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Jean Cholley (Autre)
EAN : 9782070706341
438 pages
Gallimard (12/03/1986)
4.03/5   287 notes
Résumé :
Mort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de 1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il s'imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que, sans nuire à tout ce qu'il y a de japonais da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Miaou ! Miaou ! Contrairement à mes congénères et amis du quartier, Kuro un gros matou un peu bourru et Mikeko une gracieuse petite chatte, je suis un chat sans nom.

La maîtresse de maison et les fillettes m'ignorent, la bonne m'a en horreur, seul mon maître m'apprécie et me caresse.
Ce dernier est un drôle d'animal qui fait des gargouillis d'oie étranglée dès le matin. Il est professeur et quand il revient de l'école il s'enferme dans son bureau ; son entourage le croit studieux mais en fait il s'endort aussitôt. Les livres qu'il entasse autour de lui font penser qu'il est un peu savant mais, détrompez-vous, ils sont rarement ouverts…

Ses amis, Meitei et Kangetsu, lui rendent souvent visite et les trois hommes adorent s'écouter parler : ils sont toujours dans la surenchère, c'est à celui qui racontera avec pédanterie l'histoire la plus loufoque. Ils se réfèrent constamment aux auteurs étrangers et se croient obligés de les citer, lorsque l'un parle les autres ne savent jamais s'il dit vrai ou s'il affabule, ils sont vraiment très perturbés. A voir tout cela d'un oeil de chat, quelle tristesse !

A leur décharge, il faut dire que l'ère Meiji transforme radicalement le pays depuis quatre décennies. le Japon encore moyenâgeux au milieu du siècle dernier s'occidentalise à marche forcée et en ce nouvel an 1905 la guerre russo-japonaise qui fait rage perturbe de surcroît les esprits.
La période n'est pas facile pour ces intellectuels mal dans leur peau dont l'horizon se rétrécit au profit des politiques et affairistes de tout poil. S'il est dans l'air du temps de railler la civilisation occidentale, de se rattacher aux traditions ancestrales, encore faut-il éviter le ridicule d'une analyse simpliste et stérile.

Tapi dans mon coin j'observe ces êtres à deux pattes pérorer à qui mieux mieux.
C'est drôle, c'est affligeant, à peine croyable !

Toutes griffes rentrées, en faisant patte de velours et bouffer mes 88 880 poils, je vous invite à découvrir cette prose féline, cette satire nipponne qui interpelle et parfois même défrise les moustaches.
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C'est la guerre entre la Russie et le Japon. En ce début d'année 1905 Port-Arthur a été pris par l'armée japonaise. Un jeune chat sans nom vagabonde et entre par effraction, à cause de la faim et du froid, dans la maison d'un professeur, bravant à plusieurs reprises la violence de la domestique qui le jette dehors; mais le professeur finit par le laisser entrer. Celui-ci est un homme taciturne, miné par une maladie d'estomac, s'intéressant peu à sa femme et ses filles... Bref le portrait est peu flatteur et notre chat observe avec un regard caustique, dans la maison du professeur, un monde d'intellectuels désoeuvrés, d'huluberlus, dont les conversations sont interminables et vaines, d'hommes d'affaires cupides et vulgaires. Dans ce roman publié d'abord en feuilleton, Sôseki fait une satire de la société japonaise de l'ère Meiji, avec autant d'humour que d'amertume.
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Instinct de survie, culot et persévérance ont conduit le chat dans la maison du professeur Kushami où il a été recueilli malgré l'opposition farouche d'O-San, la bonne. Ignoré par la maîtresse de maison, harcelé par les fillettes du professeur, détesté par la bonne, le chat n'est pas très apprécié, on ne s'est même donné la peine de lui donner un nom, mais il a un toit sur la tête, des repas réguliers et un certain prestige, dû au statut de professeur de son maître. Aussi mène-t-il tranquillement sa vie de chat, entre exploration du quartier, rencontres avec ses congénères et surtout observation des humains qui l'entourent et qu'il juge avec acuité et ironie.

Sentiments ambigus à la lecture de ce roman : plaisir et ennui.
Plaisir d'abord parce que tout commence très bien avec ce jeune chat qui s'immisce dans un foyer où il n'est pas forcément le bienvenu. L'animal est malin, sagace, attachant et très drôle. Par sa bouche, Sôseki met à mal la nouvelle société japonaise qui se dessine avec l'ère Meiji et l'ouverture du Japon sur le monde. On rejette les valeurs traditionnelles, on glorifie tout ce qui vient d'Occident sans esprit critique et les intellectuels perdent de leur prestige au profit des hommes d'affaires. Plaisir aussi devant l'autodérision de Sôseki qui, s'il parle avec la voix d'un chat, s'est également mis en scène dans le personnage du professeur Kushami avec qui il a de nombreux points communs. Discrètement, le chat écoute son maître et ses amis refaire le monde. Histoires abracadabrantes, théories loufoques, batailles d'ego sont au menu des discussion de ces pédants ridicules qui sont plus sots que malins.
Mais si l'on s'amuse de cet homme dépassé par l'évolution de la société, entêté dans ses certitudes et aux prises avec ses voisins, on finit par se lasser des discussions philosophiques de ses acolytes. Au fil des pages, l'humour s'étiole et l'intérêt aussi, dommage.
Je suis un chat reste un livre au ton original qui met la lumière sur cette période charnière où le Japon a opéré sa mutation d'une société traditionnelle vers une ère plus ''occidentalisée'', provoquant une vague de suicides chez les intellectuels. En même temps roman et essai, il est parfois ardu à suivre et demande beaucoup d'attention. A réserver aux passionnés de l'histoire du Japon.
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« Je suis un chat » est une critique acerbe, cynique, ironique et souvent très drôle, de la société Meiji. Un professeur voulant absolument évoluer avec les nouveaux critères sociaux, en adoptant un mode de vie occidentalisé, est vu à travers le regard sagace de son chat, qui lui, ne s'y trompe pas. Son maître se ridiculise sans s'en apercevoir. C'est une fois de plus, cette société en transition, qui est épinglée par Soseki. Peut-être un des meilleurs récits de l'auteur !
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Un chat se retrouve dans le jardin d'un homme qui l'adopte. Il fait alors partie de la famille et assiste aux élucubrations, rituels et conversations humains avec beaucoup de critique...

