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3,71

sur 276 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour les amoureux de la montagne ou encore mieux pour les alpinistes, je pense que ce roman doit être un régal. Pour moi qui ne suis ni l'un ni l'autre, j'y ai trouvé des longueurs. Les descriptions parfois techniques, toujours très documentées ont été parfois un peu fastidieuses et je dois avouer que certaines pages ont été lues en diagonale. L'intrigue est tout à fait secondaire. L'intérêt de ce roman est bien plus la vision très réaliste (enfin je pense) de l'ascension, par nos 3 alpinistes, des montagnes dans des conditions extrêmes. On arrive à s'imaginer les difficultés, le froid, la dangerosité sans aucune difficulté, les descriptions sont de grandes qualités et hyper documentées. (mais un peu trop pour moi). Je ne fais sans doute pas partie du public visé par l'auteur qui, à mon avis cible des lecteurs plus avertis ! J'ai tout de même apprécié et ne vais pas bouder cet auteur !
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Dan Simmons est un de mes auteurs préférés, mais j'ai souvent du mal à entrer dans ses romans.
J'ai dû m'y reprendre à deux fois pour la série des « Cantos d'Hypérion », mais je me félicite d'avoir persévéré car ce cycle est un de mes meilleurs souvenirs de lecture.
« L'Abominable » m'a aussi demandé des efforts, les premières pages ont été laborieuses, puis petit à petit, le récit s'est mis en place et j'ai pris du plaisir à suivre le trio d'alpinistes dans son ascension de l'Everest.
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La raison principale de mes difficultés à entrer dans le livre est que je ne m'attendais pas à un récit d'aventure, mais plutôt à un thriller fantastique, avec une petite pointe d'horreur. Je pensais que l'histoire se rapprocherait de « Terreur » du même auteur dont le scénario évolue autour d'une créature des glaces mystérieuse qui attaque des marins et s'évapore dans le froid glacé.
On suit ici trois alpinistes dans leur tentative de vaincre le plus haut sommet du monde et le yéti n'est mentionné que tardivement dans le roman et de manière très sporadique.
Alors, le titre est-il bien choisi ou est-ce un titre aguicheur ? La dernière partie du roman permet de comprendre le choix judicieux de l'auteur.
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J'aime beaucoup cet auteur qui sait se renouveler en proposant des récits d'aventure, de science-fiction, de fantastique, d'horreur ou de policier. Dan Simmons aime s'emparer de faits divers pour construire son récit, les zones d'ombre laissant l'auteur libre d'orienter son récit vers le fantastique.
« Terreur » revient sur l'expédition maritime dans l'Arctique du capitaine Franklin en vue de découvrir le passage Nord-Ouest. L'Erebus et le Terror quitteront l'Angleterre en 1845 avant de disparaître.
« L'abominable » quant à lui, revient sur la mystérieuse disparition du célèbre alpiniste George Mallory et de son compagnon de cordée Sandy Irvine dans l'ascension de l'Everest le 8 juin 1924.

