C'est parfait.
Le point de départ est habile pour inciter Emerson, le plus grand archéologue de ce siècle et, peut-être, de tous les siècles, comme le dit Peabody, grand empêcheur du trafic d'antiquités, défenseur de la mémoire d'Abdullah, homme intègre s'il en fut, pour s'intéresser à l'objet qu'il a eu en mains, sa provenance ainsi qu'à l'auteur des ventes.
Cependant, David, petit-fils d'Abdullah, ne saurait être impliqué, il a rejoint la famille Emerson et obtenu toute la confiance de celle-ci. Il ne faut pas l'affoler, on ne lui dit rien et, donc, il se marie et part en voyage de noces.
Les Emerson rejoignent l'Egypte et commencent leurs fouilles non loin de Gizeh. Habitués à Louxor et la Vallée des rois et reines, où ils possèdent leur maison, ils s'installent provisoirement dans leur dahabieh, puis louent une villa, que Peabody aura vite fait de transformer en un palace.
Le professeur, toujours aussi impatient, retrouve ses ouvriers dont le Raïs est, maintenant, Selim le fils d'Abdullah. Les fouilles d'une petite pyramide à niveaux commencent et d'incidents en accidents, Emerson et Peabody, leurs proches et amis, se lancent dans une enquête périlleuse impliquant, à n'en point douter, assurément quelqu'un de leur entourage.
Madame Peters, en pleine forme stylistique, nous offre un roman de haute volée, riche en rebondissements, découvertes et dénouement imprévu, extrêmement dommageable et triste.
Le site fouillé est inhabituel, E.P, nous ayant habitués à Louxor, paysage différent, époque plus ancienne III et IVèmes dynasties. le climat de l'intrigue est toujours aussi intense et dense, les péripéties abondent, les descriptions sont riches. le Caire et ses quartiers, souks, vieux hôtels, fieffés coquins et son parfum si particulier, est magnifiquement décrit.
C'est vrai qu'égyptologue elle même, E.P, connait le sujet.
Transpiration et sable, pelles et pioches, dessins et photos sont de mises. Escapades à cheval dans le désert, réceptions mondaines de l'époque, entreprises louches et même une fantasia égyptienne avec plats locaux, danses, conteurs, chanteurs et instruments de musique, font partie intégrante du récit.
Ce sixième ou septième roman que je lis de cette auteure est, assurément, le plus abouti. On y retrouve la petite troupe de personnages habituels à laquelle viennent se greffer de nouveaux, tout autant hauts en couleurs.
On retrouve outre la famille Emerson, des personnages ayant existé, tels que Carter (appelé ici de son prénom Howard), Petrie ou Maspéro ainsi que des hauts fonctionnaires de l'époque, des lieux ayant bercé l'histoire.
Le style est fluide, le vocabulaire est riche et, le cas échéant, parfaitement expliqué.
La construction du roman habille bien l'intrigue : citations de tête de chapitre autodérisoires, écriture à la première personne du singulier, doublée du manuscrit du fiston et complétée de lettres de la fille adoptive pour bien cerner le récit et englober l'intrigue, d'où une vision entière de l'histoire vue et approchée par des yeux différents. L'ensemble, aussi bien imbriqué que possible, apporte une continuité dans le récit tout en le confortant dans son réalisme.
Le tout avec un humour féminin d'une finesse remarquable, très drôle et absolument jamais, ni désobligeant pour le sexe masculin, ni vulgaire. L'histoire se déroulant au début du XXème siècle, certains principes appliqués à l'époque paraitront désuets, ils existaient, cependant, bel et bien.
Tout respire l'Egypte pharaonique, de Ramsès, surnom du fils, en passant par Nefret, la fille adoptive, jusqu'au chat Horus, petit-fils de la première chatte des Emerson, Bastet.
Bref, j'ai baigné dans le bonheur en lisant ce livre, que je ne peux que recommander à tous ceux qui sont des inconditionnels du polar historique, du polar archéologique, de l'Egypte et du polar tout simplement.
Comme dirait Brassens, tout est bon, il n'y a rien à jeter.
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