Honnêtement, c'est drôle, plein d'esprit, intelligent, bien foutu et pensé.
Mais honnêtement, c'est trois fois, cinq fois trop long pour ce que c'est.
Une fois qu'on a compris la structure des "scènes" auxquelles le chat assiste, on remarque vite que les dialogues sont interminables. Certes, ils montrent combien la race humaine peut être pleine de contradictions, auto-centrée, égoïste, ridicule et j'en passe. Mais le format est beaucoup trop long pour faire de ces histoires à l'origine des historiettes publiées les unes après les autres un roman complet, avec les quatre volumes compilés en un alors qu'ils sont déjà eux-mêmes des compilations. Bref, vous avez compris le jeu de poupées russes en termes d'édition.
Honnêtement, faut le lire. Un peu, en partie. Pour se rapprocher du canon de la littérature japonaise classique.
Mais honnêtement, faut pas se le farcir d'un coup, sinon c'est l'ennui dû à la répétition et au manque d'action assuré.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Toute la recherche que fait l’homme n’a que l’homme pour objet.
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l’homme a toujours été un lourdaud et voilà pourquoi il lui a fallu attendre jusqu’à maintenant pour préconiser enfin les mérites de la gymnastique et vanter longuement les avantages des bains de mer en croyant avoir fait une grande découverte....
Il suffit d’aller sur une plage pour se rendre compte des vertus de l’eau de mer. Je ne sais pas combien il peut y avoir de poissons dans ce vaste endroit, mais on n’a jamais vu un poisson tomber malade et aller consulter le médecin.
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il faut ignorer trois choses pour faire de l’argent : ses obligations envers les autres, les sentiments et la honte.
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Les pattes de chat font oublier leur existence ; on n’a jamais entendu dire qu’elles aient fait du bruit par maladresse, où qu’elles aillent. Les chats se déplacent aussi silencieusement que s’ils foulaient de l’air ou que s’ils marchaient sur des nuages. Leur pas est doux comme le bruit d’un gong en pierre qu’on frappe dans l’eau, doux comme le son d’une harpe chinoise au fond de quelque caverne. Leur marche est parfaite comme l’intuition profonde et indescriptible des plus hautes vérités spirituelles.
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On dit que selon un livre appelé Bible ou quelque chose de ce genre, la creation procède de dieu, et qu'ainsi l'homme est également une créature de Dieu. L'homme a donc accumulé ses observations pendant plusieurs millénaires et en même temps qu'il a tendance à trouver du mystère et de l'émerveillement partout, il est de plus en plus enclin à reconnaître l'omniscience et l'omnipotence de Dieu. La raison en est qu'il y a des foules et des masses d'hommes en ce monde, mais il n'y a pas deux qui aient le même visage. Les composants d'un visage sont bien sûr limités, et les dimenssions en sont à peu près les mêmes partout. En d'autres termes, tous les hommes sont faits des mêmes ingrédients, mais le résultat n'est identique nulle part. On ne peut qu'admirer la technique du Créateur qui peut imaginer tant de visages différents avec d'aussi simples matériaux. Cette énorme variété ne peut s'expliquer que par une imagination très originale. Si on considère qu'un peintre, durant toute sa vie, ne pourrait composer en y mettant tous ses efforts que douze ou treize sortes de visages différents, on ne peut s'empêcher d'admirer l'adresse extraordinaire du Créateur qui a entrepris seul la réalisation des hommes. C'est une technique qu'on ne peut en aucun cas trouver dans les sociétés humaines, et on peut sans inconvénient la tenir pour toute-puissante. Sur ce point, l'homme semble se faire petit devant Dieu, et si on se met à sa place, on comprend sa modestie. Toutefois, du point de vue d'un chat, ces faits eux-mêmes peuvent être interprétés omme une preuve de l'incompétence de Dieu. On peut affirmer que s'il n'est pas totalement incompétent, il n'est certainement pas supérieur à l'homme en ce domaine. Car on peut en effet dire que Dieu a créé autant de visages que d'hommes, mais cette infinie diversité faisait-elle partie de son idée de la création, ou bien a-t-il commencé sa création en voulant faire tous les visages identiques, et cela s'est-il soldé par un échec à chaque essai, produisant ainsi la confusion actuelle? Personne n'en sait rien. Si on peut considérer la création de tous ces visages comme un monument du succès de Dieu, ne peut-on pas également penser qu'elle représente les ruines de son échec? Ainsi, il est légitime de parler de toute-puissance, mais rien n'empêche de porter au contraire un jugement d'incapacité.
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Vidéo de Natsume Soseki
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
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