AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,11

sur 343 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail très menaçant : si je n'envoyais pas une somme (une quantité?) assez élevée de « bitcoins », des photos compromettantes seraient révélées à l'humanité tout entière (qui n'attend que cela, évidemment !…) Avec la vie trépidante que je mène, je n'avais pas trop de soucis à me faire sur l'éventuelle divulgation de photos embarrassantes me concernant !!! En revanche, ce qui, dans ce message, a retenu toute mon attention, c'est cette histoire de « bitcoins »…. Quèsaco ? Autant dire que je n'avais jamais entendu parler de cette bête-là (on ne paye pas avec ça à l'épicerie de mon village…) Je me suis donc renseignée auprès de mes chers collègues scientifiques, nettement plus à la pointe de la modernité que moi (ce n'est pas difficile!) et j'avoue que… je n'ai pas compris grand-chose sinon que… (je me concentre) ce serait une monnaie qui permettrait de régler des transactions en ligne, sans avoir recours à un organisme bancaire (qui nous pique des sous), le tout dans un cadre très sécurisé... Et pour garantir cette sécurité tant recherchée, des particuliers (appelés des mineurs -on n'est pas dans Zola mais presque-) équipés d'ordinateurs ultra-puissants surveillent et valident les transactions… Ces dernières sont enregistrées sur une chaîne de blocs -blockchain- (espèce de grand livre public de comptes) : chaque bloc vérifiant en cascade l'état du système et surtout l'origine de la transaction. Ne m'en demandez pas plus, j'ai déjà transpiré sang et eau pour vous fournir ce modeste résumé. Ça dépasse largement mes très insignifiantes compétences (quasi nulles dans le domaine économico-informatico-mathématique…)
Bref, tout ça pour dire que j'ai commencé le dernier roman de Jean-Philippe Toussaint en n'en menant pas large… Et à vrai dire, je pensais ne pas dépasser la cinquantième page…
Eh bien messieurs-dames, je vous le déclare haut et fort : j'ai été littéralement happée par ce récit qui tient beaucoup du roman d'espionnage (le suspense marche à fond la caisse) mais pas seulement, et autant vous le dire tout de suite, j'ai ADORÉ ce texte et je vous explique pourquoi.
Un narrateur (dont j'ai oublié le nom… appelons-le X si vous le voulez bien) qui travaille à la Commission Européenne dans le domaine de la prospective se voit aborder un jour par des lobbyistes. Effectivement (et là, on n'est pas dans la fiction), figurez-vous qu'à Bruxelles des gens sont payés pour prévoir l'avenir (si si, je vous jure) : ils s'interrogent sur « de quoi demain sera fait » dans des domaines divers et variés comme l'alimentation, l'agriculture, l'énergie, la démographie, les ressources etc, etc… Bien entendu, ils doivent bosser en toute indépendance (bien entendu!!!) Or notre narrateur X (mais quel est son nom???) se voit un jour abordé par deux hommes qui aimeraient bien qu'il vienne faire un petit tour en Chine pour découvrir leur entreprise (et plus si affinités…) X résiste, allant jusqu'à régler lui-même son café lorsqu'il les rencontre. Et il se trouve que l'un des deux lobbyistes va, lors d'une rencontre, perdre sa clé USB : accident ? acte volontaire ? Point d'interrogation… En tout cas, X s'en empare et ce qu'il va découvrir n'est pas piqué des vers…
Comme je vous le disais, moi qui ne suis pas DU TOUT roman d'espionnage (je n'y comprends jamais rien), j'ai été complètement prise par ce roman lu quasiment d'une traite une semaine où j'étais crevée (c'est vous dire!) Je crois que cela tient au fait que l'on sent très vite que Toussaint cache autre chose derrière l'aspect espionnage et cette « autre chose », c'est la dimension humaine.
X (son nom!!!) n'a RIEN d'un super-héros. S'il évolue dans un monde moderne, technique, scientifique, ses réactions échappent COMPLÈTEMENT à la logique (ça c'est génial!) Souvent, il ne comprend pas pourquoi il a agi de telle ou telle façon, pourquoi il a pris telle ou telle décision, il a a du mal à contrôler ses émotions et se retrouve à plusieurs reprises dans des postures assez ridicules. Et je trouve ça très rassurant l'idée que l'on a beau entrer dans une ère algorithmique, logique, mathématique, finalement, l'humain, d'une certaine façon, échappe à toute cette technique, lui fait un pied de nez, lui dit merde, quoi !
Parce que l'homme n'est pas UNE MACHINE, il ne pourra jamais être contrôlé, prévu, emprisonné dans un système parce que, précisément, ce qui fait l'être humain, c'est l'inattendu, l'étonnant, le paradoxal, l'imprévu. Et leurs histoires de conjectures, d'hypothèses, de probabilités, ils peuvent, à mon sens, toujours courir...
Ah, la prospective a du boulot sur la planche (et du souci à se faire) avec un sujet d'étude comme l'être humain et ses activités… Et, ça, c'est plutôt rassurant, non ?
Bon, allez, je ne vous en dévoile pas plus… Vous verrez, la fin est superbe… Vous allez vous régaler !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          372
Je fais parti de ces lecteurs dont la perspective d' un nouveau roman de Jean-Philippe Toussaint est un événement attendu avec impatience et gourmandise.

