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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
6 juillet 2015, Yanis Varoufakis le charismatique et populaire ministre des finances du gouvernement Tsipras rentre chez lui épuisé, il vient de démissionner. Depuis janvier de cette même année il a mené une âpre mais vaine bataille. Il était chargé de négocier la dette publique grecque auprès des ministres des finances de l'Eurogroupe et de la redoutable Troïka qui réunit des fonctionnaires de l'Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du FMI.

Un impossible combat pour le ministre d'un pays exsangue au bord de l'agonie. Négociations interminables, jeu de dupes, hypocrisie et l'éternelle loi du marché qui régit le monde.
La politique et l'économie internationale pour les nuls. le récit autobiographique de Yanis Varouflakis réussit à rendre simple et assez captivant des “conversations entre adultes”, titre français du livre, pour nous décrire de manière très didactique l'emprisonnement d'un pays livré aux mains de froids négociateurs.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Varoufakis , homme à contre courant des magouilles politiciennes nous conte ici ses démêlés et tentatives de renégocier la " dette " grecque face aux instances européennes et au FMI . Mémoires politiques plus que cours d'économie , éveil attirant notre regard sur la dichotomie entre l'action et les déclarations publiques des politiciens , ce livre fait du bien à tout ceux qui doutent de l'empathie affichée des puissants envers les citoyens . Un peu trop technique parfois , un peu trop confiant en la réussite de son plan et en l'aide de ses interlocuteurs . L'économie du pays en 2022 va bien mieux mais combien de grecs ont fui le pays , combien de vies ont été inutilement brisées ? Un vrai gâchis que l'auteur a vu venir et a tenté d'éviter avec raison .

Comme un écho de cette citation d'Henry Ford à propos de la FED ( syndicat d'un cartel de banques privées ) : " L'unique objectif de ces financiers c'est le contrôle du monde par la création de dettes inextinguibles . " Même si il est vrai qu'à l'instar de nombreux autres pays , la Grèce n'était pas un modèle de bonne gestion de ses comptes .
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En janvier 2015, le parti Syriza, de la gauche radicale, obtient presque la majorité absolue au parlement grec. Après un an et demi d'austérité imposée par le FMI et la troïka pour rembourser ses différentes dettes, le peuple grec a décidé qu'il ne pouvait plus continuer à se serrer la ceinture, pour la bonne et simple raison qu'il avait déjà vendu et abandonné tout ce qu'il pouvait, y compris, d'ailleurs, cette fameuse ceinture.

Yanis Varoufakis accepte alors le poste peu envié de ministre des Finances d'un pays cerné de toute part par des créanciers bien décidés à accentuer encore l'austérité pour récupérer leur mise. Fervent défenseur de la restructuration de la dette grecque, il ne lui faudra rien de moins que faire changer d'avis la majorité des institutions financières internationales pour parvenir à ses fins. Ce livre/témoignage raconte les coulisses de ces négociations, entre discussions de couloir, entretiens privés, tables de restaurant et conversations téléphoniques.

Je ne vais pas prétendre donner des leçons sur ce que la Grèce aurait dû faire ou ne pas faire dans cette histoire. Toutefois, je dois reconnaître que le personnage de Varoufakis a attiré d'emblée ma sympathie : les experts qui prétendent connaître la solution à un problème complexe squattent plutôt les plateaux télévisés ou les studios de radio que les ministères. Voir quelqu'un qui accepte de porter soi-même, et en toute première ligne, les idées qu'il défend est plutôt rafraîchissant.

Les descriptions des réunions européennes, à l'inverse, font plutôt froid dans le dos quand on rêve de démocratie : loin d'être un lieu de débat et un échange de point de vue, on sent plutôt que les décisions ont été prises à l'avance dans des sous-groupes officieux ; chaque camp répète alors ses propositions sur le principe du disque rayé, en comptant sur le fait que son président ou premier ministre aura assez d'influence en coulisse pour faire plier le camp d'en face.

De même, certains personnages biens en vue (Moscovici, ou même Juncker) semblent avoir un rôle purement protocolaire, et placés à des postes « prestigieux » pour satisfaire la vanité de l'un ou l'autre pays membre, mais se voient vertement remis à leur place quand ils osent proposer quelque chose qui s'écarte de la ligne directrice fixée par la poignée d'individus qui prennent les vraies décisions.