Cette affaire a créé une vive émotion dans le monde de l'alpinisme. Un témoin aurait aperçu les deux alpinistes gravissant l'arête nord-est de l'Everest en direction du sommet, avant que la brume ne s'élève et ne les dissimule au regard. Les maigres indices retrouvés sur les lieux à l'époque ne permettront pas de retrouver la trace des deux hommes, ni de savoir s'ils sont parvenus ce jour-là au sommet tant convoité. Cette énigme continue à obséder les nombreux passionnés d'alpinisme.
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En marge de l'accident qui a coûté la vie de Mallory et Irvine, Dan Simmons nous relate, sous la forme d'un journal de bord, un autre accident, fictif celui-ci, du jeune Lord Percival Bromley et de son compagnon de cordée, un dénommé Kurt Meyer.
Un trio inattendu composé trois alpinistes passionnés monte alors une expédition ayant pour but de retrouver le corps du jeune lord : Jacob Perry, un jeune étudiant américain arrogant et narrateur de l'histoire, Richard Deacon, un ancien colonel anglais vétéran de la première guerre mondiale, et Jean-Claude Clairoux un guide français de Chamonix.
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Ce roman est incroyablement bien documenté sur le monde de l'alpinisme. Il aurait pu ne pas me plaire, car très loin de mes goûts : je n'aime pas le froid, la neige, la glace, les pentes abruptes, j'ai le vertige, bref, la montagne, c'est un endroit magnifique et merveilleux, mais de très loin. Et bien, cette ambiance glacée, rude, vertigineuse, mortelle, bien au chaud emmitouflée dans ma couette toute douce, m'a conquise.
Pour entreprendre une aventure aussi audacieuse et périlleuse, il fallait être très courageux, totalement inconscient, voire suicidaire.
Le récit est tellement ponctué de renseignements, d'anecdotes et de détails sur l'alpinisme, le matériel et les techniques d'escalade, véritablement passionnant même pour un néophyte, que le lecteur est totalement absorbé par cette atmosphère. On vit l'expédition comme si on y était. On ressent le froid tranchant, le mal des montagnes, les difficultés pour respirer, la lumière aveuglante et impitoyable.
Une véritable immersion.
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Si cette première partie est très intéressante, le scénario est très long à se mettre en place et peut décourager certains lecteurs qui pensaient lire un récit surnaturel sur le yéti, ce démon des montagnes. Il faut attendre le troisième quart du roman pour que l'histoire s'accélère vraiment et monte en puissance pour devenir un vrai thriller. En effet, l'expédition va être attaquée par … Je vous laisse le découvrir !
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« L'abominable » allie plusieurs genres : roman historique, thriller, récit de voyage, fantastique. Il met du temps à se mettre en place, mais il est passionnant du début à la fin. Si vous recherchez un roman au rythme trépidant, je vous le déconseille. « L'abominable », comme « Terreur » par ailleurs, est un roman qui se vit au ralenti, qui s'apprivoise doucement. Je l'ai lu, en prenant tout mon temps, en suivant les pas de ces intrépides aventuriers. Un presque coup de coeur, à lire.
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"Atteindre son but... Est-il dans la vie pire désenchantement ?"
Stevenson
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Je suis fascinée par les récits himalayens et j'adore Dan Simmons. L'ensemble, trouvé par hasard à la librairie, m'a fait frémir de plaisir...et je n'ai pas été déçue, tout au moins pendant les trois-quarts du livre...
Un an après l'échec de George Mallory et Sandy Irvine sur l'Everest, en 1925 donc, de puissants alpinistes présentés comme réels se lancent à leur tour dans l'aventure, sous prétexte d'aller chercher le corps d un jeune lord disparu dans une avalanche après le premier ressaut qui marque, largement au au-dessus de 8000 mètres, la première des dernières épreuves de l'ascension. La mère du disparu finance les recherches, mais nos trois gaillards comptent bien avant tout atteindre le sommet...
La préparation de l'expédition, les détails techniques ne m'ont pas ennuyée le moins du monde...toutefois, critiquant le matériel de Mallory, Dan Simmons devrait savoir que des recherches récentes ont montré qu'il était très bon et suffisant pour monter...enfin bon...
Première partie : ascension, froid, glace, montage de camp, escalade de folie, j'adore ce type de récit...Ensuite ça reste très bien en terme de narration, mais pour ce qui est du réalisme, ça pèche...Dans la zone de la mort, au-delà de 8000 mètres, où l'on peut à peine penser ni marcher, où chaque pas est une torture et où il ne faut pas rester bien longtemps, nos alpinistes ont de fort longues conversations, un souffle hors norme et des activités chronophages et multiples qui me semblent parfaitement impossibles, d'après tout ce que j'ai vu et lu...Ils auraient dû geler dix fois...Comment parler autant avec les masques à oxygène ? Y'en a même qui courent sur l'arête entre les deux ressauts...Par Reinhold Messner au secours ! de plus, le temps est splendide, pas la moindre allusion aux vents tempétueux des sommets...mais bon...C'est juste ce bémol que je mettrais.
Sinon une lecture addictive et quatre soirées de lecture fort agréable quand on est bien au chaud...

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L'abominable, est-ce ce sommet inatteignable que semble être l'Everest en 1925, juste après l'échec et la tragédie ayant coûté la vie aux célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine ? Ou est-ce cette créature mythique vivant au sommet des montagnes et crainte par les Tibétains ? Ou bien serait-ce une toute autre menace qui pèse sur la petite équipe d'alpinistes partie à l'assaut des pentes pour tenter le sommet et retrouver des traces d'un jeune anglais disparu lui aussi l'année précédente ?