C'est donc avec délectation que j'ai commencé la lecture de ce dernier roman.

L'ouverture du roman est du grand art : « Un blanc, oui. Lorsque j'y repense, cela a commencé par un blanc. »

Le Malheur pour moi, c'est que j'ai beaucoup de mal à comprendre quelque chose aux blockchain et compagnie… Et notre narrateur se met en route sur une enquête au coeur de cette cyber technologie…

Bon, cela ne m'a pas empêché de jouir de la somptueuse plume de l'auteur qui au final nous ramène au coeur de nos humanités. Mais je n'en dirais pas plus pour vous laisser découvrir toute la puissance de ce livre qui recèle bien plus qu'une clef USB.
Commenter  J’apprécie          140
Cette clé USB le narrateur l'a ramassée, gardée, analysée. Ce fonctionnaire à la commission européenne de la prospective ( ?) et conférencier sur le blockchain et le bitcoin ( aucune importance si vous ne savez pas de quoi il s'agit!) va, à partir de ces documents, enquêter sur les fuites possibles en informatique par le biais de portes dérobées ( blackdoor). Il organise un "blanc" dans son emploi du temps pour se rendre à Dalian et prospecter librement. Ajoutez à cela qu'il se fait voler son ordinateur dans les toilettes et on est en plein roman d'espionnage. Erreur ! L'angoisse du narrateur passe de la sphère professionnelle du début à la sphère privée, intime et le roman se fait autobiographique en hommage au père. Etonnant !
Commenter  J’apprécie          100
De « La salle de bain » à ce nouveau livre à paraître début septembre, « la clé USB », l'oeuvre de Jean-Philippe Toussaint pourrait bien être le meilleur témoignage de ce que l'envahissement du monde par les technologies numériques a fait à l'humanité et à sa littérature, si l'on ne retrouvait pas finalement et avec bonheur la sensibilité si particulière de l'auteur… On éprouve d'abord un peu de réticence à ouvrir ce dernier roman, se demandant ce qu'un tel titre annonce sous la plume du magicien Toussaint, ce que cette foutue « clé », trivial véhicule de nos archives courantes, vient faire sur la prestigieuse couverture des Éditions de Minuit… et puis (quand on vous parle de magicien !), on se laisse embarquer dans une enquête aux allures de thriller, oscillant entre le documentaire sur les malversations au royaume des technologies financières et le roman d'espionnage, on s'y laisse prendre, gagné soi-même par l'angoisse grandissante du personnage, contaminé par sa terreur quand il voit, par exemple, une main s'avancer sous la paroi des toilettes pour s'emparer de son ordinateur, qu'il a négligemment posé sur le sol, pour se laisser mener… bien ailleurs que là où l'on pensait ! le récit s'ouvre sur un « blanc », une parenthèse temporelle que le roman va s'évertuer à remplir, mais il s'achève sur un autre « blanc », un effacement infiniment plus important. Entre temps, rien que des petits faits vrais, la réalité d'une Commission européenne, pour laquelle travaille notre protagoniste, confrontée aux manoeuvres, parfois frauduleuses des lobbyistes, et des allusions au cours contemporain du monde, en particulier le pouvoir économique grandissant de la Chine et les attentats djihadistes, mais aussi un peu de fantastique, à commencer par le nom des « méchants », évoquant des intrigues de Fu-Man-Chu, et le véritable plaisir que semble prendre Jean-Philippe Toussaint à saturer sa prose de termes issus du jargon numérique ou de l'univers du virtuel. Et un clin d'oeil, avec une « salle de bain » comme l'un des décors provisoires de la vie de notre narrateur. Et puis au terme de différents rebondissements, une intrigue qui débouche sur… rien, ou plutôt sur l'essentiel, un retour à l'os, et un personnage qui découvre un peu de sa vérité. du grand art, quand des mille feux de l'artifice surgit la nudité du vrai… On n'en attendait pas moins du grand Toussaint !
Commenter  J’apprécie          70
Je viens de fermer "La clé USB" de Jean-Philippe Toussaint et ça a été une claque. Mais une claque différente. C'est un roman que j'ai beaucoup apprécié. Lu en seulement 3 jours (je ne pouvais pas m'arrêter) !