Varoufakis se présente sans doute sous un jour avantageux : le nombre de grands économistes et d'hommes politiques a lui déclarer en douce dans un couloir qu'il a raison sur toute la ligne est trop important pour être honnête. Néanmoins, j'aurais plutôt tendance à me fier à sa version des faits en général, car il ne se positionne pas forcément comme un héros, mais décrit toute cette « vieille » politique dont on nous promet souvent la fin prochaine mais qui n'en finit pas de mourir, à base de manoeuvres douteuses (s'accorder sur des propositions à l'oral mais écrire le contraire sur les documents officiels à signer, dire une chose en réunion et son contraire en conférence de presse), de pressions indirectes, de conflits d'intérêt, de corruption, …

Ça fait moins rêver que d'imaginer des Grands Hommes porter le destin de tout un continent sur leurs larges épaules, c'est sûr, mais ça semble, tristement, bien plus réaliste aussi.
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Cette lecture fut une grosse claque, à la fois pour ce qu'elle révèle de l'Union européenne et des évènements de la crise de la dette grecque de 2015 que pour son analyse décentrée de l'Europe, à travers les yeux d'un autre pays que le duo classique franco-allemand.

Yánis Varoufákis y fait le récit de l'accession au pouvoir du parti de gauche Syriza mené par Aléxis Tsípras, et de son programme politique d'origine, à l'opposé de ce que prévoyaient les experts de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internation).

On y découvre une lutte entre un gouvernement élu démocratiquement et une structure dénuée de toute substance juridique suffisante au vu des mesures qu'elle est en capacité d'imposer aux Etats, un étonnant et impulsif désir de mise sous tutelle de la politique de certains pays de l'Union européenne et l'imposition d'un régime de choc, une guerre informationnelle pour décrédibiliser les propositions avancées par Syriza sur les marchés internationaux et les forcer à accepter un accord non négocié, et une espèce d'hypocrisie partagée par tous, où les discours de façade dans les groupes de travail diffèrent des conversations privées dans les couloirs du pouvoir.

On pourrait bien sûr accuser l'auteur de partialité, puisqu'il fut ministre des Finances de Syriza lors des évènements qu'il narre, et qu'il se pare plutôt du beau rôle de défenseur du peuple grec ; il ferait presque figure d'un saint parmi les personnages qu'il rencontre et décrit dans son livre : Wolfgang Schäuble (qui sera probablement peu regretté en Grèce), Christine Lagarde, Mario Draghi, Michel Sapin, Pierre Moscovici, et j'en passe. Il n'empêche que Conversations entre adultes est rudement édifiant par ce qu'il révèle des désaccords internes de Syriza et des problèmes endémiques de la corruption en Grèce, de l'obstination des experts de la troïka à imposer des mesures dont ils reconnaissent en coulisse l'inefficacité pour rétablir une économie grecque saine (l'octroi d'un prêt visant en fait à rembourser les emprunts contractés auprès des banques françaises et allemandes, menacées par leur gourmandise en créances douteuses), du refus absolu d'un compromis qui pourrait satisfaire et sauver la face des deux parties, et de l'épée de Damoclès toujours brandie d'une sortie de l'euro de la Grèce.

Yánis Varoufákis souligne d'ailleurs l'impuissance des ministres et représentants français, bien conscients des propres failles économiques de la France, que Schäuble rêverait de voir comparaître après la Grèce face à la troïka, ce qui tranche d'ailleurs avec les propos rapportés par François Hollande dans son Un président ne devrait pas dire ça.

En conclusion, une excellente lecture mettant en perspective économie, politique et démocratie, et bien sûr l'impact des décisions sur la population grecque présentée comme responsable du naufrage économique du pays, et donc chargée de faire un « effort » pour rétablir la compétitivité du pays, et ce malgré la vague importante de suicides qui suivit la crise de la dette, mais aussi une sonnette d'alarme sur ce que peut devenir un comité d'experts débridés chargé d'appliquer au nom de l'Union européenne des mesures dictées par des intérêts bien loin de toute considération humaine et sociale.
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une confession sans tabous (mais avec une certaine naïveté historique et politique) d'un des hommes qui a porté SIRIZA au pouvoir en 2015 ... une explication de raisons qui ont l'échec de SIRIZA aux dernières élections législatives grecques en juillet 2019
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Je n'ai pas les connaissances économiques suffisamment développées pour comprendre tous les tenants et aboutissants du plan que Yanis Varoufakis et ses collègues avaient imaginés pour sortir la Grèce de l'austérité imposée par le FMI, la BCE et l'UE. Par contre le témoignage que donne l'auteur de ces quelques mois passés à la tête du ministère des finances de son pays est véritablement terrifiant. Je suis persuadée que c'est de cette Europe-là que les électeurs ne veulent plus car elle est tout à fait anti-démocratique et technocratique. Dans ce sens, ce livre est indispensable pour comprendre les rouages qui sont à la base de ces institutions qui se moquent, dans un cynisme éhonté, de la souveraineté du peuple et du bien commun.
Un témoignage essentiel, donc, mais qui fait froid dans le dos!
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