AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 39 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
6 juillet 2015, Yanis Varoufakis le charismatique et populaire ministre des finances du gouvernement Tsipras rentre chez lui épuisé, il vient de démissionner. Depuis janvier de cette même année il a mené une âpre mais vaine bataille. Il était chargé de négocier la dette publique grecque auprès des ministres des finances de l'Eurogroupe et de la redoutable Troïka qui réunit des fonctionnaires de l'Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du FMI.

Un impossible combat pour le ministre d'un pays exsangue au bord de l'agonie. Négociations interminables, jeu de dupes, hypocrisie et l'éternelle loi du marché qui régit le monde.
La politique et l'économie internationale pour les nuls. le récit autobiographique de Yanis Varouflakis réussit à rendre simple et assez captivant des “conversations entre adultes”, titre français du livre, pour nous décrire de manière très didactique l'emprisonnement d'un pays livré aux mains de froids négociateurs.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          375
Ce récit raconte de façon implacable la totale incohérence de l'Union européenne pour l'un de ses membres. C'est la famille qui claque la porte au nez au plus faible de ses enfants. A celui qui a besoin de compréhension, de soutien et de défense. Incroyable!
Incroyable est bien le mot que les grecs, le premier ministre Tsipras, lui et son parti, Syriza, qui porte tout l'espoir d'un peuple, qui a cru en lui, au renouveau, diront tout au long de ce cheminement, de cette bagarre avec ou contre les instances européennes et le FMI.
Alors au bout de 5 mois sans avoir réussi à infléchir la Troïka (Eurogroupe, FMI et Union européenne) Varoufakis de fourberie en tromperie démissionnera.
Fini l'espoir, retour sur terre, refus des superbes, de ces implacables ministres sans écoutes ni mains tendues à ceux qui demandent non pas qu'on efface l'ardoise mais un peu de temps supplémentaire pour laisser souffler les petits, ceux qui sont en bas de l'échelle.
Varoufakis est un économiste hors pair, un de ceux qu'on écoute, qui enseigne cette science dans des universités de renom. Mais ce n'est pas un politicien alors que les autres ministre de U.E sont des politiciens avant tout.
Le titre "Adults in the room" a été prononcé, lors d'une réunion de l'Eurogroupe, par Mme Lagarde qui répondait à l'absence de sérieux des présents.
On l'aura compris j'ai beaucoup aimé ce récit, ce témoignage, ce vécu et je comprends tout à fait la déception de l'auteur devant ce mur, cette porte fermée à triple tour émanant des gouvernements de plus forts, notamment de l'Allemagne.
Varoufakis enseigne actuellement aux USA.
Evidemment ce n'est pas du Proust ou du Flaubert mais qu'importe le style, le récit, lui, est on ne peut plus prenant.
C'est un livre que je conseille ainsi que le film éponyme de Costa Gavras.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          284
Varoufakis , homme à contre courant des magouilles politiciennes nous conte ici ses démêlés et tentatives de renégocier la " dette " grecque face aux instances européennes et au FMI . Mémoires politiques plus que cours d'économie , éveil attirant notre regard sur la dichotomie entre l'action et les déclarations publiques des politiciens , ce livre fait du bien à tout ceux qui doutent de l'empathie affichée des puissants envers les citoyens . Un peu trop technique parfois , un peu trop confiant en la réussite de son plan et en l'aide de ses interlocuteurs . L'économie du pays en 2022 va bien mieux mais combien de grecs ont fui le pays , combien de vies ont été inutilement brisées ? Un vrai gâchis que l'auteur a vu venir et a tenté d'éviter avec raison .

Comme un écho de cette citation d'Henry Ford à propos de la FED ( syndicat d'un cartel de banques privées ) : " L'unique objectif de ces financiers c'est le contrôle du monde par la création de dettes inextinguibles . " Même si il est vrai qu'à l'instar de nombreux autres pays , la Grèce n'était pas un modèle de bonne gestion de ses comptes .
Commenter  J’apprécie          200
En janvier 2015, le parti Syriza, de la gauche radicale, obtient presque la majorité absolue au parlement grec. Après un an et demi d'austérité imposée par le FMI et la troïka pour rembourser ses différentes dettes, le peuple grec a décidé qu'il ne pouvait plus continuer à se serrer la ceinture, pour la bonne et simple raison qu'il avait déjà vendu et abandonné tout ce qu'il pouvait, y compris, d'ailleurs, cette fameuse ceinture.