Mieux vaut avoir du temps devant soit pour se plonger dans l'Abominable : déjà parce que ce beau pavé fait plus de 800 pages et ensuite car Dan Simmons prend son temps pour nous embarquer dans son histoire. J'ai eu un peu de mal avec le premier tiers du roman qui certes est intéressant sur le plan de la reconstitution historique mais qui décrit par le menu la préparation de la tentative d'ascension d'une nouvelle équipe, un jeune américain, un guide français et un alpiniste anglais chevronné. On a parfois du mal à comprendre l'intérêt de certaines scènes ou rencontres narrées dans le détail et j'ai trouvé certains passages un peu longuets. Heureusement le roman devient passionnant dès lors que le voyage débute et que nos aventuriers partent vers l'Inde puis le Tibet. L'auteur a parfaitement reconstitué le contexte historique et ce que j'ai trouvé le plus intéressant était de voir à quel point les expéditions des années 20 étaient complexes à organiser sur le plan logistique et surtout particulièrement mal équipées par rapport à tout ce qu'on sait maintenant du matériel indispensable en montagne. Nos héros expérimentent pour la première fois des crampons révolutionnaires, des doudounes en duvet qui font rire leurs collègues, des bouteilles d'oxygène moins lourdes et plus efficaces... et malgré tout quel courage fallait-il pour se lancer à l'assaut d'un sommet encore si mal connu dont on ne sait même pas s'il sera atteignable.

Même si j'ai dévoré ce roman malgré son nombre de pages impressionnant, je reste un peu mitigée sur mon avis final. Il faut reconnaître qu'en plus du contexte historique déjà évoqué, l'auteur a du talent pour nous embarquer dans son histoire. C'est aussi un titre qui me restera longtemps en tête, les héros sont attachants, le fait d'installer tranquillement l'action nous les rend vraiment familiers et on n'a pas envie de les quitter. Néanmoins le roman a un rythme assez étrange et parfois mal maîtrisé : tantôt on est totalement embarqué dans l'action et les scènes s'enchaînent sans souffler, tantôt l'auteur semble souffrir d'une baisse de rythme, les pages s'étirent indéfiniment et se noient dans des détails pas toujours intéressants. Plus gênant, j'ai trouvé que Dan Simmons n'exploitait finalement pas totalement le potentiel de l'histoire qu'il avait lui même créée. Quand le fantastique et l'étrange font leur intrusion dans le roman, l'ambiance devient franchement angoissante, j'ai vraiment frissonné et tourné frénétiquement les pages en quête d'une explication. Malheureusement l'auteur se saborde lui-même en offrant très rapidement une explication plus rationnelle aux événements ôtant ainsi toute part de mystère et revient à des ressors scénaristiques vus et revus qui font retomber ce livre au rang de banal thriller alors qu'il avait un potentiel beaucoup plus important. J'ai parfois soupiré devant certains rebondissements trop prévisibles, dommage d'avoir ainsi privilégié la solution de facilité.

C'est donc finalement une lecture mitigée : paradoxalement alors que j'ai souvent été agacée par ces facilités ou ces baisses de rythme, j'ai quand même dévoré ce livre et il m'a longtemps trotté dans la tête. Cela reste un roman original avec de belles descriptions d'expéditions en montagne et un contexte historique passionnant. A découvrir au moins pour ces aspects là si vous en êtes amateur !

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En refermant ce pavé de plus de 650 pages, je suis très partagée entre un avis absolument enthousiaste sur la majeure partie du roman et une énorme déception sur 100 dernières pages !

Commençons par le positif. S'inspirant de l'histoire vraie de la disparition en 1924 de deux célèbres alpinistes britanniques, George Mallory et Sandy Irvine sur les pentes de l'Everest, Daniel Simmons nous livre un magnifique roman sur l'ascension de ce mythique sommet himalayen, dont l'écriture extrêmement documentée, précise, réaliste et inspirée force l'admiration.

1924. Trois alpinistes de renommée internationale, l'américain Jake Perry, le britannique Richard Deacon et le français Jean-Claude Clairoux sont missionnés par Lady Bromley pour retrouver son fils Percy, disparu lors de son ascension de l'Everest, dans des circonstances un peu mystérieuses. Mais les trois amis sont surtout motivés par la possibilité de profiter du gros budget que leur donne la mère de Percy pour payer l'expédition et gravir eux-mêmes l'Everest. Pendant un an, ils préparent méticuleusement l'expédition, testant et améliorant leur matériel. Enfin, ils se lancent sur les traces de Mallory, Irvine et Percy Bromley.

