscitait ma curiosité. J'avais repéré D'or et d'oreillers au moment de sa sortie. Lorsque je l'ai aperçu parmi les nouveautés de la médiathèque, je n'ai pas hésité une seconde. Sous cette irrésistible couverture (encore la talentueuse Mayalen Goust), je m'attendais à découvrir un récit plaisant, mais je ne pensais pas que ce roman allait autant m'emporter.

L'histoire se déroule en 1813 en Angleterre. Mrs Barrett accourt chez sa voisine Mrs Watkins. Elle apporte une grande nouvelle ! le fils de lord Handerson cherche une épouse... Et il est extrêmement riche ! À cette annonce, Mrs Watkins « était presque tendue, ce qui était une véritable gageure dans ce corps tout en mollesse : chignon tremblotant, lèvres affaissées, cou plissé, épaules tombantes, ventre coulant. Les chairs flasques de Mrs Watkins ne tenaient ensemble que par une volonté de fer. Cette énergie brûlait dans un unique but : bien marier ses trois filles. »

J'ai immédiatement aimé l'humour de Flore Vesco. le ton est railleur. Derrière la bienséance affichée par cette haute société anglaise se dissimulent des intentions calculées. En découvrant le personnage de Mrs Watkins, j'ai immédiatement pensé à celui de Madame Josserand dans l'adaptation cinématographique du roman d'Émile Zola, Pot-bouille (1957). On peut bien entendu faire le lien également avec Mrs Bennett d'Orgueil et préjugés de Jane Austen. le début du roman m'a beaucoup amusée.

Dans l'histoire de Flore Vesco, le jeune Lord Handerson organise une épreuve afin de choisir sa future épouse. Pour cela, les jeunes filles sont invitées à passer une nuit sans chaperon dans le château de Blenkinsop. Personne ne sait véritablement en quoi consiste cette épreuve. Pourtant, Mrs Watkins, faisant fi des convenances, n'hésite pas à provoquer une rencontre entre ses filles et le Lord. Margaret, Maria et May, accompagnées de leur domestique Sadima, pénètrent dans le château et s'apprêtent à passer l'épreuve chacune leur tour.

J'ai été happée par l'intrigue, par le mystère de la situation. le roman m'a quelques fois rappelé l'univers de la belle et la bête. le récit prend ensuite une dimension totalement fantastique, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir !

Avant de commencer ma lecture, j'avais une légère appréhension. Je me suis rendue compte que ce roman était classé en littérature pour adolescents. J'avais peur que le contenu soit niais ou que l'écriture ne me convienne pas. Au contraire, la qualité de l'écriture m'a transportée.

D'or et d'oreillers aborde la sensualité, la sexualité. J'ai été surprise par cette touche d'érotisme. Ce récit magnifique m'a complètement plongée dans cette histoire d'amour, à la fois charmée par le mystérieux Adrian et admirative du courage de l'héroïne. J'aurais aimé que l'on aborde ces sujets avec autant de liberté et de beauté lorsque j'étais moi-même adolescente. Comme le dit la quatrième de couverture : « Nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d'amour et de sorcellerie où l'on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit... »

Un roman très original qui m'a donné envie de découvrir d'autres livres de Flore Vesco.
Commenter  J’apprécie          280
Remarqué en 2019 avec son roman jeunesse L'Estrange Malaventure de Mirella, la française Flore Vesco décroche le prix du Vendredi et le prix Imaginales pour cette relecture du Joueur de flûte de Hamelin.
Toujours chez L'école des loisirs, elle récidive avec D'Or et d'Oreillers qui, cette fois, s'appuie sur le conte du danois Hans Christian Andersen écrit en 1835 et qui s'intitule La Princesse au petit pois.
L'histoire, nous le connaissons tous, raconte comment un prince et sa reine de mère vont choisir une jeune fille échouée un soir d'orage dans leur demeure. La méthode ? Une pile de vingt matelas et un petit pois qui va sérieusement perturber le sommeil de la prétendante. C'est certain, seule une « vraie princesse » peut se montrer aussi délicate et le prince épouse donc la belle
Moralité : ne vous fiez pas aux apparences (et mangez cinq fruits e légumes par jour !).
Que vient donc apporter Flore Vesco à cette histoire archi-connue ?