Yanis Varoufakis accepte alors le poste peu envié de ministre des Finances d'un pays cerné de toute part par des créanciers bien décidés à accentuer encore l'austérité pour récupérer leur mise. Fervent défenseur de la restructuration de la dette grecque, il ne lui faudra rien de moins que faire changer d'avis la majorité des institutions financières internationales pour parvenir à ses fins. Ce livre/témoignage raconte les coulisses de ces négociations, entre discussions de couloir, entretiens privés, tables de restaurant et conversations téléphoniques.

Je ne vais pas prétendre donner des leçons sur ce que la Grèce aurait dû faire ou ne pas faire dans cette histoire. Toutefois, je dois reconnaître que le personnage de Varoufakis a attiré d'emblée ma sympathie : les experts qui prétendent connaître la solution à un problème complexe squattent plutôt les plateaux télévisés ou les studios de radio que les ministères. Voir quelqu'un qui accepte de porter soi-même, et en toute première ligne, les idées qu'il défend est plutôt rafraîchissant.

Les descriptions des réunions européennes, à l'inverse, font plutôt froid dans le dos quand on rêve de démocratie : loin d'être un lieu de débat et un échange de point de vue, on sent plutôt que les décisions ont été prises à l'avance dans des sous-groupes officieux ; chaque camp répète alors ses propositions sur le principe du disque rayé, en comptant sur le fait que son président ou premier ministre aura assez d'influence en coulisse pour faire plier le camp d'en face.

De même, certains personnages biens en vue (Moscovici, ou même Juncker) semblent avoir un rôle purement protocolaire, et placés à des postes « prestigieux » pour satisfaire la vanité de l'un ou l'autre pays membre, mais se voient vertement remis à leur place quand ils osent proposer quelque chose qui s'écarte de la ligne directrice fixée par la poignée d'individus qui prennent les vraies décisions.

Varoufakis se présente sans doute sous un jour avantageux : le nombre de grands économistes et d'hommes politiques a lui déclarer en douce dans un couloir qu'il a raison sur toute la ligne est trop important pour être honnête. Néanmoins, j'aurais plutôt tendance à me fier à sa version des faits en général, car il ne se positionne pas forcément comme un héros, mais décrit toute cette « vieille » politique dont on nous promet souvent la fin prochaine mais qui n'en finit pas de mourir, à base de manoeuvres douteuses (s'accorder sur des propositions à l'oral mais écrire le contraire sur les documents officiels à signer, dire une chose en réunion et son contraire en conférence de presse), de pressions indirectes, de conflits d'intérêt, de corruption, …

Ça fait moins rêver que d'imaginer des Grands Hommes porter le destin de tout un continent sur leurs larges épaules, c'est sûr, mais ça semble, tristement, bien plus réaliste aussi.
Commenter  J’apprécie          151
L'élection d'Alexis Tsipras avait fait naître en Grèce le fol espoir d'une sortie de la crise. Or après six mois de lutte acharnée dans le cadre des institutions européennes, il a bel et bien signé un troisième Memorandum, reniant ainsi les engagements qu'il avait pris et qui l'avaient fait élire.

La déception d'abord, la colère suite à l'application de mesures d'austérité encore plus sévères et le sentiment que tout cela ne mène à rien, font que dans les conversations quotidiennes, Tsipras est traité de traître. Cela me choquait, car j'avais l'impression qu'il n'avait pas pu faire autrement et que la faute en revenait principalement à l'Europe et à son intransigeance, sans pour autant pouvoir mieux argumenter que le fameux "c'est de leur faute".

Et bien ce livre de Varoufakis lève le voile sur ce qui s'est passé pendant ces six mois, non seulement dans le cadre des "négociations" avec la Troïka mais aussi au sein même du gouvernement grec et du parti Syriza.


En tant que ministre des finances, Varoufakis a été au coeur des tractations et c'est par le menu, quasiment jour après jour, qu'il relate les faits et les dire de tous les participants à ce qui, malheureusement pour le peuple grec, n'était pas un jeu.

