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Julien Nègre (Traducteur)
EAN : 9782958360313
208 pages
BEAU DOM (15/09/2023)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Molly et Ralph Fawcett, huit et dix ans, vivent dans la banlieue de Los Angeles. Ils sont unis par leurs tares physiques, leur inadaptation et le mépris qu’ils ont pour leur mère et leurs sœurs, qui incarnent à leurs yeux une respectabilité bête. Au contraire, leur grand-père les fascine. Il apporte, lors de sa visite annuelle, les parfums de sa vie brute dans un ranch du Missouri. À sa mort, les enfants font la connaissance de leur oncle Claude. Ils commencent alor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Aaaaah, l'enfance.

Cette période bénie de l'innocence et de l'émerveillement, bien trop souvent idéalisée dans notre société. Mais pour certain.es, surtout celleux doté.es de tempéraments plus sensibles, elle peut être une époque de terreur et de péril à chaque coin de rue.

Jean Stafford plonge les lecteur.ices dans cette dure réalité de l'enfance, dénuée de toute sentimentalité, offrant une représentation brute et sincère de la jeunesse dans la littérature, un peu à la manière de la Nuit du Chasseur et de Sa majesté des mouches (la violence en moins).

L'histoire se centre sur la relation intense et parfois tumultueuse entre Ralph Fawcett et sa jeune soeur Molly, âgé.es respectivement de 10 et 8 ans au début du roman. Stafford met en lumière le dégoût et la dérision que peuvent ressentir les enfants envers leurs parents et frères et soeurs, exposant leurs nombreux défauts.

Avec le recul, je me rends compte à quel point ces lectures « confortables » de romans liés à l'enfance dans le Sud des Etats-unis nous bercent et nous font fantasmer une sorte de nostalgie alors qu'il y a un contraste évident avec la façon dont la société traite les minorités (dans ce roman, ce sont les femmes, les noirs, les japonais et les mexicains principalement).

Bien qu'avant je pouvais faire de ces lectures mon quatreur, je commence à ressentir une certaine gêne d'y trouver du réconfort.

Malgré cette critique, « le Puma » est une lecture remarquable. Drôle, démente et mémorable, elle se distingue par l'une des meilleures dernières phrases que l'on puisse trouver dans la littérature.

L'impact de la conclusion est tel qu'elle m'a provoqué un rire nerveux.

Ce bouquin offre une plongée sincère et sans fard dans l'enfance, exposant une réalité parfois troublante de cette période de la vie. Stafford mérite une attention pour qui est en quête d'une exploration authentique de la jeunesse.
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Entre drame et nature writing, à la lisière de récits aussi frappants que "Sa Majesté des Mouches" ou encore "Le pouvoir du chien", "Le Puma" explore la cruauté de l'enfance et du rejet avec intelligence et noirceur. Ses héros sont Ralph et Molly, deux gosses à la recherche d'eux-mêmes.

Située dans l'Amérique d'après-guerre, au coeur d'un Colorado sauvage dont les dangers et les enseignements rudes vont peu à peu éloigner Ralph et Molly, l'histoire empreinte d'un réalisme confondant nous entraîne dans l'exploration des sentiments fraternels entre deux enfants malmenés par le destin. C'est le récit de leur émancipation, de leur identité qui s'affirme, des différences qui se creusent, du rapport à la réalité, aux gens, aux choses... du développement de certaines passions, aussi.

Mais c'est surtout le récit d'une brèche, de tout ce qui va accroître les plaisirs de l'un en alimentant la rage de l'autre pour ces deux gosses avides de liberté qui avaient pourtant appris à faire front commun au début de leur vie.

Le livre est bourré de descriptions sur la nature et les sentiments humains. C'est à la fois insolite (telle Molly inventant de la poésie) et criant de vérité (les repas au ranch) tout en offrant une peinture très fidèle de la société américaine d'après-guerre, tant du côté bourgeois et citadin que de celui des grandes exploitations du pays.

L'écriture de Jean Stafford est merveilleuse : incisive, percutante, immersive, aussi belle dans ses descriptions sauvages que dans celles des âmes humaines et de leur folie. En une phrase, elle parvient à insuffler le degré d'émotion ou de dégoût nécessaire pour faire réagir le lecteur. Elle sait toujours choisir les mots justes pour se faire l'écho du mal-être et des blessures secrètes qui empoisonnent les enfants Fawcett.

