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4,24

sur 156 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
«  C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer. »
Ce sont les premiers mots, très forts, de ce premier roman qui l'est tout autant.
Le «  je » est celui de Sacha, grande reporter française, une femme de caractère habituée à raconter le fracas du monde, qui se retrouve projetée dans les premiers jours du génocide rwandais, le lecteur sur ses traces.

J'aime tout particulièrement les romans qui parviennent à dire la grande Histoire à travers le prisme de l'intime, du personnel ou du familial.
Et là, très clairement, Yoann Smadja a su trouver les mots justes pour évoquer l'enfer dans lequel le Rwanda a basculé à partir de l'attentat qui tue le président rwandais et sert de prétexte aux violences génocidaires envers les Tutsis. Cet ancien humanitaire a oeuvré au Rwanda en 2006, son récit est très documenté, sans doute un peu scolaire par moment mais au moins, cette contextualisation précise permet au lecteur d'avoir une vision complète de la situation et d'en comprendre les enjeux.

Certains passages sont durs, oui, mais sans excès, sans complaisance, juste parce que nécessaire pour comprendre le cheminement psychologique de Sacha dont on voit vaciller les certitudes à mesure qu'elle prend la mesure de la barbarie qui se déchaîne. Car ce très beau roman reste sur les pas de ses personnages principaux. Sacha donc, mais aussi Rose, l'épouse d'un médecin rwandais qui la guide dans le chaos. Rose a disparu avec leur très jeune fils, Daniel la recherche, Sacha aussi.

La très belle idée de l'auteur est de faire parler Rose, la muette, à travers des extraits de son carnet, autant de lettres d'amour écrites pour son mari, des lettres très sensuelles qui racontent le bonheur et le Rwanda d'avant, des lettres terribles qui dévoilent le vécu de Rose durant le génocide.

En fait, tout ce roman est un modèle d'équilibre, à fleur d'émotions. Il aurait pu basculer dans le pathos lourdaud, il ne le fait jamais en croisant les deux regards sensibles de Sacha et Rose. le dernier tiers est vibrant, bouleversant même, grâce à la subtilité avec laquelle Yoan Smadja construit son récit et le fait avancer avec une ellipse temporelle très judicieuse qui propulse le lecteur en 2017 sur une piste inattendue. Je ne l'ai pas refermé désespérée mais au contraire emplie de foi en l'humanité.

Un très beau roman empli de souffle romanesque et de lumière malgré la noirceur du sujet.
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❤️Ce roman est un joyau taillé dans les pierres les plus précieuses et les plus lumineuses, dire que c'est un premier, je m'incline.
Ce doit être l'année littéraire des « Rose » après les carnets de la Rose de Franck Bouysse voici ceux de la Rose de Yoan Smadja et quel étourdissement encore une fois.
Deux récits s'entremêlent, deux regards portés sur cet événement traumatisant qu'à été le génocide Rwandais.
Printemps 1994, Sacha reporter de guerre est envoyée au Cap pour investiguer sur les élections post-apartheid. A peine arrivée et contre l'avis de son employeur elle décide de partir à Kigali avec un ami photographe après la découverte fortuite d'une cargaison d'armes à destination de la capitale Rwandaise tourmentée par des relations interethniques très tendues.
Elle se retrouvera aux premières loges pour couvrir le massacre lié aux discordes claniques entre Tutsi et Hutu.
En parallèle on découvre les écrits de Rose Tutsi muette, adressés à son mari Daniel un obstétricien, reconverti en cette période trouble en médecin humanitaire.

