AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,16

sur 19 notes
5
1 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis
Dès les premières pages, l'auteur nous plonge dans un pays de neige et de froid, quelque part dans une URSS où vit une population oubliée et solitaire. C'est le cas de Vassili, un vieux bucheron chargé de nettoyer la voie de chemin de fer des branches et animaux morts qui pourraient l'obstruer. L'aiguillage dont il a la charge doit aussi fonctionner.
« Devant lui, l'aiguillage, un bégaiement bivoie, envoyait ses fers tantôt aux confins, tantôt après un contour écrasé par la perspective, nulle part, « Où que c'est qu'ça mène, là-bas ? » Ce fut en un souffle que ses paroles s'évaporèrent »
Difficile de situer l'histoire, et dans le temps, et dans l'espace. le portrait du héros, accroché dans chaque foyer, nous renseigne sur l'époque, car on devine derrière la moustache autoritaire, la présence de Staline. Mais la politique du Parti n'intéresse pas le vieil homme. Dans sa solitude, il ressasse le passé et ses morts dont les visages apparaissent sur les arbres de la forêt.
« Dans un mutique écho, les morts se devinaient sur les écorces, s'y encastraient, auraient voulu une bouche plus vaste qu'un simple trou, rêvaient d'un sourire plutôt que d'une grimace. »
Puis, il y a ce jour où Vassili découvre un paquet de lettres le long de la voie sur laquelle on ne voit rouler aucun train. Ces lettres vont l'obséder et il n'aura de cesse de les déchiffrer, découvrant ainsi l'histoire tragique de deux amants séparés par l'arrestation et la déportation.
« Des trois premières missives, Vassili ne devinait qu'une fuite insensée, un amour désolé, le déracinement et le deuil »
Ces lettres raniment le souvenir d'un amour ancien. C'est la seule douceur dans cette vie où le combat mené contre le froid et la folie est incessant. Mais la neige étouffe la mort et ses drames.
Il y a beaucoup d'ellipses et de non-dits dans ce court roman, et l'on découvre en tâtonnant dans les pas de Vassili l'étrange vérité.
Bertrand Schmid est un orfèvre du style, chacun de ses mots est précis, comme un tableau pointillisme. Il nous enveloppe dans les frimas de l'hiver au milieu d'une forêt vide, tellement éloignée de l'agitation du monde et nous laisse cheminer en peine pour deviner l'intrigue. C'est le reproche que l'on pourrait faire à ce récit qui peut sembler parfois obscur à trop donner dans l'ellipse.
Un roman court et singulier qui m'a fait découvrir un auteur à la plume poétique.


Commenter  J’apprécie          481
Une lecture aussi ingrate et pénible que l'hiver sibérien qui sert de décor à cette histoire. Quelle histoire ? Vassili est un aiguilleur dont la tâche principale consiste à entretenir les rails qui mèneront les convois du parti à leur destination. C'est fastidieux, répétitif, un peu vain. Ça, l'auteur en rend parfaitement compte. La lassitude qui gagne ce gardien de phare, version ferrovière, finit par gangréner un récit qui s'enfonce dans la neige et se perd dans la nuit glacée. Je ne nie pas que les descriptions soient travaillées (ex : p59, p84, p103), que l'évocation des tourments et de la toux récurrente de Vassili soit méticuleuse mais à force, la torpeur s'installe.
Et là vous vous dites, « mais ma chérie, avec une telle couverture, tu t'attendais à quoi ? À un roman d'aventures aux Caraïbes ? » Bah non, je sais, mais j'avais fait un magnifique voyage au lac Baïkal, il y a quelques années. J'avais envie de retrouver la saveur de l'omoul (le poisson endémique) et l'atmosphère particulière de ces forêts perdues au bout du monde.
Bien mal m'en a pris. Je me suis ennuyée ferme parce que l'auteur a effectué un tel travail d'orfèvre qu'il a en a oublié le dessein de sa création - si possible, émouvoir le lecteur. Sa recherche du mot juste est admirable (on dirait qu'il cherche à rivaliser avec les Inuits qui ont plus de vingt mots différents pour parler de la neige), sa capacité à faire des éléments naturels une créature féroce est habile (p93), mais ça ne peut suffire.
« L'aiguilleur » est l'archétype de ces romans dont la forme (maniérée, obsessionnelle) nuisent à l'intérêt du récit.
Bilan : 🔪🌹
Commenter  J’apprécie          240
Vassilli est aiguilleur en Sibérie, il parcourt les voies ferrées avec pour seul compagnon son vieux cheval fatigué, afin de les garder en bon état. Quand il rentre chez lui il est solitaire, on sent que c'est un homme en souffrance, à qui cette solitude pèse énormément.