Tout d'abord, sa plume magnifique qui sait jouer avec les mots comme un joueur de flûtes sait embobiner les rats. Maniant la langue française avec une souplesse rare, Flore Vesco s'amuse, créant des palindromes et des anacycliques, donne des titres très imagés à chaque chapitre autour du corps, insuffle la vie dans des expressions populaires pour en user littéralement.
Dans D'Ors et d'Oreillers, la magie permet de « jeter un oeil », de pouvoir affirmer que « c'est mon petit doigt qui me l'a dit » ou que l'on a « donné sa langue au chat ».
Car Flore Vesco s'amuse à déstructurer ses protagonistes, à pénétrer dans les corps et dans la chair pour en extirper des sentiments à fleur de peau.
Son récit commence d'ailleurs comme le conte original avec un beau prince, Lord Handerson (clin d'oeil évident à l'auteur original), et une famille de trois soeurs célibataires en manque de mari : la famille Watkins. Par une nuit d'orage, voici les trois soeurs à Blenkinsop Castle pour affronter l'étrange épreuve du Lord : dormir sur une pile de matelas chacune leur tour.
Seulement voilà, une autre prétendante s'invite sans le savoir dans le domaine du riche héritier : Sadima, la dame de compagnie (et de ménage) des trois soeurs.
Flore Vesco va donc prendre au pied de la lettre la morale de l'histoire originale en montrant que Sadima, la pauvresse qui ne devrait pouvoir que rêver à la vie de princesse, va se révéler bien plus digne que les filles de bonne famille naturellement destinées à ce genre de choses.
À moins que ce ne soit le Prince lui-même qui finissent par abdiquer pour la belle Sadima…

Flore Vesco s'amuse donc à entretenir le mystère qui règne entre les murs de Blenkinsop Castle. La magie devient à la fois un moteur de l'intrigue, un privilège et un secours. La demeure du prince prend vie petit à petit sous la plume de l'autrice qui, au diapason de son exercice lexical, joue avec la chair, les parties, les métaphores, les sensations. Lové au coeur de cette histoire surnaturelle, un message féministe sur la place de la femme, qu'elle soit riche et enfermée dans une cage dorée ou pauvre et mise à l'écart de la société. La chose est habile, maligne et fichtrement bien vu pour un conte au départ pensé et axé sur le désir de l'homme. C'est aussi le poids de l'influence maternelle et des conventions que vont affronter Sadima et Handerson, brisant les tabous de classes et de morale.
Malheureusement, D'Ors et d'Oreillers, s'il impressionne par sa façon de réinventer les personnages et l'intrigue, ne sort jamais d'un schéma narratif archi-classique de conte qui laisse une sensation d'ennui diffus une fois que l'on découvre le fin mot de l'affaire. Viendra ensuite l'inévitable romance (avec de longues séquences érotico-niaise sauvées par la plume impeccable de la française) puis l'épreuve, la confrontation finale et l'happy-end.
Flore Vesco se laisse piéger par la structure, elle qui prend pourtant un malin plaisir à démonter les concepts et les personnages. Nous sommes loin de l'onirisme contemplatif d'un Moi, Peter Pan ou du jusqu'au boutisme nihiliste du Puits.
Qu'à cela ne tienne, le roman de Flore Vesco reste en grande partie un vrai plaisir de lecture et une relecture enthousiasmante d'un conte qui avait bien besoin d'un dépoussiérage en règle.

Malgré une structure narrative prévisible dans son enchaînement et qui tire parfois à la ligne pour laisser les amoureux s'explorer l'un l'autre, D'Ors et d'Oreillers s'affirme comme une relecture intelligente et remarquablement bien écrite du conte traditionnel de la princesse au petit pois, le message féministe et social en prime.
Lien : https://justaword.fr/dor-et-..
Commenter  J’apprécie          280
J'avoue que cette lecture m'a laissée un peu perplexe!

L'objet livre est magnifique, il faut le reconnaître. D'emblée, on sent une réécriture de conte, celle de la Princesse aux petit Pois. Et pourtant c'est tellement plus que cela.