La préparation de l'expédition, que certains pourraient trouver longue, dure un an et couvre plus de 200 pages. Mais elle est absolument passionnante, minutieusement détaillée et permet de se familiariser avec les techniques et le matériel utilisé par les alpinistes des années 20 du XXème siècle. le romancier prend quelques libertés avec L Histoire, accélérant le temps en prêtant au trio d'amis des innovations qui n'existeront que bien des années plus tard, et qui contribueront à augmenter leurs chances de survie lors des ascensions en haute altitude : ils vont ainsi "inventer" les crampons à 12 pointes dont les 2 pointes frontales permettent l'escalade de parois de glace en réduisant considérablement sa durée, les parkas imperméabilisées en duvet d'oie plus chaudes et légères que les vestes en laine de l'époque et surtout restant sèches à l'inverse de la laine mouillée impossible à sécher avec le froid, les bouteilles d'oxygène moins lourdes à porter et plus faciles à utiliser, des cordes plus solides que les anciennes en chanvre, des bloqueurs, de nouveaux piolets etc.

Puis l'expédition commence à Darjeeling, toujours décrite de manière extrêmement immersive, relatant les allers-retours entre le camp de base, le camp II, le camp III, le IV, le V jusqu'au camp VI vers 8200 mètres d'altitude, avec les portages de matériel, l'installation des cordes et des balises de bambou pour éviter les crevasses, les problèmes d'acclimatation à l'altitude des héros qui affrontent le blizzard et les températures plus que négatives. C'est très prenant, on s'y croirait presque ! A partir des traces laissées par Mallory et Irvine, on revit dans le détail les étapes de leurs derniers jours d'expédition. Je suis plutôt néophyte en matière d'himalayisme et toute cette partie de l'ascension m'a époustouflée et passionnée. Les connaisseurs n'auront peut-être pas le même ressenti.

A partir du camp VI, l'aventure prend une tournure angoissante : un sherpa meurt d'une embolie pulmonaire, les sherpas restés au camp de base sont victimes d'une attaque sauvage et les membres de expédition sont traqués par les mystérieux attaquants qui s'en sont pris aux sherpas.

C'est à ce moment là que le roman est censé devenir fantastique comme le laisse entendre la quatrième de couverture très "marketée" et son titre qui évoque irrésistiblement la mythique créature du yéti. Mais si, comme moi, vous espériez des monstres ou toute autre entité surnaturelle, vous en serez pour vos frais. L'auteur, ou plus certainement l'éditeur, s'est livré à un petit jeu de mots sur le titre qu'on ne comprendra que dans les 100 dernières pages et qui nous fait attendre, espérer inutilement l'arrivée d'un abominable homme des neiges.
C'est avec cette révélation de la véritable nature de l'abominable qu'est venue mon immense déception : le mobile sur lequel repose toute cette intrigue et qui explique la disparition de Lord Bromley est tout simplement grotesque. Et ce qui était un génial roman d'aventures devient d'un seul coup ridicule et totalement non crédible. J'aurais préféré que Dan Simmons se casse un peu moins la tête pour trouver une explication incroyable à la disparition de Lord Bromley et se contente d'une explication rationnelle en lien avec la fabuleuse beauté et la terrible hostilité naturelles de cette zone de survie et de mort qu'est le sommet de l'Everest. Quel dommage ! Pourquoi un romancier de grande valeur, capable de nous faire vivre l'ascension du terrible ressaut Hillary, s'est-il perdu dans une intrigue qui sonne si faux ?

Je vais me consoler avec Tintin au Tibet : là au moins, il y en a un vrai d'Abominable !

Challenge multi-défis 2022
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J'avais adoré mon excursion dans le monde de Dan Simmons via Terreur ! Ce roman était précis, détaillé et retransmettait parfaitement la peur d'un équipage isolé dans une nature mortelle. Avec L'abominable, l'auteur propose une excursion pour le sommet de l'Everest. Une expédition pleine de dangers et impressionnante. Qu'en ai-je pensé ?

Dan Simmons explore l'alpinisme et l'escalade des années 20. On sent qu'il a fait beaucoup de recherches sur les techniques, le matériel utilisé à l'époque… L'auteur détaille beaucoup les éléments, ce qui peut être passionnant pour certains et ennuyeux pour d'autres. Pour ma part, j'ai trouvé cela très intéressant, notamment toute la préparation sur comment mener une expédition de cette ampleur. Il y a ainsi beaucoup d'informations sur les difficultés à s'attaquer aux hautes montagnes. Manque d'oxygène, basses températures, perte de chaleur, glaciers… et sur les innovations développées pour les contrer : nouveaux piolets, crampons, vêtements en duvet plutôt qu'en coton… La sensation de faire face à un défi quasiment inhumain, durant lequel la mort peut frapper à tout instant, est retranscrite le long du récit.