Le texte a malgré tout vieilli en dépit d'une traduction impeccable. Toutefois, si la manière dont sont traitées les minorités dans ce roman peut faire réfléchir et rebuter (n'oublions pas qu'il a été écrit en 1947), "Le Puma" n'en reste pas moins une lecture enthousiasmante dont la fin, aussi abrupte que marquante, restera longtemps en mémoire.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique. Ce qui m'avait attirée était à la fois la couverture et le résumé.

La couverture est magnifique : l'illustration, la mise en forme générale, la police du titre... Tout est très beau. Même la forme qui court jusqu'à la quatrième de couverture ajoute un truc sympa. La mise en page à l'intérieur du roman est simple mais très belle je trouve (mais il n'y a peut-être que moi qui regarde ça !).
La traduction me semble très réussie, avec de nombreuses notes de bas de page qui explicitent certains termes et références.

Le texte date de 1947, et cela se ressent dans l'écriture, l'ambiance générale et le traitement des minorités, mais l'ensemble n'est pas pour autant désagréable à lire : le livre nous plonge avec brio dans cette période d'adolescence pleine de bouleversements à une époque qui nous semble maintenant bien différente de la nôtre.

J'ai eu d'abord un peu de mal à rentrer dans l'histoire, parce qu'il y a dès le début de nombreux personnages qui sont parfois nommés de plusieurs manières, alors il m'a parfois fallu le temps de faire le lien. L'histoire est parfois étrange, avec les réactions des personnages ou leur manière d'être qui me plongeaient parfois dans la perplexité, mais malgré tout, j'ai été prise par le récit.
Jean Stafford nous offre de belles descriptions, à la fois des décors, mais aussi des comportements humains, avec toute la complexité qui les caractérisent. L'histoire est centrée sur Ralph et Molly, qui se retrouvent à aller passer régulièrement leur été dans le ranch de leur oncle : c'est l'occasion de suivre la manière dont ils vont grandir, évoluer, s'affirmer. le style de l'auteure est à la fois drôle et cruel, incisif et brutalement honnête ; cela peut parfois mettre à l'aise, mais en même temps c'est intéressant à lire (je ne lis pas souvent de romans si cruels !).

En tout cas, cette lecture est une belle découverte, que ce soit de l'auteure, mais aussi de la maison d'édition Beau Dommage.
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette histoire d'enfants malmenés. Différents de leurs grandes soeurs, Ralph et Molly sont très proches et voient le monde qui les entourent différemment. Leurs relations avec les grandes personnes sont chaotiques. Cependant, les grandes descriptions traînent souvent en longueur même si elles permettent de comprendre les personnages. Les multiples références anciennes et inconnues dans notre pays sont rébarbatives. L'intrigue met du temps à arriver et je trouve que la relation ambiguë entre le frère et la soeur n'est pour le coup pas assez développée. La fin, attendue, arrive comme un cheveu sur la soupe. On y laisse un goût d'inachevé. C'est un ouvrage qui reste en son temps et la réédition n'était peut-être pas nécessaire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il était bien difficile de croire que les deux filles avaient eu le même père et la même mère que Ralph et Molly, qui étaient timides et parfois effrontés tant ils pouvaient se sentir mal à l'aise. Depuis leur maladie, en outre, ils étaient maigres, blafards, et avaient la goutte au nez. D'un obscur ancêtre, ils avaient hérité de vilains dents mal alignées et des yeux myopes, et devaient donc porter des bagues et des lunettes. Ils avaient la peau mate et les cheveux noirs et, pour tout dire, ils avaient toujours l'air un peu sales. Ils étaient petits pour leur âge mais ils avaient une ossature épaisse, et on prédisait avec compassion qu'à la manière si horrible et disgracieuse de tant d'autres enfants, ils allaient pousser d'un seul coup et ressembler ensuite pendant plusieurs années à ces poulains dégingandés qui font peine à voir. Ils étaient si embarrassés d'eux-mêmes qu'ils ne pouvaient se tenir assis sur une chaise sans donner l'impression d'être perchés au bord d'un précipice et, si un adulte inconnu leur adressait tout à coup la parole, ils se mettaient à avaler la moitié de leurs mots et leurs yeux se remplissaient de larmes, couvrant leurs lunettes de buée. (pages 33-34)
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Quand l'automne arriva silencieusement, que les arbres de la vallée se couvriront peu à peu de rouge, que Winifred partit étudier à l'université et qu'Oncle Claude quitta le ranch pour aller dans le Missouri, Ralph passa ses journées à déambuler comme un homme endormi, à peine conscient de ce qui l'entourait, sinon du sentiment irrationnel que, si seulement il trouvait comment faire, il pourrait forcer la terre entière à lui révéler ses richesses, malgré la présence de Molly. (page 179)
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