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Patrick Savidan (Traducteur)
EAN : 9782020976169
1340 pages
Seuil (17/03/2011)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Il est d’usage de dire que nous appartenons à un « âge séculier ». Nous, c’est-à-dire les membres des sociétés occidentales modernes, dont, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, les églises se vident. Comment est-on passé d’un temps, pas si lointain, où il était pratiquement inconcevable de ne pas croire en Dieu, à l’époque actuelle, où la foi n’est plus qu’une possibilité parmi d’autres et va jusqu’à susciter la commisération ? L’une des explications les plus co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Charles Taylor, philosophe canadien, né d'une mère anglophone catholique et d'un père francophone protestant. La dimension politique de la vie lui est sans doute apparue très tôt.

Dans ce livre, Taylor tente d'expliquer la marginalisation du religieux en Europe, et dans une moindre mesure en Amérique du Nord. A cet effet, il prend une optique à très long terme. Sa question de recherche est : pourquoi était il quasi impossible de ne pas croire il y a 500 ans, et pourquoi la croyance est elle devenue marginale de nos jours ? Ou sont les causes ?

J'ai lu cet opus - magistrale - à deux reprises, à quelques années d'intervalle. Oh, c'est une brique de presque 900 pages, mais là ne réside pas la difficulté. Et il n'y a ni jargon ni langage hermétique. Mais c'est le style de CT qui rend l'approche difficile. Il n'énonce pas de thèse, qu'il argumenterait par après. Il raconte des histoires, livre des témoignages, produit des anecdotes, cite des auteurs... Pendant la plus grande partie du livre, le lecteur est ainsi invité à se former sa propre opinion. Il faut atteindre la dernière partie pour voir CT livrer son interprétation de ce qui a précédé, et encore, en des termes très larges.

Alors, qu'est ce qui se serait passé ? En gros - très gros - ceci. La religion saturait la vie quotidienne de l'homme du moyen-âge à tel point qu'il n'était pas possible d'être agnostique ou athéiste. Aucun hérétique n'aurait pu envisager de ne pas croire en Dieu - c'eut été se tourner vers le diable ! le fameux 14ième siècle, avec son cortège de guerres et d'epidémies ébranle la societé médiévale, dont le capital commencait déjà à diminuer dans le contexte urbain et mercantile naissant. L'église, aussi, est très malmenée. Il y a , par exemple, le niveau abysmal du bas clergé et la corruption des évêques, cardinaux et papes. le politique, le social et le religieux étant intimement imbriqués,tout ceci mène aux guerres de religion. On estime que le nombre total de leurs victimes est comparable à celui de la première guerre mondiale. Plusieurs millions de morts, surtout entre 1600 et 1648. Au nom du Christ, des deux cotés. Ceci n'a pas manqué d'avoir un effet profond sur les consciences. Désormais, il n'est plus évident de construire une société sur un système religieux. Lors de le Révolution française, c'est le trône et l'autel qui sont tous deux renversés. Elle servira de modèle à quantité d'autres, souvent plus bourgeoises et dénuées de Grande Terreur. Ainsi naît, à partir du 18ième siècle, l'option d'une vie dite sécularisée, option qui gagne en puissance lors des siècles suivants, allant jusqu'à évincer toutes les autres.

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Il s'agit de « raconter une histoire » dans le but de rendre crédible une réponse à la question de savoir pourquoi il est aussi surprenant aujourd'hui que quelqu'un croie en Dieu quand il était tout autant choquant qu'une personne n'y croie pas autrefois.

L'auteur est omniprésent (« je pense », « je crois », « je sais », « à mon avis »...); il fait les questions et les réponses et dans ses réponses, pose d'autres questions ; il relativise tout et module toute notion qui perd ainsi toute portée ; il s'agit d'observer, de rapporter, de dire ce qui est sur le mode « comme si vous y étiez » et en aucun cas de se limiter au milieu du langage - ainsi les notions mentionnées « sont », se réfèrent à « ce qui est » ou « a été » ; on change de siècle, d'époque, d'une phrase à l'autre ; les auteurs sont cités à la pelle et à la file au sujet de propos anecdotiques de leurs oeuvres, quand ils ne sont pas eux-mêmes cités de manières anecdotique ; on invente des mots ou des expressions auxquels on entend donner la capacité à combler une lacune sémantique avec donc autant de facilité que les notions abordées sont toutes jugées insatisfaisantes ; l'auteur ne cesse de rappeler dans sa très grande entreprise les risques, les obstacles qui se présentent, comme autant de situations à suspens, et, donc, la modération cauteleuse qu'il est louable d'adopter pour limiter son propos ; etc...

Au bout de 70 pages, je n'avais toujours pas l'impression que quoi que ce soit de profond ait été dit et même que la structure du propos ne s'était toujours pas trouvée. Au bout de 160 pages, après des généralités à n'en plus finir qui ne tiennent leur légitimité que du jugement qu'il ne se trouve aucune certitude que qui que ce soit n'ait pas « ressenti » cela ou « vécu ainsi » dans le contexte évoqué avec cette impression de se projeter soi-même dans les esquisses dégagées, j'ai arrêté. Je suis incapable de différencier ce genre d'ouvrage verbeux « dont on est le héros » d'une affiche publicitaire qui ne cherche pas moins à convaincre en rendant le propos simplement « habitable ». Sans doute cet ouvrage l'est-il, mais il m'ennuie. Et son intérêt, celui d'un propos verbeux de qui se raconte à l'infini, m'échappe.
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Nous autres, modernes, parlons souvent de notre monde comme un monde désenchanté. Un monde où il n'y a plus ni magie ni esprits maléfiques et où croire en Dieu est non seulement une exception mais en plus vu comme pratique résolument archaïque.