La montagne n'est pas le seul danger ! L'aventure prend place dans les années 20. Les souvenirs de la Grande Guerre hante encore les européens. L'Allemagne voit se développer des groupuscules politiques violents. Les tensions montent crescendo avec les autres pays, à un moins que c'est même visible entre les alpinistes eux-mêmes. Jean-Claude Clairoux, gui de Chamonix, refuse de poser les pieds en Allemagne. Les grimpeurs allemands et autrichiens montent peu avec les autres. Quant au décès qui ont eu lieu lors de l'ascension de l'Everest, ils semblent suspects et attirent l'attention.

L'histoire est racontée à la première personne. Jake Perry, jeune américain idéaliste, grimpe aux côtés du Diacre et de JC. Il tient un journal qui documente toute l'aventure. Dan Simmons rend très bien un style concis et simple, emprunt de la naïveté de la jeunesse, qui donne vraiment l'impression de connaître Jake Perry, grimpeur de 23 ans issu d'une famille connue mais désargentée de Boston. Il nous présente de nombreux autres personnages, comme Richard Deacon, dit le Diacre. Ancien poète au caractère ombrageux et leader de l'expédition, j'ai aimé l'aura énigmatique qui l'entourait. Jean-Claude est peut-être un peu en retrait, mais il brille par sa dévotion, son franc-parler et ses prouesses physiques. Dan Simmons ajoute également des personnages inattendus, comme Reggie ou Pasang, dont je ne parlerai pas plus avant pour ne pas spoiler.

Ils vivent tous une expérience unique. le style clair de Simmons permet de bien mettre en avant l'aventure dans la montagne. Dan Simmons choisit de décrire avec précision les difficultés, mais aussi les dangers, parfois de manière assez crue. La souffrance à cause du manque d'oxygène qui crée des hallucinations. Les amputations, nombreuses, de doigts (main comme pieds). Comment soigner les blessures à une telle hauteur ? Évidemment, l'auteur ne nous épargne pas le risque ou les décès. Il le rappelle par ailleurs à travers divers événements, mais la mort fait partie du quotidien des alpinistes. Je suis, moi-même, très peu tournée vers la prise de risque. du coup le comportement des personnages cherchant l'adrénaline dans les activités potentiellement mortelles me fascinent.

J'ai cependant été moins convaincue que par Terreur, qui malgré sa longueur avait un bon sens du rythme. Ici, j'ai trouvé que les événements traînaient en longueur. Ce qui est étonnant, c'est que que la sensation de longueur est venue vers la fin du roman. L'épilogue prend vraiment son temps et raconte beaucoup de choses qu ne sont pas vraiment captivantes. J'ai eu l'impression que Dan Simmons ne savait pas vraiment comment terminer son récit de manière convaincante.

C'est accentué par les événements à la fin qui ne sont pas convaincants. Dans un premier temps, le fantastique est très discret. Il y a quelques références au cours du récit mais il apparaît plus clairement tardivement dans le récit. Trop tardivement que ça apparaît presque comme un ajout superflu. Ensuite, la révélation finale, qui est presque uchronique, manque vraiment de finesse.

L'abominable est recherché ! le travail autour des techniques d'escalade et l'alpinisme des années 20 est remarquablement constitué. Dan Simmons a un sens du détail extraordinaire pour mettre en scène des histoires qui offrent une grande immersion. On apprend beaucoup de choses sur les risques physiques et psychologiques de la haute montagne. Et l'auteur n'épargne pas ses personnages. Entre un contexte historique compliqué et un risque mortel constant, Dan Simmons propose une galerie de personnalités variées, qui brillent par persévérance dans la difficulté et leur caractère unique. La fin du roman traîne cependant en longueur, ce qui n'est pas aidé par des choix scénaristiques douteux et un fantastique tellement discret qu'il semble accessoire et superflu. Cela reste une lecture captivante et remarquable par sa précision historique et technique.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Dans L'abominable de Dan Simmons, Jake Perry (le narrateur) étudiant d'Harvard, un peu naïf et idéaliste, passionné d'escalade, spécialiste de l'escalade sur les rochers, nous raconte l'expédition sur le mont Everest en 1925, à laquelle il a participé avec deux de ses amis d'alors, Richard Davis Deacon, poète et vétéran de la première guerre mondiale, ainsi que Jean Claude Clairoux, un guide de montagne originaire de Chamonix qui se spécialise lui dans l'ascension des glaciers.
Cette expédition avait pour but « officiel » de retrouver Lord Percival Bromley (ou tout du moins, ce qui pouvait rester de lui) qui a disparu avec une jeune autrichien Kurt Meyer au sommet du toit du monde le mont Everest en été 1924. Cependant, les trois amis voulaient surtout eux-mêmes conquérir le mont Everest, ce monstre de glace et de pierre qui n'avait jusqu'à présent jamais été conquis (c'est le vrai monstre de l'histoire pour moi, et pas nécessairement le yeti comme pourrait laisser penser le titre au départ).
Par ailleurs, encore en 1924, George Mallory un alpiniste anglais renommé, avait organisé une expédition pour conquérir ce sommet, où aucun homme n'avait réussi à poser le pied et il y a laissé la vie avec son jeune compagnon Sandy Irvine (ici, il s'agit d'un fait historique – leurs corps n'ayant jamais été retrouvés).

