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Maria Bejanovska (Traducteur)
EAN : 978B0CXFH2B3J
138 pages
Editions Flora (22/04/2024)
4/5   4 notes
Résumé :
L'HOMME EST UN LOUP POUR L'HOMME

L’histoire débute comme un conte mais, très rapidement, se transforme en cauchemar. L’absurdité de la guerre en Bosnie, et de toute guerre en général, y est relatée d’une façon à la fois simple et brillante, sans parti pris, sans commentaires, rien que par les faits. C’est aussi la démonstration implacable que l’homme est un loup pour l’homme.
Vidosav Stevanović raconte le destin d’une jeune femme de Bosnie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans plusieurs langues slaves Iskra signifie étincelle mais ce n'est dans ce livre que le nom du personnage principal . Son trajet au fil des pages n'a rien d'étincelant tant le récit s'avére sombre : Iskra a été violée puis secourue par un militaire qui l'a envoyée l'attendre dans une grotte de montagne . Elle l'attendra longtemps accouchera de son petit et par hasard découvrira son sauveur mort . Il y a certainement eu de semblales histoires durant la guerre en Ex-Yougoslavie . Ce récit m'a fait mal en raison de la perte d'un être cher que j'ai eu durant cette guerre et cela m'a gaché le plaisir de la lecture .

le récit est très vivant , et l'héroine avec son fils traverse les évenements avec beaucoup de calme apparent bien que certaines situations soient potentiellement dangeureuses voire cauchemardesques . le roman se termine en nous laissant sur notre faim concernant ce qu'il peut advenir d'Iskra et de son fils mais je viens d'apprendre que la suite de l'histoire existe dans un autre livre ( La toile d'araignée) , du même auteur , montrant à voir ce qu'on pu devenir les femmes violées , leurs enfants ainsi que la vie des violeurs . Je n'ai pas lu ce tome là et le déplore car si je ne m'attend pas à ce que justice soit faite , c'est comment fait-on pour vivre tranquille aprés avoir commis tant d'horreur qui m'intéresse . Lionel Duroy en a dit quelques mots dans " l'Hiver des Hommes " mais cela touchait plus les enfants des bourreaux que les bourreaux eux-même .
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Àla découverte de Vidosav Stevanović, Видосав Стевановић, traduit par Maria Bejanovska, publié numériquement par les Éditions Flora, un auteur serbe , qui a écrit drames, romans et une autobiographie du trop tristement célèbre Slobodan Milošević. Pendant la guerre de Yougoslavie, il a compté parmi les rares qui a pris le parti de résister frontalement à la politique du dictateur serbe, ce qui l'a conduit à l'exil. Il a habité Paris pendant un temps, aujourd'hui, il est retourné chez lui. Il a écrit ponctuellement pour des grands journaux européens, tels que Libération, le Monde, El Pais.

Iskra, étincelle en serbe, c'est le très court roman d'une jeune femme au prénom éponyme, une Bosnienne au coeur de la guerre de Yougoslavie : elle est accompagnée en tout début de récit de son père, de son prétendant qu'elle surnomme Chanteur. Jusqu'au moment où surgit une bombe, qui ravage tout, anéantit tout le monde ou presque. Mais c'est, avant tout, une confession imbriquée dans un conte, du moins ce qui prend tous les aspects d'un conte, mais qui s'en éloigne beaucoup. Point de fées ici, ce sont plutôt des figures de bourreaux, qui tour à tour maltraitent la jeune femme. Nul besoin d'être la mère d'une jeune fille qui a regardé le film en boucle pour relever l'allusion pleine d'ironie dès la deuxième de cette « reine des poêles ». Et un interlocuteur, un confident qui accueille cette confession, qui semble endossé la profession de journaliste ou d'auteur, comme un double fictif de notre auteur.

