Découverte en 2011 avec « Assommons les pauvres ! », Shumona Sinha publie « Souvenirs de ces époques nues », plongée charnelle dans une Inde meurtrie par les tensions ethniques et religieuses. De la haine professée par le Guru aux orgies européennes enrobées de spiritualité, Sinha signe un récit sans ambages à la langue singulière.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Il ne neigera pas cette année.
Le froid est sec et cassant. L’odeur du feu de bois remplit lentement l’air du soir, titille la fraîcheur échappée de la végétation.
Là, sur le seuil, entre le dehors et le dedans, entre la peau nue de la ville et les foyers emmitouflés, Sophia se tient debout sur le balcon, renverse la tête en arrière, inspire, ne veut pas laisser l’air sortir de son corps.
Sur les contours dentelés des maisons d’en face scintillent les décorations en LED. De leurs intérieurs lui parviennent des rires, des voix graves et légères, parfois une note de piano.
Sophia pense aux repas de Noël auxquels elle ne sera pas conviée.
Elle pense à sa mère. Morte l’année de sa retraite de la boutique, à l’époque une retoucherie, avant de la léguer à Sophia, lasse, dissimulant à peine sa crainte quant à l’avenir du commerce des bibelots fantaisie.
Elle pense à son père qu’elle n’a pas connu. La légende familiale attribue à sa mère une escapade amoureuse fulgurante avec un Grec, ouvrier immigré engagé au chantier de la ville à l’époque. Sur quoi la principale intéressée a toujours préservé un sourire mystifiant, l’autre : présumé imaginaire. À chaque âge, le vide a pris une forme différente, forgée au gré de colère, douleur, chagrin, curiosité et regret.
Shumona Sinha présente son sixième livre, "L'autre nom du bonheur était français", édité par Gallimard. Ce récit autobiographique raconte son parcours depuis l'Inde de son enfance jusqu'à la France. Ce texte est dédié à la langue française, qu'elle considère comme sa "langue vitale", sa langue d'écriture.
Son amour pour la langue française est venu d'un amour pour la France, lui-même guidé par son premier amour qui est celui des livres et de la littérature.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/