Le livre est composé de trois parties, la première assez introductive, décrivant avec détails les préparatifs à ce genre d'aventure, comment financer cette expédition, les préparatifs logistiques, les préparatifs techniques (quel équipement et les améliorations apportées), et enfin l'enquête concernant les recherches à effectuer qui les mènent en Angleterre et en Allemagne avant de partir pour l'Asie de Sud Est.
Je l'ai trouvée un peu longue parfois, mais elle comporte beaucoup de détails et quelques morceaux de bravoure (notamment les deux escalades au pays de Galles). Comme j'ai lu ce livre en polonais, je n'ai pas toujours compris a 100% le vocabulaire technique et le lexique montagnard très précis (Dan Simmons a vraiment réalisé un énorme travail de recherche, tout comme pour Drood ou Terreur).
La deuxième partie, ma préférée pour tout dire décrit l'ascension de cet ogre froid et venteux. On rentre dans le vif du sujet et je l'ai lu avec l'envie de savoir la suite perpétuellement.
La troisième partie tourne à de l'action pure et dure, un peu comme dans un film de série B. Cela se lit très bien, même s'il me semble qu'il existe quelques invraisemblances. On y découvre ce qui est vraiment l'abominable. le scénario est resté cependant assez prévisible pour moi. Je ne souhaite pas en dire d'avantage pour garder le suspens pour les futurs lecteurs.

Dan Simmons réalise plusieurs tours de force dans ce roman.
Tout d'abord cette histoire est introduite, comme si Jake Perry avait réellement existé (pour le coup, je suis même allé chercher ce matin sur internet, pour savoir si oui ou non, toute cette histoire était vraie), puisque Dan Simmons y raconte dans le prologue, sa rencontre avec ce vieux Monsieur de près de 90 ans dans une maison de retraite de Delta, une ville du Colorado en 1991. Il conclut d'ailleurs le livre en racontant, comment il téléphone au petit neveu de ce monsieur (si je ne me trompe pas dans les liens de parenté) pour essayer de retrouver un vieil appareil photo Kodak qui pourrait prouver que tout cela était vrai.
Ensuite , sa capacité à tirer des faits réels une fiction qui nous immerge dans ce monde des années vingt est exceptionnelle. Au fur et à mesure du roman, j'ai été happé par l'histoire racontée par cet alpiniste américain.
Les personnages sont hauts en couleur et décrits avec profondeur, parfois avec pas mal d'humour. Je dois dire que mon préféré est Jean-Claude Clairoux (un peu peut-être par patriotisme quelque part).

Donc, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman et ça m'a permis de vivre un peu par procuration cette aventure hors du commun qu'est l'ascension du « toit du monde », et que je n'aurai jamais peut-être l'occasion de vivre en vrai.
Ça me conforte aussi dans l'idée que pour moi, Dan Simmons est vraiment un excellent écrivain, et pas seulement de romans d'horreur ou de science-fiction.
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1925. Dans le plus grand secret, trois alpinistes s'apprêtent à gravir l'Everest. Ce sont trois hommes, un vétéran britannique de la Grande Guerre, un guide de haute montagne français et un jeune américain. Leur mission officielle, payée par une Lady britannique, est de retrouver son cousin Percy qui a disparu l'année précédente lors d'une expédition dans ces contrées. D'ailleurs 1924 a consacré la disparition de deux autres alpinistes, renommés dans ces milieux, et dont les corps n'ont pas été retrouvés. Mais alors que les 3 hommes atteignent 8500m d'altitude, ils découvrent qu'ils sont poursuivis : de qui — ou de quoi — s'agit-il et pourquoi ? Quelle abomination ces montagnes, en soi bien hostiles, cachent-elles ?

