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EAN : 9782844146021
L'Association (10/05/2016)
3.17/5   12 notes
Résumé :
Récit presque sans case, comme une plongée sans filet dans la vie, Rocco est un récit d'apprentissage. Sans case, sauf quand l'histoire est dans l'histoire, Vanoli nous narre, à la manière d'un Giotto à la fois expressionniste et chinois, les tribulations sinueuses du naïf Rocco qui, au sortir de ses études, s'en va parcourir le monde dans un Moyen-Âge de fabliaux.
Chaque page est une superbe composition articulée autour d'un chemin tortueux. Sans jamais nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avec "Rocco et la Toison", Vincent Vanoli démontre que la bande-dessinée est un art médiéval ; en effet, peu d'auteur maîtrisent comme lui la manière de raconter une histoire en bande-dessinée, genre littéraire qui a ses codes propres ; or cette manière s'épanouit dans le décors moyen-âgeux.

Au-delà du style, V. Vanoli dans "Rocco et la Toison" suggère quelque chose de plus profond : la proximité entre notre époque moderne et le moyen-âge, si ce n'est sur le plan du costume, du moins sous l'angle de la mentalité.

Le personnage de saint Roch de Montpellier dont Vanoli nous narre le voyage, ô combien pittoresque et mouvementé, à travers le midi de l'Europe, sous la menace terrifiante de la peste, ce personnage paraît très proche de nous, de notre culture, à travers ses questionnements et son cheminement mystico-initiatique.

Cette animation du célèbre saint, vénéré dans une bonne partie de l'Europe catholique (Italie, France et Pologne en tête), que Vanoli fait ainsi descendre de son piédestal d'icône religieuse, est-elle pure affabulation de l'auteur ? On pourrait le croire ; l'histoire scolaire ne nous persuade-t-elle pas que nous sommes les dignes héritiers du progrès et des philosophes des Lumières, affranchis de l'obscurantisme du moyen-âge ? Néanmoins V. Vanoli esquisse un moyen-âge crédible, aussi succinct soit-il ; il ne s'agit pas d'une défense du moyen-âge, comme l'historien Jacques le Goff a produite, mais de la mise en scène d'une époque contrastée, voire ambiguë, qui ne se laisse pas résumer facilement.

On sait que cet auteur a illustré naguère une partie du "Décaméron" de Boccace (1313-1375), qui dépeint les moeurs légères de la bourgeoisie de son temps, ainsi que du clergé catholique. La satire de Boccace montre un moyen-âge éloigné à la fois de certaines représentations idéales, comme du repoussoir conçu afin de consolider la thèse du progrès. le moyen-âge de Vanoli dérive en partie de celui de Boccace, tout en empiétant sur le XXIe siècle.

La peur contemporaine de l'islam révolutionnaire, ou bien d'une catastrophe écologique, engendrent un climat de psychose analogue à celui provoqué par la menace de l'épidémie de peste noire dans l'Europe de la fin du moyen-âge (seconde moitié du XIVe siècle), qui décima la population. Une telle psychose est plus favorable aux plaisirs furtifs qu'à un bonheur plein et large.

Rocco, bien que très jeune, a du recul sur toute cette agitation propice à la superstition, au fanatisme et aux mouvements de foules ; "thaumaturge", capable de soigner la peste, Rocco sera proclamé saint par acclamation populaire, avant d'être atteint par la maladie à son tour, puis miraculeusement soigné. Vanoli semble faire un parallèle entre le saint et l'auteur de bande-dessinée, dont la vocation est assez indéfinie. Quel peut-être son rôle dans une époque troublée ? Divertir, c'est abrutir, et par conséquent un auteur de BD peut-il s'en contenter ? La quête mystique du saint catholique et celle de l'auteur de BD semble se confondre.

On pense aussi parfois au roman de Diderot, "Jacques le Fataliste", dans lequel Diderot scrute le pouvoir de l'écrivain de créer la fiction, cette antimatière aussi fascinante que futile. Vanoli joue avec l'histoire de saint Roch, qui part de faits bien réels, en même temps qu'elle a des aspects légendaires : il donne sa propre partition, retranchant ici, ajoutant là, tout en conservant la trame du récit.

C'est encore un pont qui relie le moyen-âge à notre époque moderne : ce rapport quasiment religieux à la littérature ; le foisonnement de cette dernière, jusqu'à former un monde imaginaire auquel la BD et les séries télé contribuent, a son point de départ dans ce temps apparemment reculé où l'Europe était encore recouverte par d'épaisses forêts. Désormais l'Europe est enfouie sous des livres, sans que l'horizon s'en trouve éclairci. L'avenir vers lequel tout tend n'est lui-même qu'une fiction.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Rocco, un jeune conteur, entame un voyage d'apprentissage d'une année sur les route de France afin de raconter et collecter des histoires. Ce jeune homme naïf sillonne les chemins en craignant l'ombre de la grande peste qui ravage les villes. Avec ce récit Vincent vanoli replonge dans la période qu'il avait abordé 20 ans auparavant dans une adaptation du Décaméron de Boccace. Il compose une fable drôle et originale en s'attachant à ce jeune homme pas très malin qui subit de plein fouet la violence du monde. Vanoli en fait une farce cruelle. Mais Rocco et la toison est aussi un livre qui parle de la fonction du conte, qui n'est pas qu'un simple divertissement (comme il l'était chez Boccace, les histoires ne servant qu'à passer le temps en attensant que la peste ne passe, quitte à les utiliser pour moquer l'ordre du monde).
S'éloignant de la structure traditionnelle de la planche Vanoli opte pour de pleines pages représentant le chemin que parcourt Rocco, ne reprenant une mise en place classique en cases que pour les contes qui émaillent le récit. Ce procédé insiste sur le cheminement physique et intérieur du personnage. le dessin mélange aussi le style très reconnaissable de Vanoli avec des influences de peintres comme Giotto et Bosch. Les planches en deviennent de vrai plaisir pour les yeux, regorgeant de détails qui invitent à s'attarder sur chaque page. Un très bon cru du toujours très bon Vincent Vanoli.
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J'avais découvert le style singulier de Vanoli avec sa relecture du Décaméron : on replonge dans le contexte de la Grande Peste et un trait qui rappelle Jérôme Bosch et les gravures du Moyen Age, non dépourvu d'humour. D'une grande beauté !
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critiques presse (1)
BoDoi
20 juin 2016
Une aventure ironique et finement palpitante.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Et ne me raconte pas d'histoire à dormir debout ! Tu en profiterais pour t'évader !
- Mais les histoires sont faites pour que l'on puisse dormir debout !
Commenter  J’apprécie          20

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