De quoi ça parle ? Un fonctionnaire de la Commission européenne, intéressé par la cybersécurité et la technologie "blockchain"*, découvre une clé USB avec des informations révélant le prototype d'un ordinateur chinois avec une "backdoor".

L'auteur aborde les thématiques liées aux nouvelles technologies d'une manière assez pédagogue, tout comme le fonctionnement de la Commission européenne. Sur ces aspects, je pense que le lecteur ne sera pas largué. Personnellement, dès que j'ai vu la 4ème de couverture (un peu plus claire que mon résumé, je vous l'accorde), j'ai eu une envie folle de le lire, puisqu'il aborde des sujets que je connais bien et qui m'intéressent.

Je n'ai pas été déçue ! le style est tout simplement délicieux, très beau, malgré les pavés sans dialogues. J'ai beaucoup aimé les digressions du narrateur pour évoquer l'utopie européenne, la vie, les attentats, les pros et les contre d'une technologie telle que la blockchain. Mais aussi, le livre est empreint d'humanité, de nostalgique et de deuil. Ajoutez à cela les codes d'un bon thriller ou roman d'espionnage : les mystérieux individus qui approchent le protagoniste, la paranoïa qui s'empare de lui, le voyage discret à la Silicon Valley chinoise, etc. Bref ! On s'attend à quelque chose de lourd... mais... comment dire ?

Pour moi, ce roman n'est pas le thriller qu'on imagine, mais plutôt une tranche de vie. le lecteur suit le protagoniste et l'accompagne dans ses divagations. Lorsque celui-ci sent que ses agissement deviennent suspects, on ressent son malaise. Il a l'impression de trahir les idéaux du père et réalise enfin que ce dernier ne croyait qu'à une utopie. L'Union européenne n'apporte que des obstacles au développement des pays membres. Son aventure lui permet ainsi d'accepter le deuil du père.

Voilà mon interprétation de ce magnifique roman qui m'a vraiment secouée. Mais je suis consciente qu'il n'est pas pour tout le monde. D'ailleurs, j'ai été voir les critiques sur Babelio et j'ai découvert des avis mitigés. Je peux vous dire que les avis négatifs argumentés n'exagèrent pas. Je dirais que je suis bien d'accord avec eux, mais moi j'ai aimé ma lecture. Peut-être qu'ils n'ont pas compris le message qui va au-delà des apparences ? Peut-être qu'ils s'attendaient à de l'espionnage, de l'action pure et dure ? Est-ce nécessaire pour en faire un bon livre ou une lecture agréable ?