En premier lieu, dès le titre, on sent que l'autrice aime manier les mots : trouver le mot juste, réaliser des jeux de mots. le titre le montre, les titres des chapitres aussi et sa plume en général. C'est à mon sens le point fort de ce roman. Flore Vesco maîtrise un vocabulaire puissant et approprié, qui donne à son récit l'ambiance qu'elle souhaite. Tour à tour sarcastique et ironique, onirique et mystérieux, sensuel et suggestif.

Ce que je déplore en revanche, c'est le rythme qui est à mon sens assez déséquilibré. On rentre très vite dans l'ambiance, dès les premières pages, nous donnant la sensation d'être en compagnie de Mrs Bennett (cf Orgueil et Préjugés, il m'en faut pas plus pour que je sois conquise!). Pour autant, l'enjeu du récit tarde à venir, si bien que j'ai failli abandonné à la fin du premier tiers du livre, le trouvant décousu. Par la suite, si on s'accroche, j'ai fini par être happée par cette histoire, un peu séduite je l'avoue, si bien qu'il m'a fallu un bon moment pour me fixer sur la note a attribué. On n'était pas loin de l'abandon et pourtant, à la fin, j'ai vraiment beaucoup aimé.

Comme je le disais, on a l'impression d'une réécriture de conte. C'est en fait bien plus que cela. L'autrice joue avec des éléments de contes, les tissent avec brio à son histoire. On a donc un florilège de références qui nous font plaisir. A cette ambiance, s'ajoute l'esprit du conte de fées. On le sait, les contes ont une morale, mais sont loin d'être aussi édulcorés que cela. Des études montrent des références sexuelles. L'autrice a joué cette carte pour l'intégrer à son récit. Une touche assez particulière quand le cadre choisi est la société anglaise du XIXe s, très à cheval sur les convenances. On est loin également de la version édulcorée. La sexualité est clairement suggérée, partant même dans des analogies quelque peu embrouillées à certains moments ( les fameux moments où je décrochais un peu) mais qui ne perdent rien de leur aspect suggestif. A ce titre, je tiens à préciser que le classer dans la catégorie jeunesse est une erreur. Je déconseille de le mettre dans les mains de jeunes ados! Remarque, peut-être leurs jeunes esprits ne comprendraient pas la double-lecture... Mais pas sûre!

On est dans un cadre que j'aime beaucoup : la société anglaise du XIXe s. L'occasion pour l'autrice d'y mettre un brin d'émancipation. Notre protagoniste principale est une femme, femme de chambre de surcroît et d'origine égyptienne. Autant dire que sa place dans la société anglaise du XIXe s est très limitée. le ton est assez féministe au final par les thèmes abordés : à la condition de la femme du XIXe s s'ajoute la sorcellerie, abondant ainsi dans ce sens.
L'aspect romance est là aussi très surprenant. On finit par s'attacher à ce couple. Les scènes suggestives, un peu dérangeantes par moments (les premières nuits où elle est seule), sont très sensuelles, il faut le reconnaître.
Enfin, l'atmosphère, la magie mise en oeuvre est très originale et là aussi très surprenante. On peut la trouver malsaine et peu ragoutante quand on y réfléchit. Mais la plume de Flore Vesco permet d'atténuer cette réalité, nous offrant une magie mystérieuse, énigmatique, dangereuse, qui se dévoile peu à peu. Les titres des chapitres en sont des petits clins d'oeil. On comprend beaucoup de choses après coup.

En définitive, c'est un récit surprenant. Je dirais qu'il faut lui laisser sa chance pour ceux qui ne seraient pas envoûtés dès le début. Il faut laisser le temps, persévérer pour finir par être transporté.
Commenter  J’apprécie          260
Lord Handerson, un jeune et très riche héritier souhaite prendre femme. Mais aucun bal en vue, il a concocté un test bien étrange afin de choisir sa future épouse. Chaque prétendante est invitée à passer une nuit, seule, en sa demeure, juchée sur un lit d'une hauteur vertigineuse.
Plusieurs jeunes filles de bonne famille, poussées par leur mère, particulièrement, désireuse de les voir mariées à un bon parti, se rendent donc, pleine d'espoir, à Blenkinsop Castle.
Le choix de Lord Handerson pourrait bien être surprenant.