Deux récits et deux styles : un journalistique, captivant, sans temps morts, ancré dans le présent et basé sur des faits politiques réels.
L'autre épistolaire, plus lyrique, et romanesque. La plume est magnifique, le texte poignant.
Le récit de Rose est d'abord nostalgique et romantique, elle évoque le souvenir « dans la maison de vanille » de son père, de Daniel, de leur fils et l'époque du « vieux Rwanda » convivial et chaleureux « nous étions des quartiers de soleil ».
Une sensualité se dégage de ses lettres et nos sens sont intensément sollicités.
Jusqu'à un attentat politique qui va précipiter les événements, les écrits de Rose se noircissent alors et glissent vers l'horreur.
Les deux récits finiront par se recouper et le destin de ces deux femmes se rejoindre.
On assiste à la fuite haletante de tous les protagonistes parmi d'autres fuyards déshumanisés.
Dans ce climat de terreur Daniel, Rose et leur fils se cherchent désespérément, sont liés par la pensée, connectés par la force des sentiments et on a tant envie qu'ils se retrouvent.
La fin est déchirante.
Merveilleux et foudroyant!
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Vraiment, un très beau roman. Un roman que l'on a envie de garder longtemps dans le petit écrin que constitue une mémoire de lecteur, vous voyez. En 260 pages, il dit beaucoup. Il dit même l'essentiel. Les grandes lignes du génocide des Tutsis qui a noirci l'Histoire du Rwanda en 1994, présentées de manière claire, sans viser l'exhaustivité et par le biais d'un personnage attachant, Sacha, une journaliste de guerre pour le Temps qui a pour habitude de toujours suivre son instinct. Alors qu'elle achève un reportage sur les élections en Afrique du Sud, elle va découvrir l'horreur au Rwanda après avoir croisé la route de plusieurs personnages, dont Daniel, un médecin tutsi : c'est là que l'Histoire rencontre l'histoire. Celle qui est au coeur du récit. L'histoire de Daniel et de Rose, celle de leur amour, de leur enfant, de leur séparation et de leur volonté, plus forte que tout, de se retrouver. Celle de dizaines de petites roses et du temps qui fait son oeuvre.
Vraiment, un très beau roman. D'ailleurs, en écrivant, l'émotion me gagne et je mesure la chance que l'on a de pouvoir lire de telles pépites. Mention spéciale pour le titre que je trouve absolument sublime et pour le choix de l'illustration sur la version poche, parfaite !
Je remercie Babelio et les Editions Pocket pour cette lecture… triste, belle, nécessaire.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Coup de coeur !
Lorsque Sacha part en reportage en Afrique du Sud, elle ne se doute pas qu'elle va vivre une suite d'évènements qui va bouleverser sa vie.
Un banal accrochage avec un camion, quelques photos prises pour constater les dégâts, des menaces avec armes de la part du conducteur vont amener la jeune femme à s'intéresser au contenu des mystérieuses caisses transportées par le véhicule.
Cette enquête l'emmène au Rwanda rongé par la haine, en guerre civile depuis des années avec l'extermination systématiques des Tutsis.

Le roman de Yoan Smadja n'est pas un énième texte sur le génocide Tutsis, c'est beaucoup plus.
En basant son histoire sur le destin de deux femmes Sacha et Rose une jeune Tutsis, l'auteur réussit à donner à ce livre une dimension émotionnelle intense, sans jamais tomber dans le pathos.

A travers les lettres que Rose adresse à son mari, trop souvent absent pour son métier, nous découvrons sa vie à l'ambassade de France où sa famille travaille depuis quelques dizaines d'années. Elle lui parle de son fils, jusqu'à la peur, la violence, la mort, le génocide.

Yoan Smadja dresse le portrait de deux femmes exceptionnelles, volontaires et courageuses.
J'ai particulièrement aimé Sacha, journaliste française confrontée à la pire horreur que son métier lui ait fait côtoyer.

Ce livre est magnifique, dur souvent mais il prouve que malgré la barbarie dont l'homme est parfois capable, il peut en ressortir une lumière éblouissante et salvatrice.

Je remercie très vivement Babélio et les Editions Belfond qui m'ont permis cette découverte.
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Quand la tragédie de l'Histoire rencontre la beauté et la force romanesque, cela donne un livre bouleversant et lumineux. Cela donne "J'ai cru qu'ils enlevaient tout de toi" de Yoan Smadja.

Nous sommes début avril 1994, nous sommes au début de la fin du monde pour le Rwanda. Sacha, journaliste française, est envoyée en reportage en Afrique du Sud pour couvrir les prochaines élections présidentielles, les premières depuis la fin de l'apartheid. Lors d'un accident , elle découvre par hasard un chargement de machettes destiné à partir au Rwanda. le Rwanda, elle ne connait pas trop. Mais poussée par son instinct, elle décide de se rendre dans le pays des mille collines afin d'en découvrir un peu plus sur ce pays secoué par des "conflits interethniques". Là-bas, sa route va croiser celle de Daniel, un médecin tutsi affilié au FPR. Daniel est marié à Rose, une jeune femme muette. Inlassablement, Rose écrit des lettres à son mari pour lui raconter son quotidien durant ses longues absences. Un quotidien à l'abri de tout, lui semble-t-il, sa maison se trouvant dans l'enceinte de l'ambassade de France. Alors que l'avion du président hutu Habyarimana explose dans un attentat, le pays s'embrase d'un coup. En quelques heures, les tueries commencent. Sacha assiste à l'inimaginable tandis que Daniel court pour retrouver sa femme, qui court pour sauver sa vie.

