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Critique de Aupaysbleu


**Rentrée Littéraire 2021**
Une ligne de chemin de fer, quelque part dans la forêt sibérienne. Vassili Uliianovitch est chargé d'ôter les troncs, branches, et tout ce qui peut encombrer les voies. Ce bûcheron solitaire a pour unique compagnon un cheval. Il lui parle de Nadja, sa bien-aimée, dont il garde précieusement une mèche de ses cheveux dans un écrin, telle une relique. Un jour qu'il suit la voie ferrée, il trouve une feuille de papier, puis d'autres, qu'il ramasse et tient « contre sa poitrine, formant cataplasme ». Arrivé à sa cabane, il découvrira qu'il s'agit de lettres, échappées des wagons ou d'ailleurs, on ne sait pas exactement. Dès lors, il s'emploiera à traduire et à recopier cette « calligraphie muette, tremblante, secouée de sanglots ». Ces lettres d'amour seront pour Vassili une « affaire terrible », mais elles lui redonneront le sourire, et le ramèneront à la vie, celle d'avant.
Ce roman sombre et atypique, tant par sa construction, que par son atmosphère onirique, est servi par une narration redondante, rappelant le roulis d'un train. Mais où mène -t-il donc ? L'évanescence des personnages quasi fantomatiques, croisés par Vassili, renforce cette sensation d'étrangeté.
L'impression de malaise est renforcée par les allusions au régime stalinien. le portrait du « Héros moustachu » qui « Où qu'on regarde, doit vous regarder » tout comme le cadre du récit, cette forêt inhospitalière, semblable à celle où se perdit l'auteur de la Divine comédie, donnent des pistes d'approche. Telle Béatrice pour Dante, Nadja, l'amour de Vassili, hantera ses pensées, le ramenant à des souvenirs de félicité mais aussi de ténèbres.
J'ai été saisie par ce court roman allégorique. Dès les premières lignes j'ai ressenti cet univers glacial et austère. Bertrand Schmid écrit sans détours, et ce laconisme oblige à trouver les mots justes. L'atmosphère étrange laisse au lecteur le champ libre. Seules les quintes de toux de Vassili, qui ponctuent le récit, m'ont ramenée à la réalité, dure et blanche, comme la neige de Sibérie.
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