Très agréable découverte. L'auteure nous plonge dans une version sensuelle et fantastique de "La princesse au petit pois", tout en se moquant gentiment au passage des contes traditionnels.
Une plume légère, poétique et pleine d'humour nous guide au fil des pages et nous plongent dans un univers magique et mystérieux.
Le début de l'intrigue s'inspire clairement d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen et nous rappelle une "Mrs Bennet" obnubilée par la recherche d'un mari pour ses filles.
J'ai beaucoup apprécié l'héroïne principale. Elle n'a pas froid aux yeux et mène sa barque d'une main de maître dans une atmosphère fantasque, parfois menaçante. On ne s'ennuie pas !

Challenge multi-auteures SFFF 2021
Challenge féminin : item 39. Conte : revisité, classique...
Commenter  J’apprécie          260
Entre la couverture et le titre énigmatique, ce roman me tentait beaucoup, mais je ne m'attendais pas à autant l'aimer ! Dès le début, j'ai été sensible à l'écriture de l'autrice : délicate, poétique, onirique, imagée avec un jeu magistral sur l'implicite, mais aussi piquante et pleine de verve. Un mélange savoureux qui fonctionne à merveille et qui nous permet de nous plonger sans réserve dans une histoire atypique et pleine d'intelligence.

À travers un récit dans le récit, nous découvrons le conte de la princesse au petit pois revisité et développé par l'esprit affûté et aiguisé de Flore Vesco, qui lui insuffle un élan de modernité et de féminisme fort appréciable. S'il est aussi question de matelas, d'or et de soie, la comparaison s'arrête là, ici, la princesse n'est pas douillette et à vrai dire, ce n'est même pas une princesse ! Notre héroïne, Sadima, est la femme de chambre des trois soeurs Watkins, trois filles élevées dans le souci de l'étiquette et du respect de la bienséance.

Bienséance qui vole bizarrement en éclats quand Mme Watkins découvre qu'un jeune et très riche lord cherche une épouse. Mais, parce que quand la nouvelle est trop belle, il y a toujours un mais, il exige que chaque candidate passe la nuit chez lui dans une chambre préparée à cet effet, sans qu'on ne sache pourquoi et surtout, sans chaperon. Un scandale ! Mais un scandale que sa fortune fait vite oublier : la décision est prise, les toilettes sont emballées et les trois soeurs Watkins envoyées par leur mère chez cet étrange lord dont on ne sait finalement rien, si ce n'est qu'il est orphelin et qu'il a les bourses bien pleines.

Sur place, les choses ne se passeront néanmoins pas comme prévu : là où la sophistication étudiée de l'une, la rouerie de l'autre et la naïveté de la dernière n'auront rien donné, la simplicité et le naturel de Sadima feront des miracles. du moins, c'est ce qu'un petit doigt m'a dit… Notre héroïne a passé la première épreuve, mais le mariage n'est pas encore assuré. Après tout, nous ne sommes pas dans un satané conte de fées ! Elle va devoir percer les secrets d'un lord qui, derrière son indifférence étudiée et ses moqueries sans conséquence, semble cacher une belle sensibilité et une solitude certaine. Elle devra également faire face à de multiples dangers, Blenkinsop Castle se révélant être un endroit inquiétant à l'aura sombre et ténébreuse…

Un peu à la manière piquante de Jane Austen, Flore Vesco dénonce l'hypocrisie des plus nantis pour lesquels les apparences et des règles plus idiotes les unes que les autres comptent beaucoup, mais la fortune et le statut plus que tout. Comment ne pas être révolté par cette mère qui n'hésite pas à envoyer ses filles dans la tanière du loup sans être certaine qu'elles n'en paient pas le prix fort ? Et puis, il y a cette condescendance mâtinée de méchanceté des femmes Watkins qui, fières de leur rang et de leur sang, ne réalisent pas que la seule personne dotée d'un minimum de noblesse parmi elles, c'est leur femme de chambre. Une femme qui doit s'activer sans cesse tout en devant se faire oublier parce qu'il est universellement connu qu'un bon serviteur est un serviteur qu'on ne voit pas… Au moins, à Blenkinsop Castle, nos belles dames sont bien servies, tout le monde, à part une personne, ayant quitté le navire. Quant à savoir pourquoi, seule la perspicace Sadima se le demande, voire remarque cette absence de domesticité ainsi que toutes les étrangetés du château…