J'ai lu beaucoup d'ouvrages sur le génocide des Tutsis et Hutus modérés au Rwanda en 1994 : des témoignages, des reportages comme ceux de Jean Hatzfeld, des récits autobiographiques comme ceux de Scholastique Mukasonga, des ouvrages historiques. "J'ai cru qu'ils enlevaient tout de toi" est la première fiction que je lis sur ce sujet - mis à part les romans jeunesse d'Isabelle Colomba. Ce que j'ai donc apprécié en premier lieu est la vérité historique retranscrite dans ce roman. Sur un tel sujet on ne peut pas faire de "l'à peu près" . Yoan Smadja a beaucoup lu, s'est documenté, a rencontré des personnes directement concernées par le génocide (humanitaires, journalistes, militaires...). C'est un travail de recherche fouillé et précis qui nous parle entre autre du rôle de la Croix Rouge et des différentes opérations de l'ONU et des militaires français plus ou moins ambiguës durant ces semaines. Il ne nous épargne pas non plus les scènes de tueries en masse. Il en ressort donc pour le lecteur la satisfaction de lire une fiction étayée par des faits historiques avérés et où l'on ne joue pas avec les mots.

Car les mots sont eux aussi au coeur de ce roman. D'un côté Sacha, journaliste passionnée qui laisse libre cours à ses articles, de l'autre Rose qui a découvert l'amour des lettres dans tous les sens du terme - littérature et écriture, sont deux femmes qui vivent par l'écrit. Leur rapport aux mots n'est pas le même mais est tout aussi fort.

Les chapitres alternent les lettres de Rose à son mari Daniel et le récit consacré à Sacha. le lecteur est d'un côté confronté à la terreur de Rose, et de l'autre plongé dans le chaos sans fin que Sacha et ses compagnons découvrent au fil de leur périple. Journalistes, militaires, humanitaires... tous assistent à l'incroyable et plongent dans un monde où la sauvagerie est reine. Et tous s'arrêtent là où les conventions leur dictent des limites. Faut-il réagir face aux tueurs alors que l'on est entravé par un devoir de neutralité? Quand Sacha pose son carnet et son crayon, elle fait son choix.

"J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" est un vrai roman, à la tension permanente, au suspense calibré. C'est aussi un ouvrage plein d'une humanité salvatrice, dont on a énormément besoin en lisant ce livre où la beauté des mots contrebalance l'atrocité décrite.

Un très grand merci à Babélio et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce premier roman.
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*****

Cette histoire, c'est celle de Rose, de son fils Joseph, de son époux Daniel, et de tous ceux qui ont croisé leur route. Cette histoire, c'est celle du Rwanda, un pays qui a basculé dans la haine au printemps 1994. Cette histoire, c'est celle des mots, ceux qu'on écrit, ceux qu'on enfouit et ceux qui se perdront dans l'oubli. Cette histoire, c'est enfin celle d'une humanité salie, piétinée, anéantie, qui se relève doucement grâce à l'amour, la solidarité et cette petite flamme qui a continué de briller malgré tout…

Que dire si ce n'est que ce roman est une pépite, une lumière, un de ceux qui réchauffe l'hiver et qui reste collé au coeur…

L'émotion est au-delà des mots… Yoan Smadja a choisi les plus justes. Ses mots sont doux pour dénoncer la barbarie, ils sont étincelants pour désigner la noirceur et ils sont authentiques pour illuminer l'amour.

C'est un roman qui touche profondément. Cette petite histoire dans la grande l'éclaire par son humanité et sa bienveillance. Mais elle dévoile aussi les manquements et les lâchetés.

C'est un roman nécessaire sur ce qu'il y a de pire et de plus beau en l'homme… et cet équilibre si fragile, si incompréhensible, si faillible entre les deux…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Ce que j'ai ressenti:

Monsieur Smadja,

J'ai toujours pensé que le printemps était une belle saison. Remplie de fleurs et de renouveau. Il se pourrait qu'avec votre livre -un premier roman remarquable d'ailleurs- quelque chose se soit brisé, que l'image dans le miroir se soit quelque peu ternie irrémédiablement, que les souvenirs du Rwanda hanteront encore longtemps nos esprits. J'ai cru que vous alliez me laisser le manque du parfum des lys.