Et c'est ainsi que l'on apprend, de la bouche-même de Christine Lagarde :

"Bien sûr, vous avez raison, Yanis. Les objectifs sur lesquels ils insistent ne peuvent pas fonctionner. Mais comprenez bien que nous avons trop investi dans ce plan. Nous ne pouvons pas reculer. Votre crédibilité dépend de votre accord et de votre participation à ce plan.
Et voilà. La directrice du FMI venait d'expliquer au ministre des Finances d'un gouvernement en pleine faillite que les politiques imposées à son pays ne pouvaient pas fonctionner. Elle ne disait pas qu'il était difficile de faire en sorte qu'elles marchent, ni que la probabilité qu'elles marchent était faible. Non, elle reconnaissait que, quoiqu'il arrive, elles ne pouvaient pas fonctionner."

Et pourtant, Varoufakis avait dès le début de son engagement auprès de Tsipras, un plan de "sortie de la Grèce de sa prison pour dettes" qui était selon lui l'objectif le plus important, ce qui fit l'obje, au sein du gouvernement, d'un pacte en cinq points et qui plus est l'engagement qu'aucun autre Mémorandum ne serait signé, "même s'ils nous menacent du Grexit".

Six mois après ce qui s'apparente à un thriller politique et économique, Alexis Tsipras montre de découragement, et semble de plus en plus sous la pression de forces internes et externes au parti. Varoufakis veut croire jusqu'au bout qu'il tiendra bon, mais il sent bien que malgré le Non du référendum, Alexis ne tiendra pas face à la menace du Grexit, il démissionne.

C'est un livre édifiant sur la duplicité des hommes politiques de tout bord mais surtout sur la fragilité de la démocratie face aux puissance financières et un appel à redonner un sens commun à cette Europe.

Même si certains mécanismes économiques me restent encore un peu compliqués, c'est un livre plus politique qu'économique et il me semble que chaque citoyen européen devrait le lire. Il est grand temps que les populations se réapproprient cet outil.
Lien : https://meslecturesintantane..
Commenter  J’apprécie          51
Cette lecture fut une grosse claque, à la fois pour ce qu'elle révèle de l'Union européenne et des évènements de la crise de la dette grecque de 2015 que pour son analyse décentrée de l'Europe, à travers les yeux d'un autre pays que le duo classique franco-allemand.

Yánis Varoufákis y fait le récit de l'accession au pouvoir du parti de gauche Syriza mené par Aléxis Tsípras, et de son programme politique d'origine, à l'opposé de ce que prévoyaient les experts de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internation).

On y découvre une lutte entre un gouvernement élu démocratiquement et une structure dénuée de toute substance juridique suffisante au vu des mesures qu'elle est en capacité d'imposer aux Etats, un étonnant et impulsif désir de mise sous tutelle de la politique de certains pays de l'Union européenne et l'imposition d'un régime de choc, une guerre informationnelle pour décrédibiliser les propositions avancées par Syriza sur les marchés internationaux et les forcer à accepter un accord non négocié, et une espèce d'hypocrisie partagée par tous, où les discours de façade dans les groupes de travail diffèrent des conversations privées dans les couloirs du pouvoir.

On pourrait bien sûr accuser l'auteur de partialité, puisqu'il fut ministre des Finances de Syriza lors des évènements qu'il narre, et qu'il se pare plutôt du beau rôle de défenseur du peuple grec ; il ferait presque figure d'un saint parmi les personnages qu'il rencontre et décrit dans son livre : Wolfgang Schäuble (qui sera probablement peu regretté en Grèce), Christine Lagarde, Mario Draghi, Michel Sapin, Pierre Moscovici, et j'en passe. Il n'empêche que Conversations entre adultes est rudement édifiant par ce qu'il révèle des désaccords internes de Syriza et des problèmes endémiques de la corruption en Grèce, de l'obstination des experts de la troïka à imposer des mesures dont ils reconnaissent en coulisse l'inefficacité pour rétablir une économie grecque saine (l'octroi d'un prêt visant en fait à rembourser les emprunts contractés auprès des banques françaises et allemandes, menacées par leur gourmandise en créances douteuses), du refus absolu d'un compromis qui pourrait satisfaire et sauver la face des deux parties, et de l'épée de Damoclès toujours brandie d'une sortie de l'euro de la Grèce.

Yánis Varoufákis souligne d'ailleurs l'impuissance des ministres et représentants français, bien conscients des propres failles économiques de la France, que Schäuble rêverait de voir comparaître après la Grèce face à la troïka, ce qui tranche d'ailleurs avec les propos rapportés par François Hollande dans son Un président ne devrait pas dire ça.