Je ne lui ai pas demandé : » Ne craignez-vous pas qu'en me servant de votre vie, et en raison des travers de mon métier, j'en invente une autre ? Une histoire écrite dans cette langue ou bien dans une autre, et qui serait plus au goût des lecteurs ? » Car il y a des faits que l'on ne peut pas inventer ni concevoir, ni même imaginer. Ils sont si terriblement réels que leur place n'est plus dans la réalité, ils doivent être déménagés dans un abri plus sûr. Tandis qu'une bonne prose ne dénonce ni ne trahit personne : elle dévoile la vérité mais garde le secret.

Un récit aux allures de conte, effectivement, les débuts qui en sont dignes, une petite fille qui naît, une mère qui meurt, un père seul, sans nom, qui élève sa fille, une histoire qui débute un soir d'hiver, la neige qui tombe. On comprend à diverses allusions sémantiques, celle du pèlerinage, du tapis, du cheitan (de l'arabe, signifiant Satan), que la famille est musulmane. Les promesses d'un avenir heureux s'arrêtent ce fameux soir ou la famille élargie, n'importe qui peut devenir un cousin, ou une fusillade éclate. Iskra est enlevée, séquestrée et violée, et ce n'est que le début de son chemin de croix.

Et la guerre y est évoquée indirectement, à travers cette première fusillade, l'auteur parsème les indices qui nous entraînent sur la voix, le choix des mots est minutieux, coupant. La mort, la perte, le viol, en quelques pages, on est face aux crimes de guerre, où les hommes sont des bêtes laides, répugnantes et vicieuses, qui n'obéissent qu'à leur instinct de destruction et de domination. Les femmes sont désincarnées, leurs corps deviennent ceux de « poupées gonflables », réduites à l'état de bêtes battues, réduites à dévorer leur pitance à même la gamelle comme des chiens. Pas davantage de lumière dans la suite du récit – les premières lignes nous laissent cependant entrevoir un dénuement sinon heureux, au moins, un peu plus apaisé -, la continuité du chemin d'Iskra qui va l'amener face à d'autres bêtes sauvages, qui va la mettre face à toutes les exactions possibles de la guerre face à l'armée serbe. Des Voïvodes, un grade militaire serbe, qui se voient et se prennent pour des fiers chevaliers venus combattre les Ottomans, ici les bosniaques.

Une écriture tout aussi brute, tranchante, à vif, elle met en exergue le pire, les pires horreurs de la guerre sont évoquées à tour de rôle, je parlais des méthodes employées pour asservir la population massacrée, mais également la vieille rengaine haineuse de l'épuration ethnique, où certains sont prêts à détruire plutôt qu'à accepter de coexister. La violence de la guerre est sourde, abrupte, aussi bien transposée dans l'histoire terrible d'Iskra, que par les mots de Vidosav Stevanović, qui a su évoquer le pire, l'atroce, l'indicible presque, et toujours dans la retenue.