Comment aurais-je pu croire que le mot génocide avait une telle force destructive haineuse, qu'il pouvait prendre ce genre de forme atroce ? Comment imaginer qu'en avril 1994, le Rwanda prenait feu, comme ça, en une nuit, et que des milliers de vies s'envolaient dans le parfum vanille? Vous nous racontez, avec un travail de recherche que l'on sent minutieux, ce conflit entre Tutsi et Hutu avec des vibrations émotionnelles, des senteurs exotiques et des lignes d'amour romantiques, mais c'est bel et bien l'horreur qui s'est invitée dans ce printemps avec des machettes aux creux des mains des hommes. J'ai cru qu'ils m'enlevaient des fragments de chair.

Il en faut du courage pour mettre des mots sur des guerres, des amours, des haines et des plaisirs de la vie. Je ne sais comment vous avez pu réunir la douceur et le chaos dans ces mêmes pages, mais le résultat est là: c'est puissamment troublant. J'ai cru que vous alliez me laisser de la tristesse…

J'ai mis des fleurs et des écorces dans ma photo, mais j'ai laissé Daniel vous dessiner les roses sur son passage parce qu'il est plus doué que moi pour cela. J'ai mis des images et des émotions dans cette chronique, mais Sacha et Rose ont gravé à l'intérieur de moi, avec l'encre de leur bienveillance, des lettres d'amours. J'ai cru qu'ils enlevaient un morceau de mon coeur quand j'ai lu leurs mots.

Que ce soit dans les carnets de Rose ou les écrits journalistiques de Sasha, l'ardeur qu'il se dégage de ses pages m'a profondément touchée. J'aimerai vous remercier pour cette lecture, Monsieur Smadja, il ne m'en reste en refermant ses pages que de l'admiration, le reflet d'une beauté, et l'envie de douceurs en bouche.


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Chapeau bas, M.Smadja, pour ce premier roman.
Juste. Bouleversant. Inoubliable. Vos personnages vont me hanter un moment.

Et pourtant le sujet, difficile, ne laissait pas prévoir ce coup de coeur !
Mais porté par ces deux voix que vous "écrivez" superbement, de deux manières si différentes mais tellement complémentaires, on tourne les pages, avec surtout beaucoup d'effarement, de rage, de tristesse. D'horreur.
Peu de joie dans ces pages qui décrivent les jours sombres du début du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Mais que d'émotion.Tout s'imbrique parfaitement grâce à ces deux voix de femmes qui permettent d'appréhender de manière factuelle ce drame -grâce à Sasha, la journaliste à fleur de peau- et de l'intérieur grâce à Rose, femme Tutsi aimante, aimée, mère. Et muette. Qui écrit le beau. L'amour. Et aussi malheureusement l'indicible. A son mari. Inoubliable lui-aussi danssa quête éperdue.
Ce conflit si lointain dans l'espace et le temps, au point qu'il n'avait laissé dans ma mémoire qu'un souvenir plus historique qu'humain, a pris consistance grâce à votre roman, M.Smadja. Rien que d'y penser, cela me prend à la gorge.
Alirs merci d'avoir rendu aux Tutsis, mais aussi aux Hutus assassinés pour s'être opposés aux massacres, cette humanité.

Un très très beau livre.

Merci aux Editions Belfond pour leur confiance qui m'a permis de lire cette pépite, par l'intermédiaire de NetGalley.

#YoanSmadja #NetGalleyFrance
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J'ai quitté provisoirement l'aventure des 68 premières Fois pour me consacrer pleinement à ma PAL qui ne désemplit pas… Mais, même si les romans ne voyagent plus, j'en possède certains que je peux donc lire hors délais.

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja nous plonge au coeur du génocide rwandais. Une femme, grand reporter de guerre dans les années 1980-90, change de cap professionnel et devient critique gastronomique… Ses motivations : « adoucir le chaos » car, pour la première fois de sa carrière, des évènements l'ont amenée à poser son carnet et son stylo pour prendre parti. Plus de vingt après, le passé se rappelle à elle.
Yoan Smajda a choisi une phrase-titre percutante ; un des personnages s'y exprime à la première personne et donne sa définition du génocide. Si le dictionnaire nous parle de destruction méthodique, rapide et efficace d'un groupe ethnique, ici, c'est une femme tutsie qui relate son viol et ce qu'elle a ressenti au plus profond d'elle-même, dans son corps et dans son âme.