« L'abominable » est un roman écrit par Dan Simmons. La couverture ne ment pas quand, s'adressant au lecteur, elle lui dit : « la plus glaçante des histoires sur l'Everest » ou encore, rapportant les propos de Stephen King : « je suis en admiration devant Dan Simmons ». Oui, il y a de quoi. Mais, pour ce faire, il faut accepter de s'installer dans la longueur, à l'image de nos 3 alpinistes qui vont devoir se préparer minutieusement et attendre avant d'escalader. Car le bougre de roman pèse tout de même près de 700 pages !

Découpé en 3 parties — les alpinistes, la montagne et l'abominable — le roman ménage ses effets, jusqu'à presque rebuter au début tant on a l'impression d'être loin (au sens propre comme au figuré) de l'Everest tant promise sur la couverture. Mais une fois passée la première partie et pénétré sur le domaine de la montagne sacrée, on quitte vraiment le monde ordinaire pour entrer dans une toute nouvelle dimension. A couper le souffle.

Les descriptions sont saisissantes : le paysage abrupt, hostile, ses dénivelés, rocs, pièges en tous genres sont merveilleusement rendus. Et le froid tel que les protagonistes le ressentent, nous glace également. L'auteur nous fait vivre la raréfaction de l'oxygène au fil de l'escalade et ses effets non seulement sur le corps mais aussi les capacités de raisonnement. Il décrit très bien le matériel utilisé, les vêtements, bouteilles d'oxygène (le fameux « air anglais ») et les techniques d'escalade dans ces milieux périlleux. Il montre bien l'appui qu'offrent les populations locales, les sherpas, mais aussi les incompréhensions possibles entre deux mondes bien différents.

Et puis l'abominable s'invite d'une manière inattendue mais intéressante et qui étoffe encore (s'il en était besoin) la matière déjà dense du roman.

Au terme de ce marathon de lecture, on est saisi par le travail colossal que l'auteur a dû faire pour produire un roman aussi maîtrisé, qui plus est en rendant compte d'une période historique trouble, celle de l'entre deux guerres. Long certes, mais l'aventure en vaut la chandelle car au bout du bout, on ne pourra oublier ces paysages grandioses dont on a pu revenir ! Oui, assurément : la plus glaçante des histoires sur l'Everest.
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Etonnamment, c'est le premier roman de Dan Simmons que je lis, bien que le célèbre cycle de SF Hyperion se trouve dans ma pile à lire, et que j'aie regardé les premiers épisodes de la série "The Terror" inspirée de son roman de 2008 (qui, il semblerait, n'ait pas fait l'unanimité, mais c'est un autre débat). J'ai pris connaissance de l'existence de ce thriller alpin il y a quelques semaines dans une librairie, puisqu'il vient de sortir en traduction française en octobre 2019, bien qu'ayant été publié en version originale dès 2013. D'ordinaire je ne prête pas attention au rayon des thrillers car ce n'est pas mon style de lecture, mais je dois dire que mon regard a été accroché par le contraste de la photo noir et blanc de cet alpiniste de dos avec tout son matériel qui semble l'écraser, en ombre chinoise sur la glace, et par le titre un poil effrayant qui la parcourt : "l'Abominable". La quatrième de couverture m'a intriguée, avec cette "expédition qui vire au cauchemar", la mention de "la plus glaçante des histoires sur l'Everest", ainsi que le rapport avec le mystère qui planera toujours sur l'ascension de George Mallory et Sandy Irvine en 1924... J'ai donc décidé de me lancer dans la lecture de ce pavé de pas moins de 660 pages !