Devant la manière dont Sadima est traitée, même par la plus jeune des soeurs pourtant nourrie au même sein qu'elle, on se révolte, et surtout, on applaudit devant le retournement de situation. J'ai espéré et j'ai savouré cette transgression des règles où une domestique surpasse ses employeurs, leur prouvant qu'un statut social ne déterminera jamais la valeur d'une personne. À cet égard, lord Handerson ne semble absolument pas sensible à l'étiquette, inconscient d'avoir brisé un tabou en laissant une femme de chambre participer aux épreuves pour devenir son épouse. Cela s'explique peut-être parce qu'il a grandi loin des simagrées de la noblesse… On découvre d'ailleurs petit à petit son histoire familiale, une histoire dramatique qui nous éclaire sur sa situation actuelle, son étrange rapport à son château, et sa méthode inattendue pour se choisir une épouse.

En plus de la plume de Flore Vesco et de la critique sociale, j'ai adoré l'aura de mystère qui imprègne chaque page, et qui donne envie d'obtenir des réponses à toutes ces questions qui accompagnent la lecture. Cela instaure une sorte de lien inébranlable avec Sedima que l'on suit avec passion dans ses investigations non dénuées de danger. Que cache lord Handerson et plus important, que cache Blenkinsop Castle, ce château qui semble animé, et pas des meilleures intentions ? Deux questions entêtantes, voire obsédantes à mesure que le voile de la vérité se lève et que l'on découvre la nature du danger, mais aussi l'horizon des possibilités.

Il est question ici de magie, d'émancipation féminine, de solitude, d'un amour maternel qui devient prison, faisant rassembler la victime à son bourreau... Mais l'autrice nous offre aussi un bel exemple de parentalité avec des parents qui s'inquiètent pour leur fille, tout en la laissant vivre ses propres expériences. Nul doute que cela aura aidé Sadima à devenir cette jeune femme forte, courageuse, à la langue bien pendue et à l'esprit affûté qui suscite affection et admiration chez les lecteurs. Ils ne seront d'ailleurs pas les seuls, lord Handerson n'étant pas insensible au charme de cette femme qui, malgré le danger et les secrets, l'aide vaillamment à se libérer des entraves du passé pour ouvrir les chaînes du présent.

Au fil des pages et des épreuves, naît entre les deux une belle complicité qui se mue progressivement en une relation empreinte d'une douce sensualité, avant de nous offrir des scènes où les doigts de l'un rencontrent la douceur de la peau de l'autre. Une peau qui ne demande qu'à être explorée et goûtée durant des instants suaves dérobés aux yeux et aux oreilles inquisiteurs d'une entité qui a du mal à s'effacer pour laisser la vie reprendre librement son cours… Un éveil à la sensualité et à la volupté délicat et poétique venant contrer une atmosphère ténébreuse dans laquelle le danger peut venir de partout et nulle part à la fois.

Avec mordant et un sens aigu de l'ironie, l'autrice détourne l'un des contes les plus insipides que je connaisse, La princesse au petit pois, pour nous proposer une version personnelle soufflant un vent de modernité et de féminisme bienvenu. Mais ce ne sera pas le seul conte évoqué, puisqu'au fil des pages, on découvre différentes références explicites ou non à tous ces récits qui ont bercé notre enfance, de le Belle et la bête à La Barbe bleue. Plus que la bouffée de nostalgie offerte par le procédé, j'ai aimé la manière dont Flore Vesco en bouleverse les mécanismes et en dénonce leur absurdité. C'est fait avec piquant et une intelligence rare, de celle qui rappelle à quel point la littérature jeunesse et adolescente est un formidable vecteur de réflexion. Portée par une plume poétique et pleine de verve, une réécriture de conte qui dépoussière le genre en beauté et en finesse, jouant avec des stéréotypes éculés pour mieux les dépasser. Un pied-de-nez savoureux sans fausse note à ne pas manquer !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
Commenter  J’apprécie          212




Lecteurs (1500) Voir plus



Quiz Voir plus

De Cape et de Mots

Combien de frères a Serine

3
7
6
100

5 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : De Cape et de mots de Flore VescoCréer un quiz sur ce livre

{* *}