Deux récits s'entrecroisent ; l'un a la tonalité de l'enquête et du reportage, voire du roman d'aventure, tandis que l'autre est épistolaire, un journal intime partagé sous forme de lettres au mari absent. le point de vue journalistique et le témoignage progressent simultanément, en miroir des évènements, dans une tension et une montée en puissance parallèle. La sphère publique rejoint l'intimité.
Le récit principal fait l'objet d'une narration omnisciente et met en scène une journaliste atypique, Sacha, qui cultive une attitude détachée et un style bien personnel. Les lettres sont écrites par une jeune femme muette, Rose, dont la famille travaille aux cuisines de l'Ambassade de France et dont le mari, médecin, est souvent en déplacement. Sacha et Rose ont en commun un carnet et un stylo, la première pour la matière de ses articles et la seconde, dont le handicap empêche l'intimité des conversations téléphoniques, écrit pour raconter à son mari ce qu'elle vit quand il n'est pas là avec leur petit garçon ; elle ne date pas ses lettres, sauf une, celle qui raconte l'indicible.

Je me suis laissée emporter par l'urgence de ce roman, sa double focalisation, la manière dont les destins se sont imbriqués, à la fois retrouvant des thématiques déjà rencontrées auprès d'autres écrivains comme Scholastique Mukasonga ou Gaël Faye, par exemple, et captivée par le sort des personnages livrés à eux-mêmes dans un pays en proie au chaos et mis face à des choix terribles.
La partie purement historique et factuelle est assez réduite mais suffit à contextualiser l'ensemble, la primauté étant donné aux parcours individuels et humains.

Un excellent premier roman !
Lu dans le cadre de la sélection « Rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois.

https://www.facebook.com/piratedespal/
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C'est en avril 1994 que Sacha a découvert le Rwanda et fait la connaissance de Daniel et de son fils Joseph. Elle n'aura pas l'occasion de rencontrer Rose mais grâce à son carnet reçu 20 ans après, elle va comme nous la découvrir.
Lire l'horreur, quand la folie des hommes devient réelle et prend forme dans la plus atroce des violences. Je ne comprendrais jamais comment certains peuvent profiter de la peur des autres pour attiser la haine et comment elle peut se véhiculer et se transformer en drame.
Yoan Smadja se fait le porte-parole de tous ces morts, met des mots sur l'indicible. Tout cela avec beaucoup de pudeur et de justesse. En lisant le carnet de Rose, notre coeur se sert au fil des pages. La joie du début laisse place à la peur. Rose habite pourtant dans l'ambassade française où son père avant d'être assassiné était le chef, puis il sera remplacé par sa mère. Ce lieu n'aura pas su les protéger, ni ses habitants! Ce qui n'en est que plus révoltant… Notre lecture se fait à bout de souffle. Sacha, elle journaliste de guerre, va pourtant ne pas rentrer indemne de son voyage et changera de voie. Comment se relever et avancer après avoir vu l'impossible! La résilience prend tout son sens.
Au delà du drame, il y a l'amour, l'amitié qui a une place prépondérante dans ce roman. La nourriture, les odeurs, les saveurs sont aussi très présentes. du début à la fin, avec la reconversion de Sacha mais aussi Rose et sa famille. L'auteur fait voyager tout nos sens. Et en tant que Deux-Sévrienne, j'ai aimé le clin d'oeil au beurre d'Echiré!
Un roman qui se dévore même s'il vous serre le coeur, même s'il vous pique les yeux. La plume de l'auteur est fluide, il dépeint avec beaucoup de précision les circonstances de ce drame qui n'a pu être évité, sans être rébarbatif. Un coup de coeur pour ce roman dont la couverture est magnifique!
Un livre bouleversant, à mettre dans les mains de tous pour ne pas oublier. Il serait grand temps que partout dans le monde nous éduquions les futurs générations au respect de l'autre peu importe son sexe, sa religion, sa couleur, son ethnie pour que la haine de certains ne soient pas transmise aux plus jeunes et que les drames s'arrêtent.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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