En conclusion, une excellente lecture mettant en perspective économie, politique et démocratie, et bien sûr l'impact des décisions sur la population grecque présentée comme responsable du naufrage économique du pays, et donc chargée de faire un « effort » pour rétablir la compétitivité du pays, et ce malgré la vague importante de suicides qui suivit la crise de la dette, mais aussi une sonnette d'alarme sur ce que peut devenir un comité d'experts débridés chargé d'appliquer au nom de l'Union européenne des mesures dictées par des intérêts bien loin de toute considération humaine et sociale.
Commenter  J’apprécie          30
La réputation de cet ouvrage de politique contemporaine n'est plus à faire. Il a un aspect de thriller que le cinéma ne pouvait pas manquer d'exploiter et qui n'enlève rien à ses qualités profondes. Non pas qu'il soit particulièrement révélateur d'un monde dur et cynique ; comment pourrait-on, au bout de quelques années d'existence, entretenir l'illusion à ce sujet ? Il est surtout le fait d'un franc-tireur, économiste de profession et non professionnel de la politique, qui défend des convictions clairement exposées tout en conservant le sens de la nuance. le mérite très exceptionnel de ce récit est de rendre véritablement intelligibles à tout lecteur intéressé des questions financières tout de même ardues, débattues au sommet des institutions internationales, et tout particulièrement des institutions européennes. L'auteur y était, et on a l'impression d'y être aussi, sans rien manquer des enjeux. En ce sens, c'est magistral !
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre est le récit de l'auteur de son court passage comme ministre des finances grec dans le premier gouvernement Siriza d'Alexis Tsipras. La Grèce en est alors à son second plan de sauvetage et se prépare à un troisième (qui en appellera peut-être d'autres, mais plongera en tout cas le pays dans un abyme insondable). L'auteur et son gouvernement souhaitent sortir le pays et l'Europe de cette ornière, dans laquelle tous deux sont perdants. Mais c'est sans compter sur la résistance, l'opposition de nombreux dirigeants ou technocrates européens ; avec une hargne et une inconséquence crasse, ils vont par tous les moyens imaginables saper cette entreprise. Outre cette épopée de quelques mois sur laquelle le livre offre une autre perspective que celle des médias mainstream, il est très intéressant d'apprendre à mieux connaitre certains de nos dirigeants, de notre pays comme des pays voisins, d'instances comme la BCE, l'Eurogroupe ou le FMI, travail sous les projecteurs ou dans l'ombre des institutions. Un livre que j'ai trouvé extrêmement intéressant et révoltant aussi : le portrait que cela dresse de l'Europe d'avant le Brexit est terrifiant.
Commenter  J’apprécie          30
Ouvrage où l'auteur montre son action durant la crise grecque en la justifiant.
Permet au moins 2 choses :
- d'avoir une vue différente de ce que l'on nous a crié sur tous les toits à propos des plans de sauvetage
- d'assister de l'intérieur au fonctionnement de la commission européenne et de l'eurogroupe. Ici tous les noms sont en clairs. Laisse plus que songeur.
Par contre livre un peu long, avec des re-dites et de la technique financière.
Au moins à lire pour découvrir le fonctionnement et les hommes de Bruxelles.
Commenter  J’apprécie          30
Six mois d'histoire du ministre des finances de Tsipras. J'ai énormément aimé le mélange de politique, d'affaires financières, de contexte grec et de considérations humaines. L'équilibre de l'ouvrage est vraiment habile. (Pour l'anecdote, je me suis ensuite précipité sur le web pour découvrir les photos de la veste de cuir devant le 10 Downing Street.) L'écriture est riche, érudite. Il y a la genèse de l'investissement de Varoufakis puis c'est un journal, au jour le jour, alors bon forcément, vu l'acharnement des différents protagonistes sur la longueur, on a un sentiment de répétition avec certains arguments qui reviennent souvent. Cela ne m'a qu'à peine gêné. Une frustration quand même, je ne suis pas certain d'avoir pleinement cerné le rôle et les raisons que Varoufakis attribue à Tsipras pour la fin de l'histoire. L'ambition personnelle est-elle la clef ? Je n'ai pas eu la sensation que le livre en fasse explicitement l'analyse complète, peut-être est-ce à dessein pour laisser le lecteur faire son chemin.
Commenter  J’apprécie          21




Lecteurs (115) Voir plus




{* *}