Comment sommes-nous passés d'une société où il était impossible de ne pas croire en Dieu à une société où cela est non seulement permis mais surtout où c'est devenu la norme ?

Une question simple qui nous embarque dans un grand récit de notre histoire mais aussi de notre philosophie, des nos arts…C'est à ce récit que s'attèle le grand philosophe Charles Taylor qui nous fait le plaisir de son passage à la maison de la radio.

La sécularité est-elle l'avenir de l'humanité ou simplement une bizarrerie de la modernité occidentale ? Et la question qui court tout du long de l'ouvrage : la modernité peut-elle survivre sans religion ?

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http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-la-modernite-peut-elle-survivre-sans-religion-grand-entretien-avec-charles-taylo
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critiques presse (2)
Lexpress
28 juillet 2011
Tant par la taille (1 344 pages) que par la diversité des sources et des questions abordées, ce traité touffu et foisonnant en impose au lecteur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
27 juin 2011
L’Age séculier, son grand œuvre, est à la fois un récit de la transformation du sentiment religieux en Occident et un éloge du «sentiment de plénitude».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je m’intéresse autrement dit à ce que signifie le fait de vivre comme un croyant comme un non-croyants. […] Nous considérons tout ce que nos vies, et/ou les lieux où nous vivons nos vies, ont une certaine forme morale et spirituelle. Quelque part, dans certaines activités ou conditions, se niche une plénitude, une richesse : en ce lieu (activité ou condition), la vie nous apparaît plus plein, plus riche, plus profonde, plus digne d’intérêt, plus admirable, plus fidèle à ce qu’elle doit être. C’est peut-être un lieu où se déploie une puissance : nous faisons souvent ici l’expérience de quelque chose de profondément émouvant, susceptible de nous inspirer.
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Les croyants ont, souvent ou de manière caractéristique, le sentiment que cette plénitude leur est donnée, que c’est une chose qu’ils reçoivent–qu’ils reçoivent en outre par le biais d’une sorte de relation personnelle, d’un rapport qui les lie à un autre être capable d’aimer et de donner. Tendre à cette plénitude implique pour eux notamment des pratiques de dévotion et de prière (ainsi que de charité et de don), et ils ont conscience d’être très éloignés de cette condition où dévotion et don seraient pleinement réalisés.
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Comment sommes-nous passés d’une condition où, dans la Chrétienté, les gens vivaient naïvement selon un schéma théiste, à une autre qui voit les individus se répartir autour de deux options qui apparaissent à chacun en tant que telle et où, en outre, la non croyance est devenue pour bon nombre d’entre la position par défaut ? Telle est la transformation que je souhaite décrire et peut-être (en partie) expliquer dans les chapitres suivants.
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C’est précisément l’histoire que je vais essayer de retracer. […] Pourquoi faut-il raconter une histoire ? Ne pourrait-on pas se contenter de mettre jour ce contraste de manière analytique, en considérant la situation telle qu’elle était auparavant est telle qu’elle est aujourd’hui, et laisser tomber l’articulation narrative ? Qui pourrait avoir besoin de tant de détails, de toute cette chronologie ? N’ai-je pas déjà suffisamment engagé l’analyse de ce contraste en identifiant les trois modalités de la présence de Dieu qui ont aujourd’hui disparu ?
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Le problème que je me propose de résoudre ici peut se formuler de la manière suivante : pourquoi était-il pratiquement inconcevable, disons dans les sociétés occidentales du XVIe siècle, de ne pas croire en Dieu, alors que cela est aujourd’hui non seulement courant, mais, pour beaucoup, inéluctable ?
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Videos de Charles Taylor (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Taylor
Sous le déluge d'acier qui ravage Kiev, du fond de la cave qui lui sert d'abri, Constantin Sigov, l'un des plus grands philosophes ukrainiens d'aujourd'hui, connu pour avoir enseigné à La Sorbonne, écrit une lettre à ses amis français. Il dit la réalité au jour au jour de l'effroyable guerre que Vladimir Poutine inflige au peuple d'Ukraine. Il raconte le courage des résistants qui prennent les armes pour défendre la liberté. Il explique les non-dits de ce conflit fratricide au coeur du Vieux-Continent. Il éclaire sa signification pour l'avenir de l'Europe. Sa lettre représente le plus puissant des appels à la mobilisation de toutes les femmes et de tous les hommes qui ne peuvent se résoudre à la victoire du Mal radical.
Le philosophe ukrainien Constantin Sigov, qui dirige le Centre européen à l'Université Mohyla de Kiev, a été directeur d'études associé à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris de 1992 à 1995. Il a contribué à l'établissement du Vocabuaire européen des philosophies (Paris, Seuil/Le Robert, 2004) et a fondé à Kiev la maison d'édition Duh i litera (L'Esprit et la lettre), qui a publié des traductions ukrainiennes faisant autorité de grands penseurs comme Montaigne, Descartes, Pascal, Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas et François Furet. Ami de Paul Ricoeur et de Charles Taylor, il les a accueillis à l'Université de Kiev. Pour son inlassable activité de bâtisseur de ponts entre les cultures, Constantin Sigov a été décoré par la France au grade d'officier de l'Ordre des Palmes académiques. En 2014, il a soutenu la Révolution du Maïdan, dont il a été une grande voix. Son oeuvre personnelle de penseur, qui occupe une place majeure dans le monde slave, rencontre un vif écho international.
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