Mai 68, comme pour beaucoup de gens, est pour moi une date historique. Mais pas pour ce que vous pensez. Loin de toutes les perturbations sociaux-estudiantines qui faisaient la une de l'actualité, j'étais sur un lit d'hôpital, (de clinique privée, plutôt, avec des soeurs à cornette, ça vous situe l'époque !), où je venais de subir une banale opération de l'appendice. Cet épisode fut l'occasion de deux grandes rencontres littéraires (ou plus exactement deux confirmations littéraires). La première fut Saint-Ex. Une voisine m'offrit "Terre des Hommes" (Madame Cans, soyez bénie entre toutes les femmes !). La seconde fut
Jules Verne.
Cette année-là, j'avais comme condisciple (en classe de 3ème), un garçon un peu plus âgé que nous, avec déjà un soupçon de barbe ( ce qui était fascinant, pour nous et notre duvet adolescent), qui s'appelait Joseph. (le garçon, pas le soupçon de barbe). Et il avait, ce garçon, la particularité d'être encore plus Vernophile que moi : je n'avais que cinq ou six titres dans ma bibliothèque, lui avait quasiment l'intégrale dont certains dans l'édition originale Hetzel, cartonnée, rouge, qui datait des années... où je n'étais pas né. C'est donc Joseph qui me fournit, m'abreuva, me fit crouler sur un nombre considérable de volumes verniens, si bien qu'à la fin de l'année scolaire, j'avais lu la grande majorité des romans "indispensables", dont "
Voyage au centre de la Terre". Joseph, si tu me lis...
"
Voyage au centre de la Terre", roman vernien s'il en est, est passionnant à plus d'un titre : c'est un roman de mystère, qui commence avec un document énigmatique (procédé courant chez
Jules Verne, voyez "
Les Enfants du capitaine Grant", ou "
La Jangada". C'est ensuite un roman de voyage et d'exploration depuis l'Islande jusqu'à l'Italie, mais "sous" la Terre, et pas "sur" la Terre. Ce voyage, bien entendu est prétexte à toutes les informations, historiques, géographiques, et particulièrement ici, géologiques, nécessaires au suivi de l'action. C'est aussi un roman fantastique, qui nous fait croiser des créatures censées avoir disparu depuis des centaines de millénaires. Enfin c'est un roman d'initiation, pour le jeune Axel.
Comme toujours, chez
Jules Verne, le portrait des intervenants est primordial. le savant excentrique est un modèle courant chez notre auteur : on pense à Paganel ("
Les Enfants du capitaine Grant"), "
Le Docteur Ox" (de la nouvelle éponyme) ou encore à Aristobulus Ursiclos ("
Le Rayon vert") le professeur Lidenbrock, est une de ses plus belle réussites.
Un tel roman, si bien écrit, si bien documenté, si riche en péripéties, si instructif en informations de toutes sortes, ne pouvait laisser le cinéma indifférent. D'une abondante filmographie, nous retiendrons deux films en particulier : celui (incontournable) de 1959, de Henry Levin, avec James Mason; et celui (plus moderne) de 2008, de Eric Brevig, avec Brendan Fraser. A conseiller aussi fortement la série animée très réussie des "
Voyages extraordinaires", réalisée entre autres par Henri Heidsieck, Claude Allix, Zoltan Szilagi e Hubert Chonzu qui comprend "
L'île mystérieuse", "
Voyage au centre de la Terre", "Le tour du monde en 80 jours", "
La Jangada", "
César Cascabel"l ou encore "
L'étoile du Sud". (disponibles en DVD ou sur youtube). Dans la même collection on trouve également une très belle adaptation de "
Michel Strogoff", signée
Bruno-René Huchez.
Je n'ai pas besoin de vous encourager à lire
Jules Verne, pas plus qu'
Alexandre Dumas. Ce ne sont pas seulement des auteurs, ce sont des amis qui vous tiennent le bras, vous laissent parfois et vous reprennent toujours, et qui, comme les vrais amis, ne vous quittent jamais.