J'ai eu beaucoup de peine à terminer ce roman, j'avoue que je voulais même l'abandonner, non qu'il soit mauvais ou mal écrit, mais tout simplement parce que le style ne me convient pas. C'est une écriture très détaillée que nous propose l'auteur, un vocabulaire riche et que je qualifierais presque de poétique, pourtant le manque d'action et d'événements m'ont lassé, en effet nous sommes tout au long du roman dans les pensées et dans le ressenti de Vassili, ses souvenirs reviennent à la surface à travers des lettres et les souvenirs de Nadja. J'ai espéré que des faits marquants allaient donner du corps à ma lecture et m'y plonger avec davantage d'intérêts, mais ce n'est malheureusement pas le cas et vous le comprenez, je ne me suis pas sentie à ma place dans cette histoire dont j'ai trouvé l'intrigue spartiate. N'ayant pas pu m'attacher à la personne de Vassili, il ne me restait malheureusement plus grand-chose.
Lien : https://livresque78.com/2021..
Commenter  J’apprécie          180
**Rentrée Littéraire 2021**
Une ligne de chemin de fer, quelque part dans la forêt sibérienne. Vassili Uliianovitch est chargé d'ôter les troncs, branches, et tout ce qui peut encombrer les voies. Ce bûcheron solitaire a pour unique compagnon un cheval. Il lui parle de Nadja, sa bien-aimée, dont il garde précieusement une mèche de ses cheveux dans un écrin, telle une relique. Un jour qu'il suit la voie ferrée, il trouve une feuille de papier, puis d'autres, qu'il ramasse et tient « contre sa poitrine, formant cataplasme ». Arrivé à sa cabane, il découvrira qu'il s'agit de lettres, échappées des wagons ou d'ailleurs, on ne sait pas exactement. Dès lors, il s'emploiera à traduire et à recopier cette « calligraphie muette, tremblante, secouée de sanglots ». Ces lettres d'amour seront pour Vassili une « affaire terrible », mais elles lui redonneront le sourire, et le ramèneront à la vie, celle d'avant.
Ce roman sombre et atypique, tant par sa construction, que par son atmosphère onirique, est servi par une narration redondante, rappelant le roulis d'un train. Mais où mène -t-il donc ? L'évanescence des personnages quasi fantomatiques, croisés par Vassili, renforce cette sensation d'étrangeté.
L'impression de malaise est renforcée par les allusions au régime stalinien. le portrait du « Héros moustachu » qui « Où qu'on regarde, doit vous regarder » tout comme le cadre du récit, cette forêt inhospitalière, semblable à celle où se perdit l'auteur de la Divine comédie, donnent des pistes d'approche. Telle Béatrice pour Dante, Nadja, l'amour de Vassili, hantera ses pensées, le ramenant à des souvenirs de félicité mais aussi de ténèbres.
J'ai été saisie par ce court roman allégorique. Dès les premières lignes j'ai ressenti cet univers glacial et austère. Bertrand Schmid écrit sans détours, et ce laconisme oblige à trouver les mots justes. L'atmosphère étrange laisse au lecteur le champ libre. Seules les quintes de toux de Vassili, qui ponctuent le récit, m'ont ramenée à la réalité, dure et blanche, comme la neige de Sibérie.
Commenter  J’apprécie          110
Lecture un peu compliquée pour moi, texte trop sombre, je n'y vois aucune lueur d'espoir et le personnage central ne m'est ni sympathique, ni attachant. J'ai voulu aller jusqu'au bout afin de nouer un quelconque lien, mais, même si l'histoire m'intéresse dans son contexte, j'ai ressenti tout au long un certain malaise que j'ai eu du mal à identifier.
Commenter  J’apprécie          73
Vassili est aiguilleur en Sibérie, un métier difficile par les températures extrêmes auxquelles il faut se soumettre, mais surtout, il est définitivement seul au monde. Ou presque. Alors que Staline accélère les déportations vers les camps, Vassili découvre une série de lettres tombées d'un train. Sa capacité de lecture est approximative mais il veut percer le secret de ces écrits, persuadé qu'ils ont quelque chose à lui dire.