Le début est plutôt lent, mais sert naturellement de fondement à toute la suite de l'histoire. A partir du premier tiers l'action commence à s'accélérer puisqu'on entre dans le vif du sujet, et l'auteur nous tient en haleine jusqu'aux dernières pages, je ne pouvais plus décrocher ! Sans spoil puisqu'il s'agit des premières pages du roman (ou pour être au goût du jour des nouvelles entrées au dictionnaire devrais-je dire "sans divulgâcher"...), Dan Simmons nous propulse dans cette intrigante aventure par le biais d'une multitude de carnets de note qu'il reçoit par la poste, écrits par un ancien alpiniste mourant, qu'il avait interviewé des années auparavant pour trouver matière à écrire un thriller sur le pôle Sud. le roman que nous lisons est donc la retranscription des mémoires de cet alpiniste, racontés au présent : l'expédition de ce "jeune idéaliste américain" sur l'Everest en 1925 avec ses deux amis alpinistes que le prière-d'insérer mentionne ("un poète britannique vétéran de la Grande guerre et un guide de montagne français"). Dan Simmons utilise ainsi ingénieusement le contexte historique de l'Europe ainsi que de l'Inde et du Népal, pour dérouler la quête de ces alpinistes sur cette montagne furieuse. Et il ne fait aucun doute qu'il s'est largement documenté sur tout ce qui attrait à l'alpinisme dans les années 20-30 puisque les descriptions sont fournies et explicites tout du long, tant sur le matériel alpin, les techniques d'ascension, que sur la réaction du corps humain aux conditions climatiques de très haute montagne en regard de ce dit équipement. Je regrette néanmoins qu'il n'y ait pas eu une carte de la région himalayenne pour suivre géographiquement les personnages, ainsi que des repères schématiques des différents camps de base sur l'Everest. J'avais parfois l'impression d'être avec le groupe en train de sonder la neige pour éviter les crevasses, de poser des relais dangereux sur des parois infinies, de m'asphyxier à 8000m, de lutter contre le froid mordant et les rafales impitoyables, ainsi que contre... ce dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher votre plaisir de le découvrir au fur et à mesure que la tension monte... ;)

Une lecture palpitante une fois le premier tiers passé, avec son petit lot de descriptions frissonnantes propres aux thrillers et au danger mortel que représente l'alpinisme pour l'homme... je recommande !
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Je ne connaissais cet auteur que par sa série "Hyperion" qui le plaçait pour moi dans la case "science-fiction", mais voilà, c'était très réducteur car Dan Simmons est un homme de ressources. Il a produit ici un roman assez étonnant pour moi.

Étonnant car je ne m'attendais pas à me laisser captiver par des histoires d'alpinisme qui, en plus, se déroulent dans les années 30. Un roman en trois parties avec tout d'abord un prologue assez réjouissant. La première commence dans le Cervin pour se porter ensuite au Royaume Uni et en Allemagne. L'auteur fait une présentation solide des divers protagonistes, mais il étonne surtout par sa maîtrise du sujet, c'est-à-dire les expéditions en haute montagne dans ces années-là. le plus impressionnant est de parvenir ainsi à associer considérations techniques et historiques avec une fiction dont l'intrigue se met tranquillement en place, sans pour autant ennuyer un lecteur qui comme moi n'est pas spécialement attiré par ces sujets.
Vient ensuite une seconde partie qu'on est impatient d'atteindre, tout comme les personnages du roman, puisqu'il s'agit d'approcher ce monstre qu'est le massif de l'Everest. L'auteur parvient à ajouter une composante facétieuse en la personne d'une jeune femme pleine de ressources et de son entourage. J'ai lu cette partie avec tout autant d'intérêt que la première, à n'en pas revenir ! Alors évidemment la troisième partie, consacrée à l'Everest lui-même, avec ses épisodes pleins de suspense et de rebondissements, se parcourt sans faillir, enfin presque.

Grâce au talent de narrateur hors pair dont il dispose, Dan Simmons sait nous emmener jusqu'au sommet de son histoire (et presque de la montagne :-). Malheureusement les ingrédients de son intrigue, pour épicés qu'ils soient, ont fini par me rendre perplexe, pour ne pas dire incrédule. Une fin qui est donc décevante à mon goût, car absolument dépourvue de réalisme et donc en pleine contradiction avec tout le soin que l'auteur avait pris auparavant pour rendre cette histoire crédible. Je ne rentrerai pas dans les détails afin de ne pas déflorer le roman, mais si les péripéties qu'il développe pour mener à bien son intrigue auraient très bien trouver une place de choix dans un épisode des aventures exotiques d'Indiana Jones, elles ont, à mes yeux, vraiment du mal à passer lorsqu'on installe ses héros dans les 8.000 mètres d'altitude et qu'on a pris le soin d'expliquer tout ce qu'ils doivent endurer pour parvenir à y survivre.

Mais soyons bon lecteur et validons ce contrat tacite avec un auteur qui s'est vraiment décarcassé pour nous faire vivre des aventures dans les montagnes des années 20 presque comme si on y était !
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