Je dois tout de suite dire mon plaisir à lire ce recueil de contes et de fables africains –
les nouveaux contes d'Amadou Koumba de
Birago Diop. Ce plaisir est né dès la lecture de la préface de
Léopold Sédar Senghor, qui fait un double éloge, à la culture noire-africaine et à la langue française. Il termine sa présentation en disant de
Birago Diop : " Il renoue avec la tradition et ressuscite la fable et les contes anciens. Dans l'esprit et dans le style. Il les rénove cependant en les traduisant en français, avec un art qui, respectueux du génie de la langue française – cette " langue de gentillesse et d'honnêteté " - conserve en même temps, toutes les vertus des langues négro-africaines ". Les contes, et fables rapportés, traduits, mais également écrits pour certains, par
Birago Diop traitent beaucoup de la sagesse, du bon sens, de la loyauté, de la patience, dans les villages, dans la famille, dans l'ethnie. Ils dénoncent la cupidité, la mauvaise foi, l'injustice. Il fait parler les humains et les animaux, nous montrent, combien la vie des premiers est conditionnée à la survie des seconds. Il les décrit avec une extrême précision en peu de mots, par exemple, la hyène Bouki " poltronne, dont le derrière semble toujours fléchi sous une volée de gourdins ". Les textes sont riches de vivacité, de spontanéité, d'humour, de couleur, d'odeurs, mais également de recueillement de piété et de poésie " la lune, la vieille curieuse ", on y croise des rois, des peuls, des maures, des griots, des marabouts. le taureau de Bouki est une fable merveilleuse contre la cupidité. Les deux gendres est une satire de la vie des familles, et la soif de possession de certains. L'os, montre la bêtise d'un homme qui préfère mourir que de partager son repas. Si le Sénégal est la belle démocratie de l'Afrique occidentale, il le doit probablement, à la force de ses poètes, et conteurs comme
Senghor, qui en fût le président, et Diop qui fût son ambassadeur à Paris.