Ce nouveau roman de Bertrand Schmid percute le lecteur par son personnage principal et la difficulté de sa vie tout en le téléportant un siècle en arrière. le destin de Vassili est aux antipodes de ce que l'on connaît : le froid extrême lacère ses poumons chaque jour, la solitude est sa plus fidèle amie, la confiance ne doit se donner à personne et la mort guette le travailleur à chaque coin de forêt. D'une plume à la fois poétique et dramatique, l'auteur laisse entrer en toute omniscience son lecteur dans les pensées de ce personnage asséné par la nostalgie d'un amour perdu et celle d'un temps qui ne reviendra jamais.

La lecture des lettres, élément salvateur, donne un tournant assez improbable aux longues nuits sibériennes, permettant à Vassili de comprendre les démons de son passé à travers les histoires des autres. C'est également une belle ode à la lecture, cette histoire d'homme presque illettré qui creuse dans sa mémoire lointaine pour comprendre ces lettres. Il se les accapare comme on lirait un livre, il s'évade comme on s'approprierait une histoire.

Malheureusement, mis à part quelques passages intéressants, je n'ai pas su m'imprégner de cette intrigue. Mes émotions ont été perdues dans les actions bien trop brèves de ce roman. Je ne suis pas attachée à ce personnage, ni à l'atmosphère trop quelconque qui ne rend malheureusement pas ce roman contemplatif.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
Commenter  J’apprécie          30
En Sibérie, au bout de la voie ferrée à entretenir coûte que coûte, on ne vous entendra ni rêver ni crier. Sauvage et somptueux.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/21/note-de-lecture-laiguilleur-bertrand-schmid/

Avec ce deuxième roman, publié en septembre 2021 chez Inculte Dernière Marge, cinq ans après « Saison des ruines », le poète suisse Bertrand Schmid nous offre une éclatante démonstration d'écriture méticuleuse qui ne sacrifie à aucun moment la brutalité de l'environnement ou la sauvagerie des intentions, une écriture dans laquelle le choix de chaque mot semble vaciller volontairement au bord d'un gouffre, celui de non-dits et d'impensables, pourtant bien connus ou imaginés par la lectrice ou le lecteur – comme un subtil et poétique pré-post-exotique.

À la fois dense comme les congères et décharnée comme les gros branchages, qui tous viendraient amoindrir la puissance du rail des confins si l'on n'y prenait soigneusement garde, oeuvre étrange du plus loin et du plus tard, peut-être même du trop loin et du trop tard, ensevelissant son mystère humain et administratif dans les rêves secrets de l'individu et dans la faillite historique du collectif, « L'aiguilleur », matériel et songeur, charnel et aérien, dégage une rare poésie tragique, une fausse légèreté neigeuse et aisément stupéfiante, et mérite beaucoup plus qu'un simple détour, au fond de la taïga, au bout de la voie.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
C'est un petit suisse, Bertrand Schmid qui nous emmène au fin fond de la Sibérie, au coeur des années froides du soviétisme.
Le long d'une voie ferrée rarement empruntée, quelques ermites éparpillés le long des kilomètres, à plusieurs jours de neige du plus proche voisin : chacun veille au grain le long de son tronçon, déneige la voie et fait en sorte que tout soit prêt pour un hypothétique convoi, façon désert des Tartares.
Nous partageons donc le quotidien solitaire et glacial de Vassili, un illettré qui veille consciencieusement sur son aiguillage. Un beau jour, il découvrira des lettres éparpillées le long de la voie ferrée et commencera alors son apprentissage de la lecture.
La plume de Bertrand Schmid a été taillée et affutée à la poésie et son écriture est imprégnée d'une grande richesse de langue.
Une ambiance intrigante, une belle littérature ... mais il manque à tout cela un souffle pour nous emporter vraiment. La richesse de la prose se fait bientôt lourdeur ampoulée et l'on commence par parcourir les pages en diagonale quand le final devient vraiment trop lyrique. Quel dommage.
Pour celles et ceux qui aiment les belles lettres.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Japon 🗾

Combien y a t-il de systèmes d'écriture au japon?

2
7
3
45
8

5 questions
79 lecteurs ont répondu
Thèmes : japon , culture généraleCréer un quiz sur ce livre

{* *}