Personnellement, ces aspects ne m'ont pas empêché de l'apprécier (mais j'ai des goûts bizarres). Pour ma part, je ne pense pas que l'auteur ait abandonné ces intrigues par fainéantise ni parce qu'il n'a pas su y trouver une issue intelligente, mais parce que tout simplement ce n'était pas le but de ce roman. Je suis persuadée l'objectif principal se centre dans l'évolution du héros et de sa conception du monde.
Lien : https://gefroideval.wordpres..
Commenter  J’apprécie          64
John Stavropoulos, physique d'acteur, avec sa sempiternelle gabardine beige et ses cheveux blonds ondulés qui tiraient sur le roux, avait un physique démodé et presque anachronique. Il portait de fines moustaches, relevées aux extrémités, qu'il devait enduire de gel pour façonner souplement entre ses doigts le tranchant effilé des crocs. Les lèvres boursouflées, le teint pâle et le visage hautain, il avait une allure de monarque espagnol peint par Vélasquez, avec cette morgue molle dans le menton, cette lassitude boudeuse, distante, aristocratique, cette rouerie un peu éteinte. Parfois, quand il vous regardait fixement de ses yeux globuleux, on pouvait craindre qu'il n'allât tenter de vous hypnotiser sur le sofa. Puis ses traits se relâchaient, et il vous adressait un sourire enjôleur qui faisait fondre l'expression de dureté qui recouvrait ses traits quelques instants plus tôt.
Lien : https://chezlorraine.blogspo..
Commenter  J’apprécie          40
Jean-Philippe Toussaint, une fois de plus, procure à son lecteur le plaisir de voir jaillir l'émotion là où on ne l'attend pas. Avec la complicité des Éditions de Minuit et des "étiquettes" de Babelio, qui suggèrent que nous aurions affaire à un roman qui porterait sur l'Union Européenne, les "nouvelles technologies" (la fameuse blockchain) et la "prospective". Rien n'est plus illusoire. C'est d'autre chose qu'il s'agit. L'inquiétude du narrateur à l'idée de disparaître des radars, le temps de 48 heures, sur la trace d'une escroquerie technique, n'est-elle pas le paravent d'une autre angoisse, plus silencieuse, et d'une fragilité presque invisible ? Il faut lire ce livre...
Commenter  J’apprécie          40
Si vous lisez La clé USB de Jean-Philippe Toussaint comme un thriller technologique, c'est à dire au premier degré, vous aurez probablement un avis négatif. Mais si vous l'appréhendez en connaissant un peu cet auteur, surtout si vous avez lu le petit bijou qu'est L'Urgence et la Patience, alors vous vous enthousiasmerez peut-être comme moi de la subtilité d'une double lecture, exactement comme le narrateur qui s'intéresse aux backdoors des machines à miner la cryptomonnaie. Et si vous ne comprenez pas cette dernière phrase, il me semble que ce n'est pas très important, tout l'intérêt du récit tient à la symbolique du voyage secret que va effectuer le narrateur après avoir trouvé une clé USB (les multiples sens de ces deux mots du titre annoncent la couleur du texte à tiroir). La transmission de la mémoire, les portes cachées, l'abstraction du temps et de l'espace: si en plus de ces éléments vous (re)lisez ce livre en sachant que le père de l'auteur écrivait des romans policiers, alors vous saisirez mieux la dimension autobiographique de ce récit et sa brillante dernière partie, inattendue.
Quoiqu'il en soit, La clé USB confirme que l'écriture de Jean-Philippe Toussaint suscite chez moi une émotion bien particulière et comme dans ses romans précédents il me semble que je me laisse porter là où il veut m'emmener. Un joli voyage introspectif.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          30
Toussaint ou l'art du rien. Ou du très très peu, c'est là toute la différence. Un petit peu plus tout de même que dans L'Appareil photo, son chef d'oeuvre à jamais sur le sans intérêt sublimé car l'essence de la vie y est aussi et encore davantage.

Le mec chie et se fait voler son ordinateur portable et c'est sublime comme un lever de soleil sur Tokyo ou sur la lune.

Avant cela, une sombre histoire de bitcoins qui dit la complexité, la codification, la clé usb qui ramènera le passé sur le présent, madeleine 2.0, sur le rapport au père désormais ouvert dans une dernière partie qui dérive de son intrigue incompréhensible, qui nous happe et dont on se fout.
Lien : https://www.facebook.com/mer..
Commenter  J’apprécie          10
J'ai eu un peu peur au début avec ses développements soporifiques sur la prospective et puis paf, j'ai retrouvé notre Jean-Philippe, sa plume très léchée, ses escapades, son humour, et sa thématique amour-mort (qui surgit sans prévenir) ; à travers cette fois-ci un technocrate européen qui bricole une enquête d'espionnage industriel en Chine avant d'aller assurer une conférence sur les blockchains à Tokyo.
Merci monsieur !
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (646) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
135 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}