Iskra, c'est l'histoire d'un miracle, celui de la jeune femme bosniaque qui échappe de justesse plusieurs fois à la mort – mais au prix de violences inouïes, séquestrées, violée, trahi, vendue – et par qui l'enfant de son viol, serbo-bosniaque, contredit ainsi tous les plans des Milosevic et consorts qui ont tenté d'éteindre la population bosniaque. Avec cette grossesse pourtant indésirée et la naissance de cette enfant, Iskra la vit comme une renaissance pour elle, même si d'autres embûches l'attendent, seule dans cette grotte, c'est très fort symboliquement. le reste de l'humanité est loin d'elle, dehors dans la vallée, en bas de la montagne qui l'abrite. Une fin un peu mystérieuse, qui laisse entrevoir une suite La toile d'araignée, qui traite de ces anciens paramilitaire, tel les bourreaux de Iskra, qui revenus à la vie civile se sont confortablement laissés enfermés dans le rôle de bon père de famille. Des hommes qui n ‘ont rien réglé, et dont la guerre au contraire a exacerbé encore davantage les haines et ressentiments qui les consument.
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Iskra, de l'auteur serbe Vidosav Stevanović, a été publié initialement en 2005, et sa traduction française vient de paraître aux éditions Flora, signée de Maria Béjanovska. Iskra, c'est l'histoire d'une jeune femme durant la guerre en Bosnie, qui a vu les siens mourir et qui n'a échappé au massacre que pour être violée et enfermée. Un récit très sombre, de l'ordre du cauchemar, mais que l'auteur ne rend jamais insupportable, au plus près de son héroïne et de sa volonté de survivre, depuis qu'elle est devenue mère. Si Iskra était un film, ce pourrait être une sorte de road-movie post-apocalyptique, dans un monde dévasté où la peur et la méfiance sont permanentes, où chaque rencontre recèle un danger potentiel. Bien qu'il soit écrit à la troisième personne, le livre semble l'être à la première, tellement il nous imprègne des pensées de son personnage principal qui symbolise à elle seule les femmes victimes de la guerre en ex-Yougoslavie et, bien plus largement, de tous les conflits qui n'ont cessé d'ensanglanter la planète. La force de ce court roman, qui se refuse à se complaire dans l'horreur et s'autorise quelques échappées poétiques, est tout simplement indicible. S'il ne devait rester qu'une seule image, ce serait celle de la cohabitation de la jeune maman et de son bébé avec un Quasimodo sourd-muet, dont la vraie nature reste un moment incertaine, dans un moulin abandonné et isolé.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Tu me plais bien que tu sois turque . Il faut exterminer les turcs .
- Je ne suis pas turque , dit Iskra.
- Tu ne portes pas le pantalon bouffant , tu n'es pas rasée en bas , tu ne te prosternes pas , mais tu es turque . On le voit dans tes yeux . Tu dis une chose et tu en penses une autre .
-Pourquoi faut-il exterminer les turcs ? dit Iskra .
- Nous devons venger le Kosovo
- Que c'est-il passé au Kosovo ? dit Iskra .
- Ton peuple a tué mon peuple . Vous nous avez massacrés . Vous nous avez chassés. Nos morts sont assoiffés de vengeance . Nous nous vengeons .Si tu n'étais pas une femme tu serais déjà morte .....
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Je ne lui ai pas demandé : » Ne craignez-vous pas qu’en me servant de votre vie, et en raison des travers de mon métier, j’en invente une autre ? Une histoire écrite dans cette langue ou bien dans une autre, et qui serait plus au goût des lecteurs ? » Car il y a des faits que l’on ne peut pas inventer ni concevoir, ni même imaginer. Ils sont si terriblement réels que leur place n’est plus dans la réalité, ils doivent être déménagés dans un abri plus sûr. Tandis qu’une bonne prose ne dénonce ni ne trahit personne : elle dévoile la vérité mais garde le secret.
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Devant Iskra, son père ne parlait jamais de la défunte. Mais il ne s’était jamais remarié. Parfois il s’enfermait dans sa chambre. Sur un mur il avait accroché un tapis qui portait l’inscription suivante : « Redoute le Jour où aucune âme ne conviendra à une autre, où ne sera plus reçue aucune satisfaction, où ne sera plus admise aucune intercession, où il n’y aura plus aucun secours à attendre. »
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La langue était devenue dangereuse comme un champ de mines, les mots explosifs comme les mines antipersonnel. Leurs sens s’étaient déplacés et confondus. La vérité apportait le dommage, le mensonge n’aidait pas. Il y a des moments où le silence est la meilleure solution, la bouche bée devant la laideur et la misère du malheur qui vient de se produire et qui continue.
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Nous nous sommes trop mélangés. Personne d’entre nous ne sait où il finit et où les autres commencent. Nous sommes comme les tripes dans le ventre du diable. Il faut répandre ces tripes et les jeter à ces chiens qui hurlent dehors. Qu’ils s’empoisonnent de nous et qu’ils crèvent !
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Video de Vidosav Stevanovic (1) Voir plusAjouter une vidéo

Vidosav Stevanovic : Prélude à la guerre
- A la Médiapole Sainte Césaire d'Arles, Olivier BARROT parle de Vidosav STEVANOVIC, écrivain serbe qui vit à Paris et de son livre "Prélude à la guerre", sorte d'élégie pleine d'humour noir dans laquelle il accuse les Yougoslaves d'aimer les armes et la dispute, ce qui a rendu la guerre entre Serbes et Croates inéluctable.
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